Cécile Chomin

- Mais il faudrait que votre magazine aime prendre des risques. C’est le cas ?
- Quel genre de risque ?
- L’ironie. Se tourner en dérision. Via une chronique qui testerait vos conseils, pas avec une blogueuse rémunérée en mode placement de produits. Non, grâce à une femme qui, chaque mois, testerait une nouveauté et dirait la vérité. Pas une convaincue, mais une novice qui s’exprime avec des mots à la portée de tous .

Elle a débarqué dans notre vie tel un ouragan quand j’avais quinze ans et n’en est plus ressortie. Mon univers a basculé de l’insouciance de l’adolescence à la dureté du monde adulte.

C’est là que je me suis posé la question essentielle : qui suis-je ? Je juge les autres, immanquablement, mais moi, quelle image je donne ? Sacrée introspection personnelle, cette démarche. Vais-je être la rigolote qui est là pour amuser la galerie ? La détachée qui fait ça pour rire et pour des petits cinq à sept déstressants ? La psychopathe qui commande sa robe de mariée et attend pour programmer la date de livraison ? L’amoureuse transie qui pleure à chaque rendez-vous et se languit de trouver le bon ?Très méchant de ma part, j’en ai conscience. Mais je ne vois pas d’autres cas pour l’instant. Parce que, si on est honnêtes, on rentre forcément dans l’une de ces cases. C’est pathétique, mais c’est ainsi. Trop de femmes, pas assez d’hommes, trop de travail, plus aucun mariage arrangé, j’ignore la cause mais dans la vraie vie, c’est la dèche niveau rencontres. Difficile, donc, de bouder les sites de rencontre. 

On ne fait pas de l’argent sur le malheur des autres, aussi branché cela soit-il. Mais vu le taux de fréquentation, je dois être une des seules à penser cela.

La liberté est le maître mot de leur relation. Chacun chez soi, et les poules seront bien gardées.

Donc je suis rentrée chez moi. Et là, une vérité m'est apparue: quand on a encore nous parents, on a encore un chez-soi

Il y a des souvenirs que l'on doit garder pour soi, comme un égoïste. On y repense les matins de chagrin et les soirs de blues et c'est ce qui nous aide à tenir

Le temps est au beau fixe, ce qui soulage Marion de sa pire inquiétude. La piscine n’est pas encore assez chaude pour qu’on s’y baigne mais au moins elle est pleine et assez belle pour envisager de magnifiques photos souvenirs.

Qu’est-ce que tu aimes chez moi ?
-Toi, dit-il dans l’ombre d’une hésitation.
Et je réalise que c’est la plus belle chose qu’on m’aie jamais dite.

Je hoquette un rire, reconnaissante à Ju de ses efforts pour me changer les idées. Je sais qu’elle ne comprend pas mon choix, qu’elle ne l’a jamais compris et ne le comprendra jamais. Mais ce qui est beau dans l’amitié sincère, c’est que l’essentiel n’est pas de comprendre, mais d’accepter. 

Entre deux accolades et félicitations, Julien semble complètement perdu. Pour une fois, je ne peux que le comprendre et je reste immobile et muette. C’est comme ça que font les chats, non ? Si je ne bouge pas, il ne me verra peut-être pas.
C’est con, un chat.

Maman et Maïa se précipitent dans leur chambre et en ressortent quelques minutes plus tard, prêtes à partir. Le mystère des femmes : pourquoi quand elles le veulent ça leur prend trois minutes alors que le reste du temps elles mettent au moins une heure ?

Jeune, je m’étais fait de grandes promesses. Je m’imaginais un avenir radieux dans lequel je me jurais d’être franche, honnête, belle, amoureuse, mais par-dessus tout de ne jamais manquer d’argent. C’était le refrain qui revenait le plus souvent : ne jamais manquer d’argent. Mais les promesses d’un esprit de vingt ans qui croit encore au « tout est possible » sont teintées d’illusions.

Tu vas épouser, espèce de salope, l’homme le plus beau et le plus convoité de la région parisienne, voire du pays. Tu en as conscience ? Le plus odieux aussi, certes, mais de nos jours, la beauté, c’est livré avec la goujaterie !

- Je voudrais contrôler votre dos, dit-il enfin. Enlevez votre haut.
- Mon...dos ?
- Oui, je veux savoir si vous n'avez pas compensé à cause de votre cheville et si votre colonne vertébrale va bien. Enlevez votre haut, s'il vous plaît.
Marion reste plantée sans bouger.
- C'est à dire que je suis...en robe, chuchote Marion comme si le secret devait être bien gardé.
- Et ? demanda le kiné-voyeur-qui n'y met décidément pas du sien.
- Et si je retire ma robe, il ne reste pas grand-chose..., précise Marion comme une mère qui expliquerait à un enfant en bas âge comment on fait les bébés.
- Je suis kiné, dit-il alors avec un sourire ravageur. C'est comme un médecin, j'ai l'habitude et c'est strictement professionnel.
- Oui, certes.
Bon, c'est ridicule, je suis ridicule, c'est un kiné. Allons-y.
Marion fait glisser la robe par-dessus elle en reniflant au passage discrètement ses aisselles pour s'assurer que la honte ne sera pas complète. Plus ou moins rassurée, elle entreprend pendant quatre bonnes minutes de plier la robe sur le dossier de la chaise en se félicitant de ne pas avoir oublié son soutien-gorge. Par contre, le choix d'un string est moins heureux.
Quand il relève la tête de son écran après avoir sauvegardé le dossier de Marion, il a un léger mouvement de recul. Presque rien, juste un sursaut, un tressaillement tout au plus, imperceptible à l'oeil de toute personne occupée à plier sa robe sur sa chaise mais évident pour un narrateur attentif, qui remarque aussitôt que ce corps en sous-vêtements ne laisse pas le kiné totalement insensible.

- Madame Vince ? demande l'apparition divine.
- Non, répond bêtement Marion. Enfin oui. Pardon c'est mademoiselle..
Elle se lève, tente un immense sourire, lui tend la main et voit le regard du kiné se poser sur le magazine qu'elle a encore à la main.
IL pense que je vais le voler ou quoi ? se dit Marion en posant son larcin sur la table basse. Juste avant d'entrer dans le cabinet, elle se retourne pour apercevoir le titre qui s'étale en grosses lettres "Comment traiter ses mycoses efficacement".
C'est donc en retard, en chaussons, boiteuse, pas douchée et soupçonnée d'être un nid à champignons que Marion fait la rencontre de celui qu'elle espère devenir enfin l'homme de sa vie.

J'aime trop cette passage :
Julien passe un bras sur les épaules et le dit en riant : Aller viens , chérie , c'est pas bon de t'énerver comme ça pour le bébé ! Tu veux faire une petite sieste ?

C'est grave si je le gifle ?

Et le pseudo est 《MP》. [...] Qui ça peut être alors ? Est-ce le plus important ? À mon sens, la question essentielle est : que veut cette personne ? J'aimerais autant savoir quelles sont les intentions de 《 Matt Pokora 》.

Des fois il faut savoir s’éloigner pour reprendre son souffle

Mais avant Sam, il y a eu tous les autres, mais avant tous les autres, il y a forcément eu le premier…