En attendant que les beaux jours reviennent par
Cecile Harel aux editions Les Escales
Tour à tour mélancolique et lumineux, violent et tendre, "
En attendant que les beaux jours reviennent" nous livre le portrait d'une femme à la recherche d'el...
« C’était l’enfer! L’enfer de l’entendre délirer.
L’enfer quand il s’énervait .
L’enfer pour l’hospitaliser .
L’enfer quand il était interné.
L’enfer de le voir ainsi .L’enfer de voir mes parents effondrés. L’enfer de se souvenir combien Ferdinand était intelligent , enfant. L’enfer de réaliser que sa jeunesse était détruite .L’enfer de l’aimer..... »
Je me sens de trop sur cette terre, pas désirée, je me pose éternellement cette question : comment peut-on m'aimer ? Je me trouve dénuée d'intérêt, du coup je me tais, jusqu'à paraître timide.
- J'ai l'impression d’avoir raté ma vie.
- Ben non, tu m'as rencontré.
- Et tu crois que ça fait tout ?
- Ça serait quoi pour toi une vie réussie ?
- Fais pas chier mon amour.
J'ai rencontré mon mari à un dîner où je n'étais pas invitée chez des gens que je ne connaissais pas. Dès que je l’ai vu, j’ai su que j'allais vivre avec lui, pourtant il était vert-de-gris. Immédiatement, mon sang s’est affolé, mes reins ont piaffé, ma peau m’a gratté, même mon sexe était énervé. Un sentiment d’apaisement m’a envahi et je me suis dit que c’était bien qu’il soit revenu. D’où ? Je ne sais pas. D’un autre siècle, peut-être, mon mari ressemble à un moine du moyen-âge.
La maladie lui a volé sa vie. Elle ne lui attirait aucune compassion. Il aurait eu un cancer, ses amis l'auraient plaint, là, ils l'avaient fui. Ferdinand était une victime. Une victime avec qui il était difficile de vivre. Seuls me parents le pouvaient. C'est peut-être ça, être parents ?
Je fantasme peut-être aujourd'hui mes chances ou les opportunités de mon passé. C'est facile de dire que si j'avais fait d'autres choix, j'aurais réussi. Je ne saurais jamais.