Bande annonce d'Un défi pour Vanessa, tome 3 de la série Arcadia.
Musique de Paul Dukas
Je calcule que je dispose d’une vingtaine de secondes de répit, le temps raisonnable pour mâcher et avaler un tiers de croissant au beurre de La Religieuse habite au 33.
J’entends Éric taper dans ses mains et annoncer « pirouettes », pour mon plus grand soulagement. Voilà un domaine où je suis à l’aise. M’engouffrant dans la force centrifuge, je virevolte en me cambrant jusqu’à attraper mon patin dans ma main droite. C’est ma pirouette favorite.
C’est horrible, j’ai encore plus la trouille que l’an dernier pour ma première compétition. Plus la trouille que pour tous les galas de fin d’année et les médailles. Ma tête me martèle que c’est le moment le plus important de toute ma vie, mais j’essaie de ne pas l’écouter.
– Bienvenue dans l’univers de la haute compétition, Vanessa. Les sportifs qui sont dans cette académie veulent tous la même chose : réussir, annonce Ruth, soudain sérieuse. Et tout en haut, il n’y aura pas de place pour tout le monde.
« C’est toujours pareil. Ils ne comprennent rien. Ils se moquent totalement de ce que j’aime, de mes envies. Tout ce qui compte c’est l’école, les devoirs. Je les déteste.
Je les déteste !!! »
Quelle honte. Pleurer comme un bébé dès mon premier jour à Arcadia. Moi qui était tellement fière d’être ici.
-Horreur c'est Mélissa, s'exclame Eva en tirant Arnaud à l'intérieur de sa chambre. Il ne faut absolument pas qu'elle vous voie!
Elle ouvre une porte, me pousse sans ménagement avec Arnaud et referme derrière nous.
Nous sommes dans le noir complet.
- Sérieusement Cyrielle, tu ne voudrais pas que je fasse un trou dans ce joli survêtement rose avec mon fleuret, poursuit Ruth en avançant encore d'un pas en direction de la nageuse.
- Un fleuret de compétition ne fait pas de trous dans les vêtements. Tu me prends vraiment pour une idiote, tempête Cyrielle, qui a perdu une partie de son assurance depuis que Ruth pointe une arme sur elle.
- Sauf s'il est cassé comme celui-ci. C'est arrivé à l'entraînement aujourd'hui. Tu sais que je ne connais ni ma puissance ni ma fougue quand je suis dans un assaut, martèle Ruth avec un calme trompeur.
Je descends avec précaution la fermeture éclair de la housse pour découvrir la tenue qui va m'accompagner samedi, pour la première compétition nationale de ma vie.
Elle est orange.
ORANGE.
– Depuis deux mois, tu as énormément progressé, affirme Éric d'une voix posée. Tu es parfaitement au point et tu as toutes les raisons d'avoir confiance en toi. Moi, j'ai pleinement confiance en toi.
Entre le trac et la surprise qu'il me parle ainsi, je suis incapable d'articuler le moindre mot et je me contente de hocher la tête. Je n'ai pas l'impression qu'il s'agit d'Éric, l'entraîneur jamais satisfait qui ne passe pas une session sans crier après nous.