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Citation de Charybde2


On devrait pouvoir définir une ville post-industrielle par la distance qui la sépare de son âge d’or, parce que c’est au cœur de cet espace-temps – quand une page d’histoire glorieuse se tourne – que se forgent les mythologies et les fantasmes, les amertumes et les nostalgies, qui contribuent à bousculer et refonder son identité. Car si les changements sont parfois aveuglants, les permanences, elles, deviennent presque tangibles. « Marseille, toujours en partance, écrivait Pierre Mac Orlan. Hélas, l’horizon semble – « momentanément », dira-t-on pour demeurer optimiste – inaccessible, et la ville se cherche toujours un avenir, selon la formule consacrée. (…) Marseille est une « ville-monde » – qui fait plus songer à Londres qu’à Paris, d’ailleurs, sur bien des aspects -, un carrefour des peuples d’Europe et de Méditerranée, une ville d’accueil pour tous les migrants et tous les exilés, on l’a tant dit… Mais, peu à l’aise dans ce rôle de « poste-frontière » de l’Europe dans lequel on voudrait parfois l’enfermer, où la Provence se dilue – se dissout ? – dans le tiers-monde, elle incarne surtout la part de fantasme canaille de la nation tout entière. On aime sa gouaille et son accent autant qu’on redoute son côté frondeur. De fait, son identité est souvent réduite à un slogan de stade, « Fiers d’être marseillais », qui trahit aussi un sentiment d’abandon et d’impuissance. Ici, l’échec social rassemble et unit parfois les gens tout autant que les victoires de l’Olympique de Marseille. Elle a tout d’une capitale de roman noir, que ses habitants aiment souvent autant qu’ils la détestent, éclairée – ou aveuglée – par cette lumière du Sud. « On ne comprend pas Marseille si l’on est indifférent à sa lumière. Elle oblige à baisser les yeux » : c’est ce que disait Jean-Claude Izzo, cet extraordinaire romancier qui, après des décennies sans littérature de fiction ou presque, redonnait enfin une voix aux Marseillais. (Préface de Cédric Fabre)
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