Cédric Meyer

Ville de Kiev
( extrait de "une séance de spiritisme" nouvelle de Boulgakov)
Au printemps, les jardins fleurissaient en blanc le Tsarski Park se dotait de verdure, la lumière solaire entrait par toutes les fenêtres et y allumait des incendies. Et le Dniepr ! Et les couchers de soleil ! Et le monastère Vydoubetski sur les pentes ! Une mer verdoyante dégringolait par paliers jusqu'au doux fleuve bigarré. Les nuits d'un dense bleu-noir sur les eaux...
En un mot une ville magnifique, une ville heureuse, la mère de toutes les villes russes.
Mais c'étaient des temps légendaires...

( Kiev) En ce moment, après les terribles années explosives, une grande fatigue l'étreint. Le calme..;
Mais je discerne déjà le frémissement d'une nouvelle vie. On rebâtira, les rues redeviendront animées et sur le fleuve, que Gogol aimait tant, se dressera de nouveau une cité royale.

Curiosités remarquables (à Kiev)
Ce sont les enseignes kiéviennes. Que n'y trouve-t-on pas écrit - c'est proprement inconcevable ! Je précise au passage une fois pour toutes : je respecte toutes les langues et tous les dialectes ; néanmoins, les enseignes de Kiev méritent une mention spéciale.
Il ne suffit pas d'enlever dans le mot " homéopatitcheskaïa" la terminaison "ïa" pour imaginer que la pharmacie va se transformer illico de russe en ukrainienne... (! ! )

Quelles différences entre les Kiéviens et les Moscovites ! Ces derniers ont les dents longues, ils sont énergiques, ils ont des ailes, pressés, américanisés. Les premiers, eux, sont calmes et sans une once d'améracanisation. Mais ils aiment les gens qui sont trempés à l'américaine... Les habitants de Kiev adorent les histoires de Moscou ...

Les monts Kaatsberg, ou Catskill, ont été de tout temps une contrée riche en fables. Les Indiens croyaient qu'ils étaient le domaine d'esprits qui influençaient le temps, qui faisaient la pluie ou le beau temps dans la région et les gratifiaient de bonnes ou de mauvaises saisons de chasse. Ils étaient régentés par l'esprit d'une vieille squaw dont on disait qu'elle était leur mère. Elle vivait sur le plus haut sommet des Catskill et avait charge d'ouvrir et de fermer les portes du jour et de la nuit à l'heure due. Elle accrochait les nouvelles lunes dans le ciel et découpait les anciennes en une multitude d'étoiles. Dans les périodes de sécheresse, si l'on avait su la rendre propice, elle tissait de légers nuages d'été à l'aide de toiles d'araignées mêlées de rosée matinale, et les égrenait, du haut des montagnes, flocon après flocon, comme des peluches de coton cardé ; ils flottaient dans l'air jusqu'à ce qu'ils se dissolvent à la chaleur du soleil pour retomber en douces ondées qui faisaient lever l'herbe, grossir les fruits et pousser le blé indien d'un pouce par heure. Cependant, si on la mécontentait, elle concoctait des nuages noirs comme l'encre au milieu desquels elle s'asseyait, telle une araignée au centre de sa toile, l'abdomen enflé comme une outre, et quand les nuages crevaient...malheur aux vallées.

Washington IRVING : Rip Van Winkle, apostille tirée des notes de voyages de M. Knickerbocker

AH ! Kiev - ville diamant ! tu es un lieu tumultueux ! ...

AH ! Kiev - ville diamant ! tu es un lieu tumultueux ! ...

Il apercevait, là-bas, le grandiose Hudson, loin, très loin au-dessous de lui, qui pousuivait sa course majestueuse avant que d'aller se perdre dans le bleu des collines, avec, ici ou là, le reflet d'un nuage pourpre, ou un voilier attardé, assoupis au coeur de son lit luisant comme du verre.
Washington IRVING : Rip Van Winkle

Il est vrai que ce dernier point constitue peut-être la clé de la gentillesse qui lui valait d'être si populaire aux yeux de tous, car les hommes qui vivent sous la férule d'une mégère à la maison, restent volontiers affables et conciliants au-dehors. Leur caractère, sans doute aucun, devient souple et malléable dans le fourneau ardent des tribulations domestiques, et une bonne querelle d'alcôve vaut tous les sermons du monde pour enseigner les vertus de la patience et de la longanimité. A certains égards, on peut donc considérer une épouse acariâtre comme une honnête bénédiction, et s'il en est bien ainsi, Rip Van Winkle était trois fois béni.
Washigton IRVING : Rop Van Winkle

Il apercevait, là-bas, le grandiose Hudson, loin, très loin au-dessous de lui, qui pousuivait sa course majestueuse avant que d'aller se perdre dans le bleu des collines, avec, ici ou là, le reflet d'un nuage pourpre, ou un voilier attardé, assoupis au coeur de son lit luisant comme du verre.
Washington IRVING : Rip Van Winkle