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Citation de Jcequejelis


Une nuit – ce devait être vers la fin de la guerre, alors que j'étais déjà près de lui depuis trois ou quatre ans – il m'a dit :
- Ma chère Céleste, je me demande ce que vous attendez pour écrire un journal.
Moi, je me suis mise à rire :
- Je vois cela, Monsieur. Encore une petite moquerie comme vous aimez à m'en faire.
- Je suis sérieux, Céleste. Personne ne me connaît vraiment, que vous. Personne ne sait comme vous tout ce que je fais, ni ne peut savoir tout ce que je vous dis. Après ma mort, votre journal se vendrait plus que mes livres. Si, si, vous le vendriez comme le boulanger vend ses petits pains le matin, et vous gagneriez une fortune. D'ailleurs, j'irai encore plus loin, Céleste : vous l'écririez, et moi, je vous le commenterais.
Là-dessus, je me souviens de lui avoir expliqué :
- C'est ça, Monsieur ! Vous répétez constamment que vous n'avez pas le temps de faire ce que vous avez à faire, et vous voudriez commenter mon journal par-dessus le marché ! Quand je vous dis que vous vous moquez !
- Il a soupiré, puis il a dit encore :
- Vous avez tort, Céleste, et vous le regretterez. Vous n'imaginerez pas le nombre de gens qui viendront vous voir après ma mort, ni qui vous écriront. Et à ceux-ci, naturellement, telle que je vous connais, vous ne répondrez pas.
Le pire est que tout est vrai. On est venu me voir du monde entier, depuis sa mort. Je continue à recevoir des lettres, auxquelles je ne réponds pas. Mais surtout, je regrette de n'avoir pas tenu ce journal, parce que, principalement s'il me l'avait commenté, j'aurais eu une autre arme que ma parole et ma mémoire pour lutter contre les mensonges, bien ou mal intentionnés, répandus sur son œuvre et sur lui.

39 – [Robert Laffont, 1973, p. 162-163]
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