Les yeux du douanier restèrent un moment fixés sur les lignes du passeport qui n’étaient pas écrites en anglais. Il avait pourtant déjà eu, à plusieurs reprises, l’occasion de contrôler l’identité de passagers en provenance de New Delhi, Bombay ou Calcutta. Mais cette fois encore le hindi, sans majuscules, avec ses ligatures et ce trait horizontal supérieur qui liait les caractères entre eux, le fascinait. Il regarda ensuite le jeune homme aux cils foncés qui se tenait immobile devant lui et qui avait, à un mois près, l’âge exact de son fils. Il chercha à retrouver dans les yeux de ce jeune Indien, dans le battement de ses longs cils, au fond de ses pupilles noires dilatées légèrement éblouies par les néons de l’aéroport, quelque chose du rythme de cette écriture et de son histoire.