Est-ce que les filles, uniques surtout, pleurent toujours leur père, même avant qu'il ne meure ? J'ai peur ce soir d'aller me coucher, je ne sais trop pourquoi. Ecrire me tient compagnie.
« Je n’arrive à faire face à rien. On ne peut me voir que de dos. C’est le journal de cette incapacité. Un ami m’a poussée à l’écrire. Il y a chez moi cette impossibilité d’agir, comme si j’étais allergique à tout ce qui pourrait m’engager dans quelque chose. Si je m’envole souvent c’est pour être sûre de retomber sur la tête. De toute façon (vous verrez, il ne se passe rien avec moi. Je dois avouer que je ne suis plus une jeune fille, même si je ne parviens pas à autre chose. »
« Je suis en prison à l’intérieur de moi et j’étouffe. Comme si la flamme me bouffait au lieu de me faire avancer. » (p. 34)
Je passerais bien mes dernières années à lire,
à rêver, marcher, réfléchir,
et écrire.
Je suis en prison à l’intérieur de moi et j’étouffe. Comme si la flamme me bouffait au lieu de me faire avancer. Plus je vieillis et plus je le sens perdue. Je m’éteins un peu plus tous les jours par manque de courage.
Je voudrais simplifier mon existence pour n’en garder que la vie.
"J’ai envie d’été et de départs.
De flâner, de rêver.
De dériver doucement entre la mer et les mots."
« Dans un journal, on parle forcément de soi – c’est pas ce que j’appelle de la littérature. » (p. 50)
« Chercher en vain un mode d’emploi pour l’existence. » (p. 81)
Je sens mon bas ventre en feu : ce désir permanent. Même quand je marche, je sens mon sexe battre, le sang affluer dans mes lèvres et une irrésistible envie de baiser, alors qu'autour de moi les quelques corps que je peux voir sont vieux, je veux dire vraiment vieux.