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3.8/5 (sur 10 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Luxeuil-les-Bains , 1974
Biographie :

Céline Navarre est une auteure française.

Elle a travaillé de nombreuses années dans le milieu de l'édition à Paris. Elle a publié six nouvelles dans la revue "Bordel".

Céline Navarre est lauréate du Prix Pierre Mac Orlan 2023 pour son premier roman "L'envers des ombres" (2023, Gallimard).

Elle a écrit son ouvrage dans la cité thermale où elle a passé sa jeunesse et s’est réinstallée après de nombreuses années à Paris.

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Bibliographie de Céline Navarre   (1)Voir plus

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Citations et extraits (9) Ajouter une citation
Un matin, Maman dénoyautait une passoire de cerises sur un prospectus d'Intermarché. Les Triscottes étaient en promotion. J'aimais bien les Triscottes parce que quand Papa parlait et que j'en mangeais, je n’entendais pas les phrases en entier. Cela pouvait me laisser croire qu'il disait peut-être quelque chose de gentil. Il y a tant de façons de ne pas vouloir entendre.
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Je suis légèrement en avance, l'éditeur n’est pas là. Je choisis la table sur le rebord de la terrasse, vers les journaux posés en éventail. Je commande un expresso au garçon aux cheveux crantés comme George Sand. Je lui précise que j'attends quelqu’un. Il me sourit, me dit On attend tous quelqu'un, mademoiselle. Une femme parle au téléphone en tâtonnant son oreille piquée d'une jolie perle platine. Elle est vêtue d'une légère tunique dont les manches glissent sur les poignets. Elle dit Je suis vegan, mais uniquement de l'intérieur, c'est-à-dire que si vous m'offrez un sac à main en cuir, Jean-Louis, je n’y vois aucun problème.
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Les papillons émoustillés dansent en poudroyant sur les robes imprimées des femmes, leurs bijoux, leurs breloques, leurs yeux, leurs chevelures folles et floues brillent dans des ronds de soleil. Les tatouages sur les chevilles, aux nuques, les vernis colorés aux orteils donnent à celles qui les portent des airs de léopards civilisés, de fauves élancés dans la ville chaude. Les enfants aux grands regards liquides rient dans la poussière soulevée du jardin. Ils craillent comme des oiseaux, réclamant à leur nourrice de les hisser plus haut, plus fort encore, sur la balançoire.

Les rues reprennent leurs contours. La lumière sur la rue Mazarine ne connaît jamais la nuit, le dome de l'Institut éclate. Ce Paris de carte postale que l'on plierait volontiers en quatre pour que les histoires ni ne boitent ni ne tremblent.
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Après la chanson, une voix grave et masculine énonce les informations quotidiennes. Dans les Vosges saônoises...

J'entends : les Vosges sournoises. Au prénom de Maman, nos visages s'attristent. Tante Ida et Edmond échangent un regard résigné, un mouvement d'épaule. Ils ne se tournent pas vers moi. J’ai honte, j'ai honte de m’être laissée aller à danser, chanter, d'avoir laissé Maman un petit temps, d'avoir tourné en derision les paroles de cette chanson.

Les yeux gris de mer de Tante Ida changent d'intensité. Elle reprend sa cigarette. Edmond se passe la main sur la barbe. Liza retire son casque, nous regarde et se retire dans la maison, refermant la fenêtre derrière elle. Tante Ida allume une autre cigarette avec la braise du mégot de la précédente. Dans les Vosges saônoises, les recherches se poursuivent toujours pour retrouver Jeanne, 52 ans, disparue de la clinique psychiatrique depuis quatre jours...
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Qu'est-ce quelle bottel ? Maman me disait Vin’vour’pouchî’quet’bock, ma gnau. Viens voir par ici que je t'embrasse, mon enfant.

Vin’vour'Man, c'est peut-être ça que je devrais crier à travers bois.
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Au son de papiers froissés des chocolats, un teckel qui dormait derrière des rideaux bouffants s'éveille et s'approche lentement à pas lourds. Il semble souffrir autant que son maître. Sa langue pend comme un pétale de géranium. Armand dit Regarde comme c'est grave, c'est épouvantable. Il est trop vieux, il serait temps qu’il meure. Il lui tapote l’échine avec le plat de son pied nu, comme s'il repassait un tissu fragile.

Je me lève pour aller le caresser, son museau noir est frais comme un fruit sorti de la cave. C'est un petit chien plein de petits os. Ses yeux étonnés sont remplis de bonté. Ses sourcils tombent. Il ressemble à cet homme politique qui a eu des soucis avec la justice.
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Au milieu de la table, quelques carcasses gisent dans le jus brunâtre de croûtons frottés d'ail. Un bec de tête s’y reflète. Qui aura la chance d'avoir un demi-corps avec le cou, la tête. Le couteau a cran fend le crâne de l'oiseau. C’est un bruit mat de film d'horreur. Ça greville. Ça ébreuzille. Ça peussiotte. Ça trifougne. Ça feugne. Bref, ça reveuille.

La pointe du couteau récure l'intérieur du crâne. On tourne et retourne le couteau autour de la cervelle de l’oiseau comme un tournevis. Ça y est, un petit bout mou et beige pend au bout de la lame. Qui la veut ? Tous lèvent le doigt.
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Soudain, sa figure ressemble à autre chose qu’une figure. Au milieu d'une phrase, tous les traits de son visage s'animent, se crispent, ne font qu’une grimace de gargouille, se mettent en boule de papier brouillon. Il cligne plusieurs fois des yeux très rapidement, étire sa mâchoire inférieure, puis il souffle sur sa frange, cligne à nouveau des yeux, désarticule sa mâchoire inférieure. Aucun son ne sort de sa bouche grande ouverte. Les bonbons sur la langue sont minuscules comme des billes d’homéopathie.

Je m'entends avaler ma salive. J'essaie de me rappeler si ce visage dégoupillé n’est pas celui des stigmates d'un AVC. Dois-je courir au comptoir pour alerter notre garçon q’un un malaise se prépare ? J'en suis la lorsque l'éditeur termine sa phrase pleine de soubresauts, en soufflant avec sa lèvre inférieure sur sa courte frange. Il semble disposer à nouveau de toutes ses facultés. Sa mâchoire inférieure remue de gauche à droite puis reprend place sur ses dents du haut. Il poursuit l'historique de la création de sa maison d’édition en 1997. Je fais comme si de rien n'était, réalisant que Pierre Babel est simplement secoué et démangé de tics nerveux. Je hoche poliment la tête. Je me concentre sur la petite crasse, ainsi peut-il croire que je le regarde dans les yeux.
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Le vent a une odeur d'automne, de feuilles sèches et de noisettes. L'enfant qui cherche trouve celui qui se cache. J'aimerais qu'avec Maman la partie soit aussi simple.
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