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Citations de Cesare Pavese (617)


Maintenant que j'ai vu ce qu'est la guerre, ce qu'est la guerre civile, je sais que tous, si elle finit un jour, devront se demander : - Et de ceux qui sont tombés, qu'allons nous faire? puisqu'ils sont morts? - Moi je ne saurais que répondre. Pas maintenant, du moins. Je ne crois pas que les autres le sachent. Peut-être que ceux qui le savent ce sont uniquement les morts, et c'est seulement pour eux que la guerre est vraiment finie.
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Tu es comme une terre
que personne jamais n'a nommée
Tu n'attends rien
si ce n'est la parole
qui jaillira du fond
comme un fruit dans les branches.
Un vent vient jusqu'à toi.
Arides et fanées, des choses
t'encombrent et vont au gré du vent.
Membres et mots anciens.
Tu trembles dans l'été.
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Cette année-là, il faisait si chaud qu'il fallait sortir tous les soirs, et Ginia avait l'impression de n'avoir jamais compris avant ce qu'était l'été, tant c'était agréable de sortir toutes les nuits pour se promener sous les arbres des avenues. Parfois, elle pensait que cet été ne finirait jamais, et elle se disait en même temps qu'il fallait se dépêcher d'en jouir parce qu'avec le changement de saison quelque chose devait nécessairement arriver.
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[Nocturne]
La colline est nocturne, dans le ciel transparent.
Ta tête s'y enchâsse, elle se meut à peine,
compagne de ce ciel. Tu es comme un nuage
entrevu dans les branches. Dans tes yeux rit
l'étrangeté d'un ciel qui ne t'appartient pas.
La colline de terre et de feuillage enferme
de sa masse noire ton vivant regard,
ta bouche a le pli d'une cavité douce au milieu
des collines lointaines. Tu as l'air de jouer
à la grande colline et à la clarté du ciel :
pour me plaire tu répètes le paysage ancien
et tu le rends plus pur.
Mais ta vie est ailleurs.
Ton tendre sang s'est formé ailleurs.
Les mots que tu dis ne trouvent pas d'écho
dans l'âpre tristesse de ce ciel.
Tu n'es rien qu'un nuage très doux, blanc
qui s'est pris une nuit dans les branches anciennes.
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Se venger d’un tort qu’on vous a fait, c’est se priver du réconfort de crier à l’injustice.
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Italiens, (...) cette guerre, je l'ai voulue pour vous. Je vous en fais cadeau, soyez-en dignes. (N. B. : c'est le Duce qui parle)
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Pourquoi le salut a été pour moi et non pour Gallo, non pour Tono, non pour Cate, je l'ignore. Peut-être parce que j'ai encore à souffrir ? Parce que je suis le plus inutile et que je ne mérite rien, pas même un châtiment ? (...) L'expérience du danger nous rend tous les jours un peu plus lâches. Elle nous abêtit, et j'en suis au point que de rester vivant par hasard, alors que tant d'autres qui valaient mieux que moi sont morts, ne me satisfait pas, ne me suffit pas. (...) Je me dis que de vivre par hasard, ce n'est pas vivre. Et je me demande si je me suis réellement tiré d'affaire.
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Quand on lit, on ne cherche pas de nouvelles idées, mais des pensées déjà pensées par nous, qui achètent un sceau de confirmation sur la page.
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Vaut-il la peine d'être seul, pour être toujours plus seul ?
Si on ne fait qu'y traîner, les places et les rues
sont vides. Il faut arrêter une femme
et parler et la convaincre de vivre ensemble.
Ou alors, on parle tout seul. C'est pour ça que parfois
des poivrots nocturnes se lancent dans des discours,
et racontent les projets de toute une vie.

Travailler use - lavorare stanca (extrait)
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Il n’y avait que quelques jours que j’étais à la mer et j’avais l’impression qu’il y avait un siècle. Pourtant, il ne s’était rien passé. Mais la nuit, quand je rentrais, j’avais le sentiment que toute la journée écoulée- la banale journée de plage - attendait de ma part je ne sais quel effort d’élucidation pour que je puisse m’y reconnaitre.
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Toutes ces histoires de révolutions, cette envie de voir se produire des événements historiques, ces attitudes monumentales, sont la conséquence de notre saturation d'historicisme, et c'est pour cela que, habitués à traiter les siècles comme les feuilles d'un livre, nous prétendons entendre la sonnerie de l'avenir chaque fois que braie un âne.
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L'homme seul - qui a été en prison - se retrouve en prison
toutes les fois qu'il mord dans un quignon de pain.
En prison il rêvait de lièvres qui détalent
sur le sol hivernal. Dans la brume d'hiver
l'homme vit entre des murs de rues, en buvant
de l'eau froide et en mordant dans un quignon de pain.

On croit qu'après la vie va renaître,
le souffle s'apaiser, et l'hiver revenir
avec l'odeur du vin dans le troquet bien chaud,
le bon feu, l'écurie, les dîners. On y croit,
tant que l'on est en taule, on y croit. Puis on sort un beau soir
et les lièvres, c'est les autres qui les ont attrapés
et qui, en rigolant, les mangent bien au chaud.
On doit les regarder à travers les carreaux.

L'homme seul ose entrer pour boire un petit verre
quand vraiment il grelotte, et il contemple son vin :
son opaque couleur et sa lourde saveur.
Il mord dans son quignon, qui avait un goût de lièvre
en prison ; maintenant, il n'a plus goût de pain
ni de rien. Et le vin lui aussi n'a que le goût de brume.

L'homme seul pense aux champs, heureux
de les savoir labourés. Dans la salle déserte
il essaye de chanter à voix basse. Il revoit
le long du talus, la touffe de ronciers dénudés
qui était verte au mois d'août. Puis il siffle sa chienne.
Et le lièvre apparaît et ils cessent d'avoir froid.
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Si l’on doit en juger par son analogie avec la journée, la vieillesse est l’âge le plus fastidieux parce qu’on ne sait plus quoi faire de soi, comme, le soir, quand l’œuvre quotidienne est finie.
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Il est certain qu’en souffrant, on peut apprendre beaucoup de choses. Le mal c’est que pour avoir souffert, nous avons perdu la force de nous en servir. Et simplement savoir est moins que rien.
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- Vous n’allez pas me dire que c’est vous qui avez choisi de venir ici. On ne choisit pas son destin.
- Il suffit de le vouloir, avant même qu’il vous soit imposé, dit Stefano. Il n’y a pas de destin, il y a seulement des limites. Le pire sort, c’est de les subir.
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Mais moi, qui ne croyais pas à la lune, je savais que, somme toute, seules comptent les saisons et que les saisons, ce sont celles qui vous ont fait vos os, que l'on a mangées quand on était gosse.
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Il avait seulement dit : " C'est là qu'est mon devoir ", et il avait recommencé à combattre. Il ne protestait pas, car il n'essayait pas de comprendre.
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Pour menaçant que fût l'avenir imminent, le vieux monde chancelait, et mon existence était entièrement basée sur ce monde, sur la terreur, la rancune, le dégoût qu'inspirait ce monde.
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Non, dit vivement Clelia, nous ne nous sommes pas disputés. Et il n’est pas jaloux non plus. Et il ne me déteste pas non plus. Seulement, il n’est plus le même. Nous ne pouvons pas faire la paix, parce que nous ne nous sommes jamais disputés. Vous comprenez ?
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Femmes passionnées (1935)

Les filles au crépuscule descendent dans l’eau
quand, étale, la mer disparaît. Dans le bois
chaque feuille tressaille tandis qu’elles émergent
prudentes sur le sable et s’assoient sur la rive.
L’écume joue inquiète le long de l’eau lointaine.

Les filles ont peur des algues enfouies sous les vagues,
qui s’agrippent aux épaules et aux jambes :
ce qui est nu de leurs corps. Lestement elles regagnent
la rive et s’appellent l’une l’autre, épiant autour d’elles.
Les ombres aussi, sur le fond de la mer, dans le noir,
sont énormes, on les voit qui remuent indécises
et semblent attirées par les corps qui passent. Le bois
est un havre tranquille, dans le soleil couchant,
plus que le bord de l’eau, mais ces filles hâlées aiment bien
être assises sous le ciel, leur peignoir ramené sur le corps.

Elles sont là accroupies, serrant contre les jambes
leur peignoir et contemplent la mer qui s’étale
comme un pré au couchant. Si l’une d’elles osait
s’étendre dans un pré maintenant toute nue ? Les algues
qui effleurent les pieds bondiraient de la mer
pour s’emparer de son corps frissonnant et pour l’envelopper.
Il y a dans la mer des yeux qui affleurent parfois.

L’étrangère inconnue qui la nuit nageait seule,
toute nue dans le noir, au changement de lune,
une nuit a disparu et ne reviendra plus.
Elle était grande et sans doute d’une blancheur éclatante
pour que du fond de l’eau les yeux aient pu l’atteindre.

TRAVAILLER FATIGUE / APRÈS
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