Dans la boîte de nuit, la musique semblait recharger les batteries des danseurs : leurs corps étaient alertes et pleins d’énergie, leur peau tendre et chaude. Tout tournoyait dans une sorte de frénésie psychédélique, la fièvre toxicomaniaque comme ravivée par la musique, le dos des femmes brillant d’un éclat aussi doux qu’irréel. La nuit entière ils avaient marché à l’éclate permanente des lignes, des pilules, des shoots et des poudres, et à présent, la musique était bonne, leurs vies baignées d’une superbe lumière, et le temps ne prendrait jamais fin.
Je me redressai, quittai ma cabine et m'aspergeai le visage d'eau froide. J'étais pâle dans la glace. J'avais toujours été pâle.
Il n’y a rien de neuf sous le soleil. En tout, il n’y a que cinq romans… tu savais ça? Huit notes de musique. Et six, peut-être sept sujets en peinture. Il n’y a jamais rien d’original. Ce n’est jamais qu’une appropriation, un reformatage, un réexamen selon le contexte du moment.
La première fois que j'ai vraiment entendu quelque chose, la première fois qu'un son transmis par la voie des câbles ne m'a pas paru hermétique mais a retenti en moi à la manière d'une réponse, ce fut la première fois que j'ai entendu Coltrane. C'était une musique tellement vivante. C'était son souffle. Elle ne tenait jamais rien pour acquis. Partie en pleine puissance, la note ténue, intense et rugueuse enflait pour devenir une coulée liquide qui emportait la suite de la formation telle une vague bleue dans l'éclat de la lumière. Je tentai de battre la mesure en rythme avec la pulsation, de me couler dans le son fluide en mouvement perpétuel.
Changer la face du disque, voilà ce qui compte le plus dans le monde du vinyle, dit-il. Tu sors le disque de sa pochette, tu le poses sur le tourne-disque, et c'est parti, non? Tu commences à écouter. Quelle que soit la musique que tu entends, tu sais que tu peux retourner le disque. Avec Miles, ça peut être un second enregistrement du même. Coltrane, lui, est capable de totalement recomposer et livrer une nouvelle version. Ou bien il ajoute six courts arrangements, douze plages par face... ce qu'il veut. Peu importe. Enfin, voilà où je veux en venir: il y a toujours une autre face, un second souffle, un autre angle
Si l'art sert à quelque chose, c'est à vous laisser libre d'aller vers des destinations totalement imprévisibles
Quand j’avais un album préféré je me le repassais indéfiniment. Je connaissais par cœur toutes les rayures et tous les craquements du disque, l’ordre exact des plages. Je ressentais la musique comme l’artiste l’avait voulu.
Au cours de l'année 1957, j'ai fait l'expérience, grâce à Dieu, d'un éveil spirituel qui m'a mené à une vie plus riche, plus remplie, plus productive. À cette époque, j'ai humblement demandé que me soient donnés les moyens et le privilège de rendre les gens heureux à travers la musique.
Le jazz — appelons-le ainsi — est selon moi une expression des idéaux les plus élevés. Par conséquent, il contient de la fraternité. Et je crois qu’avec de la fraternité il n’y aurait pas de pauvreté, il n’y aurait pas de guerre.