« J'ai été si grand dans la boxe qu'ils ont dû créer une image comme Rocky, une image blanche à l'écran pour contrer mon image sur le ring. L'Amérique a besoin d'icônes blanches et peu importe où elle va les chercher : Jésus, Wonder Woman, Tarzan, Rocky. »
Muhammad Ali.
Plus que tout autre sport, et comme en attestent les productions culturelles auxquelles elle a donné lieu et continue de donner lieu, les enjeux de certains combats et la personnalité de certains protagonistes, la boxe permet de suivre quelques-uns des épisodes de l’histoire des relations raciales aux États-Unis et le combat, mené, de manière plus ou moins affirmée, par quelques boxers noirs contre les frontières tracées en vue de préserver la suprématie blanche.
En l'espace de 124 secondes, Louis administra une quarantaine de coups au visage de son adversaire (Schmeling), alors que ce dernier ne put lancer son poing dans le vide qu'à deux reprises.
Le sportif noir se devait d'être le produit-modèle exemplaire pour tout consommateur, quelles que soient sa classe, son origine ou sa religion. Tout comme l'argent n'a pas d'odeur, le sportif, en théorie, n’avait plus de couleurs.
La folie furieuse qui s’empara aussitôt du pays fera dire à l’historien Randy Roberts que “rien jusqu’à l’assassinat de Martin Luther King en 1968 ne déclencha autant de haine raciale aux États-Unis que la victoire de Johnson sur Jeffries“.
Tout en défiant un certain ordre sexuel, il n'ignorait nullement que parmi le millier de lynchages qui furent recensés durant la première décade du siècle, la plupart avaient été justifiés par ce prétexte.