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Critiques de Chantal Thomas (509)
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Souvenirs de la marée basse

Un livre écrit tout en pudeur et délicatesse. Les « Souvenirs de la marée basse » sont ceux de toute une vie. Chantal Thomas les égrène dans une « musique d'écriture » douce, joyeuse et sautillante. C'est une ode à la mère et à la mer. Pas facile pour Chantal d'être la fille de Jackie, cette femme oublieuse, cette femme-enfant qui souffre de vivre une vie normale et dont elle refuse toutes les contraintes ; cette mère si peu maternel dont le seul désir est de nager, toujours nager avec entêtement et grâce son crawl dans la mer bleue et limpide. Il faudra longtemps à Chantal pour comprendre ce que cette mère fantasque lui a transmise d'essentiel : « l'énergie d'un sillage qui s'inscrit dans l'instant ». Ce livre, c'est aussi une ode à la jeunesse, quand Chantal était une enfant de la mer ; quand elle bâtissait des murailles de sable qui allaient forcément retenir l'avancée inexorable de l'eau ; c'est avec la petite Lucile – Lucile la conteuse – la découverte du monde magique et plein de fureur du Maître des Dunes et de la Princesse du Palais des Mers ; ce sont des étés emplis de rires, d'insouciance et de gambades… C'est raconté avec tellement d'humour et de nostalgie que je n'ai pas pu m'empêcher de me souvenir de mes propres vacances et de mes combats héroïques contre les vagues qui venaient lécher mes châteaux de sable… « Souvenirs de la marée basse » : un vrai bonheur, un vrai plaisir de lecture. Une grande découverte aussi ! celle de l'écrivaine Chantal Thomas.
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Journal de nage

Chantal Thomas nage. Et elle invite ses lecteurs à la suivre dans les ondes méditerranéennes, à Nice, où elle éprouve toutes le sensations du plaisir de la nage, de la détente du corps dans une eau plutôt fraîche, au mois de juin, qui bouge au gré de vagues quelquefois tumultueuses.



Elle pratique la nage et non la natation, précision importante pour comprendre son cheminement aquatique. Celui-ci elle le parcourt en compagnie de ses auteurs, Roland Barthes, William Finnegan, Hugo, Kafka, Paul Morand, Charles Sprawson et d'autres. Quelques extraits de leurs oeuvres vienent ponctuer sa réflexion personnelle, au fil de ses rencontres ou observations sur la plage ou dans les rochers, le tout soigneusement sélectionné.



Elle distille ses perceptions sur l'état changeant de la mer, sa couleur, son mouvement, ses reflets avec un style qui coule, aussi paisiblement que les eaux de la Seine, car son livre comporte un petit intermède parisien et même vénitien où l'on voit des nageurs le long de la Seine sur des dizaines de kilomètres ou à travers la lagune de Venise.



Son livre a le format idéal, 140 pages à peine comprenant quelques illustrations dont la dernière, au Japon, présente un détail d'un panneau de Kitagawa Utamaro, avec deux femmes l'une pointant son doigt vers les poissons, l'autre ses seins, avec une jambe dans l'eau. Cette ultime image figure parfaitement le plaisir aquatique évoqué par Chantal Thomas au fil de ce joli livre.
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De sable et de neige

Nostalgie, mélancolie, regards vers le passé à jamais terminé de l'enfance, mais aussi témoignage d'une femme d'action, à même d'exprimer pudiquement ses sentiments et de se lancer toujours vers l'avant en acceptant finalement le destin.



Chantal Thomas livre dans ce court texte, agrémenté de photographies de famille, de paysages, de dessins un très beau témoignage de son vécu d'enfant, de ses vacances familiales, avec en toile de fond le bassin d'Arcachon, ses saveurs maritimes, cette dune extraordinaire qu'il faut avoir escaladé au moins une fois dans sa vie et parcouru sa crête. Elle imprègne l'esprit de ses lecteurs de toutes ces sensations uniques que l'on conserve des lieux d'enfance et, ici, ce sont des lieux exceptionnels qui ajoutent à la richesse de son récit.



Son écriture est très fine, le choix des mots paraît méticuleux, les descriptions superbes des horizons, de la couleur et du goût des huîtres accompagnées par le Grave du Château Graville-Lacoste dont on perçoit l'arôme entre les lignes, et puis ces fameux block-haus dispersés dans les dunes, témoins immobiles et silencieux des premiers baisers de l'adolescence.



Elle évoque longuement la relation au père, ses silences, ses gestes complices envers elle, ses regards qui en disent plus long que tous les mots, elle souffre de sa mort un 31 décembre, à l'âge de quarante-trois ans alors qu'elle-même en a à peine dix-sept, ce jour de festivités pour les autres, de deuil pour elle. Il n'y a pas de pathos dans son témoignage qui ne peut être commenté, qu'il faut donc tout simplement lire.



Avec le sable de la plage et des dunes, il y a aussi la neige, celle qui tombe en quantité incroyable le 21 février 1956 sur Arcachon et celle des montagnes pyrénéennes où elle se lance avec témérité, échouant une fois, à la tombée de la nuit, dans les prairies où elle devra franchir les barbelés à ski.



Enfin, très brièvement, le Japon, avec la richesse et la variété du marché aux poissons de Kyoto, la neige et le silence, et à nouveau le retour du deuil à l'improviste, ainsi que cette ultime image des stèles de bois des tombes jetées au feu, faisant disparaître ainsi leur nom de mort, laissant à chacun le soin de "sauver la trace" de leur nom de vivant.



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L'échange des princesses

« C'est naïf mais irrésistible ; une fois qu'on a goûté au pouvoir, on a du mal à s'en déprendre. »



En 1721, Philippe d’Orléans, le Régent, a une idée diabolique en prenant son bain : en attendant que Louis XV atteigne la maturité légale pour régner, il propose à Philippe V d’Espagne un mariage entre le jeune garçon, âgé de onze ans, et l’Infante, Maria Anna Victoria, âgée de quatre ans ! Ces deux-là ne seront pas prêts d’avoir un descendant et qui sait, le sort s’acharne parfois sur les jeunes hommes... Pour cimenter sa proposition il propose en échange de donner Louise-Elisabeth, sa fille, comme épouse au futur roi d’Espagne, le jeune Luis, Prince des Asturies. L’échange des princesses se fera sur un îlot de la Bidassoa.



Le calvaire des deux jeunes filles, coupées du jour au lendemain de leurs repères est terrible. Enfermées dans des prisons dorées, elles survivent comme elles le peuvent. Anna Maria Victoria vit dans la ferveur d’un amour sans retour pour Louis XV dans un mélange bouleversant de candeur et de grande maturité tandis que Louise-Elisabeth se rebelle mais sombre petit à petit vers la folie. Sacrifiées au nom de la raison d’état, elles feront le chemin inverse quelques années plus tard, pour les même raisons.



Ce double drame intime révèle un épisode peu connu de l’histoire de France, intéressant, mais pas au point de me passionner. Il est certes distrayant et instructif de découvrir les coulisses de la vie à la cour, l’affairisme des courtisans, les règles d’hygiène douteuses, les saignées, l’obsession de la chasse des deux Louis mais l’histoire finit par lasser, faute d’humour peut-être et les citations répétées d’extraits de gazettes et de courriers alourdit le roman, c’est dommage.

Pourtant le texte ne manque pas de mordant et l’écriture de Chantal Thomas est fluide et se lit avec plaisir.

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Les Adieux à la Reine

Première rencontre avec Chantal Thomas et je suis conquise. Les Adieux a la reine débute le 14 juillet 1789, date que tout le monde connait. Et pourtant L'auteure choisit de nous faire vivre trois jours non pas au coté du peuple qui se révolte mais du coté de Versailles, tout près de Marie-Antoinette.



Une approche vraiment très intéressante car on y découvre une Versailles très sale et délabré (ce n'est pas l'image que j'en ai...), les habitudes de la cour qui peu à peu sont chamboulées par la révolte qui monte.



Mis a part quelques longueurs, j'ai vraiment beaucoup apprécié ce roman et il me tarde de découvrir le film qui en découle.
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L'échange des princesses

Résumé

L’histoire se déroule entre l’été 1721 et la mi-mai 1725. Le futur Louis XV est âgé de onze ans et la régence est assurée par Philippe d’Orléans qui veut se maintenir au pouvoir le plus longtemps possible.

Il a alors une idée : marier le futur roi avec Anna Maria Victoria, l’infante d’Espagne, fille de Philippe VI, âgée alors de quatre ans (ce qui lui laisse du temps pour qu’elle devienne reine et accède au pouvoir.

En échange, il propose de marier sa fille Louise-Elisabeth (douze ans) avec l’infant d’Espagne, Louis, prince des Asturies.

L’affaire conclue de mains de maître par le Duc de Saint-Simon, se traduit par un voyage des deux princesses dans des conditions très difficiles (traverser les Pyrénées en carrosse n’est pas simple). Le roi Philippe VI et sa femme Elisabeth Farnèse accompagne la princesse jusqu’à la frontière et elle doit continuer seule le voyage. Devant son désarroi on lui permet d’emmener Marie-Neige une de ses intendantes avec elle.

Arrivée à Paris, Anna Maria Victoria est confiée à Madame de Ventadour qui a élevé le futur Louis XV, qui voit cela d’un mauvais œil car c’est elle qui l’a élevé (il l’appelle Maman de Ventadour) donc il se montre jaloux des liens qui se crée entre la princesse et elle.

Devenue Marie Anne Victoire, la petite fille fait de son mieux pour faire plaisir à son entourage et elle tombe amoureuse du futur roi qui est déjà très beau mais très triste car de nombreux deuils l’ont accablé : son père, sa mère… une seule chose l’intéresse la chasse (il visite souvent à Versailles la galerie où sont accrochées les têtes de cerfs que Louis XIV, son arrière grand-père a tués et la princesse l’accompagne pour l’encourager.

Elle joue avec ses poupées, qui jouent un rôle protecteur et rappelle qu’elle n’a que quatre ans et en même temps, elle est adulée par la cour, se montre à la messe à côté de son époux qu’elle aimerait ne pas quitter alors qu’il serait plus judicieux qu’ils se voient afin que l’effet de surprise agisse sur le roi, il verrait ses transformations…

De son côté, Louise Elisabeth est assez bien accueillie en Espagne, elle a douze ans donc connaît mieux les règles mais son futur époux lui déplaît ainsi que les mœurs très libres de la cour : Philippe V et Elisabeth Farnèse sont toujours au lit et tout les monde peut entendre leurs ébats.

Son futur mari a un visage ingrat et lui-aussi n’est intéressé que par la chasse ce que Louise Elisabeth a en horreur. Elle ne l’accompagne jamais préférant la compagnie de ses dames d’honneur, avec lesquelles elle batifole et de plus elle a un comportement alimentaire anarchique. Les sorts de nos deux princesses, on s’en doute va évoluer selon les caprices de la politique et ceux du destin…



Ce que j’en pense :



Ce livre est très intéressant, car l’auteure nous décrit la cour et ses mœurs du côté Français et du côté Espagnol, un chapitre est consacré à Marie Anne Victoire et le suivant à Louise Elisabeth, et ils se déroulent chacun sur la même période.

Il y a de nombreux textes, pas toujours simples à lire, qui sont tirés des publications de La Gazette qui deviendra en 1762 « la gazette de France » car les deux princesses correspondent beaucoup avec leur famille. Au début, c’est Madame de Ventadour qui écrit et très vite Marie Anne Victoire apprend à lire et a écrire.

Cette petite fille est très attachante, malgré son babil incessant, elle s’applique à suivre les conseils qu’on lui donne, pour plaire au roi surtout, et on lui raconte que le roi l’aime en retour alors qu’en fait, plus elle est amoureuse de lui et essaie de le protéger même, plus il prend des distances, car il est timide et triste, donc leur histoire par sur de fausses bases.

En même temps, on est surpris par la maturité de cette enfant de quatre ans, elle s’intéresse à ce qui l’entoure, s’étonne de certains comportements et sent ou pressent ce qui va lui arriver.

Du côté de Louise Elisabeth c’est l’inverse, l’infant l’aime malgré ses écarts de conduite, ses poussées d’érysipèle à répétition qui la rendent difforme alors qu’il la dégoûte. De plus, il n’a pas de charisme, il est sous la domination de son père qu’il craint beaucoup et tout va basculer quand Philippe V abdique en sa faveur.

Elle se comporte comme une enfant, elle se goinfre de tomates, de piments, elle boit. Elle ne s’intéresse à rien, elle est fantasque et probablement atteinte mentalement... « Une manie de gloutonnerie qui ne consiste pas simplement à faire des excès, mais à se goinfrer dans le besoin morbide de tout rendre – à bâfrer à en crever ».

Elle est choquée par les coutumes de l’Espagne, l’importance de la religion pratiquée de manière brutale, cf. la scène de l’autodafé qui montre bien l’importance de la place de l’Inquisition dans ce pays.

Chantal Thomas décrit très bien les sentiments, les ressentis des deux princesses, car elle raconte l’histoire de l’échange selon leur point de vue : dénonçant au passage la façon dont on traite les femmes, comment on les dresse pour en faire des épouses soumises.

L’auteure analyse également les intrigues politiques, chacun attendant que les favoris du moment commettent une erreur fatale, le jeu des alliances alors qu’on se hait, et qu’on attend la chute de l’autre ! Elle revient sur la façon condescendante, voire méprisante dont Louis XIV traitait son frère, le père du régent

Ce qui est frappant en fait, c’est l’oisiveté des princes : ils ne pensent qu’à la chasse, à tuer un maximum d’animaux, et à aucun moment, on ne les voit étudier, parler politique, stratégie, économie, histoire ou littérature. On se demande comment ils vont assumer leur charge de gardien du royaume plus tard.

L’auteur nous raconte les maladies de l’époque notamment la petite vérole, et les traitements utilisés par les médecins : saignée d’abord au talon, puis au pli du coude si la première n’a pas marché….

En somme, un livre intéressant, bien documenté et qui se lit avec plaisir, ce n’est pas un livre d’Histoire mais un livre sur l’histoire de deux fillettes qui vont servir d’otages à la politique.



http://eveyeshe.canalblog.com/archives/2013/12/02/28569555.html


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L'échange des princesses

1721. Après la mort de Louis XIV, le Régent du royaume de France, Philippe d’Orléans, veut sceller la paix avec son voisin espagnol, Philippe V. Sa fille, Louise-Elisabeth (12 ans), épousera donc le prince des Asturies, futur monarque du royaume hispanique. Quant à Maria-Victoria de Bourbon (4 ans), elle épousera le prince Louis XV, petit neveu du Régent, à peine âgé de 11 ans.

Réduites à l’état de monnaie d’échange et « d’objets royaux » à vénérer, ces princesses doivent alors abandonner leur enfance, se plier à la volonté de parents peu soucieux de leur bien-être.

Le marché étant conclu de part et d’autre, « L’échange des princesses » a lieu en grandes pompes en 1722 sur une île à la frontière entre les deux royaumes.

On les suit, ballotées d’un pays à l’autre durant des mois, se pliant aux exigences absurdes de la vie à la cours.

Avec ce fait historique méconnu teinté d’une grande empathie, Chantal Thomas réveille l’histoire intime en redonnant à ces enfants, ici perçus comme des pièces sur l’échiquier des adultes, la parole et le libre choix de leurs actes.

Un roman, proche du réel où l’effroi côtoie l’absurde et parfois l’ironie.

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Souvenirs de la marée basse

Nager ? J'ai jamais su. Même encore maintenant. Après des centaines de kilomètres lorsque je dois me mettre à l'eau me revient sans cesse cette question : Est-ce que cette fois-ci encore je vais savoir nager. Est-ce que je vais flotter ? Suis-je capable d'avancer ?

Lorsque que l'on a été gros ou fumeur, même après un régime ou arrêté de fumer on a toujours cette ancienne étiquette qui vous colle à la peau comme une marque de fabrique. Moi c'est la natation … en plus des deux autres.

J'ai appris, seul, à quarante-deux ans, ne sachant trop quoi faire de mes pauses déjeuner à cinquante bornes de chez moi. A dix ans j'ai failli me noyer, à vingt aussi. Et pour tordre le cou de mes appréhensions je me suis mis au triathlon à l'âge de quarante-sept ans.

Le premier était dans le lac de Poses : 750 mètres de barbotage.

- Vous voyez la bouée au milieu du lac ? Vous la contournez par la droite et vous revenez. Pu…rée c'est loin. Tout le monde est affublé de combine de natation dernier cri, nous sommes deux ou trois en maillot de bain à se les peler grave. Température de l'eau : 18 ° C. La sirène retentit et d'un seul élan les trois cent triathlètes s'élancent comme un seul homme dans des cris de vivats de la foule massée le long des berges. Y en a qu'un qui est resté sur la plage, pénétrant doucement dans l'eau, se mouillant le ventre, la nuque, les bras. Je me jette enfin ignorant les quolibets dans mon dos, les premiers ont déjà parcouru plus d'une centaine de mètres dans un crawl impeccable d'où aucune éclaboussure ne jaillit. Les derniers sont à cinquante mètres devant moi, les algues tentent de me retenir, habitué à la piscine j'ai l'impression qu'à tout instant je vais me noyer.

Il en faut des longueurs pour que le plaisir intense de la natation se manifeste. Mais alors quelle liberté de nager, quel plaisir ! Surtout le soir quand tous vos muscles vous remercient de les avoir laisser se défouler. Inimaginable !

Chantal Thomas l'a compris très vite grâce à sa maman qui ne pouvait concevoir la vie sans cette activité. C'est leurs vies qu'elle nous raconte dans ce livre et il fait du bien en plus de vous faire remonter nombre de souvenirs.

Je vous ai raconté la fois ou je me suis lancé dans un Ironman ? Allez ça sera pour une prochaine.

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L'échange des princesses

Une fois n'est pas coutume, je me suis lancée dans la lecture d'un livre après avoir visionné son adaptation cinématographique. Il est beaucoup plus rare d'être déçue lorsque l'on procède dans ce sens.



J'ai eu la chance de rencontrer Chantal Thomas aux Rendez-vous de l'Histoire de Blois, aux côtés de Marc Dugain, présent en tant que réalisateur de L'échange des princesses (ce qui ne m'a pas empêché de lui demander la dédicace d'Ils vont tuer Robert Kennedy, fan oblige).



Ce qui est ressorti de cet échange, et qui m'a beaucoup marqué dans ce roman historique, c'est la place laissée à l'enfance sous la royauté. Les enfants n'en étaient pas vraiment... Et Chantal Thomas, malgré une écriture plutôt factuelle de premier abord, arrive très bien à montrer cela à son lecteur et à faire naître une forte empathie pour ces enfants qui servaient de pions aux adultes, sur l'échiquier du pouvoir. Même le jeune roi Louis XV n'échappe pas à ce phénomène de société.



Chantal Thomas utilise de nombreuses sources (lettres, gazettes, tableaux...) et reste très fidèle à l'Histoire. Connaissiez-vous cet échange dont il est question ? La Princesse de Montpensier contre l'infante d'Espagne Anna Maria Victoria. La première, fille du Régent de France, est fiancée à 12 ans au Prince des Asturies, 14 ans, futur roi d'Espagne. La seconde, à peine 4 ans, est quant à elle promise à Louis XV, 13 ans. Pour ma part je n'en avais jamais entendu parler...



Outre cette spoliation de l'enfance dont je parlais plus haut, le récit de Chantal Thomas évoque également le libre arbitre, l'amour non partagé, la vie des rois, la mort omniprésente (ah cette petite vérole, quelle hécatombe !), la médecine (qui ne pratiquait que la saignée), la découverte de la sexualité et l'homosexualité...



Ce roman très abouti se termine sur une fièvre qui emporte tout sur son passage : l'enfance, l'innocence, l'amour, la vie. Et c'est avec une immense tristesse, une grande compassion pour ses enfants ayant grandit trop vite, que l'on referme ce livre.
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East Village Blues

Chantal Thomas a du style, elle sait recréer l'ambiance d'une ville, de Manhattan, qu'elle a bien connue dans la deuxième partie des années 70. Elle évoque tous ces souvenirs, heureux, aventureux, désinvoltes sans nostalgie et avec un réalisme frappant.



Elle passe une journée à New York en 1970, en transit au retour d'un voyage avec une amie au Pérou. Une nuit et quelques heures lui ont suffi pour décider de revenir bien plus longuement ce qu'elle fait en 1976.



Son récit commente les difficultés de son installation, elle rencontre Cynthia qui lui offre de partager son appartement dans l'East Village, un quartier qu'elle va aimer et ne plus vouloir quitter.



L'intérêt de son livre est le télescopage de sa vie quotidienne là-bas, oisive puisqu'elle n'a pas le droit de travailler, avec la réalité culturelle et artistique de l'époque. Elle fréquente des "parties" où plane l' ombre de Jack Kerouac, mais aussi où elle peut apercevoir Andy Warhol, Allan Ginsberg, William Burroughs et son livre prend très vite une tournure artistique et poétique, agrémenté qu'il est par les photographies d'Allen S. Weiss qui ajoutent à l'ambiance décalée de l'époque.



Bars à femmes, boîtes lesbiennes, soirées improvisées, rencontres multiples, nuit dans l'obscurité et le pillage suite à une gigantesque panne d'électricité, elle connaît tout, dont elle se gave littéralement, son appétit de vivre quelque chose hors du commun, du conventionnel français, n'est jamais rassasié.



Elle finit par être expulsée par sa logeuse avec violence. Elle raconte cette épisode comme s'il s'agissait simplement du fait d'avoir manqué un train, mais le prochain passe dans vingt minutes.



Elle finit par enseigner le français aux cadres du World Trade Center car il faut bien gagner un peu sa croûte. J'aime bien son évocation des centaines de femmes de ménage des tours, contraintes de délaisser leurs aspirateurs rendus muets par la panne électrique.



Elle voit autour d'elle le luxe et la misère, la pauvreté dans laquelle tant d'être s'enfoncent, conscients qu'ils ne remonteront pas. Et là, c'est l'image es couloirs abandonnés du métro où survit toute une foule d'hommes, femmes, enfants dans l'indifférence générale.



Son livre est à la fois un bain culturel, un temps d'insouciance, d'aventure, de risque, de chaleur, d'errance dans les parcs, de visions béates de Manhattan depuis Staten Island, beaucoup de poésie et de citations des écrivains et poètes, dont plusieurs extraites de "Sur la route" de Jack Kerouac sont magnifiques.



J'ai dit qu'elle n'était pas vraiment nostalgique, pourtant lorsqu'elle revient à Manhattan en 2017, elle est attristée des changements survenus en quarante années et intitule précisément son livre East Village Blues.
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L'échange des princesses

Chantal Thomas nous montre dans ce roman comment le Régent Philippe d'Orléans organise le mariage du futur Louis XV en proposant d'échanger deux princesses. Malheureusement pour lui, rien ne se passe comme prévu. Le texte est coupé de lettres d'époque et alterne ce qui se passe en France et en Espagne.

Nous suivons pas à pas la vie de ces deux princesses, pauvres marionnettes impuissantes face à la raison d'Etat.

La patte de l'universitaire nous offre un roman historique très bien documenté agréable à lire.
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Journal de nage

"Mardi 22 juin



Plage du Corsaire, de nouveau. Je surmonte mon appréhension et me jette par l’échelle de métal. Plaisir d’avoir dépassé la peur et de monter et de descendre au gré des vagues. Elles font de moi ce qu’elles veulent. Des algues détachées des roches frôlent mon corps. Pour la sortie, je ne me fais pas de souci, j’émergerai au bon moment, dans une brève accalmie, comme il y en a après une crise."



Un immense sentiment de solitude m’a assailli lors de la lecture de ce récit. Et pour cause : conçu comme un journal, tout comme un road book serait un journal de marche, ce livre manque cruellement de rencontres et de partage … Je suis une grande nageuse et une grande marcheuse, et jamais je n’avais noté à quel point ces deux activités étaient différentes, et combien la nage, en dépit de la beauté des mers, des océans ou des lacs, est « vide » à en pleurer. Jamais je n’avais remarqué à quel point j’étais terrestre, attachée à cette bonne vieille terre, aux (grandes et petites) bestioles qui la peuplent et aux herbes qui y poussent, en dépit de mon amour et de ma fascination pour l’eau.



Le livre, donc : un journal des jours de nage de l’auteure, augmentée de notes de lecture autour de la mer, comme les travailleurs de la mer, de Victor Hugo, ou « le tumulte des flots » de Mishima, mais aussi « les journaux » de Kafka et d’autres.



De mes expériences aquatico-littéraires précédentes, j’ai préféré la poésie de « Ultramarins » de Navarro, la sensualité d’ »un corps tropical » de Marczewski ou encore le récit de Murakami dans l’ « autoportrait de l’auteur en coureur de fond » pour la description de l’état de béatitude consécutif à un effort intense.



« La mer n’a pas d’âge. Elle ne procède pas, à l’image des montagnes, par strates successives datables. L’effacement est son principe. Chaque vague annule la précédente. » J’ai bien peur qu’il en va des lectures comme des vagues …

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L'échange des princesses

Eté 1721, pour mettre fin à une guerre franco-espagnole qui n'a que trop duré, Philippe d'Orléans a une idée des plus ingénieuses.

« Echanger » sa fille, la princesse Louise Elisabeth avec la princesse Anna Maria Victoria d'Espagne, fille de l'actuel roi d'Espagne Philippe V.

Les deux infantes se croisent à la frontière franco-espagnole pour devenir respectivement reines dans le pays adverse. La première est destinée à épouser Louis XV, le futur roi de France et la seconde le futur roi d'Espagne, Don Luis.

Réunir les deux branches de la grande famille des Bourbons. Comment imaginer une symétrie plus parfaite ?



Mais que dire de ces jeunes filles, prises au piège de décisions politiques en haut lieu et qui les dépassent ? Inimaginable mais ce genre de pratique étaient jadis monnaie courante afin d'unir deux royaumes.

Des enjeux de première importance reposent donc sur leur capacité à devenir reines et à enfanter un fils de préférence.

Mais tout ne se passe pas comme prévu. Il faut dire que la jeune Anna Maria âgée d'à peine 4 ans ne voit le monde qu'à travers sa passion candide mais non réciproque pour le beau Louis XV. Heureusement que maman Ventadour est là ainsi que Poupée Carmen. Quant à Louise Elisabeth, c'est dans une crise d'adolescence qui s'apparente à de la folie qu'elle s'enlise en Espagne.

Prisonnières de leurs destins, sacrifiées sur l'autel de la royauté, victimes de la manipulation des adultes et considérées finalement comme de simples marchandises, le récit est édifiant.



Chantal Thomas, spécialiste du 18ème siècle nous relate un épisode historique mal connu de la monarchie. Les échanges épistolaires sont d'ailleurs retranscrits tels quels, ce qui appuie la véracité de l'histoire.

Adapté au petit écran dans un film éponyme avec Lambert Wilson, je recommande pour les amateurs cette tranche d'histoire franco-espagnole intéressante à découvrir.

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Souvenirs de la marée basse

Chantal Thomas entre deux mers, entre deux âges. "Le temps d'Arcachon", océanique, marque son enfance dans la première partie. "D'autres rivages" méditerranéens et d'outre atlantique l'attendent à l'âge adulte où elle emmène aussi le lecteur dans un deuxième temps. Ce sont d'abord les tentes en toile rayée parallèles à l'océan et les « parfums mêlés d'iode et de varech, de résine et d'aiguilles de pins », qui tracent sur les bords du Bassin d'Arcachon les contours de la géographie et de la généalogie familiale de l'auteure. S'y dessinent précisément les figures de ses parents (Jackie et Armand) et celles de ses grands-parents maternels (Eugénie et Félix). Souvenirs rapportés ou vécus de "hauts faits" familiaux (plongée de Jackie dans le Grand Canal à Versailles), d'adresses et de maisons successives et d'une valise transformée en berceau. Souvenirs précoces aussi d'immensités sableuses où Chantal apprend à ramper ; de plages et de vacances – maillots, serviettes et « bonnet-marguerite » – de complicités enfantines près d'une jetée rouillée, de frontières invisibles entre les saisons dans une ville qui revendique de les faire vivre toutes quatre ensemble et par quartiers bien spécifiques. Habiter en bordure de la ville d'hiver et lorgner les estivants pendant l'été. Nager. Librement surtout, avant même de pratiquer les mouvements réglementaires. Courir à marée basse plage de la pêcherie, repérer les baïnes, s'éclabousser en entrant dans l'eau, grelotter, « La gaieté vient de la mer […] On saute, on plonge, on batifole, on se roule dans l'écume du rire » et c'est déjà l'été prochain. En courts instantanés d'Atlantique, riches d'images suggérées et de sensations légères, Chantal Thomas écrit son enfance dans l'immédiateté d'une collection d'instants précieux qu'on jurerait intacts, sur fond d'humeurs et d'obsessions sportives maternelles – les rituels de crawl de Jackie chronométrés par le bienveillant grand-père, Félix. de son père Chantal a hérité des silences, avant sa disparition prématurée, « le dernier été ». Ces pages d'enfance inscrites et restituées dans la lumière changeante d'horizons marins à perte de vue semblent l'avoir toujours accompagnée longtemps après les avoir tournées et qu'elle ait rejoint les rives de la méditerranée évoquées dans la deuxième partie. le recul de l'adolescente plus grave puis de l'adulte se fait alors sentir … Nager, flotter, se laisser porter : cet art du lâcher prise et de l'abandon que lui a offert l'océan à l'âge des commencements et qui prend à contre pied la passion chronométrée de sa mère, Chantal Thomas le fait superbement partager.
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Café Vivre : Chroniques en passant

Des moments agréables que la lecture de ces chroniques de Chantal Thomas, courtes, sincères, avec de belles références au voyage, à la lecture, à la peinture, à la musique, à des lieux qu'elle aime, à des personnages historiques, le plus souvent issus de la littérature tels que Diderot, Descartes, Mauriac, Colette et d'autres.



Bien sûr, selon les goûts de chacun, elles séduiront et marqueront d'un souvenir durable différents lecteurs, elles ne peuvent toutefois pas laisser indifférent ceux qui partage ce goût du voyage et de la littérature.



J'ai particulièrement apprécié ses souvenirs japonais, sa maison d'Arcachon, une ville où j'ai visité assez longuement le quartier de ces belles demeures anciennes emplies de souvenirs. Et aussi ses visites à New-York et ses passages à la Frick Collection, magnifique musée à taille humaine. Et bien sûr, toutes les références littéraires, particulièrement la maison de Mauriac, Malagar, là aussi un ressenti que je partage avec elle quant à la beauté de la prairie et des vignes contemplées par Mauriac et si souvent restituées dans ses écrits. Et enfin sa dernière chronique sur le manteau offert plutôt que donné à celui qu'elle appelle vagabond plutôt que SDF, anecdote liée indirectement au livre de Philippe Lançon, Le Lambeau.



L'écriture de Chantal Thomas est très agréable, ses phrases regorgent de virgules, favorisant leur accessibilité et ne coupant jamais le souffle du lecteur. Elle sait transmettre des émotions, dépendant bien sûr de la réceptivité de ses lecteurs selon les thèmes abordés.



Son livre présente le format idéal afin de plaire sans lasser car toutes les chroniques n'ont évidemment pas la même accroche, d'où seulement trois étoiles même si certaines, à mon goût, pourraient s'en voir octroyer cinq.
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L'échange des princesses

Nous sommes en 1721, Philippe d’Orléans, le Régent, pour asseoir son pouvoir et mettre fin à treize années de guerre , propose à Philippe V, roi d'Espagne, non seulement que la petite infante Anna Maria Victoria, quatre ans, épouse son cousin germain Louis XV, onze ans, et devienne ainsi la reine de France, mais aussi que sa fille, Louise-Elisabeth, Mlle de Montpensier, douze ans, épouse don Luis, prince des Asturies, quinze ans, et devienne ainsi la reine d'Espagne.



Ce livre nous conte l'histoire de ces deux petites filles, princesse de France et infante d'Espagne mariées dès leur plus jeune âge et transplantées chacune dans le pays de leur royal époux , futures reines toutes les deux et au destin bien singulier : petite poupée de 4 ans pour Anna Maria Victoria mais avec déjà beaucoup de maturité, adulée à son arrivée en France pour épouser Louis XV et Louise Elisabeth, mal élevée, mal dans sa peau et qui sera d'emblée rejetée par l'entourage du futur roi d'Espagne .



Un beau roman historique, une écriture raffinée, une histoire enrichie par d'authentiques documents qui rend bien compte des mœurs de la cour où les grands du royaume sont plus occupés à la chasse et aux fêtes qu'au bien-être de leur peuple, et où les enfants royaux et en particulier les filles , sont monnaie d'échange pour raison d'état.
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Souvenirs de la marée basse

Chantal Thomas délaisse pour un temps les princesses et reines de France pour rendre hommage à Jackie, sa mère, qui n’avait pour seule obsession que nager.

Nager sans cesse, dans la mer, dans l’océan, dans les lacs.

Lorsqu’elle plonge dans le Grand Canal du Château de Versailles, elle nage lentement, gracieusement, passionnément comme si inconsciemment, elle voulait venger toutes les femmes qui dans les siècles passés ne nageaient pas :

« Des femmes bien nées, bien élevées, ne nagent pas ! cela supposerait en plus un déshabillage compliqué, d’une lenteur impossible. Nager ! L’idée seule ! Quelle folie ! »

Chantal Thomas était fascinée par cette Jackie, sa mère.

Le récit ouvre les portes aux souvenirs d’enfance chez les grands-parents à Arcachon, aux alternances de foules estivales et de plages désertes, de bruit et de silence.

L’auteure parsème son récit de quelques anecdotes historiques, géographiques et culturelles ce qui en fait un attrait supplémentaire.

Chantal Thomas signe un bel hommage à cette naïade tant aimée.

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L'échange des princesses

Cette histoire passionnante raconte l’idée ahurissante jaillie des cerveaux malades qui dirigeaient la France pendant le siècle des lumières : unir les destinées de l’infante d’Espagne à celle du roi Louis XV et celle de la princesse Louise Elisabeth d’Orléans, fille du régent, à celle de l’infant d’Espagne, tout cela afin de raffermir les relations franco-espagnoles.

Le mariage d’amour, bien entendu, était une notion alors totalement saugrenue pour les rejetons royaux, quelle idée ! le seul intérêt d’un mariage étant alors d’affermir les alliances entre puissants. Quant à l’intérêt des enfants, ça aussi, ça relevait de la pure fantaisie. Comme si les états d’âme enfantins avaient le moindre intérêt !

Le hic, en l’occurrence, c’est quand même l’âge de la petite « novia » qui n’avait pas encore… 4 ans ! au moment où ses parents tendres et aimants l’ont expédiée avec ses poupées pour aller épouser Louis XV alors âgé de11 ans.

Je pense très fort à ma délicieuse progéniture et j’imagine aisément la réaction d’un gamin de 11 ans à l’idée de s’encombrer d’une fille, un bébé de 4 ans à fortiori… et celle d’une petite fille de 4 ans qu’on expédierait POUR TOUJOURS et toute seule à l’autre bout de l’Europe pour devenir reine de France : vaste programme ! Quant aux adolescents de 12 et 15 ans qu’étaient Louise Elisabeth d’Orléans et l’infant d’Espagne, si le projet de les marier peut paraître moins déplacé, il n’en est pas moins totalement traumatisant comme le montrera Chantal Thomas.

On est partagé tout au long de ce récit entre l’attendrissement, l’indignation, la stupéfaction et la compassion pour ces enfants cobayes envoyés en mission d’Etat tout en suçant leur pouce ; et le pire c’est que ce n’est pas du roman, tout est AUTHENTIQUE ! Dolto, au secours !

Une histoire passionnante donc, qui effleure la personnalité de Louis XV enfant, brosse le portrait attachant de la princesse Palatine et donne une fine analyse de la vie à Versailles pendant la régence. J’ai beaucoup aimé !

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L'échange des princesses

Je connaissais cette histoire d'échange de princesses donc pas trop de surprises à ce niveau là.

Les personnages sont travaillés et du coup, attachants. J'ai vite ressenti de l'empathie pour eux, surtout pour la petite Anna Maria Victoria. Elle m'a envoutée, comme tous ceux de son époque d'ailleurs.

Par contre, le fait que le livre soit écrit au présent m'a dérangée. Je ne saurais dire pourquoi, peut-être tout simplement parce que cela se passe dans une époque révolue et que l'emploi du passé s'imposait.

Contente de l'avoir lu, j'ai passé un bon moment.
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L'échange des princesses

L'échange des princesses est une promesse non réalisée… à double titre.



Du point de vue historique, d'abord. En 1721, l'idée brillante germée dans l'esprit du Régent d'unions croisées entre la France et l'Espagne, pour enterrer la guerre de succession et, au passage, mettre sa fille sur le trône d'Espagne, n'a pas fonctionné comme prévu. Anna Maria Victoria, 4 ans à peine, fille de Philippe V d'Espagne, gagne Paris pour épouser Louis XV, tandis qu'Anne Elisabeth de Montpensier, 12 ans, est livrée à Madrid pour épouser l'infant don Luis, prince des Asturies. « Oui, une idée brillante — et d'une symétrie sans défaut. » Sauf que le peu de goût de Louis XV et de la princesse de Montpensier pour leurs conjoints respectifs ne facilite pas l'affaire. La mort du Régent fera le reste…



Quant au roman, le début aussi était brillant ; enfin du style et de l'élan ! me suis-je dit. Point de phrases plates, Chantal Thomas épice son récit d'horreur (l'autodafé), d'un brin de fantastique (les poupées de l'infante) et de sexe (l'initiation du jeune Louis XV). Elle a un véritable talent pour décrire la cruauté dissimulée derrière un semblant de respectabilité, « la barbarie à sourires polis » déplorée par Mme de Ventadour. Mais moins de cent pages après, ma lecture s'enlisait dans les innombrables extraits de lettres et de "gazette" d'époque. Avait-elle besoin de citer chaque source dans le texte pour prouver son indéniable travail de recherche, poussant l'exactitude jusqu'à reproduire les fautes d'orthographe des missives originales ? Si la partie romancée est vivante, la citation des archives est pesante. L'auteur aurait gagné à "digérer" ses sources pour ne pas rompre le fil du récit, comme l'a fait, par exemple, Françoise Chandernagor dans "L'allée du roi".



Mais le véritable problème avec cette histoire, c'est que ses deux héroïnes ont justement été oubliées par l'Histoire. Même si l'auteur met en avant leur destin dans ce qu'il a de plus intime, voire poignant, leur charisme est limité. Anna Maria Victoria n'est PAS Marie-Antoinette… Certes, la petite infante est charmante et étonnamment en avance pour son âge, mais il est difficile de bâtir tout un roman sur une fillette de 4 ans. De l'autre côté, la princesse de Montpensier est tellement exécrable (ses caprices et sa mauvaise humeur virent en véritable folie) que l'attachement ou l'identification est impossible. Et naturellement, ceux qui ne devraient être ici que des personnages secondaires éclipsent les deux princesses grâce à leur notoriété, comme le jeune roi Louis XV. L'ombre de Louis XIV, mort quelques années auparavant, plane sur tous les protagonistes. D'ailleurs, l'auteur ne le porte pas dans son coeur, lui et la Maintenon. Sa sympathie va à Monsieur et à sa famille: le Régent, son fils, et sa veuve la princesse Palatine dont elle se plait à décrire les entrevues avec la petite infante-reine.



Mon premier contact avec l'œuvre de Chantal Thomas n'a donc pas produit d'étincelles. Fonder son roman sur un passage oublié de l'histoire de France était un risque, et si j'ai appris des choses, je n'ai pas été emportée par ce récit assez inégal. Ne dit-on pas que si certains légumes sont oubliés, c'est justement qu'ils le méritent ?
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