Charaf Abdessemed

« Un de nos plus célèbres compatriotes n’avait-il pas dit, un jour d’égarement, qu’entre la justice et sa mère, il préférait sa mère ? Et nous, qu’avons-nous eu ? Ni la justice ni notre mère ! Car la France n’est pas notre mère. Elle n’est qu’une marâtre égoïste qui nous exploite, prend le meilleur de notre terre et nous envoie ses enfants perdus, travailler ici et cueillir indûment le fruit du labeur de nos ancêtres.

« Mes amis, il ne doit pas y avoir de haine dans nos cœurs ! N’oublions jamais que les Français sont nos frères, et que nous n’avons rien contre eux, rien ! »
« Seulement… ils doivent juste comprendre qu’une époque est désormais révolue, et que le temps est venu pour nous de gérer nous-mêmes notre pays, car jamais nous n’accepterons d’être le Porto Rico de la France ! »

« La France est devenue bien-pensante ! Des esprits marqués par la pensée unique veulent remettre en question le caractère sacré et positif de la colonisation, au mépris de nos droits les plus élémentaires. Ils veulent démanteler tout ce que nos ancêtres ont construit ici. » « Alors moi, je vous le dis : pas de culpabilité, pas de haine de nous-mêmes ! Bien au contraire : soyons nous-mêmes, soyons authentiques ! Soyons fiers de tout ce que nous avons réalisé ici ! Soyons fiers de notre héritage ! Soyons fiers des villes que nous avons bâties, des routes que nous avons tracées, des forêts que nous avons entretenues, des cours d’eau que nous avons détournés, des maladies que nous avons éradiquées. »

Dans ce long chemin qui nous attend, je n’ai à vous offrir que du sang et des larmes. Mais des larmes de joie, de celles qui sauront consacrer la dignité d’hommes et de femmes libres. Oui, mes chers amis, le rêve que je fais pour notre beau pays, c’est qu’il revienne enfin à ses habitants. À vous qui, de génération en génération, depuis plus de deux siècles, et à la sueur de votre front, par la force de votre abnégation et celle de vos ancêtres, l’avez assaini, mis en valeur, fait prospérer pour qu’il devienne aujourd’hui ce magnifique et florissant bijou de la Méditerranée… »

« Cela suffit ! Il faut que les choses changent une fois pour toutes. Que ce cher et beau pays revienne enfin à ceux qui l’aiment. Oui, l’Algérie doit revenir aux Algériens ! Pas aux Indigènes, pas aux Français qui chaque jour déferlent en masse ici, mais à nous, les Pieds-noirs ! Après des décennies de nuit coloniale, l’Algérie doit revenir à ses enfants, à nous qui avons su l’aimer, la chérir et prendre soin d’elle ! »