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Citation de enkidu_


Les écrits de Cheikh Abd al-Wahîd recèlent souvent un langage codé dont seul un examen attentif et scrupuleux de ceux du Cheikh al-Akbar permet de trouver les clés. Ceci se vérifie, en particulier, pour la figure du Triangle de l’Androgyne qui comporte une application cyclique relative au liwâ’ al hamd. Secondaire dans la mesure où elle concerne uniquement l’état humain, elle est néanmoins fort précise.

Cette figure comporte en tout six lettres : trois correspondent au grand triangle droit et forment le nom d’Adam : alif, dâl, mîm ; trois autres correspondent au petit triangle inversé et forment le nom d’Eve : hâ, wâw, alif. Sur ces six lettres, quatre entrent dans la composition du nom prophétique Ahmad ainsi que du participe actif hâmid (le louangeur) qui est son anagramme : il s’agit du hâ et des trois lettres correspondant au grand triangle. Ceci confirme que ce triangle se rapporte à la Tradition primordiale et au « pôle actif » de notre état d’existence. Par ailleurs, la somme numérique de ces six lettres équivaut à 60 : 45 pour le nom Adam et 15 pour le nom Hawâ. Ahmad et hâmid ayant pour nombre commun 53, la somme des deux lettres restantes équivaut à 7. Ces lettres sont le wâw et l’alif final qui sont situées, l’une et l’autre, sur le triangle inversé. A partir de là, la doctrine du liwâ’s al-hamd apparaît dans une perspective d’ensemble.

L’alif initial du nom Adam figure l’Étendard dans sa fonction axiale par rapport à l’état humain considéré dans sa totalité ; l’alif final le figure à la limite extrême du même état, où sa position coïncide avec le point de départ d’un nouveau cycle d’existence, celui qui succédera au nôtre. Bien entendu, il s’agit du même Étendard, et c’est pourquoi il est dit du Prophète, non pas qu’il l’« obtiendra » au Jour de la Résurrection lorsqu’il sera établi à la Station Louangée, mais bien qu’il le « reprendra à Adam en vertu d’un droit qu’il possédait dès l’origine ».
(…)
Rappelons tout d’abord le rapprochement magistral opéré par Cheikh Mustafâ entre le Triangle de l’Androgyne et Les mystères de la lettre nûn : la jonction des deux nûn correspondant, parmi les formes traditionnelles, à l’hindouisme et à l’islâm doit s’opérer dans le monde intermédiaire. La figure circulaire formée par cette jonction a pour nombre 100 (2 X 50) qui est aussi celui de la lettre qâf. Celle-ci symbolise le centre de la manifestation subtile, cœur de l’état humain et unique point de contact avec les états supérieurs de l’Être. Qâf est la désignation métonymique du Cœur (al-qalb), du Pôle suprême (al-qutb) et, dans la perspective eschatologique évoquée ici, du Coran Glorieux (al-Qur’ân al-Majîd). Le point central de la figure est le lieu de la théophanie finale d’al-haqq, ce « principe transcendant » que René Guénon a mentionné à la fin de son étude : De la sphère au cube ; sa manifestation marquera le passage de ce monde à la vie future ainsi que l’avènement d’une humanité nouvelle.
(…)
Cette présentation akbarienne de la doctrine eschatologique de l’islâm indique que c’est Muhammad, en sa qualité d’Envoyé universel, qui sera le Législateur primordial de l’état d’existence qui succédera au nôtre. L’excellence de la loi finale du présent cycle (ash-sharî’a al-islâmiyya) est liée à cette fonction et justifiée par elle, ce qui se montre aisément à partir de ce que Cheikh Abd al-Wahîd enseigne au sujet du « renversement des pôles ». Il explique que, « en vertu de l’enchaînement causal qui n’admet aucune discontinuité effective », le commencement du cycle futur et la fin du nôtre ne sont « qu’un seul et même mouvement vu de deux côtés opposés » ; et il ajoute : « Ce moment est représenté comme celui du ‘’renversement des pôles’’ ou comme le jour où ‘’les astres se lèveront à l’Occident et se coucheront à l’Orient’’, car un mouvement de rotation, suivant qu’on le voit d’un côté ou de l’autre, paraît s’effectuer en deux sens contraires, bien que ce ne soit pourtant toujours en réalité que le même mouvement qui se continue sous un autre point de vue, correspondant à la marche d’un nouveau cycle. » (pp. 94 & 96-97)
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