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Citation de enkidu_


Nous aborderons tout d’abord le dogme trinitaire, logiquement antérieur à la question de la filiation. Une première remarque s’impose : si l’Unité métaphysique est, dans l’ésotérisme islamique, le symbole par excellence de l’Essence divine, la doctrine générale des nombres ne présente pas, en revanche, de lien direct avec le symbolisme propre à tel ou tel d’entre eux ; tout nombre exprime, en ce qu’il a d’unique, l’Unité principielle. Le nombre « trois » ne revêt une importance spéciale que dans l’enseignement doctrinal relatif à l’existenciation cosmique (takwîn), d’où sa relation avec la notion d’« activité » divine. En doctrine chrétienne, le dogme trinitaire a fondamentalement le même sens : sa formulation est liée, historiquement, à la manifestation en ce monde du Verbe existenciateur ; elle est inséparable de la révélation christique aussi bien que de la Personne du Christ « par qui toutes choses ont été faites ».

Pour Ibn Arabî, cette signification particulière explique la présence de trois Noms divins (Allâh, ar-Rahmân et ar-Rahîm) dans la Basmala et les trois lettres dans l’Ordre divin existenciateur : kâf, wâw et nûn, compte tenu du fait que le wâw central est occulté dans l’impératif Kun ! (= « Sois ! »). En effet, la Basmala : « Au Nom d’Allâh, le Tout-Miséricordieux, le Très-Miséricordieux » est la formule de consécration de toute activité traditionnelle pour chaque croyant tout comme le Kun est l’expression de l’Activité divine en tant qu’elle s’identifie au Commandement existenciateur d’Allâh. Le nombre « trois » est aussi celui du terme ab, « père », formé à partir des deux premières lettres de l’alphabet arabe : l’alif, qui correspond au nombre « un », et le bâ, qui correspond au nombre « deux ». Il n’est pas ici sans intérêt de noter que le mot ibn, « fils », est formé de ces deux lettres initiales ; sa troisième lettre, qui est nûn, comporte un sens d’enveloppement, de conservation et de synthèse(1), représenté dans l’écriture par l’intériorisation du point central ; celui-ci figure au contraire à l’extérieur dans le tracé du bâ(2). Le « fils » apparaît, à ce point de vue, comme l’aspect final de la réalité principielle exprimée par le « père », et comme l’« occultation » et la « résorption » de la fonction initiatique correspondante.

(1) Cf. M. Vâlsan, L’Islam et la Fonction de René Guénon, p. 167.

(2) C’est pourquoi il symbolise « le centre de la ‘’circonférence première’’ qui délimite et enveloppe le domaine de l’Existence universelle » ; cf. R. Guénon, Er-Rûh. (pp. 36-37)
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