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Critiques de Charles Bukowski (626)
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Contes de la folie ordinaire

Au risque de passer pour une frustrée, je me lance ...



Alea jacta est



Christine la masculine :

Vingt et un contes plutôt vingt et un portraits au vitriol lancés comme des scuds et je vous assure certains font très «mâles». On m’a conseillé de lire ces nouvelles au second degré et mon côté masculin s’est rapidement exécuté. Comme un voyeur, j’ai maté à travers le trou de la serrure et j’ai adoré. Un mélange de fascination et d’admiration m’a envahi pour cet auteur : son manque de tact qui envoie valser les conventions, son sexisme dérangeant, son franc parlé déroutant, sa violence verbale et sa force d’écriture. Un écrivain provocateur à la verve brutale, sans limite avec un je ne sais quoi de désespoir, de colère et de révolte.



Entre réalités et fantasmagories, mensonges, vérités, divagation et abus d’alcool Charles Bukowski est infecte, détestable, ignoble, exécrable mais délicieusement jubilatoire. Il décrit une Amérique profonde en pleine crise et balance la baise dans la misère et la folie sociale. Il dépasse les limites de l’acceptable, c’est un fait, on l’accepte ou pas mais putain on en demande encore !



Christine la féminine :



Tchhhh, Tchhhh, Charles à nous deux !



Depuis le temps que je voulais me payer ta tête, tu vas t’en retourner dans ta tombe avec tout le respect que je te dois.



Il y a pas à dire, tu ne sais PAS parler aux femmes toi, mais tu sais quoi, ton haleine fétide et ton coup de rien, pardon de rein, qui dure le temps d’un va et vient, merci trop peu pour moi. Je te la fais rapide, comme les lapins : toutes ces femmes, les filles du bordel et du bar à putes, Linda, Sarah et les autres, elles simulaient. Ben oui ! Faut pas abuser non plus, tu ne crois quand même pas que pour 2 dollars, avec ces hommes répugnants dénués de sentiments, elles allaient atteindre le nirvana ? Et oui, Charles, un orgasme, il faut aller le chercher, le désirer, le mériter, l’accepter avec respect, douceur avec un temps soit peu de rêve et d’amour, c’est le prix.



Connais-tu la différence entre un bon et un mauvais vin ? Un bon vin, tu le caresses du regard, tu admires sa robe soyeuse, tu l’humes, ensuite tu le grumes pour augmenter sa température et dans ta bouche quand il présente une bonne longueur, tu fais durer le plaisir et là tu avales par petites gorgés, un délice. Un mauvais vin, tu avales et tu vas gerber. Et bien entre l’amour et la baise c’est la même chose…



Bukowski déteste les femmes ou plutôt il adore ce qui lui sert de vidoir ! Tout y passe, dans le livre j’entends : exhibitions, érections, éjaculations, fellations et quand il n’y a pas de femelles, un whisky, une branlette et au dodo. Les femmes ou plutôt leur con est étalé comme un morceau de viande, dans toutes les positions, sous toutes les coutures, pourvu que ça rentre que ça sorte que ça rentre que ça… Oups ben même pas le temps que ça gicle déjà, rooh !... Bukowski, je te le dis entre quatre yeux, tu es immonde, dégueulasse, abject avec les femmes, un tue l’amour dépourvu de cœur et d’humanité.



J’ai quand même voulu comprendre pourquoi ce laid et odieux bonhomme est devenu misogyne. Je me suis dis celui-là il n’a pas du avoir une enfance douce et heureuse ! Bingo ! Père violent, alcoolique, castrateur et mère soumise et inexistante. Même schéma de construction, il est vrai que pour se construire ce n’est pas l’idéal. Quand on a compris le personnage on comprend son œuvre, il écrit ses mots comme il les pense pour panser ses maux.



Bon vous aurez compris, j’ai été intéressé par le regard acerbe de Bukowski sur les femmes qui sont sa douleur et toute sa vie. Parfois touchée mais souvent agressée, mon côté féminin et le premier degré l’ont souvent emporté mais je dois admettre une certaine fascination pour son écriture.



Sans rancune Charles ! Bon c’est vrai je me la joue facile, tu ne peux me répondre mais c’est un juste retour des choses après t’être tant vidé. Peut être nous verrons nous dans l’au-delà, tu iras baiser sur ma tombe et moi j’irai cracher sur la tienne.



Au nom du père

Du fils

Du Bukowski



Amen !




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Au sud de nulle part

À quoi reconnaît-on un bon Bukowski ? C'est toujours un peu la même histoire, le même style, ça ne ressemble pas à de la littérature, cela paraît facile et pourtant c'est incomparable. Vous pouvez commencer un Bukowski, le laisser tomber pendant 2 ans, 10 ans, 15 ans et quand vous le rouvrez, vous avez l'impression de l'avoir fermé le matin même.



Il y a une fraîcheur et un humour incroyable dans ce style mêlant scatologie, sexe et débauches variées, les pérégrinations apparemment sans intérêt d'un type bien paumé dans l'existence. Vous en sortez comme revigoré, revivifié. Je vais essayer de vous faire du Bukowski (singer maladroitement serait l'appellation la plus correcte) et vous aurez tout compris :



" Je suis rentré dans ma piaule, c'était le bordel. Alors je me suis gratté les couilles et je suis descendu m'acheter une bouteille. J'étais raide et le gars du drugstore voulait plus me faire crédit. J'ai gueulé un bon coup et quand j'ai laissé ma montre en gage il m'a filé la bouteille. En route j'ai croisé une poule. Elle était moche et encore plus bourrée que moi mais comme elle avait le feu au cul, j'ai bien voulu la faire monter " et cætera, et cætera.



Bref, c'est une sorte d'OVNI littéraire bien plus cru et dépravé que Fante ou Kerouac mais dans la même lignée des oubliés (volontaires ou pas) du rêve américain, du moins c'est mon avis, un avis qui ne sait pas trop où il va, au sud de nulle part, sans doute, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Jouer du piano ivre comme d'un instrument à p..

Ce recueil de poèmes de Charles Bukowski a été initialement publié en français en 1992. Cette traduction de chez Grasset est désormais épuisée depuis belle lurette et fait l'objet d'une abjecte spéculation sur le marché de l'occasion.



Quelques poèmes seulement, parmi la collection de soixante-quatre que compte l'ouvrage, se retrouvent dans la compilation intitulée Avec Les Damnés. Il y a donc un vide éditorial et c'est d'autant plus dommageable que c'est du bon, voire du très bon Bukowski. Il fait vraiment montre ici d'une grande dextérité pour l'écrit court. (La dénomination de " poème " est peut-être un peu trompeuse, mais je ne souhaite pas me lancer dans un débat sans fin à propos de ce qu'est ou de ce que n'est pas la poésie. Écrit court ne me semble pas péjoratif.)



On y retrouve Bukowski tel qu'en lui même : dépravé, délabré, ivrogne, libidineux, irrespectueux, jouisseur, pitoyable, et tout ce qu'en général ses détracteurs lui reprochent. Mais on le retrouve également extraordinairement lucide et sensible, avec toutes ses fissures qui le rendent magnifiquement humain. Selon moi, un vrai écrivain, quoi qu'en disent ou en pensent certains.



Bien évidemment, Charles Bukowski touche aux limites de quelque chose et donc, ne peut pas être grand public, ne peut pas plaire à tout le monde ; mais il a un côté authentique et très personnel dans lequel certains se retrouvent littérairement parlant. Personnellement, sans être une fan absolue, j'aime beaucoup et je continuerai à lire Bukowski.



Bien entendu, ceci n'est qu'un avis flûté utilisé comme un instrument à percussion, c'est-à-dire, bien peu de chose.
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Contes de la folie ordinaire

Tiens J’ai lu un bouquin bien dégueulasse… avec un auteur bien dégueulasse qui raconte des trucs bien dégueulasses, pour des gens pas dégueulasse….



Mon paternel dans le même genre parlait tout le temps de cul, il beuglait dès qu’il voyait un bout de nichon à la télé…. « thaitiiiiiii » que ça braillait à la télé, et là une petite pas trop dégueulasse se trémoussait les tétons sous la pluie à se caresser les bouts devant des millions d’obsédés…



Moi quand je l’entendais beugler, j’enfourchais ma bécane pour traverser le couloir qui me paraissait énormément long, à 4 ans tout vous parait énormément long, enfin bref je rappliquais direct devant la télé pour contempler le désir de tout homme normalement constitué que sinon il serait pédé, et je contemplais toute la poésie que pouvait m’inspirer des nichons…



Un an après je le voyais un week-end sur deux, ma mère équilibrait l’incompétence de mon père en m’enseignant quelques valeurs plus catholiques….



- Moi : Pourquoi tu marches pas droit papa ?



- Papa au rhum : ah je suis fait comme rat mon pote…



- Moi : ?????



- Papa : P’tain tu pouvais pas t’coucher hein ! on t’avait collé un Jules vernes dans le mains pour t’endormir et tu dois débarques pour m’ptéter la baraque… culéééé va… impossible de la sauter…



Des comme ça, j’en ai quelques unes, pas de misérabilisme, le spy m’a confirmé que mon enfance ne sentait pas bon la normalité, mais comparé à la misère humaine, je ne m’en sortais pas trop mal donc inutile de se lamenter le restant de ma vie, et c’est ce que j’ai fait de mieux…



Là je découvre un auteur que je pourrais appeler papa, sans les orgies, ni la poésie, mon papa à moi n’avait pas une once de talent intellectuel… mais Charles lui, éjacule les mots sur le cul de la poésie, il a le nez collé aux histoires ruisselantes de médiocrité, puantes de vérité, il enfourne sa grosse bite dans toutes les égouts de la ville en picolant du nez sur les trottoirs de la ville…



Son talent se mesure à sa culture et à sa répartie jouissive comme les boudins qu’il culbute au fil des pages, l’alcool n’a pas de yeux, sa bite non plus, il trifouille partout, se fait trifouiller souvent, il est libre, sans vie, l’oeil vitreux, la parlotte corrosive, il vomit sa verve d’enculé dans toutes les villes qu’il cuve….



Mais ce mec est un putain d’artiste, un vrai, son franc parler me fait marrer, aucune pitié dans ses mots… c’est cru avec des chattes qui puent, des poils qui collent, j’adore sa « glauquiloquence » culbutant la vie à coups de branlettes intellectuelles qui ferait bander les moins pourris…



Alors on n’aime ou on n’aime pas, et moi j’ai bandé…



A plus les copains…
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Journal d'un vieux dégueulasse

Mon père me racontait des tas d’histoires, mais surtout comme un bon papa : il m’enseigna l’art du nichon bien léché, l’art de la vulgarité sans poésie, sans talent, brut de biture, une binouse à portée de bouche, biberonnant du réveil au soleil couchant, quelle descente, quel enfer, quel enculé…



Un week end sur deux, la décision du juge était légitiment juridique, peu importe le bon sens, c’est ton père qu’ils disent tous ces fous… donc au nom de la putain de loi de sa mère, je devais aller écouter un ramassis de conneries, lui titubant, d’un pas mal assuré, la langue bien pendante, il déambulait au grès des grammes qu’il ingurgitait, m’éduquant tout bien comme il faut pas :



« un gramme dans chaque poche qu’il disait, je suis fait comme rat ma biche… » la chute était violente, le sol bien bas, la dignité envolée, alors la fierté dans ton cul lulu :



 lulu, une belle salope aussi, mais une chatte bien faite, bien grasse, bien dégueulasse, donc mieux valait passer par derrière pour et ignorer ce doux visage qui donne soif, encore un verre pour oublier l’horreur d’un physique si disgracieux, mais la bite n’a pas yeux, elle s’enfonce mollement, pourvu que ça glisse entre ses cuisses si juteuses, m’enfin peut-être bien que c’était du pipi, je voie tout flou à cette heure si matinale, et puis merde rhabille toi Simone, j’ai un fils a élever moi, je suis un irresponsable, responsabilisé par la frigidité de sa mère… »



J’ai toujours voulu changer de papa, moi fils d’une salope qui voulait pas baiser, enfin si un peu mais que le mardi qu’il disait…mais maman était de l’avis que je n’avais qu’un papa, aussi tout pourrie qu’il peut être, elle qui avait retrouvée l’amour fou au près d’un trouduc peut-être encore pire… mais plus beau que père qu’il était, plus ivrogne au fil des années qui défilaient jusqu’à s’enfoncer dans les profondeurs de l’alcool à volonté…



ah l’Amourrrrrrrr…



enfin divorce...



Alors je comprends le Bukowski, je sais causer le Bukowski, avec sa bite tordue qui fait de la poésie, ce mec d’une culture prête à faire bander les plus sobres d’entre nous, libre comme l’air, chavirant de bar en bar, d’aventure en aventure, culbutant le glauque, le sale, cet anti héros à la prose si vulgaire qui se fait tant tripoter, mais qui me fait surtout bien marrer, c’est tellement ironique et cynique… mais comment peut-on apprécier autant d’insanités ? de délires alcooliques ?



Et bien sans jamais se prendre au sérieux… Ce que je fais de mieux, rien à foutre de toutes ces conneries, moi l’inculte toujours sobre et névrosé de part mes parents d’amour, tout juste capable de pondre des avis avec vulgarité, mais pas traumatisé pour un cul, ça non, mais je voulais vous mettre dans l’ambiance d’un Bukowski, sans vous tromper sur ce que vous allez y trouver…



Car c’est pire, moi je ne vous ai pas raconté quand j’allais chier… Lui oui..



- Allez papa on rentre

- Putain il n’est que 2 heures ma biche

- Mais papa je suis fatigué

- Oui mais j’ai envie de la sauter la lulu, alors occupe toi tu veux ma biche



C'est que à 9 ans je fatiguais vite voyez-vous ! ou peut-être 7 en fait ou 8 ans, merde je ne sais même plus trop tellement qu'il était torché le con...



A plus les copains et n’oubliez pas ’alcool est dangereux pour la santé, donc avec modération… par contre le sexe c’est à volonté…



Mesdames…
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Souvenirs d'un pas grand-chose

Que le monde est mal fait ! C'est à l'âge de treize ans que j'aurais dû ouvrir ce livre.

Sacré dépucelage !

J'aurai dit aux copains.

- Eh les mecs ! je viens de me taper "Souvenirs d'un pas grand -chose".

- Oh putain ! tu veux dire le bouquin de cet enfoiré de Hank ?

- Ouais mec ! Et j'ai pris mon pied comme c'est pas possible !

- Dis, Alberto, tu vas me le prêter, dis ?

- Faut voir...elle fait quoi ta sœur ?

J'aurais compris que les frimeurs c'était que du vent. Qu'avec un bon direct au foie ça se dégonflait comme une vieille baudruche.

Que celui qui te refilait un chewing-gum aujourd'hui était peut-être celui qui demain allait te baiser.

J'aurais compris pourquoi ma prof de physique venait en minijupe et s'asseyait sur son bureau face à la classe.

J'aurais surtout pu la regarder droit dans les yeux pour lui faire comprendre que j'appréciais le paysage.

Au lieu de cela je me suis fourvoyé dans les pages d'André, d'Henry, de François et quelques autres qui me parlaient d'un monde idéalisé mais inutile.



Rentrer dans les pages de ce livre c'est faire un slalom dans un champ de mines. Plus question de tricherie, de ronds de jambe. Vous êtes à poil et il faut foncer. Ça passe ou ça casse.

Charles Bukowski ne va pas vous ménager. Rien ne vous sera épargné de son enfance dans une famille déshéritée qui rêve de respectabilité.

Un père violent et abruti, une mère transparente.

Une enfance sans amour et cela ne va pas s'arranger à l'école.

À l'image de notre société celui qui ne rentre pas dans le moule est rapidement rejeté, accompagné de son lot de brimades.

Il a fallu jouer des poings et montrer les dents.

Bukowski s'est senti seul durant ses longues années, abandonné, mais n'a jamais flanché.

Pas question de se vautrer dans l'obscène béatitude du bonheur.
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Le Postier

C’était dans un bar miteux de L.A. comme on en fait plus. Maintenant, il faut que tout soit propre et aseptisé, même les chiottes et les caniveaux. Je ne sais plus à quelle tournée j’en étais arrivé, les verres vides s’entassaient sur le comptoir. Il devait être minuit, lorsque que le pochtron d’à-côté me sort « tu devrais aller à la Poste, ils embauchent n’importe qui ! ». Me voilà donc à cinq heures du mat’, L.A. s’éveille, un sac en bandoulière, prêt à embarquer pour une nouvelle tournée. Postier suppléant. En-dessous, il n’y a rien. Je suis le dernier maillon de la chaîne de distribution. Si les facteurs se portent pales, parce qu’ils ont trop bu la vieille ou qu’il pleut à averses, je deviens le seul, avec mes chaussures trouées, à affronter les éléments de la nature, les vieilles rombières aux bigoudis et les grosses rombières en peignoir ouvert, l’unique même pour acheminer la dernière étape du courrier.



Premier roman de Bukowski. A l’époque, il n’était pas encore tout à fait écrivain mais déjà pochtron convaincu. Il est ce facteur, toujours en retard sur sa tournée mais qui ne faiblit pas, qui ne faillit pas même lorsque des trombes d’eau s’abattent sur sa camionnette, sur ses mocassins, sur sa sacoche. Étonnamment, il met du cœur à l’ouvrage et de l’humanité à cette tâche ingrate. Des rapports pleuvent sur le bureau de son supérieur, malgré tout il garde son humeur et continue sa besogne coûte que coûte, comme un sacerdoce. C’est comme baiser une grosse au foyer des vieilles rombières, genre qui n’arrive plus à jouir. Il la besogne, la besogne, jusqu’à plus soif, jusqu’à ce qu’elle le supplie d’arrêter.



Et pour un premier roman, je découvre déjà toutes les facettes du bonhomme partagé entre les femmes, les courses et la boisson. Je le découvre, homme amoureux, homme besogneux, qui met du cœur à l’ouvrage, autant pour distribuer le courrier que pour s’assoir au comptoir ou baiser une pimbêche. Il est unique et empli de bonté et d’humanité dans ce livre, le seul à distribuer avec autant de fidélité le courrier de gens qui l’indiffèrent et le méprisent totalement. Mais, je sens aussi que ce boulot le ronge de l’intérieur, une douleur dans la poitrine qui le comprime et c'est pour cette raison qu'il file au bar et se pinter la gueule. Je lui trouve des excuses à cet homme, ce grand pochtron de la littérature ; parce qu'il sait m'émouvoir...



Un grand roman autobiographique, des vies comme ça couchées sur papier, j’en demande encore et encore. De toute façon, des putains de vie font forcément des putains de livres avec ou sans putain, d’ailleurs. Pas qu’il ne fréquente pas les putains, mais quand t’as arpenté les rues dans tous les sens sous des trombes d’eau ou en plein cagnard, quand t’as besogné grosse, rombière et pimbêche, le soir t’as plus le cœur à l’ouvrage pour arpenter de nouveau les trottoirs nocturnes des putains bandantes sous tout temps. Tu préfères avoir la queue en berne, te poser sur un tabouret et t’enfiler quelques verres sans rien penser. Et peut-être que là, sans rien demander, une femme genre magnifique même à la troisième pinte viendra s’asseoir à côté de ton tabouret, commandera un whisky et une bière, et te proposera de faire l’amour comme une putain. C’est à ce moment-là que tu te dis, putain j’aurais dû être écrivain, et que tu sais que tu tiens une bonne histoire à écrire, si tu trouves un éditeur qui a les couilles de te publier.
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Contes de la folie ordinaire

Ce Bukowski, quel divin et exquis visionnaire ! Quel stupéfiant talent ! Et surtout quelle sublime réflexion ! Du cul, du cul, du CUL, le meilleur remède pour débrider une nouvelle. Il n’y a que ça de vrai dans la vie. Et pourquoi s’en priver, puisque c’est ce qui intéresse, ce qui fait débat, ce qui passionne le plus les simples immortels que nous sommes.



N’ayez pas honte de lire de la belle fesse, du moment que vous ne vous mettez pas à léchouiller les pages (surtout en public). D’ailleurs, le titre original de ce recueil de nouvelles n’est-il pas : Erections, ejaculations, exhibitions and general tales of ordinary madness. Et de la fesse, vous en aurez à profusion : de la belle ronde à la grosse flasque, de la douce et délectable jeunette à la vieille flétrie et défraîchie. Tous les goûts sont dans la nature, et Bukowski, en grand professionnel et amateur de la « chose », se fera un plaisir, une ambition, un devoir de toutes les essayer, de toutes les caresser voir d’y pénétrer avec sa GROSSE « tige de jade ».



Et chaque nouvelle (essentiellement autobiographique) de Buk s’enfonce plus profondément dans le délire. Je JUBILE devant autant de drôlerie cocasse, devant les petits malheurs et bonheurs de ce bon vivant. La vie est si courte, le bonheur si fragile qu’il faut en profiter à chaque instant. On ne sait pas ce que l’avenir nous réserve, alors pourquoi préparer des plans, pourquoi planifier un futur incertain, baissons simplement nos pantalons et baisons juste ensemble ici et maintenant.



Je suis prêt à faire de ce Hank, surnom de Charles Bukowski, mon nouveau héros. Par moment, j’aurais envie, moi aussi, d’avoir le courage ou la simplicité d’esprit de tout laisser tomber (y compris mon plan épargne logement, mon plan épargne retraite, mon plan épargne entreprise, enfin tout ce qui comprend le mot « plan »), d’envoyer CHIER tout le monde (petits chefs, grands cons ou petits connards prétentieux, voyageurs inconnus et sans intérêt de la ligne 13...). J’aurais envie de me contenter d’une journée en tête à tête avec mon fidèle compagnon d’armes Jack Daniel's avec comme unique pensée le néant et comme simple tenue vestimentaire mon caleçon fétiche et sans chaussette.



Vivre l’instant présent, procurer du bonheur autour de soi (surtout aux petites dames) ou se procurer simplement du bonheur pour assouvir son sentiment de bien-être à chaque minute de cette petite vie, pour atteindre la pleine quiétude de son âme... Ne serait-ce pas le début des préceptes bouddhiques, la recherche d’un nirvana terrestre ? Et si Bukowski représentait le moine zen moderne ? Je vais en faire bondir certains devant la crudité de ses écrits, peut-être même en choquer d’autres, mais à mes yeux Bukowski est un gars qui mérite respect. Son talent indéniable, sans compromis, est présent à chaque page pour nous conter sa vie, LA VIE. Cette vie, faite de petites folies « ordinaires », me montre à quel point le bonheur est souvent difficile à accéder, mais aussi parfois, juste à portée de main, à portée de verre. Les contes de la folie ordinaire fut mon premier Buk. A cet égard, il a marqué déjà mon esprit qui est déjà en manque de suite. Vivement mon prochain Buk. Jamais avant, mon esprit n’avait tant jubilé devant les quelques bons mots d’un tel écrivain, d’un tel poète.
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Women

Il est vieux, il est moche, il est ivre du matin ou soir. Son premier geste en se levant sur les douze coups de midi est d’aller aux chiottes pour gerber les restes de la veille. Et pourtant, malgré son aspect dégueulasse, les plus belles poulettes et pouliches lui courent après, se ruent à ses basques pour se faire tringler par un vieux presque célèbre. Il ne pense qu’à la baise, et se lève les plus beaux culs de L.A., Vancouver ou du Texas. Difficile à imaginer, pourtant c’est véridique. Son talent : la baise et l’écriture. Charles Henry Bukowski, le plus grand poète contemporain ! Le poète, bourré toute la journée, qui conçoit sa journée en fonction de ses plans « baise », des courses à l’hippodrome, de son stock de bières, de vodka et de sherry, et accessoirement de ses envies d’écriture en martelant sa machine sur sa table de cuisine en formica. La vie idéale, ou presque : au jour le jour, à profiter simplement de l’instant présent tel un moine zen aux mœurs légèrement plus libérés.



Women, c’est l’histoire de Hank et de ses femmes. Elles sont nombreuses, belles pour la plupart. De magnifiques jambes. Hank fantasme sur les jambes. Il se fout presque du reste, du moment que les jambes sont là. Les gros nichons, ce n’est pas vraiment son truc, mais les jambes, les cuissots, là c’est autre chose ! Mais Hank a un problème. On pourrait croire qu’il passe d’une nana à l’autre, avec une attitude méprisante et condescendante, pourtant Hank est un amoureux fou. Un regard sur ses jambes, sur son cul, sur sa bouche, et il en devient amoureux. Il se comporte mal envers la gente féminine, mais ne se cherche pas d’excuses. Il le sait, elles le savent. C’est dans sa nature, parce que gosse, il a été privé de tant d’amour. C’est un vieux misogyne, dégoûtant, accro à l’alcool et au sexe. A son âge, il ne peut changer. Pourtant, au fil de ses conquêtes et de ses chapitres amoureux, on a le sentiment qu’il aimerait bien s’améliorer, qu’il voudrait peut-être montrer un peu plus de respect envers celles qu’il aime. Mais c’est plus fort que lui ; il ne peut s’empêcher de regarder le prochain beau cul du coin de la rue et de fuir avec elle, pour y planter son monstrueux poireau violacé.



Il y a les anti-Bukowski qui ne peuvent ne voir en lui qu’un être méprisant et malsain, utilisant son pseudo statut de poète pour abuser de jeunes filles à peine majeures ; ceux qui peuvent être horripilés et affligés de lire une telle littérature composée d’une succession invariante de séances de sexe, de beuveries incontrôlées, et de vomissements compulsifs. Et puis, il y a les fans, les inconditionnels. Moi en l’occurrence. Je me fous totalement que ce mec baise à longueur de journée des midinettes, se promène en caleçon sale sur son balcon une bouteille à la main, chevauche les plus belles filles de L.A. Parce que derrière cette image de vieux bourru et bourré que Hank entretient dans ses romans, je sens qu’il y a un homme perdu, en mal de vivre, qui a un besoin incessant de tendresse, d’amour et de sexe. C’est un alcoolique, un drogué de la fellation, sodomie et cunnilingus. Il ne se passionne pas que pour les jeunes filles, il peut s’intéresser aussi à leurs mères. Mais c’est avant tout un mec qui me fait rire, énormément même, un gars qui a du cran et du cœur. C’est un passionné de la vie, qui ne vit que pour le plaisir de cette vie et pour qui rien d’autres ne compte. Alors oui, il peut être infect, mais je lui pardonne volontiers tant qu’il arrivera à m’arracher à mon quotidien par ses divagations des plus fantasques, tant que j’éclaterai de rire en lisant ses histoires de poireau, tant que je fantasmerai, moi aussi, sur ses conquêtes, jeunes, belles, noires, rousses, connes ou mêmes intelligentes.
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Women

Évidemment, (China)ski, le narrateur est (Bukow)ski, l'auteur : poète, ivrogne, obsédé, ancien postier etc.

Évidemment, malgré la déclaration liminaire « Ce roman est une œuvre de fiction. Toute ressemblance avec une ou des personnes vivantes ou mortes serait purement accidentelle » , Chinaski n'est pas Bukowski, ce n'est pas lui qui joue avec les nerfs du lecteur ; et le lecteur, même malin, n'est pas autorisé à lire les pensées de l'auteur, plus malin.

Évidemment, arrivé à mon âge sans avoir lu plus que des extraits de poèmes de Bukowski, je connaissais sa réputation. Tombé sur ce livre sur un marché en Bigorre (ah la Bigorre!), j'ai voulu essayer quand même (ce « quand même » montre que « sa réputation » n'a pas de sens, ou peut avoir trop de sens, selon que parle un lecteur ou un amateur de scandale public).

Évidemment, feuilletant plusieurs fois le livre, je suis toujours tombé sur des scènes de sexe (Le livre s’ouvre seul aux feuillets souvent lus ! (L'aiglon Acte I, scène 8)), avec des expressions répétitives et crues, en particulier enfourcher.

Évidemment, Colimasson a raison, qui écrit dans sa critique « Imaginez la version féminine de Bukowski : une vieillissante de cinquante piges, le ventre qui dégouline au-dessus d’une vieille culotte dégueulasse, des mamelles flasques, l’œil vitreux, les cheveux filasses et l’haleine à gerber. […] Quant à savoir si elle baise des gamins de trente ans de moins qu’elle minimum, c’est exclu[...]. » Mais ça m'a rappelé une BD d'un auteur que je n'aimais pas (genre Lautier) où un homme se rend compte au petit matin que c'est avec le sosie de Marguerite Duras qu'il a passé la nuit.

Toutes évidences mises de côté, à reculons et par curiosité, j'ai fini par commencer* le livre : « J'avais cinquante ans et je n'avais pas couché avec une femme depuis quatre ans », et j'ai terminé à regret à la page 352 « j'étais un brave type [...] », même s'il y en avait eu 704 j'aurais sans doute voulu que ça dure encore. Deux mois après, je ne suis toujours pas sûr de savoir pourquoi j'aime ça.

Le plus probable est que Chinaski est un homme (un vrai, pas une caricature), ce qui veut dire que Bukowski est un sacré auteur.

Chinaski est un sacré baiseur (et vantard, avec ça), mais qui reconnaît ses faiblesses. Chinaski est un sacré poivrot, mais qui recommande parfois la tempérance. Chinaski passe d'une admiratrice à l'autre, ne sait pas leur résister, mais voudrait tomber amoureux pour de vrai. Et plus on avance, plus Chinaski est humain, poète aussi peut-être, en tous cas sensible à la douleur des autres plus qu'à la sienne. Et donc Bukowski, son semblable, son frère peut-être, est un personnage qu'on peut détester, mais un auteur que j'ai aimé.



*Expression un peu tordue, j'avoue.
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Au sud de nulle part

Au sud de nulle part est un recueil de plus d'une vingtaine de nouvelles pour la plupart autobiographiques.



Charles Bukowski, (ou Hank, Buk, Chinaski) y décrit la misère avec un réalisme cru. Charles est né en Allemagne, puis ses parents décident de s'installer à Los Angeles pour faire fortune alors qu'il est enfant. Ils débarquent aux Etats-Unis pendant la récession, s'en suit alors des années de galère. Pour ne rien arranger, son père est un homme violent, alcoolique, qui bat sa femme. Il tabassera aussi Charles presque tous les jours jusqu'à que celui-ci ne réplique à l'âge de 16 ans.



Hank raconte la honte, la souffrance, celle par exemple de n'avoir qu'une paire de chaussures et d'y glisser du carton pour remplacer la semelle, celle aussi des enfants qui se battent devant les fenêtres des parents sans que ceux-ci n'interviennent (une bouche de moins à nourrir peut s'avérer une aubaine…) mais que si un enfant rentre à la maison avec un trou dans son pantalon, c'est la correction assurée (enfin elle était déjà assurée…).



Hank quittera la maison familiale et vivra de petits boulots pénibles et dégradants dans lesquels il sera humilié, exploité et considéré comme moins que rien. S'ajoute à cela la venue d'une forme très sévère d'acné (bien peu et bien mal soignée à l'époque au dispensaire des pauvres) qui lui laissera des cicatrices à vie et un complexe de laideur très profond.



Hank se réfugie donc dans l'alcool, louant des chambres proches des bars, fuyant la réalité dans un alcoolisme échevelé et dans une sexualité débridée. L'alcool et le sexe à outrance comme remèdes contre la détresse et la misère, mais pas l'ivresse agréable ou le sexe voluptueux, l'un et l'autre comme les ultimes moyens pour s'abrutir et arriver enfin au bout de nulle part.



Curieusement, la misère racontée par Hank, si elle est désolante, n'est absolument pas triste. 3 de ces nouvelles sont particulièrement jubilatoires (car la plume de Bukowski est d'une ironie et d'un cynisme réjouissants) : « Maja Thurup » (ou un cannibale amoureux), « Arrêtez de lorgner mes nénés, mister » (un western à la sauce Bukowski…) et « le diable était en chaleur » (histoire d'un diable lubrique et quelque peu expéditif !).



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Souvenirs d'un pas grand-chose

Papa, maman et BuKo dit Chinaski allemand d’origine tentent la misère américaine des années trente en immigrant dans la pauvreté de Los Angeles avec beaucoup de réussite : pas de travail, pas d’argent, une vie sinistre, et un gosse à nourrir et à battre un peu aussi. Buko était moche, paumé, perdu dans limbes de l’alcool pas cher, et il le savait, après il a écrit des livres marrant sur sa vie de merde… J’aime beaucoup sa plume, son style, il n’écrit pas en victime, il écrit sa vie avec dérision et cynisme…



J'ai adoré ce bouquin...



Moi l’alcool je n’aime pas ça, ça me rappelle trop mon père allongé sur le parquet qui me répétait souvent que maman est une salope, alors je n’ai pas insisté pour me faire gerber le weekend, quand je l’accompagnais dans les cafés prendre une bière ou vin(gt), et un baby pour la route, moi je commandais un Indien « s’il vous plait monsieur »



- Un quoi qu'il me disait le Barman ?

- Un indien avec de l’Orangina et de la Fraise



Alors le Barman y gueulait un indien pour le cowboy et tous les intellos de comptoirs se marraient…



- Il est pas comme son père, il boit pas « ahhh ahhha ahahaha ahhaaa »… qu’il braillait le mien



Ils ont énormément d’humour les poivrots, faut pas croire...



Quand les « ahhh ahhha ahahaha ahhaaa » débarquaient, je savais qu’il en tenait déjà une bonne, bientôt les chattes, les bites, les culs, les nichons feraient leur entrée pour m’expliquer que la branlette c’est bien mais que la baise c’est mieux… « ahhh ahhha ahahaha ahhaaa »



- Putain mais j’ai 11 ans connard…

- Ah ouais déjà, t’es haut comme trois bites à genou, je te croyais plus jeune « ahhh ahhha ahahaha ahhaaa »





Petit j’ai demandé à ma mère ce que faisait mon père comme boulot : « Pilier de comptoir » qu’elle m’a répondu… Ça avait l’air cool, alors moi aussi plus grand j’avais décidé que je serai pilier de quelque chose… après j’ai changé avec ninja, et puis finalement la réalité a anéantie mes rêves de de faire du « Kung fu » en pyjama…



Enfin bref, mes copains n’y comprenaient rien à mes névroses… Par contre le chiite je trouvais que ça avait bon gout donc les potes m’ont gardé dans leur groupe de gros branleur, faut dire qu’ils n’avaient pas des têtes d’enfants de chœur et ils n’écoutaient pas Céline Dion faire des « Newww », des « far » et des « werever your are » sur le « Titanic » coulé trop jeune par un iceberg un peu taquin.



A l’époque j’étais encore plus petit, j’avais une tête de bouffeur d’eucharistie, avec des lunettes trop classe qui mon donnaient un air de premier de la classe… Faillait bien que je me trouve un truc interdit à faire pour être accepter par la bande de bras cassés avec qui je voulais trainer… Coup de chance j’avais la fumette rigolote, et je roulais bien les deux feuilles, j’effritais comme un dieu et je tirais comme un malade, franchement je me suis bien marré, on enchainait les bédos le samedi après midi et le soir tard en écoutant du bon NTM, de très bons souvenirs jusqu’au jour ou…



J’ai gerbé toute ma honte sur un arbre dans un parc public squatté pas des petits bambins trop choupinou qui se foutaient de ma gueule à me voir vider la mienne à coup de spasmes violents qui n’en finissaient pas de me faire pleurer des yeux… et même à 16 piges tu connais la honte et là je n’étais pas très fier de ce « bad trip » qui avait signé l’arrêt définitif de la drogue, complètement écœuré….



Donc me voilà complètement sobre, jamais d’alcool la fumette en moins, ma vie de gangsta prenait un sérieux coup dans l’aile, mes potes me trouvaient moins marrants d’un coup, moi je les trouvais de plus en plus glauque, ils s’enfonçaient dans la délinquance alors que moi j’en sortais, petit à petit le fossé s’est creusé, et un soir un mec me dit les yeux mi clos entre deux mondes :



« T’es trop chelou comme mec… »



Ce jour là j’avais compris qu’il était temps de passer à autre chose, finalement je ne suis jamais retourné les voir… Aujourd’hui on se croise, certains ont bien tourné, d’autre beaucoup moins, il est resté un noyau dur de cette époque, une vraie bande de potes dont je ne fais plus partie juste parce que j’étais un mec chelou…



La vie des fois c’est chelou quand même



A plus les copains…

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Contes de la folie ordinaire



De Bukowski, je ne gardais en mémoire que quelques images tirées de feu « Apostrophes », l’émission de Bernard Pivot. Images pas vues en direct, j’étais beaucoup trop jeune (ah qu’il est bon mais surtout trop rare de pouvoir l’écrire !...) mais plutôt aperçues parmi la multitude d’images offertes par tous ces bêtisiers dont la télé nous inonde jusqu’à plus soif, un comble pour ce vieux Hank ! Mon enfance étant ce qu’elle est, je n’ai pas de tendresse particulière pour les ivrognes, au contraire. Mais il se trouve que le talent du_Bison, grand fan de la dive bouteille et de cet auteur (ne me demandez pas dans quel ordre, j’aurais un peu de mal à me prononcer) m’a donné envie d’en découvrir davantage sur l’homme, sa vie, son œuvre, partagé que j’étais entre curiosité, fascination et amusement.



Suite à la lecture de son billet (chez le_Bison, on parle de billet, pas de critique), je me commandais « Contes de la Folie ordinaire » sur www.pochetroc.fr et je ne le regrette pas une seconde.



Une écriture bien plus fluide que je me l’imaginais. Un univers fascinant par son réalisme décadent. Du sexe, non du cul, oui, c’est ça, du cul et de la baise ! Oui, de la baise et ceux qui me connaissent ici vous diront que ça n’est pas pour me déplaire. Un côté pervers, vieux dégueulasse, qui finit par en devenir presque fascinant. Culs bénis s’abstenir ! Bukowski se met très immodestement mais toujours brillamment en scène, parfois clairement, parfois moins. Un savant mélange d’imaginaire, de « féerique » et d’autobiographique qui fait que toute cette « folie ordinaire », à l’échelle de sa vie, en devient parfois totalement surréaliste et en dehors de tout ordinaire pour nous pauvres mortels non alcoolisés. Un humour grinçant et un regard toujours percutant sur ses contemporains. Bref, des moments de lectures jubilatoires !



Et voilà qu’arrive déjà le final mais quel final, alcoolique, zoologique, et apocalyptique…



Au-delà d’un basique travail d’imagination biographique, ce recueil de nouvelles m’apparaît comme un véritable travail sur la création et les difficultés de cette création. Non, sans laisser habilement penser, que tout ça a été fait comme ça, un peu par-dessus la jambe. Si c’est le cas, ce devait être une belle jambe, bien plantureuse…



Charles Bukowski, « Contes de la folie ordinaire », où comment porter le delirium tremens au rang d’art littéraire…


Lien : http://bouquins-de-poches-en..
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Pulp

Cher Hank,

Votre dernière escale dans le roman m'a été un rare plaisir... Une de ces jouissance particulière que l'on ne trouve que dans ces romans noirs confectionnés à l'ancienne!

Vous arrivez quasiment au niveau de mon mètre étalon qui se trouve être

Un privé à Babylone de Richard Brautigan! C'est vous dire.

Vous sublimez l'archétype du privé américain, sauce côte ouest, en l'épiçant de filles toujours plus sublimes et inatteignables et de beuveries incessantes.

Votre galerie de personnages grotesques, improbables, cruels et pitoyables est proprement phénoménale... Et le Louis-Ferdinand Céline pas mort comme tout le monde mais convoité par la grande faucheuse, n'est pas la moindre de ces figures!

Belane, votre héros fripé fait de son mieux pour résoudre plusieurs enquêtes en même temps... Parviendra-t-il à trouver les solutions?... En tout cas, l'apothéose finale de Pulp est l'une des plus belle qu'il m'ait été donné de lire. C'est...somptueux.

Gérard Guégan, qui a traduit Pulp, s'est fendu d'une fort intéressante postface dans laquelle il raconte votre trip européen et donne un aperçu de votre personnalité difficilement fréquentable... indissociable de votre génie particulier.

Par chance, Hank, il me reste la majeure partie de votre oeuvre à parcourir.

La fête n'est donc pas terminée pour le lecteur que je suis et qui vous découvrit avec Les contes de la folie ordinaire.

Hi, Hank et bien à vous,

Horusfonck
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Le Postier

Drôlement noir



Je me souviens ne pas avoir été tellement emballé autrefois par Les Contes de la folie ordinaire. Pour quelles raisons ? Je ne m’en souviens pas. Toujours est-il que j’ai laissé tombé Bukowski, rangé dans les rayons de ma mémoire quelque part entre John Fante et Hubert Selby JR.



Ce doit être encore un coup de Babelio, un commentaire, une recension qui l’a remis sur ma route.

Tant mieux.



Premier roman inspiré de ses expériences de postier et de sa vie de pochtron, Charles Bukowski se dédouble en Henry Chinanski, le narrateur, qui porte pendant onze ans la croix de son boulot.



La poste, l’US Postal, tel un enfer, une géhenne à laquelle le personnage paraît condamné, par facilité, par habitude, jamais viré malgré les rapports des surveillants. Condamné à ce boulot parce que la Poste est un exemple, une métaphore du monde du travail et du monde social en général.



« Onze ans de foutus, tués d’une balle dans la tête. J’avais vu le job bouffer les mecs. On aurait dit qu’ils fondaient. […] Ils fondaient ou alors ils prenaient du lard et devenaient énormes, surtout le cul et le ventre. […] Je dormais toute la journée pour pouvoir aller au boulot. Le week-end fallait que je boive pour oublier tout ça. »



En réalité, Henry n’a pas besoin de la Poste pour boire. Il a besoin de boire pour vivre. Dans ce monde insupportable, il a deux réconforts, tous deux comme des formes d’abrutissement, de régression fœtale : la bibine et la baise, rarement par plaisir, plutôt pour tuer le temps et dormir d’un sommeil sans rêve.



« Désolé, baby, j'ai fait. Après ça j'ai roulé sur le côté. Et j'ai roupillé. »



Le rapprochement physique, régressif, est cependant un refuge dans une sorte de tendresse primitive. « Je me suis collé tout contre sa croupe chaude et je me suis endormi en quarante-cinq secondes. »

Henry Chinanski n’a rien d’une brute, c’est plutôt un tendre, un généreux dans ce contexte où on ne peut rien espérer de mieux d’une relation interpersonnelle, la rencontre avec autrui étant impossible.



« Il a une grosse bite, a dit Fay. Il était ici l’autre soir et il m’a demandé : "Ça te plairait de te faire tringler par une grosse bite ?" et je lui ai dit : "J’aimerais mieux me faire tringler avec amour !"

- Ça a l’air d’être un homme du monde, je lui ai dit comme ça. »



Comme la vie, le roman n’a pas de sens, c’est une errance immobile, un effondrement, jusqu’à la porte ouverte par l’excipit qui, à défaut de sens, donne au moins une forme à la valeur du néant : « Le matin on était le matin et j'étais toujours vivant. Peut-être que je vais écrire un roman, j'ai pensé. Et c'est ce que j'ai fait. »



Il a bien fait, je trouve. C’est très facile à lire, plaisant — oserais-je dire. C’est cru, c’est dur, mais raconté avec finesse et humour, avec la distance, le détachement éprouvé devant l’absurde, l’absurdité de la bureaucratie postale comme de la succession des jours.

Et somme toute, la vie est tellement absurde qu’elle ne saurait être tout à fait désespérée.
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Contes de la folie ordinaire

Ce qui est le plus drôle avec ce recueil de nouvelles, c'est de lire les critiques. Il y a tout et son contraire, et si j'osais le blasphème, ce qui est de mise avec l'auteur, je tenterais un : on croirait une compilation religieuse.

Il doit y avoir au moins une secte Bukowski. Avec du cul, pas de thune et de la crasse. Et au moins une autre qui ne supporte pas.

Depuis Miller et sa trilogie sexus, je n'avais rien lu de comparable.



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Tempête pour les morts et les vivants

Je reproche souvent à la poésie classique le fait que les contraintes techniques ôtent toute spontanéité aux textes et tout ressenti à ma lecture, parfois même tout sens. Je n'ai pas eu ce problème avec BUKOWSKI !





« quand un poème ne fonctionne pas, oublie-le, ne lui cours pas après, ne le

couvre pas de caresses ni de coups (…)

quand un poème ne fonctionne pas, il ne fonctionne pas, oublie-le

l'essence c'est le rythme »





On est immédiatement touchés par ces bribes de confidences familières mais humaines, dans lesquelles résonne une sincérité désarmante.





« quand on est au plus mal, il n'y rien à

faire, à part en rire, enfiler ses vêtements

une fois de plus, sortir, voir des visages, des machines,

des rues, des immeubles, le déploiement du

monde. »





Dans Tempête pour les morts et les vivants, BUKO nous offre 300 pages de poèmes en vers libres,





« des graals remplis de mots et de vin ».





Deux choses en particulier m'on plues :

. D'abord le fait que chaque poème constitue une pièce du puzzle permettant de reconstituer la vie de cet homme et de le comprendre un peu mieux,





« un des trucs les plus chanceux

qui me soient arrivé

fut d'avoir eu un père

cruel et sadique.

(…)

je devrais vraiment avoir

de la gratitude pour ce

vieil enfoiré

mort depuis si longtemps

dans la mesure où

il m'a préparé

pour tous les nombreux

enfers

en m'y menant

plus tôt

que prévu

lors de ces années

où on ne peut pas s'échapper. »





. Ensuite, le fait que je n'ai pas eu cette impression de surenchère provocatrice un peu gratuite que j'ai pu ressentir dans d'autres de ses récits ; Ses relations avec les femmes semblent chaotiques mais plus apaisées, nous permettant bel et bien de trouver dans son vocabulaire cru et charnel qui le caractérise, parfois même guerrier, une certaine poésie.





« j'ai mangé ta chatte comme une pêche

avalé le noyau

le duvet,

calé entre tes jambes

j'ai sucé mâchouillé léché

avalé tout ton être

ai senti tout ton corps se tendre et tressaillir comme

un

fusil-mitrailleur

j'ai fait de ma langue une flèche

et le jus a coulé

et j'ai avalé

pris de folie

suçant l'intégralité de tes entrailles -

ton con tout entier dans ma bouche aspiré

j'ai mordu

j'ai mordu

et avalé

et toi aussi

tu as cédé à la folie

alors je me suis retiré pour recouvrir

de baisers ton nombril

avant de glisser entre les fleurs blanches de tes jambes »





Des vers libres, pour un électron libre, c'était une évidence. Une expression aussi libre que ses pensées qui ont l'habitude d'errer et de venir nous chatouiller. C'est véritablement une tempête de mots et ressentis qui fait rage dans ce recueil, où l'auteur nous offre, avec énormément de sensibilité, un tourbillon d'émotions brutes même si elles sont la plupart du temps désabusées ou parfois déprimées





« Il m'est impossible de blesser qui que ce soit en dehors de moi ».





Rien d'étonnant pour quelqu'un qui a vécu de 1920 à 1994, plusieurs guerres et après-guerres, personnelles et nationales.





« je me souviens de cette fois dans le camp de prisonniers allemands

on s'était retrouvé avec un pédé sur les bras

ils peuvent s'avérer utiles en l'absence de femmes »…





Il y décrit un monde, son monde, le nôtre aussi, désenchanté, brisé, comme lui, auquel il ne semble pas trouver plus de sens qu'à sa propre vie.





« Je suis balloté le long des chemins et des épreuves

comme un dé

les dieux m'en font voir de toutes les couleurs

et je

dois ne pas crever

encore. »





Il cherche pourtant, le plaisir dans l'alcool, le sexe, l'écriture… le trouve-t-il ? Pas toujours, ou alors il est éphémère.





« par moment je suis traversé d'une joie sauvage et je ris, en sachant à peine

pourquoi

(…)

on est bien trop sérieux, on doit apprendre à jongler

avec nos enfers et nos paradis - la vie s'amuse avec

nous, on doit lui renvoyer la balle. »





Mais rien ne dure dans ce monde, même pas nous qui tentons pourtant de l'habiter bruyamment et de nous l'approprier, à grand coup de poing, de cris, de guerres. A moins peut-être d'être édité, pour laisser sa trace et exister, enfin, pour quelque(s)-un(s), tout lecteur soit-il.





« avoir fait tant de chemin pour

être assis seul

à nouveau »





Ne parvenant à me projeter dans aucun roman en ce moment, cet intermède composé de fragments de vie désabusés s'adaptait bien à mon état d'esprit. En réalité, j'ai ressenti une certaine sérénité dans ses paroles de vieux sage qui, arrivé à 70 ans malgré son train de vie, a su évoluer en tant qu'homme et écrivain en se regardant tel qu'il était : notamment dans sa réponse à un lecteur en fin d'ouvrage (« un lecteur m'écrit »), ou encore dans les très beaux vers de son poème intitulé « maintenant ».





« tu étais complètement paumé.

tu aurait dû te détendre

un peu plus.

tu prenais les choses trop à coeur et ils

te poussaient à bout -

trop de boisson, trop de femmes,

trop de livres.

ça n'avait pas tant d'importance. (…)

tu es suffisamment fatigué pour écouter

maintenant. »





Comme dans tout recueil, j'ai trouvé certains poèmes géniaux et j'ai été totalement indifférente à d'autres. Mais tous permettent de reconstituer le puzzle BUKO, de commencer à répondre cette énigme de la littérature qu'est finalement chaque auteur que l'on lit. Un père allemand, un père violent, une guerre qui nous enrôle, et dont on s'envole… une vie que l'on essaye d'habiter, mais que l'on ne parvient bien souvent qu'à visiter.





« il y a toujours la possibilité de continuer

avec l'aide de l'alcool de la drogue ou du sexe »





Certains vers font échos en nous, réveillent la petite étincelle qui y sommeille et parviennent à nous intéresser à l'homme derrière les maux.





« je n'écris pas pour vendre

des livres j'écris pour éviter que ma Psyché se noie 

dans les eaux farcies d'excréments de cette soi-disant Existence »





Et ça peut être

assez

beau.





« Il faut s'élever

par dessus toute cette merde,

continuer à grandir...

la destinée ne devient une putain que si l'on y

oblige.

laissons la lumière nous éclairer

souffrons en grande pompe -

le cure-dent aux lèvres, tout sourire.

on peut y arriver.

on est né fort et on mourra

fort. »





Vous voulez rencontrer Bukowski ? Commencez donc par celui-ci. Emotions garanties.





« courage, vieux garçon, tu as remporté des batailles

pires que celles-ci

descends ta bière. »
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Nouveaux contes de la folie ordinaire

Portrait type du lecteur assidu de Bukowski. On peut tomber par hasard sur une de ces nouvelles, aimer ou détester, mais lorsqu’on y revient, c’est signe que la plume de Hank nous a harponnés.



Je l’imaginerai volontiers obsédé : obsédé de la femme, de ses grosses cuisses, de son gros cul, de ses nichons en poire ou en pastèque. Je l’imagine toujours prêt à baisser son calebut et à sortir son gros poireau, prêt à enfourner le premier trou à portée de queue.



Je l’imaginerai légèrement vulgaire : plaisir du mot qui choque, du mot cru où un chat est appelé un chat et une chatte appelée une chatte. Après tout, Hank parle la rue, parle la vie, il parle comme toi et moi, dans l’intimité d’une soirée arrosée entre potes ou copines.



Je l’imaginerai avec un penchant sur la bouteille. Pas un grand cru classé, non juste un rouge qui tâche, trois packs de bières, ou un whisky. Bon OK, dans ces histoires, Hank boit, certains diront beaucoup, avec excès même. Mais qu’est-ce que l’excès ? Est-ce que gerber ses tripes le lendemain matin est signe d’excès ? Après tout chacun son transit… Non, Hank boit un peu pour oublier, un peu pour passer le temps, un peu pour s’amuser, un peu pour faire chier les autres, un peu par plaisir, un peu par ennui, un peu pour trouver belle la grosse qui est dans son pieu… Tous ces « peu » mis bout à bout procure une soirée monumentale où au final tu te réveilles le lendemain la gueule dans le cul, la gerbe collée au menton et le proprio venu gueulé sur ce bordel nocturne.



Je l’imaginerai solitaire. Quand tu lis Bukowski, tu te retranches chez toi, comme dans un monastère grecque, l’ouzo en moins. A ces lectures subversives, les filles te fuient. Elles veulent bien de ce vieux dégueulasse mais pas d’un pauvre ersatz. Alors t’es seul, avec tes livres de Hank, et entre deux lectures, tu bois et tu te branles. Il n’y a pas d’autres alternatives. C’est la déchéance du lecteur de Bukowski.



Je l’imaginerai obnubilé par le sexe. Car dans la vie, il n’y a que le sexe. Le sexe, la femme de l’autre, le cul de la voisine. Le sexe sans lendemain apporte tant de plaisir. Pas autant que sur un champ de courses, l’adrénaline de la dernière ligne droite quand le bourrin sur lequel vous avez parié le loyer du mois ou la pension alimentaire de l’autre pétasse remonte de la dernière place… à l’avant-dernière place.



Je l’imaginerai facilement en conseiller, fiscal ou familial, le genre de pote toujours prêt à rendre service, à vous soutenir. Hank sera toujours là pour vous prodiguer de bons conseils, pour vous sortir du pétrin et vous aider. Quelques soient les situations les plus improbables, sachez que Hank les a vécu bien avant vous. Il a l’expérience derrière lui et saura remédier à ces difficultés inopportunes pour vous tirer d’affaire. Hank est un sage, un sage expérimenté qui s’est fait un devoir d’aider son prochain. Alors suivez ses bons conseils, ils vous rendront grandement service.



Je l’imaginerai poète. Car lire Bukowski revient avant tout à savourer un brin de poésie perdu au milieu d’immondices. Le coup de l’hirondelle blessée dans la neige (cf. citations), ça me troue le cul. Il n’y a que Hank pour faire ressortir une telle beauté, un tel moment d’émotion et d’égarement.



Mais avant tout, je l’imaginerai aussi philosophe. Car le vieux hank, comme je l’ai déjà précisé, a de la bouteille. De l’expérience comme on dit en langage religieusement correct. Il sait où il en est, il sait qu’il est un pauvre raté parmi de nombreux autres raté. ET c’est pour cette raison qu’on l’aime. Parce qu’il donne voix à tous les paumés de l’Amérique, ceux que les Institutions ont mis de côté depuis trop longtemps, ceux qu’on appelle communément les laissés-pour-compte, ceux qui se retrouvent dans les bars, sur les champs de courses ou dans la rue.



ET MOI DANS TOUT CA ?

[...]
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Journal d'un vieux dégueulasse

Avant de lire Bukowski, j’avais envie de devenir quelqu’un de bien. Mais dois-je croire que l’envie n’était pas si tenace que cela qu’il me fallut seulement lire ces quelques nouvelles (ô combien brillantes et délirantes) pour réaliser que je n’avais absolument pas envie d’approcher le feu sacré et de finir comme ces « suceurs de bites, artistes, peintres, médecins, proxénètes, bérets verts, plongeurs, dentistes, trapézistes et ramasseurs de fruits ». L’habit ne fait pas le moine, certes, même si le pécule semble proportionnel à certaines tenues enfilées mais enfin, à quoi sert l’argent quand on peut très bien passer des semaines sans manger –à condition cependant de se goulasser le sacré feu éthylique dans l’œsophage. Ainsi pourra-t-on même continuer à jouir de coulées de bronze d’une vigueur exceptionnelle : « figurez-vous que, bien que n’ayant pas fait un seul repas depuis des siècles, une irrésistible envie de chier venait de s’emparer de moi ».





Dans sa théorie du King-Kong, Virginie Despentes ânonnait : « J'écris de chez les moches, pour les moches, les vieilles, les camionneuses, les frigides, les mal baisées, les imbaisables, les hystériques, les tarées, toutes les exclues du grand marché à la bonne meuf », ceci dans l’espoir de réconforter les catégories sus-citées en leur faisant croire que si on ne les baisait pas, ce n’était pas de leur faute mais de celle d’une société mal foutue. Charles Bukowski n’a aucune prétention lénifiante. Il ne cherche à réconforter personne, pas même lui-même. On peut baiser quand on veut si on le veut, suffit de fréquenter les bons endroits. On peut aussi ne pas baiser si on veut, veuve poignet restant toujours fidèle au poste et se rappelant que, certes, « le sexe ne manque pas d’intérêt, mais il est de moindre importance qu’on ne l’imagine. Je m’explique : comparé à la défécation, il fait (physiquement) pâle figure. Un homme peut vivre jusqu’à 70 ans sans tirer un coup, mais qu’il ne pose pas sa pêche d’une semaine et le voici qui meurt ».





Imaginons une rencontre entre Virginie Despentes et Charles Bukowski. Buko, c’est certain, lui aurait demandé d’où lui venait cette rage à se battre pour une activité de moindre intérêt (qui ne devrait en tout cas pas remettre en cause notre identité) : es-tu sûre de vouloir baiser à tout prix, te faire bien baiser, continuer à croire que de la baise il en ira de ta fierté ? Rappelons que « le sexe est un goulag », une « bouillie visqueuse » qui a un « goût d’amertume, de synthétique, d’angoisse, et de yaourt périmé ». Mais c’est encore le moins dégueulasse de ce qu’il y a dans la vie (après la littérature et l’alcool), alors si Despentes n’avait pas lâché le morceau, continuant à tambouriner la haine sur le tambour de ses mamelles, Buko l’aurait bien embrochée dans un coin, lui tenant à peu près ce doux, sirupeux et lubrifiant langage : « ma poulette, dans la minute qui vient, je m’en vais t’arracher ta petite culotte et te montrer un engin de levage dont tu te souviendras jusqu’au tombeau. J’ai un énorme pénis, recourbé comme une serpe, grâce à quoi plus d’une chagatte désabusée en a eu le souffle coupé avant de recracher la purée sur mon tapis totalement indifférent bien que grouillant de cafards. Mais laisse-moi d’abord finir ce verre ».
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Women

Imaginez la version féminine de Bukowski : une vieillissante de cinquante piges, le ventre qui dégouline au-dessus d’une vieille culotte dégueulasse, des mamelles flasques, l’œil vitreux, les cheveux filasses et l’haleine à gerber. Le teint couperosé par l’alcool, elle emmerde télé shopping et les programmes minceur de Femme Actuelle. Elle ne prépare pas la soupe, ne récure pas le sol ni rien d’autre parce que sa seule activité pseudo-lucrative c’est l’écriture de poèmes. Imaginez une vieille dégueulasse dans son genre et posez-vous la question : baise-t-elle ? Si elle est mariée y a peut-être une chance, à condition que le mari soit aussi dépourvu de charme qu’elle et qu’il ne puisse pas se faire la voisine. Sinon c’est pas gagné. Quant à savoir si elle baise des gamins de trente ans de moins qu’elle minimum, c’est exclu, à moins de jouir de la popularité et des phynances d’une Claire Chazal.





Donc moi, quand j’ai lu ces histoires de Women, je me suis plutôt vue du côté des gamines qui se font embrocher par le vieux Buko sachant qu’au-delà de trente ans (trente-deux, on va être gentille), toute femme qui n’est ni mère ni épouse –c’est-à-dire qui n’est pas encore morte- connaîtra une agonie encore plus épouvantable. Plus baisable, bonne à rien, aimée de personne, elle pourrait écrire des poèmes comme le bon vieux Buko mais personne ne les lirait.





Ouais, il a sacrément de la chance ce bon vieux Buko. Bien sûr, tout ce qu’il écrit ne doit pas être tout à fait vrai. Il suffit de relire la première phrase : « J’avais cinquante ans et n’avais pas couché avec une femme depuis quatre ans », et du jour au lendemain il se tape la terre entière. Certes, il avait les crocs mais enfin, on rigole bien entre nous pas vrai ? Mais quand même, tout n’est certainement pas faux non plus et c’est vrai que les vieux ont plus de facilité que les vieilles pour lever de la viande fraîche. C’est pour ça que nous, femmes, sommes appelées « le sexe faible ». C’est pas qu’on gagne moins de fric, qu’on nettoie les toilettes et qu’on fait des gosses, non, c’est qu’on doit surveiller notre consommation de bière pour pas avoir un gros ventre plein de graisse alors que même si notre silhouette nous permet encore de passer entre les barreaux d’une porte de prison à cinquante ans, c’est pas dit qu’on lèvera le premier gosse passé à portée de main.





Bon, voilà, et pourquoi j’aime Bukowski ? Parce qu’il a une philosophie de vie simple contre laquelle aucun Nietzsche, Spinoza et Wittgenstein ne peut rivaliser (et pourtant, je les estime ces braves reclus de la vie). Il s’agit d’éviter tout ce qui ne permet pas de rester au lit toute la journée en picolant. A part ça, Bukowski apprécie la lecture et l’écriture. Ça fait noble de nos jours mais y a quarante ans peut-être, ces activités n’étaient pas encore devenues le signe de distinction d’une élite qui n’est en fait qu’évitement de la médiocrité.





C’est mon amoureux qui m’a chaudement recommandé ce livre, averti certainement de ses vertus aphrodisiaques et de ses incitations à la débauche éthylique. J’étais pourtant convaincue mais enfin, c’est toujours bon de le rappeler. C’est ça la vraie vie les gars et, pas plus tard que dimanche matin, alors que j’étais à la laverie de la Guillotière et que j’attendais la fin de ma machine, je relevais dans la Bible ces passages : « Enivrons-nous des vins exquis et parfumons-nous » (Sag, 2, 5), « Combien sont belles tes mamelles, ma sœur, mon épouse ! tes seins sont plus beaux que le vin… » (Cant, 4, 10) ou encore un beau programme : « Dès le matin, levons-nous pour aller dans les vignes […] : là je t’offrirai mes seins… » (Cant, 7, 11-13). Bukowski le bon apôtre ne dit rien d’autre et si le message de la Bible vous semble un peu obscur, essayez donc de lire de ces Women, vous percuterez enfin le vrai sens de la vie.


Lien : http://colimasson.blogspot.f..
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