En partenariat avec l'Opéra National de Bordeaux, rencontre avec Charles Dantzig autour de son ouvrage "Proust océan" aux éditions Grasset. Entretien avec David Vincent.
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Les gens qui ne lisent pas ignorent l'exaltation que l'on peut ressentir dans une librairie. Ils n'ont pas idée qu'un commerce aussi calme, où vendeurs et acheteurs sont chacun de leur côté, puisse être autre chose qu'ennuyeux. Tant mieux, ils ne se rendent pas compte que c'est un endroit très dangereux pour l'opinion qu'ils se font de leur importance. Dans les librairies, on comprend que les rois de jadis aient eu les plus grandes hésitations à autoriser l'imprimerie. Des gens qui, seuls avec un autre, pensent sans contrôle! Ces clients qui ont l'air si calmes, si recueillis, des girafes broutant lentement des feuilles, sont des boules de passion à l'intérieur desquelles ça bout, ça bondit, ça bande!
Les gens qui ne lisent pas ignorent l'exaltation que l'on peut ressentir dans une librairie...
La lecture est cet instant d'éternité simultanément ressenti par quelques solitaires dans l'espace immatériel un peu bizarre qu'on pourrait appeler l'esprit.
On ne lit pas pour le livre, on lit pour soi. Il n'y a pas plus égoïste qu'un lecteur.
“On lit pour comprendre le monde, on lit pour se comprendre soi-même. Si on est un peu généreux, il arrive qu’on lise pour comprendre l’auteur. Je crois que cela n’arrive qu’aux grands lecteurs, une fois qu’ils ont assouvis leurs deux premiers besoins, la compréhension du monde et la compréhension d’eux-mêmes. Lire fait chanter les momies, mais on ne lit pas pour cela. On ne lit pas pour le livre, on lit pour soi. Il n’y a pas plus égoïste qu’un lecteur.”
Critères du bon écrivain ou du bon livre : Le bon écrivain impose ce qu’il montre. Nous ne l’avions pas regardé jusque-là. Nous le voyons. Cela nous paraît évident. C’est un des critères qui permettent de reconnaître le bon écrivain. Qui avait regardé les célibataires avant Montherlant ?
On reconnaît le bon écrivain à ce qu’il nous intéresse à ce qui ne nous intéresse pas. Les plaines, les Flandres, les ciels bas me rebutent, mais j’aime Verhaeren.
Un autre critère du bon écrivain et qu’il donne envie d’écrire. Pas sur lui, autre chose. Il y a une contamination de la création.
(p. 226)
De toutes les phrases qu'à écrites un auteur, celui-ci sera sauvé si un lecteur en retient une, une seule, qui contiendra toutes les autres dans sa mémoire et l'aidera à entretenir un intérêt, une affection, une possibilité de relecture.
"Quand on lit, on tue le temps. Pas dans le sens "passer le temps", ça c'est quand on lit en bâillant pour vaguement occuper un après-midi à la campagne, non, mais quand on fait une lecture sérieuse, une lecture où on est absorbé par le livre. Elle donne l'impression que le temps n'existe plus. [...] et voilà pourquoi les grands lecteurs ont le sentiment d'être toujours jeunes. Ils n'ont pas été usés de la même façon par un emploi du temps, c'est-à-dire un temps employé à autre chose qu'à obéir au sens commun. [...] Chaque nouvelle lecture a été une plongée dans un bain frais, un moment où on a, pas tout à fait illusoirement, vaincu le temps."
« On publie trop » : Les critiques disent qu’on publie trop. Ils ont raison. On publie trop leurs livres.
Voilà 250 ans que je l’entends dire. Voltaire s’en plaint dans sa correspondance : si on continue à publier autant, j’arrête d’écrire ! Vous imaginez ça, Voltaire arrêter d’écrire. Nous publions plus que de son temps, mais la population française a doublé et appris à lire. Et à écrire ! Si on publie, c’est que les gens écrivent. Un jour de bonté, Paul Léautaud a dit : « On ne trouve plus de femmes de ménage. Elles écrivent toutes » (Journal littéraire). Elles écrivent parce qu’elles aiment les livres. Ne trouveriez-vous pas sinistre de vivre dans un pays où il ne se publierait que trente livres par an ?
(p. 630)
- L'Invisible corps de ballet-
Les livres ne sont pas seulement des objets remplis de quelque chose que nous chercherions avec une voracité distraite. David Grossman (Dans la peau de Gisela, 2008) parle des "livres qui l'ont lu". Il doit y avoir de ça. Les lecteurs sont la proie des livres. (Livre de Poche, 2011, p.29)