Citations de Charles Dantzig (424)
Il n'y a pas plus d'art de lire que d'art d'écrire. Comme disait Woody Allen : "J'ai pris des cours de lecture rapide. J'ai lu Guerre et Paix. Ça se passe en Russie."
La littérature atteint à l'universalité par le filtre de l'individu, cet individu écrivant qui n'est que le représentant plus émotif d'un type humain.
Pas sensuel pour l'un, sensuel pour l'autre, c'est ainsi que l'humanité trouve son plaisir, et parfois sa souffrance.
- Le moment où on lit-
On peut donc lire contre soi-même ! Quelle grande chose que la contradiction ! L'apporter, la demander. Ce sont des chocs que naissent les étincelles.
Contestez-vous. Contestez ce que vous lisez en ce moment. (p. 67)
On pourrait imprimer un avertissement au dos des livres : "ATTENTION! Les lectures qui vont trop dans le sens de vos pensées ou de vos goûts peuvent être dangereuses."
Pourquoi je lis? Je lis comme je marche, sans doute. D'ailleurs, je lis en marchant. Si je vous racontais le nombre de rencontres que j'ai faites grâce à ça! Plus d'un horodateur de Paris a été ému de m'entendre lui dire "pardon monsieur!" après que je m'étais cogné à lui en lisant un livre ou un autre. Au reste, ce n'est pas parce qu'on fait une chose aussi spontanément que marcher ou lire qu'il est inutile d'y réfléchir. La spontanéité ne légitime pas tout. Il y a des meurtres spontanés.
Comme on lui a inculqué que la solitude est une maladie, l’homme s’est transformé en tortue à antennes qui transporte son bureau sur son dos, et les instruments de ce qui le lie. Moi-même, d’ailleurs… Allô ? …
Peu de choses dans ma vie m'auront mis hors de moi comme les rites. Enfant, la messe m'indignait : non pour ce qu'elle disait, mais parce qu'il fallait reproduire des gestes sans qu'ils eussent été justifiés. Et, dans le couvre-livre en cuir qu'on m'avait offert pour ma première communiion et supposé contenir un missel, je dissimulais Le Rouge et le Noir. J'utilisais sans le savoir la littérature pour ce qu'elle est : la libération des rites.
Fleur ouverte, je suis lecteur. J'attends l'abeille.
Nous donnons parfois trop de notre temps, c'est-à-dire de notre vie, à des écrivains qui ne nous méritent pas.
Toute mon enfance, j'ai entendu : "Va donc jouer au jardin!" On n'estimait pas que lire était malsain, je n'ai pas une famille aussi vulgaire, c'était pour varier mes occupations. Je n'en avais qu'une, lire. De temps à autre, je jouais pour faire plaisir à mes parents. Et, sous le regard enamouré de ma mère, je poussais une petite voiture sur une route dessinée à la craie en m'ennuyant considérablement. Je crois que j'étais un enfant qui avait horreur des devoirs, en tout cas d'un devoir en particulier : celui de s'amuser. Je m'amusais beaucoup plus dans les livres que dans les jeux, et ne parlons pas des sports. Je jouais aux petites voitures puis, quand l'enfantillage de mes parents était satisfait, je retournais au bonheur des bonheurs, lire. Ah, voilà une autre raison de lire, sans doute. Lire, c'est beaucoup plus intéressant que de se distraire.
Le premier avantage de l’Italie, c’est qu’elle est peuplée d’Italiens. L’obligeance, la spontanéité, le sourire n’ont pas d’autre patrie ; l’Italie, c’est comme si c’était les vacances.
- Oui, oui. Et les brigades rouges. Et puis les gros cons.-
Au moins ils ne les cachent pas. Ils les exhibent même. Une grande partie du cinéma italien leur est consacrée.
Mon grand-père maternel disait que les études emprisonnent l'homme à l'âge où il pourrait le mieux se créer du bonheur, puis qu'on cesse de rien lui apprendre à partir de l'âge où il pourrait le mieux comprendre. Que ne m'a-t-on fait passer mes examens à soixante ans!
L'adolescence est un âge inventé par les sociétés tendres. Dans les sociétés brutales, on passe de l'enfance à l'âge adulte.
Les critiques littéraires ont la déplorable habitude de penser qu'on leur demande leur avis sur les livres. On leur demande d'en dire du bien.
de stendhal, Celle de nos compagnes de voyage qui comprend Mozart me disait ce soir ...
Je l'adore.
Quelle délicatesse une phrase pareille.
Un soir, à Oxford, à un étudiant américain qui se demandait pourquoi son pays était tellement détesté, je n'ai pas pensé à répondre qu'il est naturel que le plus puissant des pays du monde soit haï. Rome devait être injuriée par toute l'Europe, et la Chine est détestée du reste de l'Asie. Si vous voulez être tranquille, soyez islandais. Et encore, il y aura toujours un phoque pour vous détester.
Le problème des Anglais n'est pas qu'ils se croient extraordinaires, tout grand peuple croit l'être, parfois même les petits, mais qu'ils se croient excentriques. Les Anglais sont des excentriques comme les autres.
On pourrait imprimer un avertissement au dos des livres: "ATTENTION ! Les lectures qui vont trop dans le sens de vos pensées ou de vos goûts peuvent être dangereuses. "
Pourquoi continuer à lire un livre? C'est un des effets dévastateurs de l'espoir. Si un livre est mauvais, il ne devient jamais bon.