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3.58/5 (sur 6 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Villeneuve-sur-lot , le 04/08/1882
Mort(e) à : Paris , le 27/04/1930
Biographie :

Fils d'un professeur agrégé d'histoire. Il suit des cours à la Sorbonne et obtient une licence en lettres en 1903 .Fréquente les salons littéraires comme celui d'Anna de Noailles.
Pendant la Grande Guerre, il est infirmier militaire dans le Sud-Ouest. Il sera réformé en 1917. Dans son œuvre occupe une grande place son Sud-Ouest natal.
Le 10 décembre 1924, il obtient le prix Femina pour Émile et les autres, troisième volume de la série du Bestiaire sentimental.
Nommé chevalier de la Légion d’honneur le 4 janvier 1925, il meurt le 27 avril 1930 et sera inhumé à Villeneuve-sur-Lot dans le département du Lot-et-Garonne.


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Citations et extraits (10) Ajouter une citation
C'est une erreur à la fois kantienne et romantique, de nous croire, chacun de nous, divisés en trois : passé, présent, avenir.
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DEVANT UN PORTRAIT DE CHARLES PERROT

Ainsi donc, vous voici comme au bel été grave
Où l'on ne parlait pas de guerre, où nous avions
Sur des faces d'enfants le sourire qu'y grave
Un univers fait de grands vers et de rayons.

A présent, un mur noir pour un temps nous sépare ;
Nous nous retrouverons, je crois, plus tard, ailleurs ;
Et nos terrestres jours, dont le sort fut avare,
Au jour illimité nous paraîtront meilleurs.

Nul mieux que moi n'aura compris votre âme grise
Qu'un besoin de soleil éclairait en dessous ;
Elle faisait songer au porche d'une église
Ayant, pour mendiants divins, des Faunes roux.

Car vous possédiez tout, l'ardeur et la prière,
Et l'orgueil d'être sage et celui d'être fort,
Car vous étiez de ceux qui vont, la vie entière
Le gosier plein d'un goût de laurier et de mort.

Je ne suis pas très sûr que mourir vous fut triste.
Quand la nuit vous manda son invitation,
Vous saviez que, plus haut, notre être vrai persiste
Et qu'il vaut mieux, parfois, quitter Tyr pour Sion.

Oui, pendant un instant vous avez su, peut-être.
Regretter le rosier qu'on plante en sol français.
L'amante à son balcon, l'épouse à la fenêtre,
La vie, et sa saveur de bon pain, de vin frais ;

Mais c'est fini ; votre âme est de tout libérée ;
Le ciel s'est entr'ouvert pour vous faire l'accueil
Que méritent les morts enfouis à l'orée
D'un bois tragique, sans linceul et sans cercueil ;

Les plus beaux de vos jours vous semblent des pirates
Qui vous avaient frustré d' un songe immense et pur ;
Vous possédez le trône auquel vous aspirâtes :
Vous êtes une flamme assise en plein azur.

Vous auriez dû partir très tard, riche de rêve,
Dormir en Orient, entre quatre cyprès,..
Dieu vous a ménagé cette vie ample et brève ;
Mais je crois que la mort ne l'a pas fait exprès

Et qu'elle va longtemps se repentir, l'obtuse
Camarde, la faucheuse imbécile, d'avoir
Supprimé pour la France ainsi que pour la Muse
Le poète-héros qui sut crier un soir :
« On n'a jamais fini de faire son devoir. »
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Perséphone

Pourquoi, ce soir, à peine au milieu de ma route,
Pourquoi donc ai-je vu, dans le miroir obscur
Qu'est à lui-même un cœur dédoublé par le doute.
Ce cœur riche et gonflé pencher comme un fruit mûr ?
Pourtant, à mon bonheur tout m'ordonne de croire.
Et le jour qui finit fut un jour de victoire,
Et j'attendais le soir comme un compagnon sûr.

De nouveau, j'ai vécu comme il sied que l'on vive ;
Je me suis obéi sans crainte et sans remords,
Fidèle à mon orgueil, sachant, quoi qu'il arrive.

Que les vœux les plus fous méritent nos efforts ;
Et je puis, de nouveau, savourer le délice
De n'avoir pas subi d'instant qui n'embellisse
D'un merveilleux butin mon esprit ou mon corps.

Je me sens ennobli de toutes mes journées.
Et, comme ces vainqueurs qui vont contempler, sourds
Aux lamentations des villes ruinées,
Leur ouvrage, du haut des plus hautaines tours.
Tel, pour dormir mes nuits, il faut que je m'érige
Éperdu, frémissant d'un généreux vertige,
Au-dessus de la cendre invisible des jours.

Nul ne peut me blâmer, sinon des êtres lâches
Que leur lâcheté même atterre à ma merci :
Le chêne, en sa verdeur, fait fi du fil des haches
Qui guette justement le bois vieux ou moisi ;
Le chêne, indifférent dans sa grâce et sa force
Aux frelons venimeux nichés sous son écorce
Chante et de leur chanson fait sa chanson aussi.

En mon cœur la fierté fut chez elle à toute heure
Et si, parfois, ce cœur fut meurtri, fut broyé,
C'est que l'aigle au grand vol préfère pour demeure
Un roc voisin du ciel et souvent foudroyé ;
Je crois peut-être en Dieu, mais ne crains rien des hommes.
Je porte mes beaux jours comme un pommier ses pommes.
J'ignore la rancune autant que la pitié.

J'ai parfois recherché l'inimitié : je l'aime
Presque autant que l'amour de ceux que je chéris;
Mais, ne déméritant d'aucun ni de moi-même,
Je n'ai pas acheté de triomphe à vil prix ;
Nul parmi mes combats ne fut livré sans peine :
Ceux que je détestais n'ignoraient pas ma haine ;
Ceux que je méprisais savaient bien mon mépris.
J'ai plus de volupté que n'en rêvent les femmes
Quand le printemps s'appuie à leurs seins anxieux ;
J'ai le dédain qui flatte ou qui dompte leurs âmes

Et le désir qui met du soleil dans leurs yeux.
Chaque jour mon destin semble atteindre son faîte,
Et mes plus beaux espoirs d'enfant déjà poète
Sont comblés, comme si j'avais mérité mieux.
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— J'ai besoin de te parler, expliqua le brigadier, quand le gendarme eut disparu au tournant de la route.
Les yeux de Gassinou prirent brusquement leur couleur foncée des heures de colère ou de méfiance.
—En vérité ?... Soit ! Mais, tu sais, je n'aime pas beaucoup cela... le samedi surtout !... Je m'assieds à ta table bien honnêtement, et toi, tu me reçois comme si c'était ton métier, et non ton affection pour moi, qui te dictait, en ce jour, ta manière d'agir... Qu'est-ce qu'il y a de démoli?... On se connaît depuis qu'on est nés, toi et moi, et, quoique tu te sois fait gendarme, je n'en garde pas moins un coin de coeur pour toi, je suis ton homme...
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En un lieu joliment ou bellement dénommé Jolibeau, il y avait le jardin de la sœur de ma grand'mère, entre le jardin du vieil aumônier de l'Hospice et le jardin du vieux monsieur qui jouait de la flûte devant la volière de ses poules, dans le dessein bien arrêté de leur apprendre à secouer en mesure leur tête stupide, et même de leur enseigner la danse. Je ne sais s'il y était parvenu quand il mourut, ce qui ne date plus d'hier.
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Il est un axiome qu’il faut énoncer avant d’aller plus loin puisqu’il marque dans mon esprit le point de départ de la dialectique à laquelle il conviendrait qu’on se conformât : c’est que nous prononçons avec quelque mépris les mots d’extraordinaire et d’inadmissible à propos de réalités que les progrès de l’intelligence et de ses moyens d’investigation nous permettront demain peut-être d’observer expérimentalement. Il est sûr qu’à chaque instant tous les savants et même tous les hommes frôlent dans l’ombre de leur fatale insuffisance une des innombrables vérités qui semblent chercher consciemment à les fuir ; pour se rendre maîtres de l’une d’elles, il leur eût suffi sans doute, bien souvent, d’un rien. L’humanité s’avance, mais s’avance au hasard, et les horizons les plus imprévus, brusquement, se dévoilent ; des hypothèses qu’on osait à peine échafauder dans le secret du rêve se transforment soudain en faits objectivement incontestables. Ce serait peut-être assez, par exemple, d’un infime accroissement de nos moyens d’observation télescopique ou microscopique pour que, du jour au lendemain, la science, les religions et la morale fussent bouleversées.
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— Non, je ne suis pas fou, mais, ces créatures, que vont-elles devenir sous la lumière du jour, sous la chaleur du soleil, parmi des hommes qui finiront par comprendre, et qui viendront ici en masse ?… Et tu connais les hommes aussi bien que moi, tu sais quelles compagnes les suivront au Pôle : la cupidité, la discorde, la haine. Ils détruiront la splendide organisation, l’entente admirable de ce petit peuple ; ils troubleront tout, bouleverseront tout, pilleront tout. Et si ces êtres se révoltent, essayent de lutter, les hommes, répandant la mort après la ruine, les massacreront sans pitié jusqu’au dernier… Nous pouvons nous passer d’eux, ils peuvent se passer de nous… Crois-moi, ne nous faisons pas les complices conscients du plus effroyable des crimes.
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Où l'œil humain, môme aidé par de colos- sales lentilles, ne perçoit encore que brumes et nuages, — et où il ne percevra vraisemblable- ment rien de plus désormais par des moyens de ce genre, — une autre machine, un autre supplément à nos sens risquerait, demain peut- être, d'exercer victorieusement sa vertu neuve. Personnellement, je crois qu'il n'y a aucune difficulté à concevoir et môme à réaliser la machine à photographier de loin, la machine permettant de reproduire, d'un point quelconque des objets que sépare de l'opérateur une distance variable de zéro à l'infini, — à l'infini théoriquement, et, pratiquement, une bonne moitié par exemple des millions de lieues qui séparent l'orbite terrestre et l'orbite de Neptune.
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Tandis que je considérais le visage de mon compagnon et le reflet sombre du mien dans un hublot de la cabine, j’eus de nouveau l’idée que nous étions morts, qu’il ne restait de nous que deux cadavres poussés par une force irrésistible non pas vers le néant et le repos, mais vers un enfer peuplé de larves, de spectres, de choses sans nom que je croyais déjà sentir grouiller au-dessous de nous ; car, par moments, de lentes ondulations verdâtres parcouraient les derniers vestiges de la lumière violette et alors le sol et les vagues blancheurs qui s’y mouvaient prenaient sous ces colorations l’aspect d’un immense charnier sur lequel se fût épandu un douteux clair de lune.
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Ma sœur Jacqueline Lassort est venue ce soir me surprendre en ma retraite bordelaise de la rue du Vieux-Huchoir. Elle est entrée dans l'asile de la science environnée par un turbulent concert de frous-frous soyeux et d'éclats de rire. Comme elle est jeune et comme elle est belle! Bien que ma mère l'ait eue d'un second mariage et que je sois presque de seize ans plus âgé qu'elle, nous nous aimons très tendrement. Elle est arrivée ce matin pour choisir ses robes d'hi- ver et, demain, le train l'emportera de nouveau vers les Pyrénées et sa maison de Sérimonnes. Cette fois encore, elle n'a point oublié son pauvre grand.
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