Charles Duits

Il vient, le Pacificateur de la Terre. Il approche, le Rassembleur des Nations, et celui qui rendra leur liberté aux peuples. La Terreur marche devant lui, et sa gloire est telle que le rugissement du lion, et les Victoires l'accompagnent, et les Rois tremblent devant sa face. Il vient dans le nuage de la Terreur, et la foudre est dans sa main, et son visage est celui de l'épouvante et de la gloire. Et lui, qui apporte la paix et l'abondance, il vient comme un guerrier, et le bruit de son pas fait frémir les Rois et les Princes. Il vient comme un lion, et comme un homme de proie, et les chaînes de la servitude fondent comme de la cire sous son regard et les méchants ne soutiennent pas l'ardeur de sa Lumière, car il est comme Habolaune dans sa fureur et comme le Posidonien dans sa colère. 

"Les dieux ne sont points justes, ni bons, mais ils sont capricieux et cruels, et l'on nous enseigne le contraire afin que nous ne percevions pas que notre vie est misérable, notre destin horrible, que nous sommes nés dans la poussière, que nous continuons dans la boue et que nous finissons dans l'excrément..."

"... Et nous autres Seigneurs, l'on nous met des pierres brillantes sur la tête et des étoffes brillantes sur le corps et l'on nous amuse avec la gloire et la puissance, alors que nous ne sommes que des fantômes grimaçant à la surface de la Terre et tels que les chiffons battus par le vent."

« Le Peyotl est un maître, dans le sens oriental du mot. Grâce à lui, nous pouvons connaître le but de l’initiation. Mais, pour l’atteindre, nous devons devenir des athlètes de l’esprit ; pour cela, faire des efforts longs et pénibles. Tant que nous ne sommes pas toujours ce que nous sommes sous l’influence du Peyotl, nous ne sommes rien. Comme le maître traditionnel, le peyotl nous enseigne donc à nous passer de lui. A ceux qui lui demandent de faire à leur place le travail indispensable, il inflige « trente coups de bâton ».

L'Abbé du Vide dit: "Pourquoi te sauverais-je? Tu es un homme vague et vide et tu es avec cette fille comme un singe qui mange une banane, et tu es beaucoup plus à ta place dans le Grand Temple des Rûmiens avec les Mercenaires qui sont tes semblables qu'ici, parce qu'ici tu es dans un lieu saint et l'esprit de Jautaham emplit ce lieu et moi aussi je porte un glaive, mais ce n'est pas un joli bijou comme le tien, c'est le glaive de Mande-Hou-Jri, qui coupe les liens".

Puisque la raison mène au nihilisme, dit en substance Victor Hugo, l'homme doit sous peine de mort écouter le témoignage de sa sensibilité. Témoignage obscur, confus et souvent trompeur. Dangereux au surplus (...) Si nous écoutons le témoignage de notre sensibilité, nous risquons de nous rompre les os sur les rochers iridescents de la démence; soit. Il vaut mieux prendre ce risque que nous laisser passivement dévorer par la tarentule néant.

'(...) presque tous les récits sont menteurs, parce que les batailles n'ont point ce caractère propre et bien fait qu'on leur attribue dans les livres, mais partout se met la confusion, l'effroi et la folie, parce que les hommes voyant ouvertes les mâchoires d'Ounêbo se jettent les uns contre les autres et ne savent ce qu'ils font.'

Pour l'adepte du peyotl, la plus légère sensation est pleine, ronde comme un coup de gong. Elle sature l'âme de ses vibrations, ne l'abandonne que comblée. Comme le dit la locution, "on se sent vivre". Une pêche devient une aurore comestible ; l'acte de la manger, une immersion extatique dans l'essence de la fraîcheur.

Toute ma jeunesse me paraissait nébuleuse et telle qu’un rêve et voici que c’était ce chemin que je suivais derrière Sorcade qui me paraissait nébuleux et je ne savais plus si c’était le passé qui était un rêve ou le présent.

Traversant l'ombre que faisait un arbre sur le chemin, je me mis subitement à grelotter. Le ciel brillait, le temps était superbe. Et moi, je claquais des dents. Pourquoi ? Durant une fraction de seconde, je me crus malade, fou. Heureusement, je compris que, surpris par la sensation, j'avais porté sur elle toute mon attention, que je l'avais isolée des autres et donc, si je peux dire, absolutisée. Ce n'était pas elle qui produisait l'impression glaciale, mais la soudaine involontaire concentration de l'esprit.