Peu à peu nous nous éloignons du sauvage qui est en nous, bonne ou mauvaise chose ? Difficile de trouver une réponse satisfaisante. S’en éloigner, n’est-ce pas le faire taire, le comprimer jusqu’à ce qu’il resurgisse dans tout ce qu’il a de plus bestial ? Il vaut sans doute mieux exprimer cette part un peu obscure de nous sous contrôle. Dans diverses coutumes, à des moments de l’année bien spécifiques, ce sauvage (wilder mann, en allemand) remonte du plus profond des temps et de l’inconscient des hommes pour s’exprimer au grand jour.
Revêtus de peaux de bête, de sonnailles, de combinaisons végétales ou autres vêtements symboliques, ces esprits incarnés reviennent sévir de décembre à février dans des mascarades ou lors des carnavals. Ils représentent souvent des esprits mauvais de l’hiver (qu’il faut chasser), des esprits bienfaisants qui chassent les précédents (à qui l’on donne des offrandes), des esprits de fertilités (à accueillir pour bénir champs et êtres humains)…
Ce livre contribue à pérenniser ces coutumes par de magnifiques photos représentatives de ces costumes et rituels européens qui peuvent surprendre l’homme moderne. Effectivement si elles ont survécu au fil des siècles, elles ne sont pas mises à l’honneur dans notre société, car elles mettent justement en valeur l’homme qu’il faut bannir, l’homme sauvage, celui qui va à l’encontre de l’homme « civilisé ».
C’est un voyage dans notre culture profonde qui est photographié dans ces pages. Il met en lumière la richesse de notre passé.
Les explications se trouvent à la fin du livre, c’est dommage, pour plus de confort, il aurait toutefois été plus pratique de les placer à côté des photos.
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Dans un monde moderne de plus en plus aseptisé, où la mort est devenue tabou, la maladie et la vieillesse, cachés ; où la peur de la famine est devenue un mythe (dans les pays riches occidentaux, en tout cas), le besoin de se rassurer face aux esprits de la mort, du prédateur tueur de troupeaux, de la "bête des bois" a quasiment disparu.
Autrefois, on craignait et respectait l'Ours , le krampus germanique, nuuttipukki finlandais et autres personnifications anthropomorphiques de la vie sauvage, fertile, incontrôlée.
Ce livre splendide nous montre les costumes et les parures de ceux qui perpétuent encore en Europe ces traditions issues des vraies racines de nos ancêtres, racines païennes très antérieures à la christianisation.
Un livre magique, rappelant qu'au plus profond de chacun de nous sommeille une bête qu'il faut régulièrement apprivoiser et apaiser.
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Un ouvrage aux belles photographies, colorées et originales. Parfois surprenantes, mais toujours intrigantes.
Le genre de livre qui donne envie d'aller se perdre en Inde pour y goûter ses richesses et sa beauté.
Seul regret, que les explications soient reléguées à la fin. J'aurais préféré qu'elles soient au début de chaque chapitre, pour mieux en saisir le sel.
Et peut-être, des explications un peu plus complètes. Mais après tout, ce n'était pas le sujet.
Bref, un livre très agréable à lire et surtout déguster.
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nouvelle de Marie Darrieussecq, Postface de Yann Guesdon
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Partout en Inde, le sacré fait partie du quotidien. Les Dieux s'expriment à l'occasion de spectacles théâtraux ou dansants par l'intermédiaire des artistes amateurs, simples gens ordinaires qui incarnent les divinités, sous des masques et costumes. Il ne s'agit pas de vulgaires déguisements, mais bien d'une identification.
Ces fêtes mêlent art, religion et divertissement. Il émane de ces prestations un formidable pouvoir mystique par lequel l'homme devient dieu et les dieux deviennent hommes.
Charles Fréger a saisi ces instants si particuliers avant qu'ils ne tombent dans l'oubli car ici comme partout ailleurs ces rituels se raréfient et ne seront bientôt qu'un lointain souvenir. Ils représentent en globalité l'affrontement du bien contre le mal, comme il est décrit dans le Ramayana ou le Mahabharata.
On nous offre ici un beau voyage dans un monde spirituel riche de pratique, de couleur et de sens. La partie finale nous explique les particularités des rituels selon les régions et nous apporte des précisions sur les photos.
Un beau livre pour les passionnés d'hindouisme.
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Tout d’abord, merci à Babelio ainsi qu’aux éditions Actes Sud qui m’ont offert ce livre accompagné d’une très jolie carte avec un message manuscrit (attention qui m’a touchée).
« Aam Aastha », c’est d’abord un bel objet. La première de couverture montre une des photos, annonçant la « couleur ». La quatrième de couverture fait de même, mais avec un effet creux, qui ajoute du cachet. Les deuxième et troisième de couverture présentent des illustrations de Sumedha Sah, en banderoles, traits bruns sur fond crème, très belles et chic.
J’ai commencé par feuilleter le livre, savourant les photographies hautes en couleurs et s’étalant sur 274 pages. La plupart des photos de Charles Fréger prennent une page entière, permettant d’en apprécier les nuances.
Anuradha Roy, romancière, a écrit une préface. Elle y rappelle la vitalité et le multiculturalisme indien, menacés aujourd’hui par les extrémismes. Elle souligne aussi le risque de marchandisation et de mépris que peuvent contenir les clichés photographiques.
Et c’est là qu’il y a un hiatus, à mon sens, entre cette remarque et la présentation de l’ouvrage. Les explications pour chaque fête sont repoussées à la fin de l’ouvrage, obligeant à un va-et-vient peu pratique si l’on veut comprendre chaque photo. De plus, il manque une carte, même sommaire, des États de l’Inde, afin de situer les lieux. Personnellement j’en ai imprimé une, et cela m’a permis de comprendre pourquoi certains costumes me semblaient plus « asiatiques » qu’indiens, ainsi que l’organisation d’est en ouest et du nord au sud de l’ouvrage. Ou même de m’attarder sur l’arrière-plan des photos.
Personnellement, je conseillerai de lire d’abord la postface de Catherine Clément, qui rappelle dans les grandes lignes les multiples visages de l’Inde et les grands textes mythologiques qui l’unissent.
Les explications des photos sont écrites par Kulu Kopariha. Elles sont synthétiques mais claires.
A la fin de l’ouvrage, on voit les lignes de forces qui unissent les États et régions de l’Inde et les mille nuances que chacun et chacune y apportent. On comprend aussi que, contrairement à la France par exemple, où de nombreux événements sont du folklore amusant, ces événements cultuels sont, en Inde, encore fortement pris au sérieux, même si une part de tourisme s’y mêle.
Au final, cet ouvrage est à la fois un magnifique objet et une intéressante porte d’entrée dans la diversité culturelle de l’Inde.
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Ce livre est un bel hommage à notre patrimoine culturel, représenté par ces coiffes. C'est un livre plein de surprises avec pour commencer une nouvelle de Marie Darrieussecq, ensuite ce sont les photographies qui nous surprennent ; elles sont extrêmement modernes, ce qui créé un décalage avec l'image classique que nous en avons. Cela paraît presque artificiel. A découvrir pour le plaisir des yeux.
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Avant tout, merci à Babelio et à Actes Sud, pour l’envoie de cet objet d’art, parce que s’en est un. C’est un bonheur de découvrir, à travers des photos vives et colorés, une représentation de ce qu’est le sacré en Indes. Les photos sont riches de cultures, de foi, de tradition et de beauté. J’ai passé un très beau moment devant les pages, fasciné par cette porte d’entrée vers quelque chose que je ne connaissait pas, ou peu. Merci pour ça
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