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Critiques de Charles Lewinsky (37)
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Melnitz

Mon Dieu, quel bouquin !

C'est assez amusant, au fond, les hasards... mais existe t'il seulement le hasard ?

Ce bouquin traine dans mon bureau depuis bien longtemps et je ne me décidais pas à le lire. Enfin, je me décide....Au moment ou les réfugiés syriens font la une des journaux.

Ce livre raconte l'histoire d'une famille juive sur plusieurs générations.

Les presque mille pages se lisent sans aucune baisse de régime, sans lassitude. J'avoue même avoir mis le roman sur le côté une journée entière lorsque j'ai vu que j'arrivais à la fin.... juste pour faire durer le plaisir de ce livre, tant je l'ai apprécié.

Il m'a fait l'effet d'une voleuse de livres mais en version "adulte".

C'est un grand 5 étoiles pour moi en tout cas que ce bouquin.
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Melnitz

Avec ce roman-fleuve, Charles Lewinsky nous livre une vraie fresque historique. L'auteur donne vie à une famille juive, les Meijer, sur cinq générations en Suisse alémanique, une communauté partagée entre la force de ses traditions et ses efforts pour s’intégrer dans une société fermée.



Le fil rouge de cette longue saga est l'oncle Melnitz, "Melnitz, la mémoire", d'où le titre de ce roman particulièrement foisonnant. L’aïeul, qui meurt au moment où l'histoire commence, réapparaîtra tout au long du récit pour commenter les maladresses et les erreurs de ses descendants, leur rappeler que "la sécurité, ça n'existe pas" mais aussi de "Profitez de la vie... Vous avez de la chance, ici, en Suisse". Rythmée par les apparitions de ce revenant lucide et malicieux, se déroule l'histoire des Meijer.



A Endingen, l’un des deux villages suisses où les juifs sont autorisés à résider à la fin du XIXème siècle, à Baden, et enfin à Zurich, les Meijer passent « le tournant du siècle », font prospérer leurs commerces et une petite industrie textile. Au fil du temps, ils subissent les répercussions du conflit franco-prussien, de la Grande-Guerre puis de la montée du nazisme de l’autre côté de la frontière tandis qu’ "en Suisse, l‘on a vécu toutes ces années sur une île, à pied sec au milieu de l’inondation. "



Outre le plaisir procuré par son style littéraire (remarquable) et le divertissement (la truculence des personnages et le ressort de leurs aventures sociales), Melnitz se révèle aussi être un excellent manuel d'Histoire qui nous en apprend beaucoup sur la judaïté en Helvétie.



Un "bon gros roman" aussi divertissant que passionnant et qu'on ne lâche plus quand on l'a commencé, parfait pour les vacances !
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Un village sans histoires

Après avoir été conquise par Melnitz , roman saga d'une famille juive suisse sur plusieurs générations, j'attendais beaucoup de ce court roman dans le huis-clos de campagne française.



Un village sans histoires, dont le "s" est important, est une sorte de Clochemerle rural où un narrateur s'attache, histoire de passer le temps, à observer ses voisins, avec leurs manies, leurs rancœurs, leurs jalousies, leurs haines recuites...



Le fait que notre conteur soit allemand donne une certaine distance à la chronique qui se lit sans déplaisir mais qui reste une friandise aigre-douce sans réelle densité.



Néanmoins, les personnages de cette villégiature paumée font une peinture sociale savoureuse et assez crédible. Du maire obséquieux, des amants dans les placards, au benêt de service, sa palette de faits divers dessine les meurtres, des adultères, des suicides, et autres vilénies de nos contemporains.



Un petit roman pas inoubliable mais que l'auteur a dû écrire avec jubilation!

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Melnitz

.

Voilà une quatrième de couverture plus qu'élogieuse, et même si c'est un peu too much, je partage plus ou moins cette opinion sur ce bon gros pavé.

Il est vrai qe j'ai un petit faible pour les sagas quant elles tiennent la route et sur l'histoire et sur le style, ce qui est le cas dans Melnitz.

C'est un pan peu traité de l'antisémitisme et de la Shoah que l'on aborde à travers l'histoire de cette famille suisse juive. On sent un peu l'âme de I.B Singer dans ce récit . Les personnages sont attachants et/ou horripilants, et on suit leur destinée avec plaisir. Le fossé de traitement du peuple juif entre la Suisse ( où l'antisémitisme reste contenu) et sa voisine l'Allemagne nazie laisse songeur par rapport à tout ce qui n'a pas été fait côté Suisse pour sauver le maximum de juifs allemands, même si il est fort à parier qu'une politique dans ce sens lui aurait fait perdre sa neutralité et par là-même aurait précipité les juifs suisses vers les camps de la mort.

Petite parenthèse, déjà à l'époque, le citoyen suisse aime le référendum douteux et interdit en 1893 par ce biais à la population juive d'abattre sa viande dans les règles de sa religion. Détail anodin si on le compare à la Shoah, mais détail antisémite tout de même sous couvert de protection des animaux.





Pour résumer, un livre très agréable, un pan historique peu traité , une bonne saga, n'hésitez pas !

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Melnitz

Dans la petite ville d'Endingen vit une communauté israélite traditionnelle. « On est ici en Suisse où l'on a vécu toutes ces années sur une île, à pied sec, au milieu des inondations» dit le revenant Melnitz qui « se souvient de tout » et ponctue le récit en se faisant la voix de l'histoire du peuple juif et de ses malheurs.



Comme chez Martin du Gard, Romain Rolland, ou Georges Duhamel, c'est la saga, sur plusieurs générations et deux siècles, d'une famille semblable à toutes les familles, avec tous les métiers (marchands de bestiaux, médecin, commerçants en tissus...) tous les caractères (du religieux de stricte observance au juif devenu goy), toutes les préférences sexuelles.



Le roman est typé en ce qu'il est truffé de références en yiddish qui justifient l'indispensable glossaire en fin d'ouvrage. Mais les épisodes rapportés, tragiques ou comiques, sont universels par l'humanisme chaleureux dont ils témoignent, car, comme le note l'auteur, « la bonne société ....ne fonctionnait guère autrement que la communauté juive d'Endigen ».



On est emporté dans cet univers familier et attachant, guidé par un arbre généalogique qu'il vaut mieux consulter en fin de lecture si l'on ne veut pas connaître trop tôt rencontres et unions des protagonistes ...



On comprend enfin les vraies raisons d'une disposition de la Constitution helvétique sur l'abattage rituel des animaux, question qui a intrigué des générations d'étudiants en droit, et on n'ignorera plus rien de ses règles subtiles. On rencontre, au congrès socialiste de Stuttgart en 1893, un étrange rabbin devenu athée qui ne cesse de « démontrer par des citations talmudiques l'inanité du Talmud ». On est initié aux mystères de l'interprétation numérologique. On découvre la splendeur des automobiles Buchet, les prodigieuses capacités fabulatrices du journal local. On partage les désarrois de deux adolescents, l'un juif, l'autre antisémite, engagés ensemble dans de folles équipées, « ni amis, ni ennemis, il devrait exister un mot pour ça... ». On vit l'effroi d'un enfant fasciné par le Panoptikum, musée des horreurs dans lequel il se perd...



Mille choses encore dans ce millier de pages qui sont un tourbillon d'émotions, dont on sort reconnaissant à l'auteur, Charles Lewinsky, de nous y avoir plongé. A partir du quotidien de la petite communauté, il fait revivre tout le destin d'un peuple où les vivants et les morts ne se quittent jamais vraiment.



C'est, à coup sûr, un grand livre, superbement écrit, élégamment traduit, qui vous emporte et vous transporte.
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Melnitz

Saga familiale qui s’étend de 1870 à la deuxième guerre mondiale, Melnitz met en scène une famille, les Meijer, à partir de Salomon et de ses deux « filles », la vraie, Mimi, et celle qu’il a recueillie, Hannele.



Juifs dans la Suisse traditionnelle de l’Aargau et du canton de Zurich, nous assistons aux changements qui accompagnent cette famille issue du marchand de bestiaux qu’était Salomon et le devenir commerçant de Hannele via Janki Meijer et celui de Mimi et son mari, boucher traditionnel mais aussi féru du Talmud.



Au-delà de l’histoire de famille qui n’a rien de très original, nous vivons davantage la présence d’une famille juive dans l’histoire et dans un pays si proche de l’Allemagne devenant nazie, d’une Suisse guère connue pour son ouverture d’esprit bien qu’affichant une tolérance de bon aloi.



Le style est plaisant et ce relatif pavé se lit avec plaisir car l’intrigue est bien menée. L’humour s’associe aux descriptifs sociologiques et/ou religieux qui donnent à Melnitz et surtout l’oncle éponyme t
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Melnitz

800 grammes, 765 pages et près d’une semaine de lecture… La grande amatrice de sagas familiales et historiques que je suis n’est pas prête d’oublier cet excellent roman!



Le dramaturge, metteur en scène et romancier suisse allemand Charles Lewinsky (1946) est l’auteur de douze romans, dont le dernier, Sein Sohn, est paru en août 2022. Melnitz (2006), qui a nécessité quatre années de recherches documentaires, a rencontré un vif succès en Suisse et en Allemagne et fut ensuite traduit dans de nombreuses langues. En France, il a obtenu en 2008 le Prix du meilleur livre étranger.



L’écrivain zurichois signe avec ce roman une grande et captivante fresque familiale dans laquelle il se penche sur l’émancipation des juifs de Suisse à travers cinq générations d’une famille établie dans le canton d’Argovie. A travers l’histoire de la famille Meijer entre 1871 et 1945, il aborde les obstacles et les combats qui ont jalonné l’histoire des juifs en Suisse depuis qu’ils ont obtenu l’égalité des droits civiques et politiques en 1866. Si depuis cette date, ils ont le droit de s’installer et de travailler librement partout en Suisse, de nombreux juifs vivent en 1871 encore cantonnés dans les deux communes argoviennes juives de Lengnau et Endingen.



C’est précisément dans cette dernière commune que débute Melnitz. En 1871, le patriarche Salomon Meijer, « le Juif avec la canne », est un important marchand de bétail de la région. Avec l’arrivée à Lengnau de Janki Meijer, un parent éloigné et un déserteur de l’armée française, personne ne se doute encore que la vie de la famille Meijer est sur le point de connaître un changement radical.



Au rythme des grands événements historiques qui ont façonné le dernier quart du XIXème et la première moitié du XXème siècle -depuis la Guerre franco-allemande de 1870-1871 à la Deuxième Guerre mondiale-, Charles Lewinsky nous plonge de façon très immersive dans le quotidien et l’intimité de la famille Meijer. Au fil des ans, les jeunes générations décident de quitter Endingen pour s’installer à Baden, le chef-lieu du canton d’Argovie et un important centre marchand, puis à Zurich. L’intrigue se déplace donc progressivement des bourgades aux villes où les jeunes générations veulent exercer d’autres métiers. De marchands de bétails, les Meijer deviennent ainsi marchands de tissus, stylistes ou encore propriétaires de grands magasins.



Charles Lewinsky signe avec Melnitz un roman passionnant dans lequel il décortique avec beaucoup de précision les coutumes religieuses et culturelles juives et brosse un portrait très intéressant du contexte socio-politique suisse de l’époque. A travers les choix controversés de certains membres de la famille Meijer, il aborde par ailleurs d’importantes thématiques en relation avec l’assimilation et l’intégration, le communisme ou encore le sionisme en tant que réponse à l’ignominie nazie.



Une excellente découverte et un auteur à suivre!




Lien : https://livrescapades.com/20..
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Melnitz

Avec un style littéraire très agréable, ainsi qu’une truculence des personnages et un ressort de leurs aventures sociales font de Melnitz un livre excellent !

Il est également un bon manuel d'Histoire sur la communauté juive helvétique…

On suit donc les amours, les malheurs, les joies et les angoisses des Meijer, Juifs installés en Suisse allemande.

Dans un pays qui n'était pas réellement antisémite, les petites brimades, les humiliations exposent le lecteur à une réflexion.

La force de ce roman est de nous plonger dans la peau des personnages et de décider d’être plus tenace et intelligent que celui d’en face…

Qu’il ne faut jamais baisser la garde, ni se réjouir trop vite… car rire aujourd’hui, c’est pleurer demain…

On ne voit pas passer ces 800 pages et des poussières… on plonge dans les 5 parties entre amour, humour et détresse… et puis cette voix « off », cette gouaille yiddish…

Ce livre est un beau tourbillon, une fresque familiale, historique et qui pointe, toujours, une certaine actualité… Bref, une très belle lecture pour cette fin 2020 !!!!

J’ai commencé avec le magnifique A Crier dans les ruines, avec un cœur serré, et je finis avec un cœur plus léger malgré les circonstances et les angoisses de cette famille !

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Retour indésirable

Il y a toujours un prochain train pour Auschwitz



Theresienstadt après Westerbork. « A Westerbork règne une autre démence qu’ici, à Theresienstadt. Mais elle aussi a sa méthode et ses lois. Pour pouvoir être expédié à Auschwitz en tant qu’unité humaine comptabilisée de plein droit, il faut être âgé d’un moins une demi-année ».



Theresienstadt « le ghetto le plus culturel existant dans le mode d’aujourd’hui ». Theresienstadt, la vitrine pour épater la Croix Rouge, les journalistes et le monde. Le camp mensonge exposé comme envers des camps d’extermination niés.



Kurt Gerron, acteur et metteur en scène, « Mon principal défaut ? Je crois possible de faire une mise en scène du monde » face au tournage d’un film pour montrer (« Juste montrer ce qui n’est pas. Croupir en enfer et narrer le paradis ») au monde les conditions de vie agréables à Theresienstadt, « Une ville dont les rues ne sont pas sillonnées, chaque jour, de charrettes emportant les cadavres de vieillards morts de faim ». Le choix sans choix, « Je dois, de mon plein gré, raconter ce qui n’est pas. Taire ce qui est ».



Le temps particulier d’un camp, le temps du gris avant la fermeture de la porte, le temps du dernier acte, « celui qui, au théâtre, selon la règle immémoriale, est toujours le plus court ».



Le cabotinage de l’artiste, « La loyauté est une chose, les applaudissements une autre ». La mise en scène de sa propre vie, l’invention et la réalité.



Le temps de la mémoire, celle de la première guerre mondiale, « Notre jeunesse a pris fin à l’été 1914 ». Bon pour le service, « Seul un cerveau malade peut avoir imaginé cette histoire de « bon (ou pas) pour le service ». Depuis quand un boucher ne fourre-t-il que de la viande de première qualité dans sa machine à chair à saucisses ? Comme si l’on ne pouvait pas sauter sur une mine lorsqu’on a les pieds plats ! ». La grande boucherie, mais dans les formes, « Envoyer une classe de garçons de dix-sept ans à la guerre, les expédier à l’abattoir au nom de l’empereur et de la patrie, rien à redire. Pourvu que ce soit dans le strict respect des formes ». Les imbécillités de l’institution et de la hiérarchie militaire. L’apprentissage du pliage du lit, de la marche cadencée, du salut, etc., mais « Pas un mot sur les choses qui nous auraient vraiment servi. Comment creuser avec du feldspath la terre mouillée. Qu’il ne faut pas se troubler si on tombe sur un cadavre. Pourquoi il ne faut pas donner à boire à un blessé au ventre. Comment craquer des poux. Pas un mot de tout cela ». La blessure et la croix de guerre. Cette guerre que rien ne peut effacer, « Quelques millions d’hommes s’étaient abattus et fait sauter mutuellement. Ça ne se laisse pas suspendre dans un placard comme les anciens uniformes. C’est imprimé en vous ».



Le temps des acteurs, du théâtre et du cinéma, de la gloire, Peter Lorre, L’ange bleu, Marlène Dietrich, Emil Jannings, Max Reinhardt Bertold Brecht peu apprécié, L’opéra de quat’sous…



Et la femme aimée, Olga.



Tourner un film :



« Réalisateur : Kurt Gerron



Quel genre d’homme serais-je si je fais cela ?



Un homme qui ne sera pas expédié à Auschwitz.



Un homme qui aurait mérité d’être expédié à Auschwitz.



Il faudrait pouvoir prier. Il faudrait qu’il existe un Dieu que l’on puisse questionner.



Seulement : il n’y a pas de Dieu. Surtout pas de bon Dieu ».



La mémoire de l’enfance, des parents, « Maman savait peler une orange avec un couteau et une fourchette, mais non comment prendre quelqu’un dans ses bras ».



La faim et la dysenterie.



La mise en définition des juifs, la suppression des droits, de la citoyenneté, le passé nié, « Les circoncis, à présent, on leur faisait aussi l’ablation de leurs titres ».



La complicité organisée, « Il nous ont fait instituer des Conseils juifs. Conseils des Anciens. Administrations. Mille bureaux où s’écrivent des listes pour les attributions de nourriture et les déportations. Nous faisons le travail pour eux. Suicide avec comptabilité en partie double. La victime doit fonctionner à l’allemande ». Faire en se persuadant « à chaque fois qu’ils évitent ainsi des horreurs pires encore ».



L’espace de la fiction et de l’imaginaire, « Nos vérités fictives n’ont pas besoin de tenir une éternité. Rien que le temps de chanter la chanson ou de jouer la scène jusqu’au bout. Rien que jusqu’au prochain black-out », jusqu’au départ du train, celui du dernier voyage, ce train en direction d’Auschwitz.



La faim, toujours la faim.



Tourner un film, « On vient de me proposer le plus grand film de mon existence. Avec une ville entière pour la figuration. Je peux décider, librement, si je veux le faire ou pas. En toute liberté. Je peux aussi monter dans le prochain train pour Auschwitz. C’est comme je veux ».



Des questions sur l’aveuglement. « Nous ne manquons pas de grands cerveaux. Quoiqu’ils n’aient pas eu l’intelligence de quitte l’Allemagne à temps ».



Les hommes ordinaire, la banalité du mal. « A la réflexion, tous les nazis de haut vol que j’ai connus étaient ce genre de comptables. Des administratifs petit-bourgeois. De ceux qui accrochent un cintre derrière la porte de leur bureau afin de pouvoir retirer leur veste d’uniforme sans qu’elle se froisse. Qui refusent de signer une condamnation à mort si la secrétaire a laissé s’y glisser une faute de frappe. Ils ont un abonnement au théâtre. Peu leur importe le programme pourvu qu’ils y aient leur place réservée ».



Semaine après semaine, toujours le temps suspendu, et la sécurité comme illusion. « Chaque semaine, la peur. C’était ça le pire ». Chaque jour et des histoires, des réminiscences, chaque jour de survie.



Les listes, être heureux « que je sois sur la liste et pas eux ».



Le cinéma. « Il faudra bien qu’un jour ou l’autre viennent des jours meilleurs. Coup de cymbales » Le temps de la fuite, du cinéma intérieur, les rêveries, les constructions valorisantes de soi, « mais cela ne s’est pas passé comme cela ».



De plein gré, jusqu’au moment où un SS…



Et Olga.



La vie jusqu’à l’instant… Le poids des mots, de l’humour, de la désespérance et de l’amour dans le monde de presque-la-mort. Justement de presque-la-mort. Là est toute la différence.



« Beaucoup de choses, dans ce roman, sont inventées. Mais ce qui suit est hélas authentique : le 30 octobre 1944, Kurt Gerron et sa femme Olga furent assassinés à Auschwitz. Trois jours plus tard, les chambres à gaz arrêtèrent de fonctionner. »
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Melnitz

Un livre dense, émouvant et attachant qui nous promène au fils des décennies dans une histoire humaine où les joies sont rares et les malheurs bien réels.
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Melnitz

j'ai aimé cette saga d'une famille juve en suisse allemande, allant de 1870 à 1945. Le livre a un très bon lexique sur les termes yiddish utilisés tout le long du livre.
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Melnitz

Ce roman s'étend sur plusieurs générations. Il va de 1871 à 1945. En outre, il est constitué de cinq parties. Entre chacune, l'auteur fait des ellipses d'environ vingt ans (sauf entre les deux dernières où l'ellipse est de huit ans). La plupart des auteurs qui s'essaient à structurer leurs romans ainsi se fourvoient, à mon avis. En effet, leurs personnages sont bâclés, car on ne les voit que par petits tableaux successifs, par instants qui en décrivent trop peu.

Dans «Melnitz», ce n'est pas le cas. Les personnages sont assez creusés, les parties sont assez conséquentes pour que l'auteur ne se contente pas de les effleurer.



Lorsqu'une ellipse couvre un si long laps de temps, en général, l'auteur a trop de choses à résumer. En ce qui me concerne, je me sens perdue, car les changements sont trop importants.

Charles lewinsky a su éviter cela. Il résume très simplement ce qui se passe pendant les ellipses. C'est continu et fluide.

[...]

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Un village sans histoires

Le point fort du roman est qu'à plusieurs reprises, il télescope les points de vue. Selon la façon de voir, de raconter, les choses changent, on les voit autrement ou de manière plus complexe. J'aime beaucoup les auteurs qui font cela. Ici, c'est particulièrement pertinent. Sur plusieurs points, c'est au lecteur de décider ce qu'il veut croire. Je pense surtout à l'accusation de Valentine. Deux explications sont données, et le lecteur, qui n'aura jamais le fin mot de l'histoire, devra choisir laquelle il croira. J'ai facilement choisi, car la façon d'agir d'un personnage montre sa non-crédibilité.

Dans le même ordre d'idées, il y a toutes les suppositions que fait le narrateur au chapitre 22. En général, les auteurs font ce genre de choses pour faire du remplissage. Chez Charles Lewinsky, c'est à propos. Cela montre, encore une fois, un événement sous différents angles, et c'est passionnant.

[...]

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Un village sans histoires

Suite à une aventure malheureuse avec une collégienne, un professeur allemand est venu se mettre au vert à Courtillon petit village de la France profonde où il possède une résidence secondaire. Il démonte les quatre roues de sa voiture et s'en débarrasse car il a l'intention de rester là à observer la vie des autochtones. Il découvre un maire qui projette de transformer un coin de rivière bucolique en gravière doublée d'une base de loisir, un idiot de village qui ne rêve que d'incendies, une vieille handicapée qui espionne tout le monde depuis son fauteuil roulant, une folle qui ne parle plus qu'à ses poules, un brave gars appelé Jean qui adore rendre service à tout le monde et bien d'autres habitants hauts en couleurs. Mais peu à peu, le passé avec ses crimes et ses horreurs refait surface : un émissaire de la Résistance aurait été assassiné à la fin de la guerre et les fonds qu'il apportaient de Londres auraient disparu. Si on y ajoute les règlements de compte au moment de la Libération et toutes sortes d'affaires d'escroquerie ou de tromperie, on comprend que l'ambiance soit plutôt tendue dans la petite communauté. Un jour, tout bascule dans le drame quand une adolescente un peu perturbée accuse Jean d'actes de pédophilie...

Ce livre, présenté comme « polar mélancolique et tendre », semble plutôt relever du roman de terroir, de l'enquête sociale et même du témoignage direct tant le lecteur sent le vécu derrière toutes ces situations. Dans ce microcosme où tout le monde vit l'un sur l'autre, où rien ne peut rester longtemps secret, se produisent mille histoires dans lesquelles l'humain est rarement à son avantage. Après un départ assez lent et même laborieux (l'auteur prend la peine de décrire longuement le décor et de présenter un à un les protagonistes), on se laisse prendre par cette histoire dont l'intensité dramatique monte graduellement jusqu'à un dénouement dramatique avant un retour obligé au calme et à la normalité. Le style n'est pas très léger (peut-être est-ce dû à la traduction du suisse alémanique ?), mais n'empêche pas de se passionner pour ce texte tant les observations sont fines, judicieuses, pertinentes et tant les personnages sont attachants malgré tous leurs défauts.
Lien : http://www.etpourquoidonc.fr/
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Melnitz

Une très belle saga sur une famille juive suisse. Leur histoire enrôbe plusieurs décennies.

Ne vous laissez pas arrêter par l'épaisseur de ce roman, il se lit d'une traite, il est passionnant...
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Melnitz

J'ai beaucoup aimé ce livre. Bien qu'il ait presque 1000 pages, il se lit très facilement. On n'arrive pas à le lacher. C'est l'histoire d'une famille juive , en Suisse allemande, sur 5 générations. Il y a un personnage omniprésent, l'oncle Melnitz, qui représente, d'après mon interprétation, du moins, l'esprit juif. Il est critique, ironique et "après sa mort, il revenait. Toujours." Ce livre est très bien écrit, plein de finesse, d'ironie et de dérision. On y retrouve le fameux humour yiddish. La dernière partie, celle qui correspond aux années 1937-1945, touche beaucoup le lecteur. Elle nous laisse un goût amer, justement parce que tout y est raconté avec simplicité .
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Melnitz

Un énorme coup de coeur pour moi !
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Melnitz

« Après sa mort, il revenait. Toujours.



Il n’était pas venu seul. Cette foi, il avait amené du renfort.



A soi seul, impossible de raconter un tel nombre d’histoires.



Ils emplissaient toute la ville.



Tout le pays.



La terre entière. »



Une bourgade helvète. 1871, 1893, 1913, 1937 comme carrefour d’improbables d’existences, comme prétexte pour une description tendre et ironique d’une famille juive.



Avec cet imposant roman, Charles Lewinsky semble renouer avec les grands romans familiaux du XIX ème siècle. Mais son style est profondément imprégné de la dissolution des mondes du siècle suivant, celui de la sécularisation et des traditions talmudiques, des mutations sociales, de l’exil, des amours contrariées ou abouties, du différent toujours institué comme autre.



Nostalgie d’un monde irrémédiablement disparu. Et puis, 1945 et le retour de l’oncle Melnitz, mort revenu d’entre les morts, personnage fantomatique croisé à de multiples moments dans ce grand livre. Melnitz, notre oncle, mémoire des histoires, des innombrables histoires ensevelies dans le fracassement du siècle.
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Melnitz

Terminé hier soir cette extraordinaire fresque que cette saga familiale dans la plus pure tradition des grands romans du XIXe .



Entre humour juif époustouflant, tragédies, rituels et traditions, l’oncle Melnitz, mort depuis longtemps, vient dans les moments essentiels, rappeler chacun à un esprit critique et à une analyse éclairée des événements.



Des personnages romanesques, attachants ou irritants, prétentieux et ridicules, dévorés par l'ambition, ou bons et généreux, trop occupés à s'aimer, à s'enrichir ou à aider les autres pour écouter les histoires horribles de l'oncle Melnitz, véritable véhicule de la mémoire des juifs persécutés, fantôme qui leur apparaît à des moments cruciaux.



un très bon roman.".
Lien : http://mazel-livres.blogspot..
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Melnitz

Début de lecture ce soir... juste un coup d'oeil sur un article de http://www.atoutlivre.com/Melnitz.html,





Il est peu fréquent qu’un roman de près de 800 pages suscite chez le lecteur un engouement spontané dès les premières pages : une telle somme demande généralement un certain temps d’adaptation, que ce soit aux personnages, à l’histoire, à l’atmosphère ou au style de l’auteur. Avec Melnitz, non seulement on s’y installe d’emblée avec une aisance rare, mais on a de plus l’intuition immédiate d’avoir sous les yeux un chef-d’oeuvre. Et rien, jusqu’au bout, ne viendra ternir cette impression première.





L’histoire de ce roman débute en 1871 à Endingen, petite bourgade helvétique, dans la maison de la famille Meijer, lors du dernier jour de deuil de l’oncle Melnitz. Pour Salomon, marchand de bétail, l’un des notables de la communauté juive de la ville, sa femme Golda, leur fille Mimi, coquette et romanesque et Hannele la laborieuse, une orpheline recueillie par Salomon après sa naissance, la vie quotidienne peut reprendre son cours.



Mais l’arrivée impromptue d’un vague cousin, beau parleur et ambitieux, va bouleverser leur petit monde. Avec lui, la famille Meijer va commencer son ascension sociale, d’abord à Baden, la ville voisine, où Janki va ouvrir son magasin "Aux tissus de France"... et c’est dans la tradition du grand roman classique du XIXème siècle que la saga des Meijer va se dérouler, sur cinq générations, jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale.





Ce qui est avant tout l’histoire de cette famille – avec tout ce que cela implique de grandes joies, de drames, de succès, d’échecs, d’amour – est aussi une sorte d’histoire culturelle et sociale des Juifs de Suisse, décrite par Charles Lewinsky avec un regard d’une grande acuité.



D’un côté, il y a la particularité suisse, pays dans lequel, du Moyen-Âge au XVIIème siècle, il n’y avait pas de Juifs, ceux-ci ayant ensuite été autorisés à résider dans seulement deux villages : Endingen et Lengnau, jusqu’en 1869.



D’un autre côté, il y a le paradoxe d’une communauté partagée entre la force de ses traditions et ses efforts pour s’intégrer dans une société fermée. A commencer par Janki qui, toute sa vie, se démènera pour qu’on oublie qu’il est juif, croyant que « par la normalité de sa vie sociale, il peut être accepté en égal parmi les égaux ».



Ce, au sein d’un pays qui, dès le début du XXème siècle, donnera l’asile à des milliers de réfugiés de Russie et d’Europe centrale. Ce qui n’empêchera pas pour autant un antisémitisme de fait, comme c’est le cas dans toutes les sociétés européennes de l’époque.





« Parfois ils crient parfois ils chuchotent. Parfois ils gardent longtemps le silence et nous pensons qu’ils nous ont oubliés. Mais ils ne nous oublient pas », prévient Melnitz, lequel, revenu en spectateur lors de sa propre veillée funèbre, observe ses descendants et interviendra aux moments cruciaux de leur existence, secouant leurs illusions, « surtout ici en Suisse, où l’on a vécu toutes ces années sur une île ». Tu appartiens au passé, lui répondent-ils, nous, nous sommes entrés dans la modernité. Mais les histoires, elles, sont intemporelles, et n’ont pas disparu de la mémoire de cette société, quand bien même elles sont non seulement fausses mais aussi invraisemblables, quand bien même on est effectivement entré dans l’ère de la modernité... « Plus c’est absurde, plus ils s’en souviennent. Ils se souviennent qu’avant Pessah nous égorgeons des petits enfants et faisons cuire leur sang dans la pâte des "Matze".



Cela n’est jamais arrivé, mais 500 ans plus tard, ils sont capables de raconter la scène comme s’ils l’avaient vue de leurs propres yeux. Comment nous avons attiré le petit garçon loin de ses parents en lui promettant des cadeaux ou bien du chocolat, bien longtemps avant l’existence du chocolat. Ils le savent dans les moindres détails ».



« Melnitz est un personnage qui a existé », explique Charles Lewinsky lors d’un interview : « J’avais dix ans quand ma grand-mère m’en a parlé. Elle vivait en Allemagne, mais avait un passeport suisse, et pensait être à l’abri ; cette idée qu’on peut porter son île dans sa poche... »



Ce thème de l’île sera repris par Pin’has, un des multiples personnages principaux du roman, lequel raconte à Janki et Mimi une histoire issue du talmud, qu’il étudie chaque jour après son travail en boucher : celle de Rabba Bar Chana qui « lors d’un voyage aurait rencontré un poisson entièrement recouvert d’herbe et de sable, si énorme que les marins le prirent pour une île, descendirent et allumèrent un feu sur son dos afin de préparer leur repas.



Cependant, lorsque le poisson sentit son dos brûler de plus en plus, il se roula dans l’eau et les marins se seraient tous noyés si leur bateau n’avait jeté l’ancre à proximité immédiate. Cette histoire n’est évidemment pas vraie.



Les Amorrhéens qui ont rédigé le Talmud savaient que cette histoire était une légende et pourtant ils l’ont conservée et transmise aux générations futures ». Pourquoi ? ,s’interroge Pin’has...



Suite de l’interview : « Voilà qu’un jour, débarque chez ma grand-mère un certain Melnitz, un cousin parti faire carrière à Hollywood. (...) Il frappe à la porte et dit à ma grand-mère : "Quittez l’Allemagne, ça va être horrible". Et il repart (...). D’abord, j’ai cru cette histoire de ma grand-mère, et ensuite j’ai pensé que c’était une légende familiale ».



Inspiré par ce fameux Melnitz ainsi que par son arrière-arrière grand-père d’origine française établi à Baden comme marchand de tissus, tous ses personnages ont été inventés : des personnages tous plus attachants les uns que les autres.



A travers eux, Charles Lewinsky a le don de faire de cette saga une magnifique fresque de la culture et de l’humour yiddish, un monde aujourd’hui englouti. Léa Marcou, la traductrice en français, a témoigné de sa propre émotion en retrouvant, dans la bouche des personnages de Melnitz, le judéo-allemand que parlaient ses propres parents.



Le roman de fait est truffé de mots et d’expressions de cette langue aujourd’hui disparue (que l’on retrouve réunis dans un glossaire à la fin du livre). Une langue qui se lie à merveille au style de Charles Lewinsky ; attisant la curiosité et l’émerveillement du lecteur tout au long du roman.



On a parfois même le sentiment que l’auteur danse au lieu d’écrire : les mots voltigent, les phrases sont des fêtes, les dialogues fins, réalistes, vivants.





Né en 1946 à Zürich, Charles Lewinsky est dramaturge, scénariste, parolier, metteur en scène et romancier. Il a écrit plus de mille spectacles, pour lesquels il a été régulièrement primé. Melnitz est son troisième roman (le premier publié en français) : Salué comme une prouesse littéraire dans chacun des pays où il a été publié jusqu’à présent, Melnitz est devenu un best-seller, et ne peut prendre que ce même chemin en France... où il vient de recevoir le prix du meilleur roman étranger pour l’année 2008.



Florence LORRAIN

traduit de l’allemand (Suisse) par Léa Marcou, 777 pages

Grasset

22,90 €
Lien : http://mazel-livres.blogspot..
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