J'ai rarement lu un bouquin qui décrit aussi bien l'univers fantasmatique-manipulatoire d'un possible paranoïaque schizoïde. Où l'on se demande qui, en fin de compte, manipule l'autre, du patient ou du psy.
Après les quelques pages anodines du début, on reçoit en pleine g…le choc de cette froide, atroce abomination. Et l'on suit Martin Gregory en entrant dans son esprit étrangement illuminé. le roman défile ses pages avec la thérapie analytique. Le sujet, induit en hypnose par son psychiatre, le docteur Sommerville, exhume, au fil des séances où il régresse réellement très, très loin, jusqu'à six personnages dont il serait l'incarnation ultime. Il nous promène ainsi du moyen âge des sorciers jusqu'à Nuremberg à la fin de la guerre. En passant par « Z », l'inaccessible cité mythique que recherche le colonel Fawcett en Amazonie.
Sans compter des fragments de souvenirs réels de son enfance où il aurait peut-être déjà commis un acte barbare, mais que son inconscient bloque obstinément malgré l'hypnose.
Voulant prouver à son psy la réalité de ses identités, il se lance à la recherche de traces de sa dernière incarnation, la seule matériellement accessible.
Nouant au passage une relation des plus ambiguë avec Pénélope, l'assistante du docteur. Tandis qu'Anna, son épouse, oscille entre son amour encore vivant et l'inquiétude sur sa santé mentale.
Par contre la fin (où les cloches battent son plein) m'a laissé dubitatif, frustré même, car si ouverte qu'on ne sait trop où se situe la vérité et qui est dans la réalité : Martin Gregory ou le docteur Sommerville.
En tous cas, ce livre est d'une puissance évocatrice énorme. Si vous avez le courage d'y plonger, je garantis qu'il ne vous laissera pas indemne.
De peur que les ténèbres ne tombent est paru initialement sous un bien meilleur titre : le guetteur, en 1983.
C'est extrêmement déroutant. Lorsqu'on cherche la biographie de l'auteur Charles MacLean, on tombe sur cet expert de l'industrie du whisky, membre de la Chambre des lords, excusez du peu ! de qui on est loin d'attendre ce thriller fantastique. À moins que les vapeurs du whisky…
Trêve de plaisanterie, à mon sens il doit peut-être s'agir d'un homonyme dont il n'y a nulle part trace. Ça pourrait peut-être ressembler à du Selby dans le Démon ? le résumé y ressemble, je vais le lire derechef.
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S’il y a bien quelque chose qui s’inquiète comme elle intrigue, c’est la folie des hommes. Certains vivent avec, s’en accommodent, d’autres tentent de la comprendre, l’analyser, la théoriser pour pouvoir un jour l’endiguer. La psychiatrie s’est construite à travers les siècles en passant par la théorie du grand enfermement à l’intégration dans la vie et le développement de techniques d’analyse comme l’hypnose. C’est l’hypnose dont il s’agit avec « de peur que les ténèbres ne tombent », roman écrit par l’écossais Charles Maclean et paru chez 10/18.
Martin Gregory est un jeune trentenaire new-yorkais tout ce qui a de plus banal. Il vit avec sa femme Anna et ses deux chiens en banlieue et ont l’air d’être heureux. Mais le jour de l’anniversaire d’Anna, Martin va commettre un acte d’une barbarie sans nom et va partir s’isoler sans comprendre ce qui lui arrive.
Bon sang quel gifle. Ce roman des années 80 est une plongée ultra réussie sous la boîte crânienne d’un paranoïaque schizophrénique. Il nous fait découvrir de l’intérieur, les émotions ressenties par le sujet de l’hypnose et c’est d’une efficacité imparable. Vous serez conquis par le roman prenant qui dépeint avec virtuosité la relation ambigüe entre le malade et le psychiatre. Jusqu’au bout, vous ne saurez pas porter un jugement sur l’état mental du patient et sur le caractère manipulatoire ou non de l’hypnose. De peur que les ténèbres tombent est un grand roman qui va vous hypnotiser.
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Un livre qui m'a secouée, un récit perturbant dont on ne sort pas indemne.
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