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Critiques de Charles Plisnier (4)
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Faux passeports

C'est peut-être en partie parce qu'il était un auteur belge que Charles Plisnier a manqué de peu le Goncourt pour son précédent ouvrage "Mariages", mais c'est en ajoutant une nouvelle inédite nommée "Iégor" à un recueil de nouvelles partiellement éditées qu'il retente sa chance en 1937 avec "Faux Passeports". Bien lui en a pris car il a finalement remporté ce prix convoité et amplement mérité du premier Goncourt "non-Français". C'est grâce aux Éditions Espace Nord que chacun peut aujourd'hui découvrir ou redécouvrir cet ouvrage qui présente un double intérêt.



Le premier c'est pour moi la redécouverte d'une page d'Histoire. En effet, ce livre, recueil de cinq nouvelles sur le thème de la lutte de l'Internationale communiste, a ressemblé pour moi à un "Rendez-vous en terre inconnue», le communisme n'étant pas une période ni un mouvement qui m'intéresse particulièrement, j'ai donc fait des révisions intensives et finalement très intéressantes. L'auteur appartenait à l'Internationale communiste et en fut chassé en 1929 au congrès d'Anvers pour avoir choisi le camp des trotskistes. A l'instar de l'auteur, le narrateur dont il se démarque pourtant avec une insistance suspecte "Le "je" de ce livre n'est pas moi." a suivi le même parcours. Il nous conte donc à travers cinq nouvelles des rencontres faites au gré de son parcours, des rencontres fortes et marquantes pour lui, révélatrices d'une époque clef de l'Histoire.



C'est ici que réside le second intérêt de ce livre, car Plisnier nous montre à l'aide de son narrateur, le portait d'une époque en souffrance, où les protagonistes luttent pour un idéal qui leur échappe, où il fait le constat navrant de la dérive communiste au moment où Staline organise les procès de Moscou. Ce constat est ici fait sans amertume, sans critique acerbe, bien plus, il est fait avec de l'amour, l'amour d'un Parti qu'il ne reconnaît plus et l'amour des ces êtres qui s'y sont dédiés corps et âmes, convaincus jusqu'au bout, défenseurs du Parti envers et contre tout, "On peut donner au Parti autre chose que sa vie."



L'écriture de Plisnier est très belle, très académique, parfois un peu trop alambiquée à mon goût mais il ne faut pas oublier qu'elle date de 1937, il m'a donc fallu un certain temps pour en tirer toute la substance. Ben oui parce qu'aujourd'hui on cause quand même beaucoup moins bien, mais on va me dire allons petite réac, la langue évolue, il faut vivre avec son temps, alors Yo Charles, je t'ai kiffé grave ! Malgré quelques paragraphes qui m'ont semblé un peu longuets, il nous sort des petites merveilles d'une grande sensibilité qui dénotent non seulement un grand intérêt pour l'être humain en général mais également une clairvoyance admirable quant aux jugements qu'il porte. Et comme le suggère la postface c'est effectivement l'histoire de Iégor qui a définitivement fait pencher ma balance en faveur de ce roman, un magnifique portrait à ne pas manquer.



Parlant de postface, je dois avouer que celle-ci, écrite par Pierre Mertens est très intéressante et m'a beaucoup aidée pour décoder les feuilles de Plisnier car - non le Plisnier n'est pas un arbre ! Hum... - car, donc, j'en avais bien besoin ! J'en recommande donc la lecture à quiconque qui, comme moi, se sentirait un peu perdu dans cet univers dédié à l'Internationale communiste. L'essentiel est donc, qu'au delà de l'Histoire de ce parti, c'est le parcours de ces individus, leur force de caractère, leurs idéaux, leur dévouement qui permet de comprendre un peu mieux les rouages d'une grande machine capable d'emporter dans ses entrailles des femmes et des hommes dépassés par la folie de l'Histoire.

En cela, ce livre constitue une analyse unique et implacable, que je crois transposable à de nombreuses autres situations politiques ou religieuses, de l'embrigadement inconscient capable de pousser à toutes les extrémités et c'est un coup de génie que Plisnier nous livre avec un temps d'avance sur son époque.



Merci aux Éditions Espace Nord et à Masse Critique Babelio.
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Meurtres, tome 1 : Mort d'Isabelle

Cette chronique est destinée à couvrir les cinq volumes de "Meurtres", œuvre apparemment bien oubliée aujourd'hui, hélas. Parue de 1939 à 1941, je l'ai découverte à l'adolescence et relue beaucoup plus tard avec toujours le même intérêt, sinon la même passion.

On peut comparer cet ouvrage avec "les Boussardel" de Philippe Hériat ou encore "les grandes familles" de Maurice Druon. C'est chaque fois l'ascension d'une famille vers le pouvoir et la reconnaissance sociale. C'est donc de l'histoire d'une bourgeoisie triomphante qu'il s'agit ici.

Mais de quels meurtres est-il question ?

Sont-ce de vulgaires assassinats ?

Ou alors s'agit-il de crimes beaucoup plus élaborés, nécessitant temps et argent pour pouvoir se perpétrer doucettement sans que quiconque y voie malice ?

Mais oui, c'est exactement cela. Durant les cinq volumes de cette "saga bourgeoise" : Mort d'Isabelle - Présence du fils -Martine -Feu dormant - Dieu le prit , Charles Plisnier décrit dans "Meurtres" une série de "crimes au long cours".

Il raconte l'irrésistible ascension d'une famille modeste, père instituteur, dont les rejetons deviendront avocat, médecin, prêtre (comme dans la noblesse de jadis, ou presque) et dans laquelle bien sûr, il y a la brebis galeuse, en l'occurrence Noël, le fils maudit, qui, lui, a commis un véritable assassinat, en l'occurrence celui de son épouse Isabelle, atteinte d'un cancer en phase terminale. Pourquoi ce meurtre ? Tout simplement un acte d'amour envers une personne aimée et souffrant un martyre contre lequel il n'y a rien d'autre à faire que d'administrer la mort. Mais les autres membres de la famille seront-ils en mesure de comprendre cet acte de charité ? rien n'est moins sûr !

Noël sera la première victime de cet ostracisme, visant à écarter de la gloire familiale celui qui ose déroger à ses rites.



Charles Plisnier déploie tout son talent pour épingler cette caste trop sure d'elle, ces membres imbus d'eux-mêmes, incapables de se remettre en cause, détruisant sans état d'âme ceux qui ne sont pas de leur trempe. Plisnier les décortique, met à jour leurs petitesses, leur hypocrisie, leurs mensonges, leurs certitudes de nantis qui n'hésitent pas à considérer ceux qui sont différents comme des parias. Il dépeint avec violence, férocité, hargne et ardeur ces appétits jamais satisfaits de puissance, de reconnaissance sociale où chaque écart devient crime. Avec un art consommé de la mise en scène, il met à nu ces fantoches, victimes de leurs monstrueux appétits et le fait dans une belle langue, une langue fleurie de l'époque où il coulait de source que s'exprimer au subjonctif n'était pas un travers ridicule, mais simplement l'expression de la bonne concordance des temps.



Nous sommes dans les années vingt et trente du vingtième siècle. Nous pourrions tout aussi bien être dans les années dix de ce vingt-et-unième siècle où se déploie un goût de lucre infini, qui met au cœur du citoyen normal une abominable saveur de pourriture !

A découvrir pour tous ceux qui n'ont pas eu cette perle entre les mains, car hélas, toujours d'une brûlante actualité ! et à relire pour tous les autres.



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Faux passeports

La Fédération Wallonie-Bruxelles remet en valeur les titres du patrimoine littéraire belge francophone. La collection Espace Nord, propriété de la Fédération, présente le prix Goncourt 1937 : « Faux passeports » de Charles Plisnier. Voilà une belle initiative !

Charles Plisnier est aujourd'hui méconnu voire oublié. Il est l'auteur d'une oeuvre littéraire importante. Son parcours politique conditionne le sens de son livre « Faux passeports ». Admirateur de la révolution russe de 1917, il devient membre du parti communiste, mais il en est exclu en 1927 pour « déviationnisme trotskiste ».

Publié en 1936, le livre s'enracine dans le contexte historique de l'époque. Les procès politiques se succèdent en URSS alors que les périls montent en Europe.

L'épigraphe « le je de ce livre n'est pas moi. » qui précède l'Avertissement de l'auteur ne saurait égarer. Charles Plisnier témoigne d'évènements et de rencontres mais le romancier s'en est « démarqué » pour ne « pas désigner des vivants … à la police ou aux comités des partis » (p 12). Les cinq récits illustrent l'engagement sans limite de militants révolutionnaires, clandestins, exilés. Tendus vers l'action, leur conviction est sans faille. Santiago, anarchiste espagnol décide de retrouver son pays pour peser sur le destin de la nouvelle république. Dikta pousse l'auteur à retrouver une militante communiste Multi qui défie la torture et la mort. Carlotta et Alessandro ont fui l'Italie fasciste, Corvelise culpabilise d'avoir déserté en 1914. Le cinquième récit paraît le plus abouti, il oppose le narrateur à Iégor, un bolchévik de la première heure. Les grands procès de Moscou ouvrent un débat sur les limites de l' engagement. Iégor soutient " qu'on peut donner au parti autre chose encore que sa vie ".Les décisions du parti dépassent l'entendement du militant , il est nécessaire de s'y plier. Le narrateur a de l'empathie pour ces militants, il observe et cherche à comprendre. La conclusion de l'auteur intitulée « Adieu à ces créatures » lui permet d'évoquer quelques figures célèbres emportées par la tourmente stalinienne. Une postface de Pierre Mertens, écrite en 1991, éclaire ce « roman » à la chute de l'URSS. « Faux passeports » appartient à la lignée des livres prémonitoires : « Retour de l'URSS », « le Zéro et l'Infini »… La qualité et la finesse de l'écriture explique, de surcroît, que « Faux Passeports » fut le premier lauréat belge à obtenir le prix Goncourt. « Faux passeports » de Charles Plisnier est un livre réussi qui mérite amplement une (re)découverte. Merci à Babelio, aux Editions Impressions Nouvelles et à la Fédération Wallonie-Bruxelles pour cette lecture stimulante.

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Faux passeports

Quand je suis tombé sur le livre, il n'y avait pas de résumé sur la quatrième de couverture, alors en voyant le titre j'ai pensé que c'était un livre policier, sur un gangster qui essaie de passer les frontières avec des faux passeports...



Ahah, eh ben... non, loin de là.



Pour le coups, nous sommes sur un ouvrage contenant diverses nouvelles qui ont comme points communs, le communisme et ses adhérents (une nouvelle = un adhérant avec son histoire)



Sur ce livre, j'ai eu des moments où j'avais du mal à suivre l'histoire et a la comprendre. Peut-être que c'est de ma faute, que je n'étais pas suffisamment concentré pour bien tout comprendre, je ne sais pas.



Mais je sais que je ne reviendrais pas sur le livre avant longtemps.
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