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Critiques de Charles Stevenson Wright (7)
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Les tifs

Et si un coup de Silky Smooth pouvait changer une vie ?



C’est le pari - ou le rêve - de Lester Jefferson lorsqu’il décide un matin d’utiliser cette lotion miracle pour lisser ses cheveux, symboles déterministes de sa condition de black de Harlem, condamné à une vie d’américain de second rang alors que le monde n’attend que lui.



Ce qu’il a perdu en crépitude, il l’a gagné en confiance, en insouciance, en arrogance, partant à l’assaut de la gloire et des femmes, de Manhattan et des clubs chics, de la fortune et des voyages. L’attente est immense ; la chute n’en sera que plus dure.



Dans Les Tifs, Charles Stevenson Wright – traduit par Charles Recoursé – nous embarque dans une dérive drôle et loufoque, poétique et musicale, mais aussi profonde et cruelle. Car quand le rêve américain semble à portée de main, la société américaine des années 60 sait rapidement vous rappeler qu’il a une couleur de peau.



Lester, c’est Bandini à Harlem, c’est Don Quichotte à New-York. C’est un pamphlet déjanté et accusateur, au style percutant et marquant. C’est un classique incontournable, superbement illustré des dessins de Felix Godefroy dans la belle réédition du Tripode. C’était une lacune à combler !
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Le messager

Charles Stevenson Wright (1932-2008) est l’auteur d’une trilogie dédiée à New York dont « Le messager », publié en 1963, constitue le premier volume. Un recueil de textes courts, à l’évidence très autobiographiques, où l’on navigue avec le narrateur dans les rues de Big Apple. Un narrateur dont le boulot de coursier lui rapporte moins de dix dollars par jour et qui habite, seul, dans un immeuble décati du nord de Manhattan. Un narrateur vivant parmi les arnaqueurs, les prostitués, les drogués et les travelos. Un narrateur métis au corps splendide et au cul superbe qui n’hésite pas à tapiner dans les bars pour améliorer l’ordinaire, se vendant au plus offrant, homme ou femme, blanc ou noir.





Ça parait glauque dit comme ça mais ça ne l’est pas du tout. Il y a au contraire beaucoup de lumière, une analyse lucide des rapports humains et une savoureuse galerie de personnages à la marge. Attention, ce n’est pas drôle pour autant, loin de là. Mais si je devais comparer « Le messager » avec d’autres romans ayant décrit l’underground New Yorkais, je dirais qu’il se dégage de celui-ci davantage de mesure que chez Selby par exemple (exemple extrême, je vous le concède, tant la vision de Selby est apocalyptique). Ce que je veux dire, c’est que l’écriture est ici plus léchée, tout en retenue. J’ai lu des dizaines de bouquins de ce genre à l'époque où je m'injectait chaque jour de la littérature américaine en intraveineuse et j’ai retrouvé chez Wright la gouaille d’un Icerberg Slim, l’argot et la vulgarité en moins. J’ai retrouvé aussi la fougue et l’insouciance du cultissime « Basket Ball Diaries » de Jim Carroll. Je pourrais aussi citer Bruce Benderson, Jerome Charyn, Chester Himes ou Richard Price. Bref, je suis en terrain connu et j’adore ça.





C’est un petit régal si on aime le genre. Des découvertes comme celle-là, je veux bien en faire tous les jours.
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Le messager

Né dans le Missouri et élevé par ses grands-parents, lecteur avide dès son plus jeune âge, impatient de découvrir le monde, Charles Stevenson Wright (1932-2008) partait en stop toutes les semaines, dès quatorze ans, pour passer le week-end à Kansas City ou St-Louis. Débarqué à Manhattan à la fin des années cinquante, il travaille comme coursier au Rockefeller Center et fait des passes quand il n’a plus d’argent. «Le Messager» (1963) est le premier de trois récits autobiographiques de ses années new-yorkaises.



«Et les voilà qui passent, les voilà qui passent, ces joyeux tordus aux pas pressés, les employés de bureau. Ils ont trouvé leur niche dans ce monde et ils vont se démerder pour que vous le sachiez, que vous ne fassiez rien de stupide qui risque de détruire leur petit univers. Bourgeois jusqu’au trognon. Et voilà les miens, les gens de ma race, qui passent aussi comme autant de points noirs dans un champ blanc. Flot noir et blanc, voix perçantes et éraillées, comme celles de gosses rendus enragés par la faim. Gémissements du trafic embouteillé et hoquets de la ville nauséeuse. Non, non, je n’appartiens pas à ce qui défile là.»



Spectateur incisif de la vie, authentique et lucide, enrageant d’être seul, intégré nulle part à cause de la ségrégation et du racisme, de la pauvreté, et de son dégoût de la routine et des classes moyennes, il livre en chapitres brefs des chroniques de Manhattan, séances de tapinage ou de came auprès des gosses de riche et de la «haute» société, dans laquelle il pénètre grâce à sa belle gueule, spectacle d’une société de bourse un jour d’effondrement des cours à New-York, scènes tragi-comiques, sordides ou touchantes.



«J’ai toujours erré comme un fantôme mal assuré à travers le monde des Blancs.»



Toujours à la marge, Charles Wright dresse une galerie de portraits saisissante de cette ville où tout se côtoie dans l’indifférence ; prostituées, travestis, arnaqueurs ou gitans, ils semblent tous plus vrais que nature, de Claudia la Grande Duchesse, un noir junkie et travesti qui se transforme en «gonzesse du tonnerre», à Maxine la petite voisine, lutin effronté de sept ans qui rencontre Charlie «quelque part entre l’enfance protégée et la sauvagerie du monde adulte», et enfin celui de la grand-mère, paradis de l’enfance.



«Ma vie m’apparaissait aussi vide que celle d’un matou qui, après avoir traîné dans trop de ruelles, n’y aurait rien amassé de plus que le bagage d’une putain.»



Un bagage en forme de récit, cabossé et solitaire, désespéré et drôle, une voix unique à découvrir enfin en français en Janvier 2014 grâce aux éditions Le Tripode.

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Les tifs

New York, années 60. Lester le métis se lève un matin bien décidé à prendre son destin en main. Ras le bol d’être mis au rebut à cause de sa couleur de peau. Première étape vers la gloire, se lisser les cheveux. Avec ses nouveaux tifs aux bouclettes soyeuses, Lester se voit enfin comme quelqu’un d’autre, l’égal des blancs, celui à qui tout va sourire, travail, amour, argent et célébrité. Commence alors une odyssée hallucinée dans les rues de Big Apple où le bellâtre va trimbaler sa dégaine auprès d’une faune pas piquée des hannetons, du travesti surjouant son rôle de drama queen à l’acteur célèbre tombé au fond du caniveau et sortant tout juste de prison en passant par une prostituée vénale et un producteur de disques véreux.



Second volume de la trilogie new-yorkaise de Charles Stevenson Wright (après « Le Messager »), « Les tifs », publié en 1966, est un texte inclassable, à la fois pamphlet et satire acide d’une population noire et métissée dont les rêves de réussite et d’égalité ne pouvaient qu’être un jeu de dupes voué à l’échec. Un roman boycotté à sa sortie par la critique, considéré aujourd’hui comme un chef d’œuvre et qui entraîna son auteur vers une chute inexorable, réduit à la pauvreté, détruit par l’alcool, sombrant dans l’anonymat le plus total jusqu’à sa mort dans un hospice du Lower East Side.



C’est simple, il y a tout ce que j’aime dans ce roman. Une plongée à la marge directe, terrible, violente, désespérée, portée par un cynisme tranchant, un humour noir dévastateur et une succession d’événements surréalistes tirant souvent vers l’absurde et frôlant parfois l’hystérie. C’est cash, sans fioriture, tout son sauf consensuel. Le cri de colère d’un écrivain enragé et d’un narrateur perdu entre fantasmes d’une vie meilleure et lucidité face à une réalité sans pitié : « Je m’imaginais que ma chance allait tourner. Est-ce qu’elle avait tourné ? Non, la vie me tenait toujours par les couilles et m’injectait des lavements empoisonnés dans le cul. » Ou encore « On s’en prenait à moi depuis si longtemps. Une mètre cinquante-cinq pieds nus, soixante-trois kilos tout mouillé. L’air d’un gamin, avec une démarche de marin à terre, un visage typiquement métissé : un Américain issu d’un pot de chambre bouillonnant, fruit d’au moins cinq races différentes copulant par deux ou trois comme dans une partie de chaises musicales ».



Un roman qui transpire l’urgence, irascible, affûté comme une lame. Typiquement ma came.




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Le messager

J'ai adoré ce livre.

New York en 1963 raconté par un Noir (métisse, ça a son importance), coursier de profession, prostitué à ses heures, porté sur l'alcool et la drogue. C'est toute une faune new-yorkaise qui prend vie dans ces pages : laissés pour compte (prostituées au grand coeur, travestis, noirs avant les droits civiques) mais aussi privilégiés (vieilles dames riches, traders de Wall Street)....

Le livre se lit autant comme un témoignage sur l'époque (population de New York au début des années 60, situation des Noirs en Amérique avant les Droits civiques) que comme un ouvrage d'intuition, de poésie pure, quelque chose d'à la fois métaphysique et poétique. C'est en ce sens un objet assez unique.

Les évocations d'ambiances new yorkaises sont très réussies, les pages sur la guerre sont extraordinaires, tout comme celles qui évoquent la grand-mère du narrateur. A la manière d'une chanson de Billie Holiday (à laquelle le livre est dédié), tout cela est assez noir et pourtant pas du tout déprimant, ce livre est d'une compagnie délicieuse. J'ai hâte de lire "Les Tifs" du même auteur.

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Le messager

Né en 1932 dans le Missouri, Charles Stevenson Wright arrive à Manhattan à la fin des années 1950. Il travaille comme coursier au Rockefeller Center et fait des passes quand il n'a plus d'argent. Le Messager (1963) est le premier roman de sa trilogie romanesque dédiée à New York et à ses marges. En grande partie autobiographique, ce récit dresse une galerie de portraits de marginaux, prostitué(e)s, gitans, travestis, drogués qu’il côtoie dans une ville gangrenée par le racisme et la pauvreté.



James Baldwin dira : "On dévore ce livre avec une hâte d'autant plus douloureuse qu'il est à la fois si mesuré et si tendu. Parfois on n'a plus l'impression de lire un roman, on jurerait que quelque chose vous arrive. Je croyais entendre la musique, sentir les odeurs, découvrir toutes ces rues et rencontrer tous ces gens et j'étais assailli sans cesse par l'étonnement même qui nous assaille si souvent dans la vie (...). Peu importe ce que peuvent dire les sages de la Cité. Telle est New York..."
Lien : https://balises.bpi.fr/litte..
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Le messager

Note 4134

Habitation 4 : la débrouille, la misère, et les amours

Edification 1 : pas le sujet non plus

Emotion 3 : nos propres imperfections sont mises à jour

Style 4 : du Buchowski, en plus trash
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