8 mai 2023
François Guérif (directeur de la collection "Rivages Noirs") parle de l'écrivain Charles Williams, adapté de nombreuses fois au cinéma.
Ça avait l’air idiot et très sentimental, un peu boy-scout même, de dire « Je veux que ma femme soit heureuse », mais quand on y réfléchissait, ce n’était qu’une façon de dire : je veux être heureux.
On ne peut pas vivre avec une femme heureuse sans être heureux soi-même.
Rien de plus facile que de tendre la main, de lui retirer la gnôle et de la balancer par la porte. On ne m'appelait pas Berliet pour rien. Je pensai à le faire et me demandai pourquoi j'hésitais, mais tout au fond de moi, je savais pourquoi. C'était à la pensée d'affronter ses railleries quand il serait dégrisé et que je devrais lui expliquer les raisons de mon geste. Ca aurait l'air si bête à ce moment là ! C'est drôle, pensai-je, comme on peut avoir peur d'un tas de choses tout au long de sa vie, mais ce que l'on craint toujours le plus, c'est le ridicule.
Miss Harrington ? Eh bien ! C’est elle qui avait le liseron qu’a été la cause de tout ce raffut. […]
Un liseron tatoué, avec des petites feuilles bleues, qui grimpait tout autour d’une de ses poitrines, comme un sentier grimpe après la montagne, avec une rose en plein milieu.
Billy, huit ans…Miss Harrington vingt trois !
Nous remontâmes sur la plage, vers le feu qui n'était plus qu'un lit de braises rougeoyantes. [...]
Nous nous étendîmes sur la sortie de bain jaune et regardâmes le vent fouiller les braises et envoyer des étincelles voltiger dans les dunes vides.
La plage était noire sur des kilomètres et nous étions les seuls êtres vivants sur un continent sombre et sauvage. Elle avait ôté son bonnet de bain et la lueur du feu qui mourait jouait dans ses boucles et chauffait les doux contours de son corps.
Les grands chênes blancs, de l’autre coté du vallon, étaient voilés et sombres comme les nappes de brumes éparses, et sur ceux qui n’étaient pas loin, nous apercevions les anneaux gris-brun qui révélaient les niveaux des eaux pendant les crues d’hiver. Un moqueur se réveillait, et seul son chant accompagnait le gargouillement profond de l’eau sur le banc de sable en dessous de nous.
- C’est joli, non ?
Je m’imagine parfaitement écouter l'oiseau-moqueur chanter devant ce beau paysage embrumé à l’aube....
Mon oncle Sagamore se penche pour regarder de plus près le premier chasseur. Ensuite, il s'avance vers l'autre, le fait rouler un petit coup sur lui-même et l'examine aussi. Après quoi, il revient vers nous, s'accroupit et sort sa carotte de tabac. Il l'essuie sur sa jambe de pantalon, en détache une grosse chique d'un coup de dents et secoue la tête :
- Sacré nom de nom, ça devait être pénible à voir. Les pauvres bougres se sont tiré dans le dos.
Le docteur Severance approuva d'un signe de tête :
- Exactement, et c'est pour ça que c'était si pénible. Ils ont vu venir le coup, les malheureux, mais c'était trop tard. Au moment même où ils appuyaient sur la détente, ils se sont rendu compte de ce qu'ils venaient de faire. Ils se sont retournés pour essayer d'esquiver, mais macache.
Lee leva les yeux sur moi. Aucun de nous deux n'avait bougé.
Une mèche de cheveux était retombée sur son front et on aurait dit une zébrure à l'encre de chine sur la paleur mortelle de son visage.
Les choses tapies dans l'obscurité au-delà du feu de camp étaient toujours bien plus terrifiantes que les autres, celles qu'on pouvait voir.
Elle se demanda combien de crimes l'espèce humaine avait bien pu perpétrer au nom de ces nobles causes qu'étaient la liberté, la religion et l'amour.
Je me souviens de m'être trouvé debout près de la voiture quelque part sur une route de campagne sombre, à fumer et écraser mon mégot sous ma semelle de chaussure en pensant : j'ai trente ans et ce n'est qu'une gamine - rien qu'une belle gamine aux grands yeux, une gamine pas très bavarde. C'est tout ce qu'elle est. Et l'embrasser, c'était comme percuter un camion de nitroglycérine.