AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Charles Wright (164)


Entremêlant à son français de vieux mots de patois, elle nous cause du pays avec un accent à couper au couteau. En écoutant cette logorrhée chantante, je songe au mot de Stendhal, quittant la France méridionale, au parler sonore, pour celle du Nord qui lui paraît triste, cérémonieuse, compassée : « On dirait que le bonheur disparaît avec l’accent.»
Commenter  J’apprécie          470
Au lieu de de légiférer sur l’écriture inclusive ou la fessée aux enfants, les hommes politiques feraient mieux de s’occuper de choses sérieuses, (p 307)
Commenter  J’apprécie          430
Que le christianisme soit perçu comme une religion qui donne le bourdon me semble incongru au possible. Pour moi, c'est la religion de la vie intense, un grand éclat de rire, comme celui que laisse échapper Sarah quand elle apprend qu'à son vieil âge, elle va enfanter un fils, Isaac, qui signifie « Dieu rit ».

Le christianisme est joie, jubilation, allégresse, c'est une religion solaire, celle qu'expriment avec tant d'allant François d'Assise, Charles de Foucauld, Séraphim de Sarov, Aliocha et le staretz Zozime dans Les Frères Karamazov. Comment en serait-il autrement ?

Quand on sait que le néant n’a pas le dernier mot, on est gagné par une franche gaieté et une folle envie de danser...
Commenter  J’apprécie          411
Notre vocation, c'est de passer. De fendre la haute mer sur nos bateaux ivres. Alors, oui, le voyage continue. « Jamais arrière », disait Foucauld. « En avant, route ! » répliquait son frérot, Rimbaud. Allons droit devant, tendus vers l'invisible. En continuant d'espérer, malgré le désespoir et les peines, que nous sommes faits pour la fête et la joie sans ombre, et que la terre promise est devant nous.
Commenter  J’apprécie          380
À la liste des droits de l'homme, Baudelaire suggérait qu’on ajoutât « le droit de se contredire et le droit de s'en aller ». L’aventurière Isabelle Eberhardt revendiquait, elle, le « droit à l'errance et au vagabondage ». Dans Heures de Tunis, elle écrit : « Pour qui connaît la valeur et aussi la délectable saveur de la solitaire liberté, l'acte de s'en aller est le plus courageux et le plus beau. » Je me suis toujours senti de mèche avec les gens qui enferment leurs vies dans une valise et qui s'en vont. Rimbaud, Casanova, Charles de Foucauld, Kerouac, Benoît-Labre, une mystérieuse parenté m’attire depuis toujours vers ces destins de moines, de pèlerins, de vagabonds célestes. Ces irréguliers ont eu le courage de rompre. Ils ont pris la tangente comme on prend le maquis.

L’année dernière, un concours de circonstances m'a donné de marcher sur les pas de ces détachés. Le hasard a de l'humour : plus de vingt ans après la fugue, il m'offrait gratis l'occasion d'une nouvelle échappée

Pour expliquer cette incongruité, Je dois faire mon coming out chrétien. J'ai bien conscience qu’afficher cette qualité n'est pas la meilleure façon d'entrer dans un livre. Avouer par les temps qui courent que renseignement d'un charpenrier juif donne du sel à votre vie, la conduit même vers les profondeurs, c'est se condamner à récolter des haussements d'épaule.

Manifestant un certain dédain pour les modes, je m'accommodais de cette relégation. J’avais découvert que les béatitudes valaient leur pesant d'or. À les prendre pour balise, l'existence voguait vers des bonheurs qui surpassaient les engouements du moment.
Commenter  J’apprécie          350
- Margeride, Aubrac, Causses, Cévennes : les quatre régions qui forme la Lozère sont des solitudes. Ce département est une addition de déserts, dis-je, fasciné.
- Oui, il bat tous les records, mais c’est inversés. C’est le département le moins peuplé de France, avec la plus faible densité au kilomètre carré, le plus petit chef-lieu, la plus petite sous-préfecture. On dirait qu’il s’excuse d’exister, qu’il veut disparaître, ne pas se faire remarquer.
- Ce mauvais élève à d’autres arguments à faire valoir. A l’heure du cloud et de l’homme augmenté, l’irruption de ce désert, avec ses rocailles, ses troupeaux, son silence, nous ramène au point de l’origine. Dans ce royaume du pur espace et du rien, on peut éprouver comme nulle par ailleurs une sorte de conjugalité fabuleuse avec le monde. Une incomparable qualité de solitude, aussi. (p 305/306)
Commenter  J’apprécie          322
On ne peut vivre dans un paroxysme constant. De fait, n’est-ce-pas plutôt dans le consentement à l’humble répétition des jours, dans les épousailles avec l’ordinaire, qu’il faut rechercher les clefs du bonheur, à l’image de cette grand-mère affairée dans son potager à prélever les mauvaises herbes ?
Commenter  J’apprécie          280
La petite église romane fortifiée de Saint-Laurent est close. Dommage : une église fermée, c’est un soleil éteint, un cœur qui se refuse. On ne devrait jamais fermer la porte d’une église…Et même si les hommes légers n’y viennent jamais, encore faudrait-il la laisser ouverte afin qu’y entrent le soleil, l’oiseau blessé, le chien perdu, le fugitif et l’âme errante.
Commenter  J’apprécie          262
Je tiens de vieux moines avec lesquels j’ai vécu que plus on a de religion, moins on en parle, et que les choses de l’Esprit se manifestent toujours de façon discrète, à bas bruit.
Commenter  J’apprécie          250
On oublie parfois que l’âme, comme le corps, a des besoins. Il est temps que je donne à la mienne un peu de beauté, de liberté, de silence, seuls breuvages capables de la désaltérer.
Commenter  J’apprécie          250
C’était en 1996. Jacques Chirac était président de la République. Sa jovialité et sa classe décontractée avaient tiré le pays de la torpeur bourgeoise des années Balladur. Pendant l'hiver, une ambiance de kermesse s'était répandue dans Paris après que les bottes de Juppé eurent jeté les gens dans la rue. Nous vivions encore sous l'ancien régime : Internet balbutiait, les téléphones portables n'existaient que dans l'imagination d'ingénieurs fous. Les existences se déroulaient sans textes, ce qui n'était ni sans charme, ni sans désagrément. Ainsi, quand nous devions œnter fleurette, il fallait franchir la douane des parents :

— Bonjour madame, pardon dc vous déranger, pourrais-je parler à Camille s'il vous plaît, de la part de Charles ?

Le Top 50 passait en boucle les chansons d’Oasis, dc Doc Gynéco et Lemon Tree, Ie tube des Fools Gardens.

Raphaël et moi avions quatorze ans. Notre amitié avait éclos sur les bancs d'une école maternelle du quartier Mouffetard.
Commenter  J’apprécie          250
Pour moi, je tiens à cette opinion, quand bien même elle ferait de moi un hérétique: les animaux ont une âme. Je refuse d'être sauvé sans les bêtes. Que ces dernières soient laissées sur le parvis de nos églises m'indispose hautement. J'aimerais qu'elles aient le droit d'entrer, qu'elles chantent avec nous la grande louange des vivants. Et si l'au-delà existe, je ne conçois pas d'y voguer sans des ânes, des vaches, des moutons, des chiens et des volées d'oiseaux.
Commenter  J’apprécie          233
Pourtant, moi non plus, je ne suis pas engagé sur les sentiers de la gloire. A trente-sept ans, admettons-le, le bilan est pâlot: pas de femme, pas d'enfants, pas d'endroit où reposer la tête. En outre, mon compte en banque est faiblard, et je suis propriétaire de rien. Le scooter que je chevauchais à Paris, je l'ai donné à un ami en entrant au noviciat. Et le seul bien qui me reste-une bibliothèque richement pourvue-n'a guère de valeur marchande ou symbolique à l'heure du règne des écrans plats. (p. 57)
Commenter  J’apprécie          200
Moi je ne savais plus très bien ce que je croyais. Des années de recherche m’avaient conduit vers ces régions du silence où tous les mots de la foi défaillent. Les pieuseries, les bondieuseries, le bla-bla spirituel mettaient mes nerfs à vif. Il n’y avait que l’amitié des pauvres et la radieuse beauté du Christ sur les vieilles icônes russes pour m’introduire au seuil de la prière silencieuse.
Commenter  J’apprécie          162
Décidément, le marcheur est l'homme de l'occasion, un flâneur qui fait provision de surprises au fil du chemin. La Sécurité sociale devrait prescrire ce genre de voyages à tour de bras. A cette école buissonnière, on apprend la joie de la rencontre, l'art de saisir les circonstances et de s'amuser de tout.
Commenter  J’apprécie          140
La France est un immense jeu fléché. Je rêve de rencontrer l’homme qui peint les chemins en rouge et blanc, les couleurs de ce GR4 qui nous mène désormais sur les collines de la Margerie, où des chaos de granit s’égrainent parmi des forêts de sapins, des cultures de seigle et des landes à myrtilles. Sur cette mer de cabosses, des meules de foin, auxquelles le soleil donne l’allure de pièces d’or, s’alignent à perte de vue.
Commenter  J’apprécie          140
Au puy de la Védrine, j’égare un caleçon qui séchait sur mon sac à dos, accroché à une pince à linge. Que diront les archéologues s’ils retrouvent cette pièce au cours de leurs fouilles ? Que sur des monts chauves, on s’adonnait à des orgies pour célébrer la beauté du monde ? De fait, de cette tête de vallée posée à l’extrémité septentrionale du Massif, le panorama est une splendeur. […]. Devant nous, une enfilade de crêtes acérées, de pics dressés, d’arêtes effilées comme des lames. Avec ses allures viriles de montagne alpine, la chaîne du Sancy évoque une immense érection. Derrière nous, les douces, gracieuses et féminines courbures des volcans de Dôme dont les ondulations suggèrent des mamelons nourriciers.
Commenter  J’apprécie          120
L'époque a besoin d'hommes de silence, de solitude et de prière. On ne peut pas vivre indéfiniment sans orienter son regard du côté des étoiles. Des jeunes de plus en plus nombreux se détourneront de notre système en surchauffe pour aller chercher dans les altières solitudes de l'Athos ou dans les vallons cisterciens des réponses à leur soif de sens.
Commenter  J’apprécie          110
J’aimerais tellement dire à Henri que la religion qu’il a rejetée n’est pas le christianisme, mais sa caricature !
.....
Que suivre les pas du Galiléen ne consiste pas à s’enliser dans des ornières dogmatiques ni à s’adonner à une passion triste. Que le christianisme, enfin, n’est pas une morale ou une idéologie, mais une voie de transformation de l’être, une doctrine de l’éveil, un chemin de liberté. Mais n’étant pas là pour faire de la retape, je ne dis rien. Peut-être d’ailleurs est-ce en apprenant à se taire, après avoir, au cours des siècles, beaucoup trop parlé, que les chrétiens redeviendront crédibles ?
Commenter  J’apprécie          90
Cela fait presque un mois que nous vivons sans Internet, ni radio, ni télé, ni journaux, sevrés des vaguelettes de l’actualité. Les bienfaits de cette cure d’inactuel sont incalculables. Quand on se coupe du vacarme ambiant, qu’on se dégage de l’écume, l’âme s’allège et se dilate. On devient attentif à ce qui compte vraiment et se produit souvent sans bruit, dans le secret, loin des caméras: un lever de soleil, l’apparition d’une bête, le souvenir d’un être cher. Pendant un mois, notre actualité, ce fut celle des reliefs, des fleurs, des vaches, des saints, des rencontres et du vent…
Commenter  J’apprécie          90



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Charles Wright (480)Voir plus

Quiz Voir plus

Qui a écrit ça ? [3]

QUEL ROMANCIER A ECRIT CES PHRASES: « Nous disons bien que l’heure de la mort est incertaine, mais quand nous disons cela, nous nous représentons cette heure comme située dans un espace vague et lointain, nous ne pensons pas qu’elle ait un rapport quelconque avec la journée déjà commencée et puisse signifier que la mort — ou sa première prise de possession partielle de nous, après laquelle elle ne nous lâchera plus — pourra se produire dans cet après-midi même, si peu incertain, cet après-midi où l’emploi de toutes les heures est réglé d’avance » ?

Marcel Proust
Virginie Despentes
Guy de Maupassant
Louis Aragon

10 questions
15 lecteurs ont répondu
Thèmes : littérature françaiseCréer un quiz sur cet auteur

{* *} .._..