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Critiques de Charlie Kaufman (5)
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Antkind

Charlie Kaufman scénariste, nous avait fait entrer « Dans la peau de John Malkovich » .Romancier, il nous invite dans la tête de B.Rosenberger Rosenberg , critique de cinéma ( surtout de films déjantés confidentiels et/ou inexistants) , égotiste , obsédé et atteint de « wokisme » aigu. Cet étrange personnage fait la connaissance de son voisin ,un vieillard afro-américain ,qui l’invite à visionner l’œuvre de sa vie , un film de 23 heures , puis meurt . B.Rosenberg décide de faire connaître le film mais celui-ci est détruit , alors il entreprend de le reconstituer de mémoire . A partir de cette trame déjà pas mal « allumée » ,Kaufman entraine le lecteur dans une sarabande infernale de réalité , de rêves , de visions .Les arcs narratifs éclatent en réalité parallèles , perpendiculaires voire obliques nourries d’une culture cinématographique proliférante , passant de gags potaches à des spéculations quasi métaphysiques sur le temps et la mémoire . Sans oublier une veine comique permanente à base de clowns et de clones , de « slapstick » et de Monty Python et un dézingage en règle de la critique cinématographique et du politiquement correct. Enfin vous y apprendrez au passage que les américains ont ramené deux bébés de la Lune ou que le président Trompe est amoureux de son double robot ..Etonnant non ?
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Antkind

L’ouverture : le monstre de Saint Augustine, les enfants, le docteur, les sourds. Se joue ici l’intrigue qui en dit long sur l’univers de Kaufman, qu’est-ce que ce monstre, pourquoi ici, que dit de l’innocence des enfants et l’impossibilité de dialogue avec le docteur s’occupant de sourds et n’ayant pas le temps de venir voir le monstre. S’ouvre par ce biais la genèse d’Antkind, au commencement était l’innocence et la confrontation de cette dernière à l’inconnu. Puis vint le doute, le questionnement, la mise en abime et l’introspection, car après tout ce monstre ne serait-ce pas nous ?



C’est là, par cette scène, qu’est introduit le roman de Charlie Kaufman, et c’est là que démarre le long périple de B. Rosenberger Rosenberg, un critique de cinéma, au milieu de la nuit, en voiture, confronté à la chaleur, aux insectes, perdus au milieu de nulle part, en route pour Saint Augustine, Floride, États-Unis d’Amérique. Direction un appartement, pour écrire un livre sur le genre au cinéma, comprenez ici l’identité de genre ( il, elle, iel). Tout de suite, nous plongeons dans sa psyché, dans son imperfection et ses déconstructions en cours. B. est, à l’image de sa barbe, prétentieusement désuet, intellectuel, vaniteux par extension de sa vie affective, se nourrissant d’une image de lui voulant vivre avec son temps. Ici B. questionne le genre, la forme du ” iel”, la nécessité et déconstruit inlassablement des poncifs qu’ il reproche à la société. Le ton est donné, la partition est enivrante dès l’ouverture, il y a cette urgence dans l’écriture qui fait la signature de Charlie Kaufman depuis… Depuis toujours.



Car avant Antkind, Charlie Kaufman est un scénariste talentueux à qui l’on doit ”Eternal Sunshine of a spotless Mind », « Dans la peau de John Malkovich », « Adaptation » ou encore « Confessions d’un homme dangereux ». Mais c’est aussi un réalisateur, ayant à son compte trois longs-métrages, dont un d’animation ( « Synecdoche, New York », « Anomalisa » & « Je veux juste en finir »). Multipliant les médiums pour exprimer sa créativité, en 2020, il publie Antkind chez Random House, que nous découvrons deux ans plus tard aux éditions du Sous-Sol, avec la prestigieuse traduction de Claro. Mais reprenons…



…Ce périple va mener B. à rencontrer son nouveau voisin, un centenaire, ayant réalisé une œuvre en stop motion,quatre-vingt-dix années de labeur, pour aboutir à un film unique qui n’a jamais eu de spectateur. D’une durée dantesque totale de trois mois, battant le record du film le plus long détenu par Zhang Shichuan ( L’incendie du monastère du lotus rouge, avec une durée de 27h). Un film absolu, total, s’ouvrant sur un homme avançant difficilement dans une tempête. Un film dont l’auteur souhaite qu’après le visionnage, l’œuvre soit détruite par son unique spectateur. Ce que s’engage B., du moins dans un premier temps, à faire. Car ici, l’œuvre l’absorbe, le malaxe, le digère, le chie, puis recommence, etc.. Etc.. Etc…Quant au 17e jour du premier visionnage, l’auteur meurt subitement. B. se retrouvant seul, finissant malgré tout par regarder l’intégralité du film. Convaincu de l’absolu perfection de ce dernier, il décide de le charger dans un camion pour l’emmener à New York et le faire connaître au monde entier. Sauf qu’ il y a toujours un inattendu qui se glisse dans les meilleurs récits. Donc sauf que le camion brûle, que B. brûle et se réveille trois mois plus tard à l’hôpital, partiellement amnésique, avec plus qu’une seule image du film en main.



Comment rendre hommage au film, comment le décrire, l’écrire, avec une mémoire partiellement effacée et plus qu’une seule image de la dite œuvre. C’est la quête ultime de la vie de B. qui finit par atterrir chez un hypnotiseur pour retrouver la mémoire.



Charlie Kaufman propose une sorte de récit fourre-tout, méta et résolument moderne, faisant invariablement écho à ses précédents films et scénarios. En grand explorateur des névroses et de la psyché de son personnage, l’auteur prend un malin plaisir à nous balader dans un univers sans réelle frontière entre fantasme et réalité. Un univers en déconstructions où nous suivons l’inévitable chute de B. comme effet collatéral de son obsession.



B. étant un personnage haut en couleur, mais surtout prétendant être ce qu’il n’est pas, préfèrent la posture, l’image de l’intellectuel aux goûts esthétiques sûrs et à la mémoire parfaite, lui assurant à tout moment des références culturelles, surtout cinématographique, étant critique, d’apparence pointue. Des références qu’il n’hésite pas à remanier pour servir son propos et son narratif autour de lui. De ce périple et surtout de ce protagoniste que nous suivons durant plus de huit cents pages, nous découvrons le parcours d’un antihéros dans sa quête obsessionnel, sous couvert de grand principe, mais avant tout pour une gloire qu’il n’a jamais eu.



Antkind est également un terrain de jeu pour Charlie Kaufman, distillant ses idées au compte goûte, au détour de passage, par le truchement de l’absurde souvent, pour nourrir son propos, ainsi la seconde moitié du roman est une merveille du genre, dressant un portrait d’une Amérique dans ses excès et la projetant dans un avenir saturé de ses propres névroses capitalistes et individualistes.



Je parlais plus haut du parcours de l’auteur, il y a une logique d’ensemble, tout se répond, tout s’est toujours répondu, et finalement qu’importe le médium, Charlie Kaufman, fait du Charlie Kaufman, en grand explorateur de la fiction méta, il se permet de nombreuses digressions drôles, pertinentes et absurdes, donnant une sensation d’infinie possibilité créative dans ses œuvres et particulièrement à l’écrit.



Antkind est une merveille littéraire, un objet fascinant, qu’il faut lire, puis relire, explorer, décoder, chercher les références pour comprendre toute la subtilité du récit. C’est un roman généreux qui saura pleinement satisfaire les lecteurs avides d’expérience singulière et de curiosités compulsives. C’est indéniablement une réussite, magnifiquement traduit par Claro.
Lien : https://www.undernierlivre.n..
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Antkind

Mes cent premières pages d'un livre en cent mots



Charlie Kaufman est un créateur génial dont l'empreinte sur le cinéma indépendant a marqué les années 2000 au travers d'œuvres comme Being John Malkovich ou Eternal Sunshine of the Spotless Mind, qui s'appuient sur des personnages névrosés et explorent au plus profond la psyché de l'être humain. Traduit par le brillant Claro, Antkind s'inscrit parfaitement dans cet ensemble et témoigne d'une passion érudite pour le septième art, nous invitant dans l'esprit de B. Rosenberger Rosenberg, réalisateur et critique échoué. C'est drôle, dès la première séquence. Et c'est une chance unique de se faire son propre film scénarisé par Charlie Kaufman.



CENT pour 100 - numéro 12



Antkind - Charlie Kaufman, Éditions du sous-sol, 2022
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Antkind

Le scénariste de « Dans la peau de John Malkovich » publie « Antkind », un énorme, brillant et hilarant « cinéroman », où il règle ses comptes avec la critique.
Lien : https://www.nouvelobs.com/bi..
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Antkind

Il n’est guère étonnant qu’Antkind, son premier roman, soit un pavé gorgé d’intrigues et de personnages vrillant autour d’un critique de cinéma médiocre qui cherche à retrouver un film magistral, et inconnu, détruit au début du récit.
Lien : https://www.lemonde.fr/livre..
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