À l'ombre de Wagner, une querelle familiale sur fond d'opéra.
Habilement construit, à la fois drôle et violent, plein de suspense, le nouveau roman de Charlie Roquin est une réussite.
Coup de Coeur WebTvCulture !
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La référence à Apocalypse Now est si évidente que Dalmatius ne la précise pas en demandant:
" Tu sais pourquoi je déteste ce film ?
- Pourquoi ? gémit Moshe, de la fumée plein les poumons.
Parce qu'à cause de la scène de l'hélicoptère, quatre-vingt-dix-neuf pour cent des gens réduisent Wagner à la chevauchée des Walkyries aussi bêtement que si, dès qu'ils entendaient le mot "Italie", ils s'écriaient "Pizza !"
Putain de scène de l'hélicoptère. putain de Coppola. En voulant rendre hommage à Wagner, il l'a bien desservi.
- Comme Hitler", dit Moshe...
(page 165)
A la télévision, il comprenait mal pourquoi des gens nerveux, manifestement sur la défensive, répétaient sans cesse « république », « valeurs républicaines », comme un mantra, un nom aussi sacré que, pour d’autres, celui de Mahomet. Pourquoi les Français défendaient-ils un régime qu’ils n’arrêtaient pas de critiquer ? Comment pouvaient-ils, tous les cinq ans, s’enticher d’une espèce d’homme d’affaires, espérer qu’il changerait tout, constater qu’il ne changeait rien, le prendre en haine et s’enticher d’un autre ? […] Sans être spécialement royaliste, ni religieux, il estimait que le pouvoir, pour être bon et respecté, inspiré et inspirant, devait être mêlé de sacré. Un chef devait se situer sur un plan supérieur, plus stable que celui du commun. Il devait être au-dessus de la mêlée, en dehors du souk.
Ça consiste en quoi, bras droit d’ un type qui sert à rien….?
Je ne dis pas davantage que tout était parfait, un chef-d’oeuvre n’a pas à l’être, on lui demande seulement – mais c’est tant – d’être inspiré et inspirant, habité et habitable dans le sens où l’on peut y entrer, y déambuler, y contempler de l’intérieur le génie de l’architecte et le talent des artisans. Or qu’avons-nous entendu ? Une cathédrale…
Quand je repense à Djerba… C’était cool, hein ?
Dans le mille. En évoquant le séminaire où nous avons sympathisé, il choisit un thème large et agréable, parfait pour ranimer la discussion. En réalité on se faisait tous les deux chier au bord de la piscine pendant que nos collègues se livraient à une frénésie de divertissements. Cependant ni lui ni moi ne souhaitons présenter les choses de cette manière et, par chance, les souvenirs sont malléables. Je confirme :
– Qu’est-ce qu’on a déconné… Le karaoké… le Time’s Up géant…
Rémi abonde :
– La chasse au trésor, le jet-ski, la soirée couscous…
Ce que Moshe préférait écrire, et son public lire, étaient ses critiques sur le vif, a fresco, prêtes dans son esprit dès la chute du rideau, publiées le soir même sur son blog et les réseaux sociaux...
La musique, la vie ne sont que mouvement. On se croit important, on s’attache aux gens, on juge telle situation désespérée, prodigieuse, finalement tout passe. Page 207
Dans le métro
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(« Embaucheriez-vous cet
homme? » avec la photo d'un Noir qu'on n'a, en effet, pas très envie d'embaucher)
Pour ne pas tenter les pickpockets, fermez bien votre sac et surveillez vos effets personnels.
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Un paraplégique qui joue de l'accordéon
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closed and..
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Une rouquine aux yeux verts
... verschließen Sie Ihr Gepäck und achten Sie auf Ihre
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... cierre su bolso y mire sus pertenencias...
Il y a également un sondage demandant aux lecteurs du Figaro s’ils condamnent les derniers propos de Trump au sujet des migrants mexicains. Je réponds « oui » par principe, sans connaître lesdits propos, et découvre qu’à ma différence 80 % des votants les approuvent – ils ne devaient pas être si choquants.
Un malaise indéfini perturbait Moshe depuis son arrivée à la gare. Ses rapports avec Petula avaient toujours été faux mais quelque chose, cette année, dissonait particulièrement, Le ciel était trop bleu, tout semblait trop parfait. Il pressentait un drame comme on pressent l’orage. page 33