S'il est un écrivain qui a inspiré Manson depuis le début, c'est Roald Dahl avec son Charlie et la chocolaterie. Fasciné par le personnage de Willy Wonka, [...] il s'est très tôt identifié à lui. Wonka est l'anti-héros parfait. Celui dont il faut se méfier car il est prêt à tout pour vous faire entendre raison. Pour faire comprendre aux enfants qui visitent sa chocolaterie où sont leurs torts, il les punit en retournant leurs péchés contre eux. [...] Voilà qui a beaucoup plu à Marilyn Manson. Puisque ses parents, ses professeurs, et finalement le pays dans lequel il vit, ne veulent pas comprendre que leurs théories religieuses et bornées ne font que les frustrer, [...], alors il deviendra ce personnage dont ils ont toujours eu peur. [...]
Marilyn Manson a choisi un auditoire accessible.
C'est pour cette même raison que Willy Wonka a, dans le roman, décidé de trouver un enfant pour prendre sa relève dans la chocolaterie : "Il y a des milliers de gens très capables qui donneraient tout au monde pour être à ma place. Mais je ne veux pas de ces gens-là. Je ne veux pas d'une grande personne ici. Un adulte ne m'écouterait pas. [...] Il tenterait de procéder à sa manière et non à la mienne. C'est pourquoi il me faudra un enfant." [...] Et l'on relève dans cet extrait le même paradoxe qui poursuit Marilyn Manson depuis le début de sa carrière : il prône la liberté de pensée et l'épanouissement de soi, tout en se mettant involontairement en position de Dieu que l'on suit et imite.