On s’est assises à la table du salon. Elle voulait savoir ce que j’attendais de la vie.
« Qu’elle soit à la hauteur. » Ça l’a fait rire.
Le fric et les sentiments sont les mobiles préférés des meurtriers. Deux points pour nous.
Madame remue dans sa chaise, elle veut voir comment on pourrit. Je dépose un euro dans l’herbe. Il résiste. J’ajoute un prospectus sur les Voies de la Vérité. Il enlève le plastique. Ça dégouline. Une flaque de pus arrose quelques pâquerettes. En grattant un peu, il pourrait nourrir les poissons.
Henriette était lourde et à moitié aveugle, avec des seins tellement impressionnants que le petit Jesus autour de son cou était couché à l’horizontal sur sa croix.
Sur l’écran au fond, deux flics en uniforme poursuivent un méchant trop maquillé sur le toit d’un immeuble américain. Elle veut que je regarde de près à quoi ressemblent les vieux quand ils matent la télé. Je détaille une à une les silhouettes desséchées qui digèrent leur aprèm devant les lueurs maussades d’un téléfilm mal doublé. Je me promets de crever avant.
Pour une barquette de pèkèts, il accepte de poser. Je l’aide à s’asseoir dans la chaise et je cale madame en amazone sur ses genoux. Je recule pour les cadrer en plan large. Elle enlève son dentier. J’augmente la focale. Avec la centrale dans leur dos, on dirait une pub pour l’euthanasie.
Madame remue dans sa chaise, elle veut voir comment on pourrit. Je dépose un euro dans l’herbe. Il résiste. J’ajoute un prospectus sur les Voies de la Vérité. Il enlève le plastique. Ça dégouline. Une flaque de pus arrose quelques pâquerettes. En grattant un peu, il pourrait nourrir les poissons.
Pour une barquette de pèkèts, il accepte de poser. Je l’aide à s’asseoir dans la chaise et je cale madame en amazone sur ses genoux. Je recule pour les cadrer en plan large. Elle enlève son dentier. J’augmente la focale. Avec la centrale dans leur dos, on dirait une pub pour l’euthanasie. Je leur montre ce que ça donne, puis je récupère madame. Le clodo libère la chaise en me remerciant. Il se couche dans l’herbe pour vider ses pèkèts.
Je pourrais achever tous les gens qui le méritent. Je préfère les laisser pourrir.
Le soleil se pointe derrière les tentures. Je dispose les bougies par terre. Wagner entame la marche nuptiale. […]
Monsieur Martin et mademoiselle Derwal s’avancent jusqu’à l’autel, vierges et resplendissants. Je sors de ma poche deux alliances que je passe à leur doigt. Ils s’aimeront jusqu’à la fin des temps. Je dépose un baiser sur leurs l lèvres amoureuses. La musique se tait. Madame fredonne la suite, emballée dans ses souvenirs, elle me regarde en riant.
Monsieur et madame Martin sont étendus côte à côte au milieu de leur grand lit, beaux comme au premier jour, ils viennent de se marier. Les bras le long du corps, ils regardent ensemble le plafond, droits et souriants. La traîne de madame les enveloppe d’un voile diaphane. Ils sont prêts pour l’éternité. A leurs pieds, juché au sommet du mausolée, Auguste déploie ses ailes blanches et majestueuses. Il gardera leur amour jusqu’à la fin des temps.