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4.62/5 (sur 702 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Vigneux-sur-Seine , le 10/08/1913
Mort(e) à : Paris , le 01/03/1985
Biographie :

Charlotte Delbo est une femme de lettres française.

D’une famille d’immigrés italiens, elle est l’aînée de quatre. Son père, Charles, est chef monteur, spécialisé dans les ouvrages en fer.

Elle adhère en 1932 aux Jeunesses communistes puis rencontre en 1934 Georges Dudach, qu'elle épouse. En 1937, elle devient l’assistante de Louis Jouvet au théâtre de l'Athénée. Elle part avec la troupe en mai 1941 pour une tournée en Amérique latine sous l'égide du gouvernement de Vichy.

Mais quand elle apprend en septembre 1941 la mort sous la guillotine d’André Woog, un jeune architecte de leurs amis, elle décide de rejoindre son mari en France et entre dans la Résistance.
Ils font partie du "groupe Politzer", en charge de la publication des Lettres françaises dont Jacques Decour était rédacteur en chef. Georges Politzer, le philosophe communiste qui avait donné son nom à ce groupe, est fusillé en mai. Charlotte et son mari sont arrêtés le 2 mars 1942 par la police française qui les livre à la gestapo. Il sera fusillé au fort du Mont-Valérien, le 23 mai 1942, à l'âge de 28 ans.

D’abord incarcérée à la prison de la Santé, à Paris, puis transférée au fort de Romainville pendant un an, elle est passée par Compiègne pour être immédiatement déportée ensuite à Auschwitz. Elle est l’une des 49 femmes rescapées. Envoyée à Ravensbrück parmi un petit groupe de huit, en 1944. Libérée par la Croix-Rouge le 23 avril 1945, elle est rapatriée en France le 23 juin 1945 en passant par la Suède.

Après la guerre, elle travaille de nouveau avec Louis Jouvet de 1945 à 1947, puis pour l’ONU puis, à partir de 1961, au CNRS, avec le philosophe Henri Lefebvre qui avait travaillé avec Georges Politzer avant guerre.

Durant la Guerre d'Algérie, elle se situe clairement dans l'opposition à la guerre, la dénonciation de la torture et le soutien aux insoumis et "porteurs de valises" du réseau Jeanson. Elle publie une série de correspondances sur ce thème dans "Les Belles lettres" (1961).

Elle écrit une œuvre faite de récits, de pièces de théâtre et de poèmes, essentiellement autour de la déportation. Ses livres figurent parmi les plus forts sur ce sujet. Son livre le plus important "Auschwitz et après" est publié en trois tomes à partir de 1965.

Elle est aujourd'hui "pléiadisée" dans le volume dédié à certains écrits concentrationnaires : "L'espèce humaine" paru en 2021.

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Charlotte Delbo : Spectres, mes compagnons - Lettre à Louis Jouvet (France Culture / Théâtre et Cie). Texte présenté par Geneviève Brisac. Réalisation : Marguerite Gateau, avec des archives INA. En partenariat avec l’association “Les Amis de Charlotte Delbo”. http://www.charlottedelbo.org/. Conseillère littéraire : Céline Geoffroy. Enregistré au Festival d’Avignon le 18 Juillet 2013. Diffusion sur France Culture le 2 octobre 2016. Texte lu par Emmanuelle Riva. Photographie : Charlotte Delbo, via le site internet de “L'association des amis de Charlotte” • Crédits : @copyright Schwab. « Charlotte Delbo fut l’assistante de Louis Jouvet au Théâtre de l’Athénée avant d’entrer dans la Résistance. Elle est arrêtée avec son mari Georges Dudach le 2 mars 1942. Le 23 avril 1945, après vingt-sept mois de captivité dans les camps d’Auschwitz-Birkenau et de Ravensbrück, elle fut libérée par la Croix-Rouge et internée en Suède. Elle n’avait pas encore trente-deux ans. Des deux cent trente prisonnières de son convoi, elles n’étaient plus que quarante-neuf. Et Charlotte Delbo se préparait à consacrer le restant de ses jours à trouver les mots justes, à écrire des livres et des pièces de théâtre pour faire vivre la mémoire et les mots de ses amies assassinées, et de son mari fusillé. La première chose qu’elle fit, le 17 mai 1945, ce fut d’écrire une lettre. On peut imaginer dans quel état de faiblesse elle se trouvait. C’était une lettre à Louis Jouvet, qui disait : « Je reviens pour entendre votre voix. » Il y eut d’autres lettres, jusqu’à cette dernière qu’Emmanuelle Riva lira, une lettre non envoyée, non terminée, non reçue, interrompue par la mort de Louis Jouvet, en 1951. Une lettre comme un testament politique et littéraire, où le courage, la peur, le rêve et la pitié pèsent leur juste poids. » Geneviève Brisac Cette lecture de « Spectres, mes compagnons » est agrémentée d'extraits de la Radioscopie consacrée à Charlotte Delbo, produit par Jacques Chancel et diffusée le 2 avril 1974. Remerciements à Claude-Alice Peyrottes, présidente d'honneur de “L'association des amis de Charlotte”. Source : France Culture

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Citations et extraits (222) Voir plus Ajouter une citation
Je vous en supplie faites quelque chose apprenez un pas une danse quelque chose qui vous justifie qui vous donne le droit d'être habillés de votre peau de votre poil apprenez à marcher et à rire parce que ce serait trop bête à la fin que tant soient morts et que vous viviez sans rien faire de votre vie.
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Vous direz qu'on peut tout enlever à un être humain sauf sa faculté de penser et d'imaginer. Vous ne savez pas. On peut faire d'un être humain un squelette où gargouille la diarrhée, lui ôter le temps de penser, la force de penser. L'imaginaire est le premier luxe du corps qui reçoit assez de nourriture, jouit d'une frange de temps libre, dispose de rudiments pour façonner ses rêves. A Auschwitz, on ne rêvait pas, on délirait.
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Saviez-vous que la souffrance n'a pas de limite
l'horreur pas de frontière
Le saviez-vous
Vous qui savez
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Ce point sur la carte
Cette tache noire au centre de l'Europe
cette tache rouge
cette tache de jeu cette tache de suie
cette tache de sang cette tache de cendres
pour des millions
un lieu sans nom.
De tous les pays d'Europe
de tous les points de l'horizon
les trains convergeaient
vers l'in-nommé
chargés de millions d'êtres
qui étaient versés là sans savoir où c'était
versés avec leur vie
avec leurs souvenirs
avec leurs petits maux
et leur grand étonnement
avec leur regard qui interrogeait
et qui n'y a vu que du feu,
qui ont brûlé là sans savoir où ils étaient.
Aujourd'hui on sait
Depuis quelques années on sait
On sait que ce point sur la carte
c'est Auschwitz
On sait cela
Et pour le reste on croit savoir
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PRIERE AUX VIVANTS
POUR LEUR PARDONNER D'ETRE VIVANTS

Vous qui passez
bien habillés de tous vos muscles
un vêtement qui vous va bien
qui vous va mal
qui vous va à peu près
vous qui passez
animés d'une vie tumultueuse aux artères
et bien collée au squelette
d'un pas alerte sportif lourdaud
rieurs renfrognés, vous êtes beaux
si quelconques
si quelconquement tout le monde
tellement beaux d'être quelconques
diversement
avec cette vie qui vous empêche
de sentir votre buste qui suit la jambe
votre main au chapeau
votre main sur le coeur
la rotule qui roule doucement au genou
comment vous pardonner d'être vivants...
Vous qui passez
bien habillés de tous vos muscles
comment vous pardonner
ils sont morts tous
Vous passez et vous buvez aux terrasses
vous êtes heureux elle vous aime
mauvaise humeur souci d'argent
comment comment
vous pardonner d'être vivants
comment comment
vous ferez-vous pardonner
par ceux-là qui sont morts
pour que vous passiez
bien habillés de tous vos muscles
que vous buviez aux terrasses
que vous soyez plus jeunes chaque printemps
Je vous en supplie
faites quelque chose
apprenez un pas
une danse
quelque chose qui vous justifie
qui vous donne le droit
d'être habillés de votre peau de votre poil
apprenez à marcher et à rire
parce que ce serait trop bête
à la fin
que tant soient morts
et que vous viviez
sans rien faire de votre vie.
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Chacune de celles qui sont revenues a eu de la chance, disait Jeanne. La chance d'avoir les autres.
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Nous restions immobiles. La volonté de lutter et de résister, la vie, s'étaient réfugiées dans une portion rapetissée du corps, juste l'immédiate périphérie du coeur.
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Il est mort
parce qu'il faut à une histoire d'amour
pour qu'elle soit belle
une fin tragique
La nôtre était magnifique
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Il n'y avait pas non plus de boutiques
seulement des vitrines
où j'aurais bien voulu me reconnaître
dans les rangs qui glissaient sur les vitres.
Je levai un bras
mais toutes voulaient se reconnaître
toutes levaient le bras
et aucune n'a su laquelle elle était.
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Nous marchions. Nous interrogions le paysage. Un lac gelé couleur d'acier. Un paysage qui ne répond pas.
La route s'écarte du lac. Le mur de vent et de neige se déplace de côté. C'est là qu'apparaît la maison. Nous marchons moins durement. Nous allons vers une maison.
Elle est au bord de la route. En briques rouges. La cheminée fume. Qui peut habiter cette maison perdue ? Elle se rapproche. On voit des rideaux blancs. Des rideaux de mousseline. Nous disons "mousseline" avec du doux dans la bouche. Et, devant les rideaux, dans l'entre-deux des doubles fenêtres, il y a une tulipe.
Les yeux brillent comme à une apparition. "Vous avez vu ? Vous avez vu ? Une tulipe." Tous les regards se portent sur la fleur. Ici, dans le désert de glace et de neige, une tulipe. Rose entre deux feuilles pâles. Nous la regardons. Nous oublions la grêle qui cingle. La colonne ralentit. "Weiter", crie le SS. Nos têtes sont encore tournées vers la maison que nous l'avons depuis longtemps dépassée.
Tout le jour nous rêvons à la tulipe. La neige fondue tombait, collait au dos notre veste trempée et raidie. La journée était longue, aussi longue que toutes les journées. Au fond du fossé que nous creusions, la tulipe fleurissait dans sa corolle délicate.
Au retour, bien avant d'arriver à la maison du lac, nos yeux la guettaient. Elle était là, sur le fond des rideaux blancs. Coupe rose entre les feuilles pâles. Et pendant l'appel, à des camarades qui n'étaient pas avec nous, nous disions : "Nous avons vu une tulipe."
Nous ne sommes plus retournées à ce fossé. D'autres ont dû l'achever. Le matin, au croisement d'où partait la route du lac, nous avions un moment d'espoir.
Quand nous avons appris que c'était la maison du SS qui commandait la pêcherie, nous avons haï notre souvenir et cette tendresse qu'ils n'avaient pas encore séchée en nous.
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pèse une tonne
cogne
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