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Citation de Charybde2


LA NUIT
Les pieuvres nous étreignaient de leurs muscles visqueux et nous ne dégagions un bras que pour être étranglées par un tentacule qui s’enroulait autour du cou, serrait les vertèbres, les serrait à les craquer, les vertèbres, la trachée, l’œsophage, le larynx, le pharynx et tous ces conduits qu’il y a dans le cou, les serrait à les briser. Il fallait libérer la gorge et, pour se délivrer de l’étranglement, céder les bras, les jambes, la taille aux tentacules prenants, envahissants qui se multipliaient sans fin, surgissaient de partout, tant innombrables qu’on était tenté d’abandonner la lutte et cette exténuante vigilance. Les tentacules se déroulaient, déroulaient leur menace. La menace restait un long moment suspendue et nous étions là, hypnotisées, incapables de risquer une esquive en face de la bête qui s’abattait, s’entortillait, collait, broyait. Nous étions près de succomber quand nous avions soudain l’impression de nous éveiller. Ce ne sont pas des pieuvres, c’est la boue. Nous nageons dans la boue, une boue visqueuse avec les tentacules inépuisables de ses vagues. C’est une mer de boue dans laquelle nous devons nager, nager à force, nager à épuisement et nous essouffler à garder la tête au-dessus des tourbillons de fange.
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