Elle garde les paupières closes, suit les ondulations magiques de la musique, et tourne doucement sur elle- même. Devrait- elle fuir ? En venant ici, elle se savait en sécurité. Le "Dark Night", c'est sa deuxième maison. Pourtant, elle ne trouve pas la tranquillité des autres soirs. Elle se force à oublier cette appréhension lorsque l'interphone a sonné, ce cliché qui lui a fait si peur. Elle devrait trembler...
Les femmes savent parler de la mort avec une délicatesse qui la rend presque belle.
Après tout, les psys et les matons ont la même fonction, retenir la folie derrière les barreaux, qu'elle soit consciente ou délirante.
Les jeux morbides existent depuis toujours. Prends le cirque des Romains, on obligeait les esclaves à s'affronter et le peuple se pressait sur les gradins pour regarder. Aujourd'hui encore, avec la corrida, la chasse. On qualifie la mise à mort de sport. Sans parler des jeux vidéo, des séries télé sanglantes. La mort fascine, mais pas toujours de façon très saine.
Il n'y a pas que les rats qui vivent dans les entrailles des immeubles, les vices du monde affectionnent ces lieux.
Les belles idées s'érodent aussi sûrement que les coquillages finiront en sable fin.
- Présent.
Le regard fixé sur le bitume, il attend que son interlocuteur se présente:
- André, c'est l'heure.
Un claquement retentit dans la radio. Le silence fait place aux parasites de la CB, juste quelques secondes.
Le choix est la richesse de l'homme libre.
{Toujours finir une séance comme un écrivain termine un chapitre: sur une ouverture qui donne envie de revenir}.