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Citation de josefalange


La couche de neige, dure et lourde, recouvre tout. Les trottoirs, les gouttières, les cheminées n’existent plus. Les passants habituels, les klaxons et les voitures, les animaux tenus en laisse et les ardoises des toitures n’existent plus. Toute la vie s’est blottie sous les flocons de glace et des blancs par milliers en sont nés. Le blanc de la mer, le blanc des yeux mouillés. Le blanc des adieux, sur une aire d’autoroute, un samedi au soleil. Le blanc du cœur de mon père, quand il ne m’aimait pas assez ; le blanc des larmes de ma mère, qui ne savait plus comment me garder.

Quand je regarde le ciel, j’imagine un plafond de nacre. Des cristaux d’aragonite et des reflets irisés miroitent ensemble, sous les gouttes de pluie. Cabourg a pris la forme d’une huître et ça me plaît. Plus que tout je désire m’y faufiler, m’y cacher. Plus que tout je veux dormir dans son iode, poser mon visage sur le mollusque maternel et boire le lait fécondant jusqu’à l’ivresse. Il paraît qu’une huître-mère donne naissance à plus d’un million d’œufs par an. Moi je veux faire éclore plus d’un million de sentiments dans mon cœur, maintenant. Je veux retrouver ce que j’ai perdu, le souvenir de ses baisers doux et les caresses du bout de ses mains. Ses longs cheveux blonds dans mon cou de petit garçon. Ses yeux profonds. Sa façon si triste de dire « Pardon ».

Ma mère disait tout le temps « Pardon ».

L'Huître, extrait tiré du recueil de nouvelles Le Petit peuple des nuages, de Charlotte Monégier.
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