Malgré toutes ces précautions, il se produisit un événement inattendu qui se termina par une tragédie.
Un jeune enseignant français tomba amoureux d'une de ses étudiantes de deuxième année, tant il est vrai que les sentiments ne connaissent pas les frontières. Le droit chinois déclarant le mariage libre, un amour partagé entre eux aurait été licite au sens strict mais la discipline imposée en matière de relations avec les étrangers l'interdisait. Ce furent naturellement les étudiants de la classe qui s'aperçurent les premiers de la tendre inclination de l'enseignant pour leur camarade. Ils en firent part à leur instructeur politique qui transmit cette nouvelle surprenante à la direction du département, qui la communiqua à la direction de l'université. Pauvre étudiante...
C'est pourquoi, dans les années cinquante, l'amour et le mariage comptaient peu pour les révolutionnaires. Il n'en restait pas moins qu'on devait se marier et qu'il fallu que je me cherche une fiancée. Mes collègues s'étaient fait d'ailleurs de plus en plus pressants.
Mon père restait un paysan imbu de vieilles idées. Son souhait le plus cher était de posséder la terre. La terre et ses moissons, c'étaient l'assurance que ses descendants ne mourraient pas de faim.