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Citations de Cherylin A. Nash (30)


Mes yeux tombent sur ma femme et je lui souris. Je l’aime, je l’aime vraiment! Comment pourrais-je faire autrement?
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une vague chaude m'enveloppe le coeur et se didperse
en milles papillon volant dans mes membres je capture
sa bouche avec passion allison appuis son buste en
avant et je tombe sur le matelas ce qu'elle vient de me
dire me fait un effet fou mon coeur bat la chamade je
caresse son dos avec fougue sans me défaire de ses
levres ma tete lui répond par l'affimative de facon répétée.
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« Mon cœur dicte sa propre loi. Je me sens tomber au plus profond de moi-même quand je lui réponds. »
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« C’est sans doute comme ça quand on a une meilleure amie. Je devrais arrêter de rêver avant de me faire du mal. Ce genre de fille est toujours hétéro. »
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— Qu’est-ce que je disais, pathétique petite sorcière ! Encore si elle avait choisi l’une des jumelles, mais toi ? Tu ne fais vraiment pas le poids.

Une chance pour moi, j’ai appris à maîtriser ce corps illusoire et sa force. L’une de mes grosses mains poilues vient agripper le cou d’Hayden, mais, même en serrant de toutes mes forces, je perçois sur son visage qu’un sourire moqueur. La saisissant de mes deux mains, je l’envoie de l’autre côté du gymnase.

En un bond agile, elle se remet sur ses jambes et me toise joyeusement :

— Voyons, tu ne peux pas faire mieux ?

Cette fois, je lui fonce dessus et la plaque contre le mur d’enceinte qui tremble. Je ne sais pas ce qu’elle cherche à faire, mais je ne réponds plus de moi. Le pire c’est que j’ai l’impression de n’absolument pas la blesser. Quand bien même mes coups doivent avoir de l’impact, c’est une alpha qui guérit sitôt le mal fait.

À bout de nerfs, la magie cesse d’opérer et je retrouve ma forme humaine. Mes poings s’abattent sur cette femme contre qui je ne peux rien faire.

— Rhya ne s’intéressera jamais à toi.

— C’est trop tard, sorcière, elle n’a que moi en tête.

Alors que je relève mon point une nouvelle fois, je pense à ce pieu d’argent que Malvina m’a donné. Je regrette de ne pas l’avoir. Déjà, entre mes doigts, je sens l’objet apparaître par magie. Dans les yeux d’Hayden, cette fois je lis un soupçon de crainte.

— Delwyn, non !
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Je suis dans le refuge depuis ce matin. Une chose est sûre, je sens que Laïelle est contrariée. Le docteur Pristas lui a confié qu’il fallait trouver une mère adoptive. Car, pour le docteur, il n’y a aucun doute possible : la louve ne va pas survivre. Apparemment, la chose à faire est de trouver un substitut pour les louveteaux. Le vétérinaire nous a laissées sur ces nouvelles et cela touche énormément ma cousine. Alors qu’elle nourrit l’un des petits au biberon, il s’agite.

Je m’avance et pose une main apaisante sur son épaule. Tranquillement, je lui dis :

— Je vais le faire, Laïelle.

Elle se tourne vers moi. Ses yeux brillent de ce feu orangé puissant. Depuis qu’elle et son frère ont réellement intégré ma meute l’année dernière, ils sont devenus des bêtas. Leurs iris ont donc naturellement changé de couleur. Grand-mère dit qu’on peut mesurer la force d’un alpha au nombre de bêta qu’il possède.

Dans son regard, je peux lire de la tristesse. Laïelle finit par me tendre le louveteau, et, à peine est-il dans mes mains, qu’elle s’exclame vivement :

— J’arrive pas à y croire ! Si je t’avais parlé plus tôt peut-être…

Le petit dans mes bras est plus apaisé. Je prends le temps de lui donner le biberon, en essayant d’être imperturbable et imperméable aux émotions de ma cousine. Néanmoins, il ressent son énervement et son angoisse.

Je relève la tête pour l’observer faire des allers et retours dans la pièce. Avec conviction, je lui fais savoir :

— Laïelle, pour bien faire j’aurais dû être là dès que vous l’avez découverte. Écoute, tu as fait tout ce que tu pouvais. Ce n’est pas de ta faute. Tu dois te reprendre. Ces petits ils vont avoir besoin de toi.
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La porte vitrée se referme dans mon dos. La magie me revient, mais je n’en fais pas usage. Sous le choc, je m’allonge sur mon lit. J’ai besoin d’un instant, seule, mes yeux sont rivés sur le plafond. Ma respiration est lente, j’ai l’impression que le temps vient de s’arrêter, comme si j’étais sortie de ce train à grande vitesse conduit par le temps.

— Il est temps de te transformer, Delwyn, résonne une voix dans le haut-parleur.

Volontairement, j’ignore ce qui m’est demandé. Je pense à Jefferson, à Rhya, à tous ceux que j’aime et qui sont peut-être en danger là dehors. Je pense à Erin qui doit être intenable, mais aussi à Owen et Colleen. Ils sont une famille maintenant, et je sais que l’âme chasseresse de ma cousine doit gronder. Je ne voudrais pas qu’elle ait à choisir entre rester en sécurité et venir ici pour moi. Ewen aussi traverse mes pensées. Je n’ose pas imaginer l’angoisse et les souvenirs que cette situation doit lui rappeler. Dire qu’elle parvenait à laisser son kidnapping au passé et que la Confrérie revient sur le devant de la scène. On le savait. On savait tous que ça pourrait arriver, mais nous ne savions pas quand, ni comment. Nous sommes unis et forts, mais cela ne suffit pas à nous tenir à l’abri.

— Ne t’ai-je pas offert le plus beau des cadeaux aujourd’hui ? Montre-toi humaine, et accordons-nous sur un marché pour lequel je t’ai déjà donné ma part.

Pour la première fois, je comprends l’importance des rôles et affectations dans l’organisation de ma famille de sorciers. Ma tante Tara, une chasseresse, m’a dit un jour qu’elle est pour la notion de chasser le mal avant qu’il arrive à nos portes. Je dois avouer que je trouvais ça exagéré. Aujourd’hui, je suis bien obligée de réviser mon jugement.

— J’use de beaucoup de patience. Pour la dernière fois, je te le demande : montre-moi ta véritable nature.
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Je n’arrive pas y croire ! Cette foutue Loyac me fait poireauter. Je regarde l’heure à ma montre et j’essaie de me calmer, mais je suis vraiment en colère. Quand je lui ai demandé de me retrouver après le cours vers dix-sept heures, elle m’a dit oui ! Je déteste qu’on me fasse faux bond. Je marche de long en large devant ma voiture en essayant de rester calme. Mais, plus j’y pense, moins j’y arrive. Je donne un violent et puissant coup de poing sur le capot qui s’enfonce de plusieurs centimètres. Ma respiration est rapide. Je ne peux pas y croire ! Je venais pour lui faire des excuses, et elle...

J’attrape mon portable et appelle Owen.

— J’ai besoin d’aide. Passe me chercher sur le parking du lycée.

Je raccroche sans lui laisser le temps de répondre. Il faut que je me calme. Ana ! C’est de sa faute à elle aussi, c’est elle qui m’a obligée à m’excuser. Je continue de marcher de long en large quand j’entends le pick-up d’Owen. Il se gare à côté de moi et descend.

— Qu’est-ce qui… Wouah, Rhya !

Il s’approche vivement de moi et essaie de me stopper.

— Mets ça.

Il me tend ses lunettes de soleil que je saisis, sans réfléchir. Mes yeux doivent briller comme jamais.

Hors de moi, je lui dis :

— Cette foutue Loyac m’a posé un lapin !

Owen m’observe moi, puis ma voiture. Il grimace et reprend incertain :

— Je ne suis pas sûre qu’elle apprécie grandement ce passage à tabac.

— Je sais ! Mes parents vont me tuer ! Je voulais leur montrer que je me contrôlais pour m’inscrire à l’option sportive. À cause de cette foutue fille, je ne pourrai pas !

Mon cousin s’avance vers moi et pose doucement sa main sur mon épaule. Puis elle glisse et il me prend par la nuque d’un geste lent.

— T’inquiète pas, j’ai une idée. Grand-père a de la place dans le hangar. On y met ton 4x4 et on viendra le réparer le week-end. En attendant, tu peux lui demander de te prêter une des motos ?

— Et qu’est-ce qu’on va lui dire pour ça ! cédé-je en montrant le capot.

Owen grimace. Il s’écarte de moi, regarde tout autour de lui, puis il envoie un grand coup de pied dans la calandre. L’impact est tellement puissant que ça s’enfonce jusqu’à ma propre marque.

— Voilà, maintenant on peut dire que tu t’es pris un arbre ? dit-il incertain.

Je ferme les yeux et secoue la tête. J’aurais dû appeler Ana
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La soirée va bon train, et tout le monde parle de ce qu’il se passe dans sa vie actuellement. D’un coup, les lumières faiblissent. Je me relève instantanément, alertée. Quelque chose vibre au fond de moi.

— Montana, il se passe…

Soudain, l’électricité est coupée. La voix d’Indiana a disparu. Immédiatement, j’essaie de consulter ma tablette, mais elle est inactive elle aussi. Heaven se lève à son tour. Il ne fait pas totalement noir, mais elle ne doit pas y voir grand-chose. Tandis que tout le monde est encore légèrement désorienté, une sirène stridente retentit.

Cette fois, Cennan se met debout. Quand elle prend la parole, je comprends que c’est grave.

— Nous sommes attaqués. Il faut qu’on aille à la Capitale ! déclare-t-elle.

Acquiesçant, je monte les escaliers et enfile ma tenue de combat. Quand je les descends quatre à quatre, tout le monde m’attend en bas. Je m’arrête à la hauteur de Heaven et lui dis rapidement :

— Prends ton vaisseau et va chez tes parents avec Galucheen.

Dans ses yeux, je peux voir qu’elle n’est pas franchement d’accord avec ce que je viens de dire. Je n’ai pas vraiment le temps de discuter. L’alarme continue de se faire entendre. Cennan m’attrape le bras et m’oblige à me retourner. Je ne l’avais jamais vue aussi terrorisée. J’ouvre finalement la porte et je reste interdite devant le spectacle qui se déroule en face de nous.

D’innombrables vaisseaux recouvrent presque toute la surface du ciel. Nous voyons nos propres flottes de défense exploser ou tirer dans tous les sens. C’est un vrai théâtre de guerre qui se joue ici. Un chasseur prend soudain feu et perd vivement de l’altitude. La sphère incandescente semble nous arriver droit dessus.

Quand le vaisseau touche le sol, il explose à son tour. La terre tremble. Tout se déroule si vite, mais, en même temps, j’ai l’impression que l’attaque se passe au ralenti. Instantanément, je sens la main d’Heaven dans la mienne. Je me tourne vers elle et ses yeux se fixent longuement dans les miens.

— Il est hors de question que je te laisse ici !

Déglutissant, je finis par acquiescer de la tête rapidement.

— Très bien ! On va tous au vaisseau, maintenant !
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— Jay, tu ne peux pas pirater le code d’accès de ta supérieure.

Winters réduit la distance qui nous sépare pour me prendre par la taille. Depuis la veille, nous sommes restées proches. J’ai l’impression qu’elle est en bonne forme, mais, de temps à autre, je la sens plus fatiguée. Sous mon regard plus intense que je ne l’aurais voulu, elle se ravise légèrement.

— D’accord. S’il y a une personne capable de le faire, c’est toi. Mais pourquoi, Jay ?

— Ils veulent mettre au point un système de contrôle dans ton corps, et ça ne te pose pas de problème ?

— On sait toutes les deux qu’on ne peut pas changer ça. Dans quelques jours, Montana sera parmi nous et tout ira bien.

Je ferme les yeux une seconde pour prendre le temps de mesurer mes paroles. Qu’elle essaie de me rassurer fait remonter beaucoup de choses à la surface. Délicatement, je l'entoure de mes bras avant de déposer un baiser sur sa joue.

— Il faut que je découvre de quoi il en retourne, mais tu sais comme moi qu’elle n’aurait jamais accepté une chose pareille, plaidé-je.

— Moi non plus, Jay.

Mon communicateur se met à vibrer.

— Commandant Delaney.

— C’est Savannah, je suis en bas.

— J’arrive.

Mettant fin à la conversation, je croise le regard inquiet de Winters. Je lui livre mes pensées :

— C’est important pour vous deux. Ce projet est plus vaste qu’il n’y paraît. Quelque chose ne me plaît vraiment pas.

— Bien, dit-elle avec un petit sourire. Va jouer aux espionnes. Ça te donne un côté terrible, mais ne te fais pas prendre, ou je devrais venir te chercher.
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Surprise par la main qui se pose sur mon avant-bras, je retrouve le visage de Red. C’est une grande femme, ancienne sportive. Elle faisait de la natation, je crois. Ses épaules témoignent d’ailleurs d’une musculature toujours présente. Ses longs cheveux roux sont lisses et tombent par-dessus sa poitrine. Elle a un regard accrocheur et un charisme certain.
— Est-ce que ça va, toi ? demande-t-elle.
Derrière elle, je vois que Jordan rentre de sa promenade avec Sam. Je l’observe longuement, cachée par Red qui reprend :
— Tu m’écoutes, Karly ?
— Oui, pardon, je suis fatiguée.
Peu convaincue par mes paroles, Red tourne légèrement la tête vers le comptoir. Elle en revient à moi.
— Est-ce que ça va ? questionne-t-elle, plus inquiète.
— Je ne sais pas, Red.
— Nous y voilà donc ! Allez, dis-moi tout. Kelly a un match de lutte dans une demi-heure, alors on va régler ton problème sans tarder, déclare-t-elle avec optimisme.
Tout à coup, parler de mes sentiments naissants pour Jordan ne me semble plus une bonne idée. Je me braque, je le sens, et mon amie aussi.
Elle demande tout de même :
— C’est à quel propos ?
Je hausse une épaule avec une petite grimace.
— Ah, non ! Je connais cette tête, Legrand. Qu’est-ce qu’il a ton petit cœur ? Camille a refait son apparition ?
— Non. Je suis juste bouleversée.
— Hey, c’est normal que tu ressentes ça. Ta vie entière est chamboulée, mais, tu sais, on est tous très fiers de toi, Karly. Tu t’en sors bien.
— Ce n’est pas seulement à cause des enfants
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Après le dîner, auquel Conwell a été convié, nous allons dans ma chambre. Plutôt, je vais dans ma chambre et il ne se dit pas qu’il devrait partir. La porte est restée ouverte sur notre passage. C’est volontaire. Dos à lui, je m’approche du lit pour prendre ma veste.
— Je vais devoir y aller. Ce soir, je suis de patrouille.
Les sorcières sont toutes sur le qui-vive. Les mots d’ordre sont rigueur et précision. J’ai briefé les filles pour qu’elles n’aient qu’un seul objectif : montrer qu’elles sont les meilleures.
— On peut en profiter cinq minutes ? suggère Conwell en approchant.
Je me tourne rapidement pour lui faire face.
— Ne me déconcentre pas. Les Ténèbres sont un problème de la plus haute importance. Tu sais que je ne plaisante pas avec mon devoir.
Je me mets sur la pointe des pieds pour poser un baiser sur sa joue.
— Rends-toi utile, va voir si mon frère a besoin d’aide à l’atelier. Il s’occupe de l’artillerie.
— Tu déjeunes avec moi demain ?
— Bien sûr, dis-je avec fraîcheur.
Avant que je ne passe la porte, il m’accorde un regard. Je lui dis en revenant sur mes pas :
— Va falloir t’y faire, je ne suis pas n’importe qui.
Conwell acquiesce d’un signe de tête. Je le connais depuis plus de huit ans. C’est un boudeur né. Heureusement que c’est un grand sorcier. Ça redore un peu son blason.
Il ajoute :
— Je suppose que quand nous serons mariés, tout cela sera plus supportable.
— Conwell, je suis une Varton. Dans mon sang, coule des siècles de serments. Je n’y renoncerai jamais.
Encore moins pour toi, pensé-je. Je détourne le regard, honteuse de ce qui vient à mon esprit. Quand je relève la tête, je lui dis :
— Je dois y aller.
— Arca Adie, Chelsey.
— Moi aussi.
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La bûcheronne s’empare de la hache dont la tête reposait sur sa bottine en cuir noir.
— J’ai tout ce qu’il me faut.
— Je sais où trouver de quoi nous payer le repas. Suis-moi.
Sarirol ne se fait pas prier. C’est à la fois étrange, et peu surprenant. J’ai comme l’impression d’avoir su, depuis la première fois où je l’ai vue, que nous apprendrions à nous connaître. Il va de soi que je n’avais pas imaginé que la Déesse allait me confier une mission à laquelle je pourrais la convaincre de participer. Seulement, je crois profondément les paroles de Lucina. La jeune femme à mes côtés est, elle aussi, en quête de quelque chose à présent et j’espère qu’elle saura le trouver comme moi sur le chemin de Moonplains.
Quand nous arrivons devant le tronc aux souhaits, Sarirol m’interrompt vivement :
— Tu ne peux pas faire ça. Ce n’est pas correct. Ceux qui ont déposé de l’argent ici l’ont fait pour leurs vœux.
— Et depuis quand achète-t-on les faveurs de Lucina avec de l’argent ?
Au fond, je suis d’accord avec Sarirol. Mon éthique personnelle m’impose des résistances, mais le chemin va être long. Je plaide :
— Je rembourserai ça quand nous en aurons fini. Vois ça comme un prêt
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Mon mal de tête n’a fait qu’empirer et la journée n’est pas encore finie. Kate m’observe longuement. Elle n’a toujours pas répondu à ma question. Elle a vraiment fait du bon travail aujourd’hui. Elle s’est donnée à fond, et je suis presque sûre qu’elle doit être épuisée. On n’a pas assez mangé. Il reste tellement de choses à faire et si peu de temps.
Après avoir posé ce qu’elle avait entre les mains, la jeune blonde s’approche de moi. Ses mains encore douces prennent les miennes.
— Viens.
Quand j’entre à sa suite dans la salle de bain, elle ferme un peu la porte et glisse ses mains sous ma veste. D’un geste fluide, elle m’aide à l’enlever. Je vois cette tendresse, mais aussi l’amour qu’elle me porte dans son regard.
Elle indique d’une voix basse :
— J’ai mis de l’eau à chauffer pour nous laver. Commence à te déshabiller, ce sera bientôt prêt.
J’opine de la tête lentement alors qu’elle quitte la pièce. Fatiguée au possible, je retire le tee-shirt délavé qu’on a trouvé sur la route et mon pantalon d’uniforme que j’ai gardé. Je tourne la tête et observe mon reflet dans la glace. Les cernes que j’ai sous les yeux sont noirs et je remarque aussi que Kate n’est pas la seule à devoir se raccourcir les cheveux.
Du coin de l’œil, je vois Kate revenir avec l’eau chaude. Je la laisse passer et, comme si elle avait fait ça depuis dix ans, elle bouche le lavabo et verse la moitié de la casserole dedans. Enfin, elle fait couler un peu d’eau froide. Un sourire satisfait orne à présent son visage. Je l’imite lorsque je vois son reflet.
Quand elle se tourne face à moi, ses yeux se posent sur mon corps dévêtu. Nous n’avons pas eu de moment intime depuis la matinée où l’hélicoptère du général Von Demark est venu nous chercher sur Mallard Island. Je fais lentement un pas vers elle et réduis la distance entre nous. Ma bouche se pose sur la sienne avec une urgence, comme si j’avais attendu ce moment beaucoup trop longtemps. À son contact et sa soif de me répondre, je comprends que Kate aussi en a besoin. J’ai d’ailleurs bien prêté attention à chacune de ses attentions aujourd’hui. Mes mains glissent sur ses reins avec assurance et je la soulève. Ses jambes se lient dans mon dos. J’ai besoin de la sentir contre moi, de toucher sa peau douce et chaude. Ma langue glisse contre ses lèvres et, comme si elle comprenait la demande, elle entrouvre la bouche. Ses mains ne sont pas en reste, elles s’accrochent à mes épaules et se mêlent à mes cheveux avec une passion dévorante. Bientôt, son bassin s’active contre mon ventre. Le besoin de Kate alimente le mien.
D’un coup de pied bien placé, j’ouvre la porte et conduis Kate jusqu’à notre lit. Je nous allonge dans l’instant. Mon corps recouvre le sien. Elle retient son souffle avant d’approfondir le baiser. Je peux sentir les tensions qu’elle tente de contenir la quitter une à une. Mes mains cherchent désespérément son contact. Elle est bien trop habillée. Quand je quitte ses lèvres, je l’entends retenir un soupir de frustration. Avec une certaine urgence, la même que je ressens depuis le début, je pose mes mains sur son ventre. La chaleur de celui-ci me donne des frissons. Nos yeux se trouvent et je lui retire ce tee-shirt qui ne lui rend pas justice.
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Miller est nerveux, sans doute inquiet. Quand il se lève pour prendre congé, je lui adresse :
— Vous faites du bon travail, monsieur Miller. Essayez simplement de vous mettre un peu plus dans leurs chaussures. La question fondamentale est là : que pouvons-nous mettre en œuvre pour manger à notre faim sans risquer notre vie ? Je suis sûre que vous avez des réponses. Établissez de nouveaux plans et ne vous souciez pas de l’aspect matériel.
Il acquiesce et se dirige vers la sortie à présent. D’une main, je range mes dossiers dans le premier tiroir à ma droite. De l’autre, j’éteins méthodiquement la lampe d’appoint. Chaque fois que je fais ce geste, je sais qu’une journée est terminée et qu’elle ne reviendra pas. Ce soir, j’ai le sentiment d’avoir fait tout ce que je pouvais. C’est mon seul réconfort.
La lune est haute à l’extérieur. Ses rayons traversent la fenêtre et me permettent de quitter le bureau dans une douce pénombre. Il est vingt-deux heures passé. Je n’ai pas vu l’heure filer, mais qu’importe. Ce n’est pas comme si j’avais autre chose à faire.
Les traits tirés, je salue les gardes devant la porte avant de la fermer à clé. Je ne me demande pas où est Victoire, puisque je l’entends déjà approcher dans le couloir.
J’offre aux militaires :
— Prenez congé, messieurs.
La blonde dans mon dos me détaille du regard avant d’octroyer un signe de tête aux gardes. Dès que nous sommes seules, elle me dit doucement :
— Viens, tu as mérité ta lecture. Je veillerai à ce que tu te détendes vraiment ce soir.
— C’est gentil, mais j’ai envie d’être seule.
— Tu l'es toute la journée, Kate. Ça va te faire du bien, tu verras.
Sans se défaire de son sourire, elle entame la marche en direction des appartements. Je soupire discrètement. Son attention me touche. Je sais qu’elle tient à ce que j’emprunte l’un de ses romans depuis plusieurs jours. À vrai dire, j’oppose de la résistance, car je suis confuse. Nous nous voyons tout le jour durant, dans un cadre professionnel que j’essaie d'apprivoiser. En privé, c’est différent. Nous avons déjà passé des soirées ensemble. Notamment parce que Victoire prétendait vouloir veiller sur moi. Ça a toujours fini en grandes discussions agréables. Elle m’a appris beaucoup de choses sur son histoire et celle d’Ivy. J’aime ça et ça me fait culpabiliser. Depuis que je l’ai remarqué, j’ai été plus prudente. Je ne sais pas comment me comporter.
L’usine a été plutôt bien aménagée, avec des pôles publics sous surveillance, et des quartiers résidentiels. On les appelle ainsi bien qu’ils n’en soient pas réellement. En tout cas, avoir une pièce avec une porte qui se ferme et du mobilier personnel est un luxe aujourd’hui. Nous arrivons bientôt près de son espace. Victoire tourne la poignée après avoir déverrouillé le cadenas. Elle entre dans l’espace d’environ cinquante mètres carrés. Il y fait doux. J’y pénètre à pas feutrés. Jusqu’à présent, je n’étais pas venue chez elle.
Avec naturel, Victoire enlève sa veste et la jette sur un siège en rotin.
— Tiens, les livres sont ici, tu n’as qu’à choisir. Et comme je suis une bonne aide de camp, je vais aussi nous préparer quelque chose à manger. Tu n’as certainement rien dû avaler de la soirée. Je te connais, n’essaie même pas de discuter. »
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La petite famille s’installe à l’une des seules tables qu’il reste. Le vendredi, la salle est souvent pleine.
— Ça me manque.
Je me tourne pour voir ma mère, Renee, qui arrive avec son tablier depuis la cuisine. Je fronce des sourcils et lui demande :
— Quoi donc ?
— Vous, à cet âge. Ton frère et toi étiez des anges.
— Eh ! Je suis toujours un ange !
Ma mère secoue la tête et quelques mèches de cheveux bruns s’échappent de son chignon. Elle s’est toujours coiffée de la même façon. En tout cas, je ne l’ai jamais connue autrement.
Alors qu’elle regarde la petite famille qui vient d’arriver, elle annonce :
— Pauvre petite tout de même.
— Qui ça ?
— Eh bien elle.
Je me retourne pour observer les nouveaux venus encore une fois. Miya prend leur commande. D’ici, je les vois tous sourire. Je ne comprends pas pourquoi ma mère dit ça. À mon intention, elle murmure :
— Elle va vivre dans la maison bleue.
Cette fois, perplexe, je me tourne vers ma mère. Cette habitation est une vraie ruine. Les propriétaires ont essayé de la louer pendant plusieurs mois, mais personne n’était intéressé. Je m’apprête à lui poser une question, lorsqu’on crie mon prénom :
— Drew ! Sœurette, j’ai besoin de ton aide.
Je fais face à la porte du diner et vois mon grand-frère dans sa tenue de shérif. Il me sourit de toutes ses dents blanches. Je n’ai même pas terminé de manger que je m’habille déjà.
Ma mère me dit :
— J’emballe ton dîner, ton père te l’apportera après la fermeture.
Je me penche vers elle et lui embrasse la joue par-dessus le comptoir.
— Merci, maman. »
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Le mercredi est l’un de mes jours préférés. Nous sommes le douze septembre 2018 et nous avons la chance de profiter d’un bon quinze degrés ce matin. Je sors de la boutique de Dunkin’ Donuts[1]. Il est huit heures trente. Comme à mon habitude, j’ai choisi un café Dunkin Dark et un lot de quatre donuts. Mon préféré reste néanmoins l’indémodable Rainbow aux billes de sucre de couleurs vives. J’adore venir ici. Si je n’y ai pas acheté plus d’une centaine de pâtisseries que la foudre me tombe tout de suite sur la tête ! Avec leur large amplitude horaire, je peux quasiment toujours profiter d’une pause gourmande. C’est sans doute mon plus grand péché. Je reconnais être la première à goûter à toutes les nouveautés. Betty me garde tout le temps ceux que je préfère et même si ça me porte légèrement sur les hanches, je ne me priverai de ce plaisir pour rien au monde. J'ajouterais aussi que passer au Dunkin’ Donuts tous les matins fait partie des composantes d’une bonne journée !

Ce que je vois de l’autre côté de la rue en revanche, ça ne me dit rien qui aille en ce sens. Face à mon bâtiment aux briques rouges s’est arrêtée une Ford Crown Victoria de couleur gris métallisé. Mes yeux cherchent de loin la plaque d’immatriculation. C’est maintenant que mon intuition se transforme en quelque chose de bien plus sérieux. La voiture est banalisée. Je pourrai croire que c’est un flic patrouillant dans le secteur qui a un creux, mais la jeune femme qui sort de là se dirige vers l’entrée de mon immeuble. Je ralentis mon pas tandis qu’elle visse son portable contre son oreille. Je l’entends nettement jurer entre ses dents quand j’approche des escaliers :

— Quoi ? Non, mais t’es pas sérieux !

Je reste immobile dans son dos, tant qu’elle ne m’a pas vue, pour l’écouter répondre avec beaucoup de passion :

— Non, je n’achète pas ton excuse ! Lee a dû te prévenir depuis plusieurs jours que tu devais témoigner.

Quand elle se tourne, ses iris verts se posent sur moi avec surprise et interrogation. Son regard est si perçant, voire inquisiteur, que j’ai l’impression qu’elle va m’accuser de me trouver là. Rapidement, sans me quitter des yeux, elle annonce pour mettre fin à sa conversation :

— Jeez[2] ! D’accord, je m’en occupe toute seule.

Dans son mouvement pour ranger son téléphone dans la poche de son blouson, je distingue son insigne de police attachée à sa ceinture. Je pose un instant les yeux sur son pantalon corbeau impeccable. Plus large au bas, il adopte une ligne fuselée. C’est un vêtement élégant et bien taillé tout comme la veste en cuir noir qui parfait sa tenue. Je ne sais pas qui est ce flic, mais ce qui est sûr c’est que je m’en souviendrai.

Malgré les quinze degrés, je ne distingue qu’un chemisier blanc sous les pans ouverts de son perfecto. Ça contraste avec mon style très matinal et surtout confortable. Je suis bien au chaud dans mon sweatshirt épais aux couleurs vertes et grises de l’équipe des Boston Celtics[3]. Contrairement à elle qui est bien habillée, je suis encore dans mon pantalon de survêtement sombre.

Tandis qu’elle continue de m’observer avec cette étrange lueur dans l’œil, je prends la parole avant que mon café ne refroidisse :

— J’habite ici.

Le sous-entendu est clair : elle est sur mon passage et m’empêche d’accéder à la porte de l’immeuble. La femme dont j’estime l’âge vers la trentaine se redresse. Elle porte des cheveux courts, coiffés d’une façon désordonnée qui en dit long sur ses habitudes matinales. J’esquisse un sourire à cette pensée un brin moqueuse.

— Vous êtes madame Catalina Taylor ?

Surprise d’être visiblement la personne qu’elle cherche, j’ai un instant de silence. Même s’il passe d’elle à moi la certitude que je suis celle qu’elle voulait trouver, je questionne par prudence :

— Qui la demande ?

— Inspectrice Blackwell, de l’Unité Spéciale des Crimes Non Résolus.

Si je suis un moment soulagée par son annonce parce qu’elle ne vient pas d’une brigade des stupéfiants, je n’en suis pas moins rassurée. C’est vrai, j’oublie que posséder de l’herbe est devenu légal à Boston maintenant, mais il persiste en moi cette légère angoisse depuis que l’un de mes voisins m’a fait des histoires. Toujours est-il que l’inspectrice n’a pas bougé et qu’elle se tient sur le perron en hauteur face à moi. Qu’est-ce que je pourrai bien avoir à voir avec une affaire de crime non résolu ?

— Vous préférez qu’on aille en discuter au poste, madame ?

— Bien sûr que non. Mon appartement est juste là, suivez-moi.

Cette fois, elle s’écarte pour me laisser indiquer le chemin. Moi qui désirais un petit déjeuner paisible, me voilà servie. Si encore j’avais pu l’anticiper en faisant un rêve, mais non. Quand ça me concerne, je ne sais jamais rien. Tu parles d’un don utile.

Je pousse la porte en restant silencieuse sur mon passage jusqu’à ce que nous arrivions au troisième étage. Dans ma tête, je cogite sur la possible raison de sa venue, mais ce n’est qu’une fois l'entrée refermée que j’ose questionner :

— Est-ce que je dois m’inquiéter ou appeler un avocat ?
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— Tu n’as ni Dieu, ni Maître, Aénor.
Je garde mon sang-froid devant son ton accusateur, pour rétorquer aussitôt :
— C’est parce que vous étiez mon modèle que je suis tenace, mère.
Nous sommes interrompues dans une énième discussion lorsque mon père entre dans la pièce. L’homme de taille moyenne porte un courrier. Devant le regard sombre de ma mère, mon père détourne le regard. Il me soutient pour la passation de pouvoir, et ma mère le sait.
Néanmoins, il murmure :
— Navré, Emillane.
J’ouvre rapidement le mot qui nous a été apporté. Je fais remarquer :
— C’est la deuxième missive.
Assidûment, mes yeux clairs suivent les quelques lignes. Les nouvelles des chasseurs en région de Transylvanie ne sont pas bonnes. Le Mal n’a pas d’autre objectif que répandre la douleur et la perte. C’est ce qu’il va arriver si nous n’arrêtons pas ces Waudins. Les beaux jours sont de moins en moins nombreux. Je n’ose imaginer l’ampleur de la difficulté si nous devions prendre part au combat en plein hiver slave.
L’air grave, les sourcils froncés, je regarde ma mère pour lui apprendre :
— Les créatures ont progressé dans les Carpates. Certaines ont été arrêtées sur une colline qu’on appelle la Tampa, à proximité d’une ville dans le Pays de Bârsa.
Les non-dits pleuvent, et chacune tient sa position. Le face à face est intense, même si elle est assise face à moi. Nettement plus impulsive qu’elle, je reprends la parole la première :
— Nous devons y prendre part. Immédiatement ! Ce sera ma première décision.
— Aénor, tu vas vite en besogne. Le clan a besoin d’une sorcière réfléchie à sa tête. Que crois-tu que tu pourras apporter aux tiens lorsque tu seras au combat ?
— Notre famille s’investit pour une cause juste depuis des siècles. Je refuse de m’en tenir à l’écart parce que vous avez peur, mère.
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Je sors du lit de mauvaise grâce alors que l’affreuse sonnerie se fait à nouveau entendre. Purée ! Si c’est l’un de mes frères, je le… Encore en pyjama, je traverse ma chambre. Mes pieds accélèrent la cadence dans le couloir pour ouvrir la porte. Je reste interdite quand je vois qui est devant moi. Quoi ? Krasnyy Rotkäppchen ? Elle est vêtue comme une sorcière ensorceleuse. C’est sûr que plusieurs têtes doivent se retourner sur son passage. Qu’est-ce qu’elle fait là ?

J’ouvre la porte en grand et observe dans le couloir plus attentivement. Peut-être est-ce encore une blague tordue de Bumhi ? Je fronce les sourcils et refais face à la sorcière.

— Qu’est-ce que tu fais là ?

— Je… voulais m’excuser pour ma mauvaise humeur l’autre soir. Ça m’a fait plaisir de faire ta rencontre et je pensais que peut-être tu accepterais qu’on... fasse connaissance ?

Alors que j’allais lui répondre, la porte en face de la mienne s’ouvre. Mon voisin, Dipper Fidgety, est un croque-mitaine de petite envergure. Il nous observe longuement. Je peux presque voir sa mâchoire se détacher. J’attrape l’avant-bras de Krasnyy et la fais entrer dans mon appartement. Je la pousse vivement à l’intérieur et appuie mon dos sur la porte.

Nom d’un petit bonhomme ! Dans deux heures tout l’immeuble va savoir qu’une Rotkäppchen était chez moi, et dans quatre heures, le quartier. Avant que je ne l’aie réalisé, ma famille en sera avertie. Je vais me faire tuer. La jeune femme m’observe longuement. Elle fronce les sourcils, apparemment contente.

Je la questionne brusquement :

— Tu n’as pas vu mon nom sur la porte ?

— Si
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Le mercredi est l’un de mes jours préférés. Nous sommes le douze septembre 2018 et nous avons la chance de profiter d’un bon quinze degrés ce matin. Je sors de la boutique de Dunkin’ Donuts[1]. Il est huit heures trente. Comme à mon habitude, j’ai choisi un café Dunkin Dark et un lot de quatre donuts. Mon préféré reste néanmoins l’indémodable Rainbow aux billes de sucre de couleurs vives. J’adore venir ici. Si je n’y ai pas acheté plus d’une centaine de pâtisseries que la foudre me tombe tout de suite sur la tête ! Avec leur large amplitude horaire, je peux quasiment toujours profiter d’une pause gourmande. C’est sans doute mon plus grand péché. Je reconnais être la première à goûter à toutes les nouveautés. Betty me garde tout le temps ceux que je préfère et même si ça me porte légèrement sur les hanches, je ne me priverai de ce plaisir pour rien au monde. J'ajouterais aussi que passer au Dunkin’ Donuts tous les matins fait partie des composantes d’une bonne journée !

Ce que je vois de l’autre côté de la rue en revanche, ça ne me dit rien qui aille en ce sens. Face à mon bâtiment aux briques rouges s’est arrêtée une Ford Crown Victoria de couleur gris métallisé. Mes yeux cherchent de loin la plaque d’immatriculation. C’est maintenant que mon intuition se transforme en quelque chose de bien plus sérieux. La voiture est banalisée. Je pourrai croire que c’est un flic patrouillant dans le secteur qui a un creux, mais la jeune femme qui sort de là se dirige vers l’entrée de mon immeuble. Je ralentis mon pas tandis qu’elle visse son portable contre son oreille. Je l’entends nettement jurer entre ses dents quand j’approche des escaliers :

— Quoi ? Non, mais t’es pas sérieux !

Je reste immobile dans son dos, tant qu’elle ne m’a pas vue, pour l’écouter répondre avec beaucoup de passion :

— Non, je n’achète pas ton excuse ! Lee a dû te prévenir depuis plusieurs jours que tu devais témoigner.

Quand elle se tourne, ses iris verts se posent sur moi avec surprise et interrogation. Son regard est si perçant, voire inquisiteur, que j’ai l’impression qu’elle va m’accuser de me trouver là. Rapidement, sans me quitter des yeux, elle annonce pour mettre fin à sa conversation :

— Jeez[2] ! D’accord, je m’en occupe toute seule.

Dans son mouvement pour ranger son téléphone dans la poche de son blouson, je distingue son insigne de police attachée à sa ceinture. Je pose un instant les yeux sur son pantalon corbeau impeccable. Plus large au bas, il adopte une ligne fuselée. C’est un vêtement élégant et bien taillé tout comme la veste en cuir noir qui parfait sa tenue. Je ne sais pas qui est ce flic, mais ce qui est sûr c’est que je m’en souviendrai.

Malgré les quinze degrés, je ne distingue qu’un chemisier blanc sous les pans ouverts de son perfecto. Ça contraste avec mon style très matinal et surtout confortable. Je suis bien au chaud dans mon sweatshirt épais aux couleurs vertes et grises de l’équipe des Boston Celtics[3]. Contrairement à elle qui est bien habillée, je suis encore dans mon pantalon de survêtement sombre.

Tandis qu’elle continue de m’observer avec cette étrange lueur dans l’œil, je prends la parole avant que mon café ne refroidisse :

— J’habite ici.

Le sous-entendu est clair : elle est sur mon passage et m’empêche d’accéder à la porte de l’immeuble. La femme dont j’estime l’âge vers la trentaine se redresse. Elle porte des cheveux courts, coiffés d’une façon désordonnée qui en dit long sur ses habitudes matinales. J’esquisse un sourire à cette pensée un brin moqueuse.

— Vous êtes madame Catalina Taylor ?

Surprise d’être visiblement la personne qu’elle cherche, j’ai un instant de silence. Même s’il passe d’elle à moi la certitude que je suis celle qu’elle voulait trouver, je questionne par prudence :

— Qui la demande ?

— Inspectrice Blackwell, de l’Unité Spéciale des Crimes Non Résolus.

Si je suis un moment soulagée par son annonce parce qu’elle ne vient pas d’une brigade des stupéfiants, je n’en suis pas moins rassurée. C’est vrai, j’oublie que posséder de l’herbe est devenu légal à Boston maintenant, mais il persiste en moi cette légère angoisse depuis que l’un de mes voisins m’a fait des histoires. Toujours est-il que l’inspectrice n’a pas bougé et qu’elle se tient sur le perron en hauteur face à moi. Qu’est-ce que je pourrai bien avoir à voir avec une affaire de crime non résolu ?

— Vous préférez qu’on aille en discuter au poste, madame ?

— Bien sûr que non. Mon appartement est juste là, suivez-moi.

Cette fois, elle s’écarte pour me laisser indiquer le chemin. Moi qui désirais un petit déjeuner paisible, me voilà servie. Si encore j’avais pu l’anticiper en faisant un rêve, mais non. Quand ça me concerne, je ne sais jamais rien. Tu parles d’un don utile.

Je pousse la porte en restant silencieuse sur mon passage jusqu’à ce que nous arrivions au troisième étage. Dans ma tête, je cogite sur la possible raison de sa venue, mais ce n’est qu’une fois l'entrée refermée que j’ose questionner :

— Est-ce que je dois m’inquiéter ou appeler un avocat ? »
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