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Citation de enkidu_


La compassion n’a rien à voir avec la réalisation. Elle est ample et généreuse. Lorsque l’on développe la véritable compassion, on ne sait plus si l’on est généreux envers soi-même ou envers les autres, car la compassion est la générosité rayonnante, sans but, sans « pour moi » et « pour les autres ». Elle est pleine de joie, de joie spontanée, de joie constante dans le sens de la confiance, dans la mesure où la joie contient de fabuleuses richesses.
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La compassion invite automatiquement à entrer en relation avec autrui, parce que nous arrêtons de considérer que les autres nous pompent notre énergie. Ils nous rechargent en énergie, dès lors que dans la relation que nous établissons avec eux, nous reconnaissons notre trésor, notre richesse. Et si nous avons des choses difficiles à faire, avec les gens et les situations de la vie par exemple, nous n’avons pas le sentiment de nous épuiser. Chaque tâche difficile est pour nous une merveilleuse occasion de manifester notre richesse. On ne se sent pas le moins du monde pauvre lorsqu’on aborde ainsi la vie.
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Alors on s’ouvre encore plus. On ne considère plus que quoi ce soit doive être rejeté ou accepté ; on s’harmonise simplement avec chaque situation. Il n’y a plus ni ennemi à vaincre ni but à atteindre. On n’accumule plus ni ne donne. On n’a plus ni espoir ni crainte. C’est le développement de prajna, la connaissance transcendantale, la capacité de voir les situations telles qu’elles sont.
(...)
Beaucoup de gens vont peut-être se sentir déçus, mais j’ai bien peu que l’amour ne se réduise pas à l’expérience de la beauté et de la joie romantique. L’amour est autant impliqué dans la laideur, la douleur et l’agression, que dans la beauté du monde ; ce n’est pas la récréation du ciel.

L’amour ou la compassion, le sentier ouvert, sont impliqués dans « ce qui est ». Pour développer l’amour – l’amour universel, l’amour cosmique, appelons-le comme nous voulons – il nous faut accepter l’ensemble de la situation de la vie telle qu’elle est, le lumineux et l’obscur, le bien et le mal. Il faut s’ouvrir à la vie, communiquer avec elle. Peut-être lutte-t-on pour développer, pour accomplir la paix et l’amour : « Nous réussirons, nous dépenserons des milliers de dollars pour répandre partout la doctrine de l’amour, nous allons proclamer l’amour. » D’accord, proclamez, dépensez votre argent, mais qu’en est-il de l’impulsion et de l’agression qui sous-tendent vos actes ? Pourquoi voulez-vous forcer à accepter votre amour ? Pourquoi y mêler tant de force et de précipitation ? Si votre amour circule à la même vitesse et sur les mêmes circuits que la haine de autres, quelque chose ne va pas. Ne cherchons pas midi à quatorze heures. Tant d’ambition est impliquée dans le prosélytisme. Ce n’est pas là une situation ouverte, une communication avec les choses telles qu’elles sont.

Le sens ultime des mots « paix sur la terre » consiste à supprimer conjointement les notions de guerre et de paix, et à nous ouvrir également et complètement aux aspects négatifs et positifs du monde. C’est comme dans une vue aérienne : il y a des zones de lumière et des zones d’ombre ; on accepte les deux. On n’essaie pas de défendre la lumière contre l’ombre.

L’action du bodhisattva [Bouddha vivant] ressemble à la clarté de la lune qui se répand sur une centaine de bols emplis d’eau, de telle sorte qu’il y a une centaine de lunes, une dans chaque bol. La lune, ni personne, ne cherche à illuminer les bols. Mais, pour une raison mystérieuse, il y a cent reflets de la lune dans les cents bols. L’ouverture requiert ce type de foi absolue et de confiance en soi. La situation ouverte de la compassion travaille ainsi, plutôt que d’essayer délibérément de créer une centaine de reflets, une dans chaque bol. (pp. 99-102)
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