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Critiques de China Miéville (297)
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Les Scarifiés

La littérature fantasy, ici il s'agit même plutôt de steampunk, propose parfois des univers originaux qui renouvellent l'intérêt de lecture, pari gagné avec ce titre qui se démarque de belle façon.

Pour ce qui est du contexte, il faut s'imaginer une ville flottante constituée de centaines de navires assemblés, une ville qui bouge lentement mais est néanmoins mobile. Cette "ville", nommée "Armada" est dirigée par les deux seigneurs scarifiés, un couple énigmatique que l'on surnomme aussi "les Amants", ils sont assistés d'Uther Dol, un mercenaire qui possède une épée d'un genre très particulier.

Ce peuple de l'eau obéit aux lois de la flibuste et vit de la piraterie, cela dit, le but poursuivi par les dirigeants d'Armada est d'une toute autre nature, il est question d'une quête, "la recherche d'un lieu légendaire sur lequel courent les mythes les plus fous."

"Jeune traductrice de langues oubliées, Bellis fuit Nouvelle-Crobuzon à bord du Terpsichoria en route vers l'île Nova Esperium. Arraisonné par des pirates, le navire est conduit vers Armada..."

Ainsi débute l'histoire, les talents de Bellis vont permettre à cette quête insensée de prendre corps, le voyage s'annonce bien sûr dangereux, on en n'attend pas moins.

J'ai aimé ce petit pavé pour les raisons citées plus haut, mais aussi pour la qualité de l'écriture et du scénario, il s'agit, et c'est à noter, d'un "one shot".
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The City and the City

Bien décevant.

Un roman multi-primé (au point que je ne les citerais pas tous) d'un auteur habitué à ce genre de traitement (il n'a plus de place sur sa cheminée pour tous les mettre). Un roman d'une exceptionnelle qualité donc ? Et bien encore une fois, je ne ferais pas partie de la troupe.



Borlu, appartenant la brigade des crimes extrêmes, est chargé du meurtre d'une jeune inconnue retrouvée dans sa ville de Beszel. Le souci, c'est qu'elle semble avoir été tuée à Ul Qoma, la ville voisine. Enfin voisine, tellement proche qu'elle occupe le même espace, les habitants s'évisant (ne pas voir, ignorer) tellement mutuellement qu'au moindre faux pas, une mystérieuse organisation : la rupture, intervient pour remettre les choses en ordre.



Un background indéniablement original. Et si le début du livre peut paraître nébuleux, la simple lecture de la quatrième de couverture nous renseigne sur ou dans quoi on va mettre les pieds, ou plutôt les yeux. L'auteur développe un vocabulaire spécifique à cette situation (éviser, brutopiquement, inouïr, rompre etc) que les habitants respectent scrupuleusement, éduqués, conditionnés depuis leur naissance et surveillés par la rupture. Une guerre froide des cerveaux, un apartheid mutuel, un Berlin sans le mur autre que dans la tête entre Beszel l'occidentale et Ul Qoma l'arabisante.

Le problème, à mon sens, c'est que je n'ai du tout trouvé la situation crédible. Je pensais au début à une sorte de monde parallèle avec zones tramées (à la Fringe), mais non, que du physique.

L'atmosphère du livre est sombre, lourde, pâteuse même je dirais, l'enquête mouline, on pédale dans la choucroute, baigné de surcroît dans un flou plus ou moins artistique mêlé de politique absconse et improbable. Les personnages sont aussi froids que le style.

Si l'on ajoute que je ne suis pas particulièrement adepte du roman noir, il en résulte que je suis complètement resté à l'extérieur de l'histoire et que du coup, je me suis prodigieusement ennuyé (pour rester poli).



C'est mauvais ? Non vu le nombre d'admirateurs. Est-ce que je suis totalement hermétique au roman noir vaguement sf ? Non j'ai adoré par exemple Les Racines du mal de Dantec. A l'auteur alors ? Il faudrait que je lise son autre « réussite » primée : Perdido street station, mais disons que commençant à connaître mes goûts en matière de lecture, je crains que China Mieville ne soit pas ma came.



Lu et critiqué dans le cadre de l'opération masse critique. Merci à Babelio et Pocket.
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Merfer

Je remercie mes amis du nouveau forum indépendant, mais complémentaire à Babelio, pour la participation de cette lecture collective. L'idée étant venue de moi, je suis obligé d'assurer pour cette ce compte-rendu de lecture malgré un sentiment final de frustration...

China Miéville est l'un sinon le porte-drapeau du mouvement New Weird, qui est à la génération Y ce que le mouvement New Wave fut à la génération baby-boom (sauf que le punk et le « No Future », le néolibéralisme et le « TINA » sont passés malheureusement passés par là).

L'auteur n'a jamais caché son engagement très à gauche, et contrairement à nombre d'artistes et d'intellectuels plus diseux qu faiseux lui n'a pas hésité à affronter l'ordalie du Suffrage Universel. C'est donc sans surprise qu'il balance quelques piques bien sentis sur l'impérialisme yankee (avec des références à la Guerre du Vietnam et aux écocides de Monsanto/Bayer), sur la désertion fiscale ploutocratique dont on mesure chaque jour les dégâts incommensurables, et le financiarisme marabouté par les mensonges vénéneux de l'Argent Roi et les illusions délétères du Veau d'Or (avec des rentiers dégénérés qui n'ont pas compris que la fin du monde avait eu lieu, et qui continue de compte avec avidité mais en pure perte les intérêt des dividendes et des royalties qu'ils espèrent encore toucher ^^)



China Miéville est littéralement un démiurge et ici c'est entre post-apo et Planet Opera qu'il brouille les pistes (à l'image de ce bon vieux Jack Vance ^^), avant de faire émerger du néant un univers tiersmondiste (pas forcément misérabiliste et pas forcément pessimiste), un monde dépotoir où les professions les plus enviées sont celles d'éboueurs bien particuliers : les exhumeurs s'intéressent aux vestiges du présent pour récupérer et recycler les ressources nécessaires à la bonne marche de la société, les archéxhumeurs s'intéressent aux vestiges du passé et les plus doués d'entre eux s'essaient à la rétro-ingénierie pour retrouver les secrets perdus de la science d'antan, et les alterexhumeurs s'intéressent eux aux étranges reliques laissés par les voyageurs des étoiles (nous sommes donc peu ou prou dans l'hommage à "Stalker", le roman d'Arcadi et Boris Strougatski ^^).



Dans cet univers, nous suivons une humanité coincée entre terre et ciel :

- passé 3000 mètres l'atmosphère est toxique, et habituée par un faune extraterrestre d'inspiration largement lovecraftienne ramenée d'outremonde par de malencontreux voyageurs de étoiles... Et les scaphandriers des cimes repoussent sans cesse les barrières de l'impossible pour explorer les sommets à la recherche de lieux de légendes comme la Scimérie, le toxicontinent mythique de l'outreciel !

- le plancher des vaches est devenu invivable car l'accumulation de déchets ont transformé l’écosystème en faune mutante féroce et vorace, ce qui a obligé les habitants à distinguer sousterre et plateterre... Vers de de la toundras gros comme des bras, rats-taupes nus gros comme des chiens (et qui en plus chassent en meute), gigatortues gaufrées, fourmilions cuisants, chevêches des terriers, perce-aux-rails, lapins draco.... Et au sommet d'une pyramide alimentaire faisant la part belle aux monstres éructhones trône Godzilla, euh pardon la terrible Talpa ferox rex : la Grande darboune australe ! (kaijûs power ^^)



Dans ces conditions les rochers deviennent des îles, les plateaux des pays, les chaînes de montagnes des continents, et la civilisation aurait cessé d'exister si la plateterre n'était pas parcourue par un réseau ferroviaire aussi dense qu'immense dont la création se perd dans la nuit de temps (et dont la maintenance est assurée par les mystérieux anges durailles)... De vaillants traineux s'élancent donc sur cette mer de fer, ou Merfer, pour relier entre eux les refuges perchés de l'humanité, et héros parmi ces cheminots l'auteur met sur le devant de la scène les taupiers qui n'hésitent pas à se frotter aux pires créatures ! (et il y a aussi les Baljis, des tribus nomades vivants sur des chars à voiles, qui suivent les troupeaux de chevaux sauvages ayant adopté le mode de vie nécessaire pour échapper à leurs nouveaux prédateurs)



Dans "Merfer" nous suivons à travers les yeux de l'apprenti médecin Sham le train taupier Mèdes et son équipage.Mais nous sommes dans un roman d'apprentissage, et Sham est un adolescent qu'il s'intéresse essentiellement à un petite cercle de connaissances : Chauquette la chauve-souris apprivoisée, le médecin Lish Fremlo, le chef Ankush Roch et la capitaine Natasha Picbaie... Lui qui n'a jamais vraiment su ce qu'il voulait et qui finit aide soignant un peu par hasard est fasciné par la capitaine qui a dédié toute sa vie à la traque et à la mort de Jackie-la-Nargue, la légendaire taupe albinos géante...



Pour tout le reste, je vous oblige contre votre gré à un clic supplémentaire moins en réaction au Jeudi Noir de Babelio que pour vous offrir l'ensemble avec les images qui vont bien ^^
Lien : http://www.chemins-khatovar...
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The City and the City

Ça fait deux fois que je lis The City & The City, la deuxième remontant à six mois. Et jusqu'à présent, j'ai pas été foutue d'écrire une critique sur ce roman, bien que j'aie très vaguement (mais vraiment très très vaguement) essayé. Voyons si je vais m'en tirer aujourd'hui.





Pourquoi est-ce que je n'ai pas réussi à... Bon, là, j'en suis déjà à la quatrième réécriture de cette phrase, vous voyez comme j'ai du mal... Alors, qu'est-ce qui me bloque ? Je crois que j'ai beaucoup de mal à m'expliquer ce qui fait pour moi le charme de The City & The City. Du coup, l'expliquer aux autres devient une torture. Car franchement, comment est-ce que je pourrais expliquer ce que je ne comprends pas ? Allez, c'est parti, on va essayer de comprendre.





Une ville scindée en deux, ou deux villes qui n'en forment qu'une, ou deux villes à la fois entremêlées et séparées, telles se présentent Besźel et Ul Qoma. L'une est marquée par l'uniformité et la grisaille, l'autre se distingue par son aspect plus coloré et moderne. Elles sont collées l'une à l'autre, mais parfois tramées, voire dotées de quelques espaces neutres. Le tramage consiste en des lieux comprenant une savante alternance entre des espaces qui appartiennent à Besźel et d'autres appartenant à Ul Qoma. Et, tenez-vous bien, malgré ces lieux tramés, il est strictement interdit (par une loi commune ? qui viendrait d'où ? on ne sait pas) aux habitants de Besźel d'aller à Ul Qoma, et inversement. Mais pas seulement. Il est également interdit de regarder, d'écouter ce qui se passe dans l'autre ville, d'où un vocable spécifique (ce qui est une des marques de fabrique de China Miéville) utilisé par les habitants, comme "éviser" pour "éviter de regarder", ou "inouïr" pour "éviter d'écouter". Un vocable qu'on comprend vite et facilement, c'est à noter.





Tout de suite, je vous vois venir : qu'est-ce que c'est que ce foutoir que China Miéville est allé inventer, et qui ne tient pas la route une seconde ??? Parce que conduire sur une voie où il faut éviter de regarder la moitié des voitures, ça semble plus une incitation à provoquer des accidents mortels qu'autre chose, soyons clairs. Du coup, je pense qu'il ne faut pas, mais alors pas du tout, s'arrêter au manque de réalisme de la chose. Impossible de lire ce roman si on ne le prend pas comme une métaphore, ou bien on risque de ne jamais finir de s'agacer à propos de tout et de rien - ce que je peux comprendre, vu que je suis un modèle en matière d'agacement qui n'en finit plus. Cela dit, l'idée d'éviser ou d'inouïr les gens qui se trouvent juste sur le trottoir d'en face, est-ce que c'est si fantasque que ça ? Est-ce qu'on n'a pas appris, en tout cas en France mais aussi dans plein d'autre pays, à ne plus voir les clochards qui font la manche et les chats errants qui crèvent la dalle ? Est-ce qu'on n'a pas appris à ne plus entendre le bruit que font les moteurs de voitures ou à ne plus voir les publicités qui s'affichent partout ?





Poursuivons. Pour corser le tout, on a un meurtre avec un corps trouvé à Besźel mais probablement perpétré à Ul Qoma, ce qui va donner du fil à retordre à notre narrateur, l'inspecteur Tyador Borlù. Ajoutez à cela des unificateurs et des nationalistes dans les deux villes pour l'aspect politique, ainsi que d'étranges objets archéologiques impossibles à dater, et une légende, celle d'Orciny, la ville des origines, qui se trouverait sous les deux autres. Car une question n'a jamais été réglée : est-ce que Besźel et Ul Qoma sont deux villes qui se sont rapprochées, ou sont-elles issues de la scission d'une seule ville ? Pour finir, il est question d'une organisation de l'ombre : la Rupture. Vous parlez à quelqu'un d'Ul Qoma alors que vous êtes de Besźel et que vous n'en avez pas l'autorisation (bah oui, il existe des dérogations, quand même) ? Ça signifie que vous "rompez", et par conséquent l'obscure Rupture s'occupe de vous.





J'ai repris tous les éléments essentiels de The City & The City, dont ceux qui m'ont poussée à le lire. J'en avais entendu parler dans Mauvais Genres, l'émission de François Angelier, et rien que l'idée de ces deux villes liées l'une à l'autre et où les règles empêchaient les habitants de l'une de communiquer avec ceux de l'autre, ça m'avait accrochée. Alors quand il a été question, en cours de lecture, de mystères archéologiques et d'une autre ville mythique, j'étais aux anges. J'avoue que sur ces deux points, j'ai un tantinet déchanté : China Miéville n'est pas allé au bout, soit par volonté, soit par paresse ; je ne saurais dire. En tout cas il a un peu refait le coup avec Merfer, l'odieux fourbe !





Je vois bien, au moins en partie, ce qui a pu déplaire à d'autres lecteurs. Au-delà des lois bizarres qui régissent les deux villes, on a affaire à une intrigue policière conventionnelle, à des éléments de l'histoire peu exploités et à une métaphore de la ville double qui reste assez vague. Néanmoins... j'ai du mal à saisir pourquoi le style de China Miéville poserait problème dans The City & The City. Je n'ai pas énormément lu cet auteur, mais on s'aperçoit vite après quelques romans qu'il adapte son écriture en fonction du sujet. D'où un style parfois fantasque, baroque, ou je ne sais comment qualifier ça, voire pénible comme dans Kraken (ça n'engage que moi). Ou un style sobre, comme ici. Roman noir, style sobre, atmosphère pesante, un brin déprimante : je trouve qu'on a une combinaison réussie, et c'est probablement la raison de mon attachement à ce livre comportant des défauts certains. Je suis très sensible aux atmosphères qui se dégagent des œuvres, dans toutes les formes d'art. Or, The City & The City, c'est ça au final : un roman d'atmosphère. Ainsi qu'une appropriation des codes de la dystopie et du roman noir dont Miéville n'a pas à rougir (pour la science-fiction, c'est en revanche bien trop effleuré pour être intéressant).





Donc, oui, je suis restée sur ma faim avec The City & The City, oui, j'ai vu venir le finale (mais est-ce un défaut ? pas ici, à mon sens) et pourtant oui, j'ai aimé lire le roman, et même le relire trois ans plus tard. Parce que The City & The City, c'est toute une ambiance dans laquelle j'ai aimé traîner mes guêtres avec le narrateur. Et puis osez me dire que ce truc de villes entremêlées, ça ne vous titille pas un peu !

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The City and the City

Ce roman aurait du tout avoir pour me plaire : un policier avec de la fiction et une certaine critique politique en prime... bref tout ce que j'aime en général.. mais j'aurais du me méfier ce livre a été primé plusieurs fois.. et là une fois encore (hormis de très rare exceptions) je passe plus qu'à coté d'un livre ayant reçu moulte récompenses



Je ne vais pas m'étendre sur l'histoire la quatrième de couverture en dit largement assez pour se faire une idée. Et pourtant elle me faisait envie cette quatrimèe de couverture, mais je me suis ennuyée, trop de stéréotype et en plus des personnages lises comme des galets, une action inexistante et un monde politique complètement incrédible à mes yeux.



Je n'ai jamais lu Miéville auparavant mais Walktapus m'en avait donné envie. Je ne resterais pas sur cette déception , j'en lirais s'en doute un autre un des ces jours.. il ne me reste plus qu'a décider lequel.

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Lombres

« Ici radio Lombres » les lombrissiens parlent aux londoniens, le Smog est épais et dangereux, je répète le Smog est épais et dangereux ».

Ok, vous me direz, il se foule pas la rate pour résumer ce roman jeunesse de China Miéville (qui entre parenthèse pour les non puristes est un garçon), mais pourquoi en dire plus puisque l’attrait du livre est de flatter l’imaginaire de ces jeunes lecteurs. Et le gars China, côté j’ai le cerveau qui fourmille d’idées est plutôt inventif. En gros, et pour ne rien dévoiler de l’histoire vous suivrez les aventures de Zanna et Deeba, vous rencontrerez une multitude de personnages rigolos et loufoques ou menaçants et antipathiques. Vous mènerez le tout, sur un rythme effréné, saupoudrez d’une écriture plaisante et vous aurez un roman qui ravira nos chères têtes blondes (rousses et brunes aussi, pas de discrimination). Voilà, je vous rend l'antenne en remerciant les Editions Pocket et Babelio de m’avoir fait découvrir China Miéville.

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Légationville

Ah, ah, ah, Légationville ! Voilà un sacré challenge pour une critique ! Déjà que mes relations occasionnelles avec les romans de China Miéville me donnent l'impression de jouer aux montagnes russes (j'ai détesté Kraken, puis vraiment aimé The City & The City), mais dans ce cas précis, je dois dire que j'ai été particulièrement déconcertée à plus d'un titre. Ce bouquin a failli avoir raison de moi, comme l'avait fait Kraken. Parce que ne rien comprendre à ce qu'on lit pendant environ 75 pages, c'est tout de même assez décourageant, et c'est en gros ce qui m'est arrivé. 75 pages durant lesquelles on nage dans le flou le plus complet, dans lequel il est question d'un vague concept nommé immer, qui a rapport avec une forme de voyage (et de mal d'immer, oui, oui, oui, même si c'est pas dit texto), et qui, finalement, n'a pas une énorme importance. 75 pages bourrées de néologismes plus incompréhensibles les uns que les autres, ou vaguement compréhensibles mais pénibles tellement ils vous submergent. Je comprends bien que Miéville, dont le sujet entretient un lien étroit avec la linguistique, et un lien encore plus étroit avec l'étude transdisciplinaire du langage (bien que ce soit plus complexe et précis que ça, en fait), ait voulu pousser la chose jusqu'à inventer des mots spécifiques qui se rapportent à une monde spécifique, monde qui n'est pas le nôtre. Mais trop c'est trop, et tous ces néologismes gâchent la lecture au lieu de la rendre plus alléchante. Donc, je me suis demandé à plusieurs reprises si je ne devais tout bêtement laisser tomber ce bouquin jusque-là insupportable de forfanterie langagière. Mais ce sujet du langage me taraudait, et ce malgré le fait que je n'ai jamais brillé - et c'est rien de le dire - dans cette discipline qu'est la linguistique.



Donc... Donc j'ai persévéré, et j'avoue que vers la pages 75 (comme vous l'aviez compris, j'imagine), j'ai commencé à trouver tout ça plus lisible, même si j’avoue que quelques détails m'ont un peu titillée, comme le fait que China Miéville confonde les phonèmes et les morphèmes (un des trucs de base qu'on apprend en linguistique, et que je ne développerai pas de peur de vous faire fuir). Sur le coup, j'ai eu très peur, je sentais un truc à la Premier contact de Denis Villeneuve, quand le militaire va voir la linguiste, lui fait écouter des sons incompréhensibles pour l’appareil auditif humain et lui demande "Qu'est-ce que vous comprenez ? Combien sont-ils ? Que disent-ils ?" Passons. On se rend vite compte, malgré les défauts du livre et, notamment, des débuts, que Miéville s'est beaucoup plus renseigné sur son sujet que Villeneuve (qui tenait pourtant un très bon pitch, misère).



Et pour le coup, je vais être obligée de rentrer dans le vif du sujet, ce qui n'est pas simple (ne vous fiez pas à la caricaturale quatrième de couverture). Légationville est une ville insérée dans une ville, ou plutôt une ville collée à une autre ville, tout ça n'étant pas extrêmement clair. Je me suis d’ailleurs dit : "Ça y est - oui, j'ai un peu passé mon temps à ça au début -, il nous refait le coup de The City & The City version SF. Sauf que non. Sauf que oui, un peu, puisque lorsqu'on parle ville, et surtout villes accolées, on parle forcément politique. Sauf que le sujet principal est d'abord ailleurs : c'est celui du langage. C'est là que Miéville s'est montré très ambitieux, s'inspirant (comme mentionné à la fin du roman), des travaux d'Ivor Armstrong Richards, de Paul Ricoeur et de Tran Duc Thao, qui ont notamment travaillé sur la question de la métaphore et du langage du réel. Je ne m'aventure pas plus loin dans ce domaine, que je ne maîtrise pas du tout, et j'avoue bien volontiers que je n'ai pas lu les travaux de ces chercheurs. Ce que vous avez besoin de savoir, c'est qu'à Légationville, des humains qui parlent anglo-ubique, c'est-à-dire le même type de langage que nous, côtoient plus ou moins la population indigène, non humaine, qui les ont accueillis sur leur territoire : les Ariékans (appelés par les Légationvillois les "Hôtes"). Or les deux populations sont incapables de communiquer, et pas seulement parce que les Ariékans possèdent deux bouches et prononcent deux expressions à la fois. Le langage ariékan, appelé la Langue, ne supporte pas le symbolisme. Pas de métaphores possibles en Langue, et donc impossibilité de comprendre le langage humain qui, lui, repose sur la symbolique. Et si les humains sont capables de décrypter plus ou moins la Langue, si certains d'entre eux sont capables d'énoncer des phrases en Langue, l'inverse n'est pas vrai et, surtout, l’incompréhension mutuelle est de toute façon totale. Toute l'histoire, centrée sur un personnage d'immerseuse humaine (quelqu’un qui voyage dans l'immer sans vomir), racontée avec des allers-retours permanents entre l’avant et l'après (un événement particulier faisant office de coupure), est donc l’histoire de l’évolution de la Langue et des rapports entre les humains vivant à Légationville et leur "Hôtes".



Vous comprendrez donc, peut-être, pourquoi je n'ai pas lâché l'affaire, après tout. J'ai commencé par "Oh non, c'est chiant, c'est illisible, c'est prétentieux", en passant par "Ah, mais ça commence à se lire mieux, là", jusqu'à "Oh, mais comment va finir tout ça ???" Je ne regrette pas cette lecture, même si j'ai traîné pas mal dessus au début, parce que j'ai apprécié l'ambition du roman, le mal que s'est donné Miéville pour construire un roman qui se tient sur un sujet épineux, parce qu'il est finalement autant question de politique que de langage, parce que j'ai été finalement happée dans le combat d'Avice, l'héroïne, et parce que c'est pas souvent qu'on nous parle de linguistique et de langage dans la fiction (Épépé étant un modèle du genre).



Oui, mais... Mais c'est long. Vraiment long. Un sujet pareil demande certes d'être développé, mais tout de même... On aurait pu se passer de tas de détails, voire de passages entiers. Je crois que Miéville s'est un peu trop complu à s'étaler sur plus de cinq cents pages. Et je ne suis pas complètement convaincue qu'il maîtrise complètement son sujet (contrairement à Karinthy avec Épépé, justement) ; soit c'est moi qui suis passée à côté de certaines explications sur le langage, le réel et les métaphores, soit elles étaient un peu légères et la solution d'Avice sur la fin un peu facile.



Toujours est-il que je suis contente, non seulement d’être arrivée à bout d'un roman avec lequel ma relation avait tourné dès le départ à la confrontation hostile, mais aussi d'avoir découvert une œuvre qui, si elle n’est peut-être pas tout à fait à la hauteur de ses ambitions, m'a valu de bons moments, et que je n'oublierai pas. Voilà qui donnerait presque envie de lire tous ces travaux de chercheurs sur le langage, mais... il y a peu de chances que j'aille jusque-là !
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Merfer

J'ai été très attirée par le résumé d'une part, et surtout par la couverture que j'ai trouvé très belle. Mais le bel emballage a révélé une déception. Dans un monde a priori post-apocalyptique, les terres sont recouvertes de rails de chemin de fer. Ce réseau est appelé la Merfer. Sham va être embarqué pour un voyage au bout du monde.

Je n'ai pas embarqué avec lui. L'intrigue s'éparpille sur plusieurs groupes de personnages dans la seconde partie, les liens sont un peu trop décousus pour un cerveau fatigué, et le fin ne m'a vraiment pas passionnée. A aucun moment je n'ai ressenti le mouvement du train, ni même le roulis d'un bateau comme pourrait le suggérer le vocabulaire maritime utilisé à bord des trains. Je suis restée hermétique à cet univers qui pourtant paraissait prometteur.

Au vu de toutes les bonnes critiques que ce livre a récolté, je conçois qu'il peut s'agir d'un simple manque d'intérêt personnel. J'ai tout de même envier de tenter un nouveau titre de China Mieville, qui reste une référence dans la littérature de l'imaginaire.
Lien : https://www.facebook.com/Les..
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Le Roi des Rats

«Saul se dépouillait de son humanité comme d’une vieille mue de serpent, il s’en débarrassait par lambeaux entiers. Elle était si rapide, cette approbation d’une nouvelle forme en lui. Bravo dit le Roi des rats, et il s’affaira autour du métal dans le sol.»



Je ne sais pas, ce qui se passe sur le réseau, je crois qu’il y a une épidémie, sur les rats. Je venais de finir «Le repaire des rats» de James Herbert, qu’aussitôt je débute mon livre «Le roi des rats» de China Miéville. Je ne connais pas du tout cet auteur, j’entends parler de lui quand Walktapus m’interpelle avec ses citations.

Walktapus est très communicatif alors je me laisse tenter par une lecture commune. Je découvre alors que le livre «Le Roi des Rats» est son premier roman et par la suite il gagne des prix pour ses autres livres. C’est une belle découverte et c’est une histoire magnifiquement bien écrite.







«Envoûtant», «Angoissant», «Énigmatique», je crois que c’est trois mots qui représentent bien le monde fascinant du livre le «Roi des rats». C’est un récit qui se lit aisément, où il mêle l’humain et les carnivores qui se côtoient dans une communauté fantastique.







L’histoire :

L’histoire se passe à Londres, Saul est de retour chez lui. Pour diverses raisons, il ne va pas saluer son père. Le lendemain, la police débarque et il l’amène au poste. Il ne sait pas ce qui se passe et il apprend que son père est assassiné. Dans sa cellule, il fait la rencontre d’une curieuse créature : Le Roi des rats. Il le persuade que sa vie est en danger et il peut se transformer comme lui. Il n’a que peu de temps à se décider, alors Saul accepte et il disparaît. Par la suite, il apprend à intégrer ce drôle d’univers. Il se pose aussi plusieurs questions sur sa situation. Dans d’étranges circonstances, il apprend que ses proches sont en danger. Est-ce qu’il va arriver à temps pour les sauver ?







Les événements :

Dès le départ, je trouve que China Miéville frappe fort. Lorsqu’on arrête Saul, il nous laisse tout de suite dans le doute. Tu te demandes ce qui se passe. Ensuite, les événements s’enchaînent. On sent immédiatement une électricité dans l’air, une tension dangereuse qui s’éveille.

C’est une écriture qui est fluide, l’imagination, le fantastique et l'amitié occupent une place très importante dans ce récit. Le livre le ‘’Roi des rats’’ nous entraîne dans le nouveau territoire de Saul.

L’auteur China Miéville décrit tellement bien son repaire, qu’on y croit. Il utilise des expressions forts, il emploi des descriptions très détaillés. Il suscite constamment ma curiosité et je me sens transporté dans une intrigue bien ficelée à travers deux mondes.

Je détecte au fil des pages un climat fragile. Je sens que Saul est toujours sur le qui-vive et il voit un peu plus clair sur ce qui lui arrive. Les liens se font et il s’aperçoit que la réalité n’est pas toujours ce qu’on croit.







Les personnages :

C’est certain, que tu sens que la disparition de Saul, provoque des questionnements, un bouleversement dans son entourage. C’est ainsi qu’on fait la connaissance de Fabian, de Natasha et de Kay. C’est les amis à Saul.

Comme par magie, Natasha rencontre un mystérieux inconnu à sa porte. Il l’entend jouer de la musique et il veut l’aider avec sa flûte à faire des meilleures partitions. Est-ce que c’est un drôle de hasard que ce personnage intriguant se pointe ?



Entre-temps, l’inspecteur Crowley essaie de faire la lumière sur cette affaire mais des détails lui échappent. Il essaie de se fier à son flaire mais c’est un cas assez dingue. Est-ce qu’il va y parvenir ?



Mes impressions :

C’est un très bon moment de lecture, c’est une écriture vive, bien rythmée, qui garde bien sa cadence pour un premier roman. Je me suis beaucoup amusée, mon imagination prend son envol au fil des pages.



Je remarque que China Miéville possède beaucoup de créativité, son histoire est bien structurée, ses chapitres sont bien construits avec des sous-titres qui captent l’attention. Il sait rendre l’histoire captivante par ses personnages incroyables, son suspense qui maintient tout au long du roman.



Le petit plus : Il emploie régulièrement une dose d’humour et des belles phrases crus.

Le petit moins : Je trouve des petites longueurs, à plusieurs endroits.



À la finale, le lecteur retient son souffle et je crois que l’auteur pourrait y faire une suite. Pour une première histoire, c’est une bonne réussite. Je trouve que c’est un auteur à découvrir et il faut lui laisser sa chance…



Pour terminer, je remercie Walktapus pour avoir fait une lecture commune avec moi. C’est agréable de le découvrir en même temps et j’aime aussi nos échanges avec notre amie Bookycooky. Waltapus, ne change surtout pas, tu sais transmettre ton amour de la lecture, tes connaissances et ton amitié.



Je crois que la lecture unie les gens et elle tisse une belle fraternité.



Et qui osera suivre Saul, au cœur de Londres ?

Si jamais vous entendez un joueur de flûte, méfiez-vous, on ne sait pas ce qui pourrait vous arriver ?







Isabelle
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The City and the City

Ce roman est un OVNI, une étoile étincelante dans l'univers souvent formaté de la littérature actuelle.

Le sujet est casse-gueule, l'intrigue improbable. Après 30 pages, je me suis demandé "c'est quoi ce truc ?", après 60 pages "eh, c'est bizarre ce machin", après 100 pages j'étais totalement hypnotisé.

Mélanger avec tant de brio une intrigue policière "classique", un environnement de SF "conceptuel" et des réminiscences politiques profondes, tient presque du génie.

Tout est dans l'ambiance ; l'intrigue, pourtant intéressante, en devient presque secondaire. On déambule un peu ahuri dans cet univers improbable qui, pourtant, prend vie au fil des pages. Une sorte de Berlin de la guerre froide, version contemporaine.

Sans doute pas facile d'accès de prime abord, ce roman risque fort de subjuguer le lecteur qui trouvera l'envie de s'y plonger totalement.

Mention spéciale à la traductrice, le boulot ne devait pas être de tout repos, tant l'auteur aime jouer avec les mots.

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Merfer

Jusqu’ici le seul livre de China Miéville que j’avais lu était « Lombres », un roman jeunesse réussi qui proposait un joli univers londonien parallèle. J’étais curieuse de découvrir Miéville s’adressant à un lectorat adulte. Ce n’est pas tout à fait le cas ici. Si « Merfer » n’est apparemment pas estampillé YA, il aurait pu l’être et pourrait tout à fait plaire à ce public. Au vu des notes mitigées, beaucoup de lecteurs semblent avoir été déçus par ce « Merfer ». Pour ma part, j’ai beaucoup aimé, et ce, malgré d’évidentes faiblesses.



En effet, le roman de Miéville n’est pas totalement abouti. Il y a des faiblesses dans l’intrigue et dans la caractérisation des personnages. Certains éléments de l’histoire auraient mérité d’être développés mais sont à peine survolés, comme certains personnages d’ailleurs. En dehors des personnages principaux, les autres protagonistes peinent à exister malgré des potentiels forts. Je pense notamment à Vurinam ou Robalson qui auraient pu être de très bons personnages secondaires mais qu’on voit trop peu. Quant aux personnages des Shroake, ils m’ont laissée relativement indifférente. La faute à une caractérisation très légère, quasi inexistante. Le récit manque de réelles confrontations. Lorsqu’on sent arriver un affrontement, il est assez vite éludé, il est d’avantage esquivé que résolu. L’exemple le plus frappant est celui de l’histoire des pirates du rail.Quant au dénouement, s’il est réjouissant par son propos politique, il manque tout de même d’ampleur et est très vite expédié.



Là, vous vous dites « mais pourquoi met-elle 4 sur 5 à ce bouquin ? ». Et bien tout simplement parce que si Miéville ne m’a pas convaincue avec son intrigue, il m’a bluffée par l’univers qu’il a créé. Entre post-apo, steampunk et planet opera, « Merfer » propose un monde passionnant et riche et l’auteur sait le rendre très immersif. Miéville convoque les grands récits d’aventures maritimes en remplaçant les bateaux par des trains. Quelle idée géniale ! Et quel talent dans la peinture de cet univers si original ! Miéville créé un monde foisonnant et cohérent qu’on a grand plaisir à parcourir. L’écriture de Miéville est très visuelle et plein d’images arrivent instantanément dans la tête du lecteur. Les trains, surtout le Mèdes, sont iconisés et j’ai trouvé la description de l’équipage bien rendue. J’ai aimé les escales dans les villes, la découverte des différentes professions existant dans ce monde (les exhumeurs, encore une super idée), la qualité et la variété de la faune. J’ai aimé aussi ces détails qui viennent parfaire la richesse et la crédibilité d’un univers : évocation des croyances des habitants, évocation de créatures qu’on n’apercevra que très epu (les créatures qui volent en altitude)…



Même si « Merfer » manque d’un côté épique et d’une intrigue véritablement bien construite, j’ai passé un très bon moment. Je ne me suis jamais ennuyée et j’ai beaucoup aimé voyager dans un univers qui vaut vraiment le détour.

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Lombres

J'ai découvert China Miéville avec un roman de Science-Fiction pour adulte. Le résultat n'avait pas été tellement convaincant pour moi. Mais comme cet auteur paraît très apprécié, j'ai voulu faire un nouvel essai avec ce roman jeunesse. J'ai bien fait de persister, j'ai beaucoup plus accroché.

Lombres, c'est la jumelle de Londres dans un monde parallèle. toute la pollution généré à Londres est transférée à Lombres. Ce qui ne posait pas trop de problème jusqu'à ce que les usines deviennent de plus en plus nombreuses et que les fumées se rassemblent pour créer un monstre autonome et destructeur à Lombres. Zanna et Deeba, deux jeune Londonienne vont se retrouver catapultées dans cet univers parallèle et répondent en tout point aux héroïnes décrites dans une prophétie qui vont venir sauver Lombres de la catastrophe.

Cet univers est complètement farfelu. On y retrouve tous nos objets hors d'usage. Tous nos parapluie cassés s'y rassemblent pour former une communauté vivante. Les habitations ressemblent à des commodes géantes, il y a des salles de bain en verre dans les arbres. On croise aussi des fantômes, des demi-fantômes et des livres qui parlent. Deeba se retrouve même avec une brique de lait vide comme "animal" de compagnie. En bref, une imagination débordante a créé cette ville fantasque, dans laquelle va se dérouler une chasse au méchant extraordinaire. Le problème, c'est que ça va un peu trop loin parfois. A la longue, j'ai trouvé qu'il y avait trop de personnages et d'évènements hallucinants.

Par rapport aux personnages, à l'histoire et au style, je classerais ce livre pour les 12-15 ans. Mais les plus de 600 pages, avec quelques dessins tout de même, me pousse à le conseiller pour les bons lecteurs.

Merci à la masse critique de Babelio et aux éditions Au Diable Vauvert pour cette lecture sympathique.
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Les derniers jours du nouveau Paris

S'attaquer au surréalisme dans une oeuvre de fiction, voilà qui est très alléchant. le projet est très ambitieux. Dans ce roman, les créations surréalistes de notre réalité prennent vie pour combattre les nazis retranchés dans Paris. Cela donne lieu à des combats étranges avec des êtres tout droit sortis des peintures et illustrations de ce mouvement artistiques. Mais voilà, j'ai eu l'impression d'une simple succession de références, une accumulation d'images, de scènes de combats grotesques entre monstres étranges, sans jamais vraiment s'immerger dans l'esprit du surréalisme. China Mieville réalise là une tentative de rationalisation du surréalisme en l'intégrant dans les carcans du fantastique. il donne corps au créations surréalistes alors que le surréalisme est avant tout une manière de s'émanciper de la forme, de la perception rationnelle, de la pensée consciente. Ce n'est absolument pas un roman surréaliste, mais juste du fantastique qui puise des références dans le surréalisme. du coup les images sont complexes, les personnages auxquels on ne s'attache absolument jamais manquent de consistance, le style est haché et la lecture en devient laborieuse, j'ai eu l'impression de lire un cadavre exquis interminable, l'ennui m'a très vite gagné. L'idée était bonne mais le résultat est loin d'être à la hauteur des ambitions. Pour moi, China Mieville est passé à côté. Je vais aller ouvrir “Les six livres de Grabinoulor” pour oublier ma déception.
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Kraken

Kraken de China Miéville, un chef d’oeuvre de la littérature de l’étrange, bien sûr ce n’est que mon avis, l’avis d’une lectrice peu habituée à ce genre littéraire.

L’aventure débute au Museum d’Histoire Naturelle de Londres où Billy Harrow, spécialiste des céphalopodes, anime des visites dont l’Architeuthis dux est la pièce majeure. Lors d’une visite routinière, Billy constate avec horreur que Kraken, l’Architeuthis dux, a disparu de même que sa cage de verre, hors cette pieuvre est un calmar géant de huit mètres soixante.

Le roman débute par une enquête menée par une police spéciale et secrète et, c’est au fil du roman que l’on découvre un Londres fantasque peuplé d’étranges créatures d’apparence humaine dont certaines possèdent une force extraordinaire et des pouvoirs maléfiques.

L’Architeuthis dux a-t-il été enlevé par les membres de la secte des adorateurs du dieu Kraken ?

Kraken de China Miéville, une histoire étrange que j’ai appréciée jusqu’au dernier mot !

Je remercie Masse critique Babelio et les éditions Fleuve Noir pour ces bons moments de lecture.
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Légationville

Je ne nie pas la qualité de l'écriture, l'imaginaire débridé... Mais il m'a fallu beaucoup de patience et de courage pour dépasser le premier tiers du livre, d'une confusion extrême. J'ai failli abandonner plus d'une fois. Après on est presque heureux de pouvoir découvrir un récit moins opaque, mais le mal est fait. Un côté hard sf pas déplaisant, mais ça m'a calmée...
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Les Scarifiés

ça me gonfle... J'abandonne...

Après un départ sur les chapeaux de roue, alléchant, là, dans Armada, franchement je me fais ch*** pour parler crûment.

Alors oui c'est très imaginatif, oui l'univers est fouillé, mais les personnages sont creux, voire vides, et l'intrigue n'a pas avancé d'un pouce 200 pages plus tard.

Trop de descriptions répétitives tuent ma curiosité, trop de digressions tuent mon attention.

C'est comme ça.

C. Miéville, c'est pas pour moi...

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Kraken

Billy Harrow est un jeune conservateur du muséum d'Histoire Naturelle de Londres. Il s'occupe plus particulièrement des créatures marines et c'est lui qui constate un matin la disparition de leur calamar géant et de son aquarium.

A partir de là, tout s'enchaîne dans un grand n'importe quoi avec des policiers étranges, des méchants, des tueurs, des illuminés de toutes sortes...

Déjà, le style est assez particulier, entre les nombreux mots inventés par l'auteur et les dialogues sans queue ni tête, la syntaxe très fantaisiste et les incohérences au niveau de l'histoire : par exemple, le héros est censé boire un chocolat chaud mais dès la première gorgée, c'est du thé qu'il avale, ou alors il prend le bus un matin mais quand il descend du bus après une petite heure de trajet, la nuit tombe.

Les personnages sont très nombreux et il y a plein de références à des auteurs, à des artistes, à des scientifiques etc...mais ça part dans tous les sens et rien n'est vraiment suivi ni développé.

Je me suis accrochée tant que j'ai pu mais j'ai refermé le livre sans regret au bout de 150 pages, cet univers n'est peut-être tout simplement pas le mien.



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Kraken

Quelle farce ! Non, mais quelle farce !

Jamais je n'aurais lu Kraken si j'avais su d'emblée que ce livre ressemblait à s'y méprendre à tous ceux écrits par Johan Heliot, Fabrice Colin et consorts. Bref, tous ces auteurs que j'exècre en général.

Pourtant, il y avait de quoi allécher le curieux : non seulement François Angelier en avait vanté l'intérêt lors de l'émission "Mauvais genres", mais la couverture donnait très envie d'ouvrir le livre (je sais, c'est stupide de ma part), et le sujet... et bien le sujet ne pouvait qu'appâter un amateur de Lovecraft !

Or, cette histoire de poulpe géant qui disparaît d'un musée et qui précipite le destin d'un universitaire se retrouvant, évidemment bien malgré lui (comme c’est original !), le seul espoir d'une espèce de secte qui œuvre à je ne sais plus quoi trop quoi (j'ai fini par décrocher)... Cette histoire, donc, est mal construite, fourre-tout, incohérente ; on y sent l'influence, par exemple, de Tim Powers, mais sans les qualités (le côté ludique et enlevé des Voies d'Anubis) et avec ses pires défauts (on met dans l'intrigue tout ce qu'on a dans la tête, bon ou mauvais, on mélange un bon coup^et on couche par écrit le résultat du tirage au sort).

C'est aussi mal écrit, le manque de rythme est effarant, les dialogues tombent à plat et c'est évidemment bourré de métaphores plus indigestes les unes que les autres - car c’est rappelons-le, une spécialité de ce genre d'auteurs européens que de masquer la faiblesse - pour ne pas dire la nullité - de leur style par des cascades d'images et de métaphores. A croire que c'est le seul élément de stylistique qui leur soit accessible.

Et, pour ne rien gâcher, la traduction est mauvaise et aggrave encore le tout. Mais nous ne sommes plus à cela près...

Cerise sur le gâteau, c'est d'une grande prétention. Ce que vous confirmera n'importe quelle interview de China Miéville, qui se prend pour une sorte de génie littéraire et de pourfendeur d'auteurs médiocres. Bref, il a tout pour plaire, ce merveilleux roman qu'on m'a vendu comme un chef-d’œuvre et qui représente, à mes yeux, rien moins qu'une vaste supercherie.
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Le Roi des Rats

Premier roman de China Miéville, devenu un auteur incontournable de la new weird fiction, Le Roi des Rats est une ré-écriture moderne du Joueur de Flûte dans notre époque.



A la mort de son père, Saul voit sa vie et ses certitudes ébranlées par l’irruption de son oncle qui prétend être le Roi des Rats. Entraîné malgré lui au coeur des égouts à la poursuite de l’assassin de son père, Saul doit également faire face à une menace singulière : un mystérieux joueur de flûte qui le suit à la trace.



Ce qui m’a le plus marquée dans ce roman, c'est la place laissée à la musique.

Tout le long du récit, la musique « jungle » est présente et les drums bass résonnent en même temps que la lente métamorphose du personnage et ses découvertes d’un univers surnaturel dans un Londres transformé en jungle urbaine.

L’auteur met en avant une jeunesse désillusionnée en proie à un Joueur de Flûte qui veut tous les contrôler grâce à la musique. La modernité s’invite dans le conte puisque le Joueur de Flûte va mélanger sa mélodie à celle des musiciens underground pour atteindre aussi bien l’animal que l’humain.

Le personnage de Saul est très bien construit. Jeune, impulsif et totalement désarmé face à la découverte de sa nouvelle nature. Personnage hybride de par ses géniteurs, l’un humain, l’autre animal, il est le seul à ne pas pouvoir être contrôlé par le Joueur de Flûte, ce qui en fait sa cible principale.



L’auteur a créé un univers étendu. En plus du Roi des Rats, Saul va découvrir celui des Oiseaux et des Araignées. Les mythologies d’Afrique et de l’Europe s’allient pour contrer un ennemi très ancien.

Le rythme du récit est bien mené, les scènes d’action et les retournements de situation également.

Le roman s’inscrit dans la new weird fiction, âmes sensibles s’abstenir car les descriptions de certains repas et les araignées qui rodent en masse pourraient avoir raison d’un lectorat délicat.



J’ai préféré Perdido Street Station de cet auteur mais cette lecture a quand même été un bon moment.
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Merfer

Le monde est un réseau inextricable de voies ferrées. Elles se croisent, elles se suivent, elles relient les hommes et les hommes vivent par elles. C'est la Merfer. Sur cette mer toute en traverses et rails, le jeune Sham Ap Soorap travaille en tant qu'apprenti médecin sur le Mèdes, un train taupier en chasse d'une taupe particulièrement maligne.

Tout va basculer pour Sham le jour où il découvrira un indice laissant penser que la Merfer pourrait avoir une fin, une sortie...



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Lecture en dents de scie pour moi avec ce roman qui ne laissera personne indifférent.

Le monde décrit par Miéville est captivant, riche et dépaysant. Mais d'un autre côté, il lui manque ce côté didactique qui permettrait d'en faire un univers compréhensible et appropriable pour le lecteur.

L'intrigue posée est simple, sans grandes complexifications, mais tient en haleine. L'histoire, d'abord linéaire se divisera pour devenir trifide avant le grand final en commun (prévisible mais nécessaire).

Les personnages sont attachants, même si beaucoup de seconds couteaux ne sont qu'évoqués et très peu dépeints.

C'est là le principal défaut de ce roman, à mon sens : Si l'emploi de l'esperluette ne m'a pas gêné du tout, j'ai été désagréablement surpris par les descriptions erratiques et le manque d'un "narrativisme" performant.

Prenez la meilleure histoire du monde, le meilleur univers du monde, et les meilleurs personnages du monde, écrivez le tout dans un style télégraphique, avec des phrases sans verbe, des envolées didascaliques ou itératives, des situations épiques peu ou pas décrites, et soit le lecteur pourra faire appel à son imagination pour remplir les blancs, soit il sera largué et dégouté (par exemple, je me souviens avoir pensé "Alléluia" quand, au cœur d'une scène ferroviaire, l'auteur a finalement daigné décrire la vitesse du train...).

J'ai pour ma part rempli les blancs, mais avec cette désagréable impression, à plusieurs reprises, de m'être trompé sur ma représentation de telle ou telle scène, chose qui ne devrait pas arriver (sauf pour effet de surprise ; l'auteur maitrise d’ailleurs ce point).



En conclusion, ce Merfer restera pour moi un récit d'aventure iconoclaste, aux thèmes censément forts trop peu développés (oui, les méchants industriels du rail ont construit toujours plus avec les fonds publics...), avec parfois de grosses failles narratives, mais à l'ambiance et aux personnages dignes d'intérêt.
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