Que vous réserve le joli mois de mai chez La Bourdonnaye?
De l'action à la Tarantino d'abord, avec "Padre Cocaïne" de Luc Venot, l'auteur du Best-Seller "Même pas peur" qui sort le 6 mai.
Des frissons et du rire avec "Le Château de Walpurgis" de Philippe Duchateau, un univers qui tient à la fois du "Bal des Vampires" et de "La Petite boutique des horreurs". Sortie le13 mai.
Un séjour entre l'enfer et le paradis avec "Deathless Days" de Lucas Legendre, un univers drôle et plein de punch à la Robert Rodriguez. Sortie le 27 mai.
Et le grand retour de Pulp avec deux Séries :
"La ménagerie" de Kémi Outkma, une histoire de vengeance à la Dantès tendue et furieuse et tout cela à l'intérieur d'une cité. Sortie le 13 mai.
"Brooklyn Paradis" de Chris Simon, une famille bien sous tous rapports qui se voit projetée dans une sombre histoire de drogue. Une fabuleuse galerie de portraits drôles et réalistes. Sortie le 20 mai
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L’idée de partager et de documenter une telle expérience nous semble opportune. Le film nous fera un beau souvenir de voyage. Les enfants apprécieront de le voir. Ils avaient tellement envie de nous accompagner, mais le voyage est fortement déconseillé aux moins de dix-huit ans.
Au signal des premiers cliquetis, nous nous réjouissons tous. Enfin, l’aventure commence. Le train s’emballe telle une vieille chenille mécanique, il geint, crachote, puis rassemble ses wagons comme autant d’anneaux et s’élance définitivement dans une longue plainte. Il siffle deux fois sur les premières tractions puis file à travers la banlieue. La dernière fois que j’ai entendu une locomotive siffler, je voyageais au Pérou. Nous revenions du Machu Picchu. La nuit était tombée brutalement. Épuisés par la montée à pied sur le site, nous somnolions sur les banquettes rouges et dures du wagon. Je prends la main de Patrice.
Dénicher dans une poubelle, sur un coin de trottoir, un objet beau ou simplement en état de marche, la rassurait. L'objet trouvé lui donnait l'impression d'avoir de la chance, que tout était encore possible et lui offrait l'irrésistible folie de croire en elle depuis sa première trouvaille.
Mon mari n’intervient plus dans la préparation des valises, la seule fois où il l’a fait, c’était pour notre voyage de noces et cela avait fini en pugilat. Nous nous étions insultés, notre première engueulade de couple. Depuis, il me laisse l’entière responsabilité des bagages, même s’il lui arrive d’ajouter quelques objets personnels dans sa valise à la dernière minute. Il sort de la cuisine un torchon à la main.
- Tu ne veux pas me dire où on va ?
- Puisque c’est une surprise, lapin.
- Oui mais tout de même, cela m’aiderait à faire nos bagages.
Entre les cochons et les assassins, il y a un océan qui porte des chaussures. Ce jour est arrivé. Il faut partager nos souliers... Qui va marcher dessus ? Qui va marcher dessous ? Que décider ? p. 82. Nature morte aux dorades
Nous nous serrons sur la planche, tous les quatre en rang d’oignons. Et en route pour l’aventure. Ça me gratouille au fond de l’estomac comme à chaque départ. Cette sensation de lâcher prise…
On n’écrit jamais en silence. Je veux dire par là que l’on n’écrit jamais sans écho en soi et sans résonnance profonde. Quel auteur oserait dire que les choses de l’intérieur n’ont pas de voix ? Qu’elles ne se font pas entendre – une harmonie, un murmure, un souffle, un silence – à celle ou celui qui écrit. Mais comme les voix et les mélodies venues des profondeurs de l’être ne semblent pas suffire (et pourtant…), il faut donc à certains – dont je fais partie – le chant, l’instrument, le volume.

Cet attrait pour le désastre, la mort, m’interroge, mais ce qui m’interroge le plus est le fait que les lieux de mémoire deviennent des lieux de tourisme de masse qui mélange les genres. Les images de touristes en short buvant du coca-cola ou se prenant en selfie dans ce qu’il reste des couloirs de la mort à Auschwitz est sinon indécent, du moins surréaliste.
Dans un article dans Télérama de 2011, le philosophe Alain Finkielkraut déplorait que le camp d’extermination nazi d’Auschwitz-Birkenau soit devenu « le Djerba du Malheur », un lieu où le tourisme de masse vient brouiller le message originel, celui du souvenir : « On ne peut aujourd’hui sacraliser Auschwitz sans profaner Auschwitz […] Seulement, à partir du moment où on érige Auschwitz en temple de la mémoire, on en fait une destination touristique […] Nous sommes des proies consentantes de la grande malédiction touristique. Et c’est terrible, parce qu’il n’y a pas de coupable […] Je me dis qu’honorer les morts, respecter ces lieux, c’est aujourd’hui ne plus s’y rendre. » On se dit qu’il est difficile parfois de faire la différence entre tourisme morbide et tourisme mémoriel.
Un froid vif cingla le visage de Denis quand ils sortirent de l’hôtel. Son nez lui faisait l’effet d’une pierre. Il aurait bien dormi quelques heures de plus dans cette chambre spartiate et au papier peint de grand-mère. La houle faisait grincer les taquets d’amarrage des bateaux et le vent tintinnabuler les haubans et les drisses claquant sur les potences des chalutiers. Il avait la tête lourde et une barre sur les sinus. Le capot d’une camionnette tous phares éteints surgit dans la nuit. L’utilitaire pila devant lui. Le marbrier monta aussitôt à l’avant du véhicule. Denis, Jeannot et Bruno embarquèrent à l’arrière. L’intérieur était encombré d’un écheveau de marchandises appartenant aux camelots venus faire le marché.
— Merde, elle a laissé sa marchandise.`
— Tant mieux, on pourra le camoufler avec.
Le chauffeur referma la portière sur eux et rejoignit Letord à l’avant, tandis que Denis, Jeannot et Bruno s’empêtraient dans les cartons, entre les clayettes roulées et les tréteaux.
La camionnette démarra en douceur, prit un virage et s’inclina. Dans l’habitacle froid et humide, Denis se raccrocha aux cartons pour éviter de glisser vers l’arrière. Ils roulèrent ainsi un bon kilomètre, avec le plancher à quarante-cinq degrés, avant que le véhicule ne se redresse et s’arrête. Du siège avant, le chauffeur murmura avec une voix feutrée :
— On continue à pied…
La mouche réécrit. Je suis noire et têtue, je pue et je ponds, seulement, je vole et ma vue est kaléidoscopique. Je n’efface pas cette fois-ci. Je lui réponds. Je suis rose et timide, je marche sur deux pattes et je pète. La mouche rit, elle se frotte les pattes arrière de contentement. Je m’appelle Chris et je suis poète. La mouche me regarde longtemps à cause de son prisme. Puis elle se déplace sur l’écran de gauche à droite. Je m’appelle Noami. p.23. Le baiser de la mouche