Je ne fais que ça : manquer de mourir. J'aimerais bien vivre un peu, pour voir.
- Les demi-anges et les vampires ne vivent pas heureux et n'ont pas beaucoup d'enfants, n'est-ce pas?
Je m'esclaffai et le tournai vers elle.
- Pas vraiment, non.
- Je n'ai jamais aimé les enfants de toute façon.
- Le bonheur non plus, je présume.
Elle découvrit ses jolies dents dans un sourire insolent.
- C'est assez surfait comme concept.
- Alors je suis le vampire qu'il te faut.
« — Tu en as eu beaucoup, des mères de famille de ce genre ?
(…)
— C’est la deuxième de la soirée. Ce sera tout pour aujourd’hui !
Je ricane devant tant d’assurance.
— La journée n’est pas finie, tu ne devrais pas t’avancer autant !
Raphaël s’installe en face de moi et m’adresse un sourire narquois.
— Tu es la dernière à passer. Je crois que je peux me permettre d’affirmer que plus aucun parent d’élève ne va me draguer d’une manière outrageusement gênante.
Son visage reste figé tandis qu’il attend ma réaction.
— Oh…euh…en effet. »
La vie m'a appris depuis longtemps que parfois, on se doit de faire certaines choses, même si elles nous répugnent.
- Qu'est-ce que vous regardez ?
- Vos yeux.
- Et ?
- Ils sont intéressants.
Un sourire en coin se dessina sur son visage, révélant des dents du bonheur qui lui conféraient un air espiègle.
- Les vôtres ne sont pas mal non plus, répliqua-t-elle.
- Pas mal ? Vous plaisantez ? C'est mon argument de séduction principal !
- Vous souffrez d'hétérochromie. C'est plutôt une tare.
J'en restai bouche bée.
- Une tare ? J'ai les yeux vairons ! La plupart des gens trouve ça beau.
- La plupart des gens comprend quand je les fais marcher, ricana-t-elle.
Personne ne m'a jamais contemplée de cette manière. Je me sens... unique.
Après ce moment d'extase, elle m'adressa un sourire dans lequel se lisait une sorte de béatitude sensuelle. Elle s'endormit ainsi : nue, en travers du lit, une main négligemment posée sur ma poitrine, à l'endroit exact où mon cœur ne battait plus depuis des siècles. Le commun des mortels se demandait souvent si les vampires pouvaient éprouver des sentiments en n'ayant plus un organe fonctionnel dans la poitrine. La réponse était oui. Et dans un avenir pas si lointain, cela risquait fort de me causer des problèmes.
Les sentiments se bousculaient tellement en elle qu ils la paralysaient. Tristesse, douleur, colère, désespoir. Elle ne savait plus ou elle en était, si tout cela était bien réel.
Aucun des deux ne m'accorda son attention, trop occupé à défier l'autre du regard.
- Mary prend son rôle de tutrice très à cœur et je crois qu'en tant que parent de substitution, elle a du mal à admettre que tu puisses avoir une vie sexuelle.
Je fermai les yeux en entendant ces mots. Cette discussion était abominable.
- Stellan, gronda Mary sans le quitter des yeux.
- Tu as un côté mère louve assez prononcé pour une sorcière, poursuivit Stellan.
Je soupirai d'exaspération.
Un humain qui disparaît en même temps que son protecteur vampire... C'est très mauvais, ça veut peut-être dire que quelqu'un n'a pas respecté les accords inter- espèces.