Christian Duverger

C'est le récit d'une mystification littéraire au travers d'une enquête rondement mebée par Christian Duverger, spécialiste du monde méso-américain.

Nous connaissions le nom de Bernal Díaz del Castillo, qui aurait écrit "L'Histoire véridique de la conquête de la Nouvelle-Espagne" (récit de la conquête du Mexique par les "conquistadores").

En fait derrière ce pseudonyme se cacherait le véritable auteur de cette épopée qui ne serait autre que... Hernán Cortés lui-même, le conquérant du Mexique.

C'est une découverte passionnante et qui va faire intervenir de multiples acteurs.;On voit ainsi les compagnons proches de Cortés, dont Alvarado qui va réaliser la conquête du Guatemala..

On y voit aussi un Charles Quint beaucoup moins puissant et sûr de lui que l'image que l'on se fait de lui habituellement.

Un Charles Quint contesté par les Grands de la Cour; qui finance par de lourds impôts sa "campagne électorale" afin de se faire élire Empereur du Saint Empire Romain Germanique, un Charles Quint durement critiqué car élevé à Gand et ne parlant pas un mot de castillan...

Cortés va déjouer à plusieurs reprises l'autorité du souverain et va même jusqu'à lui écrire pour l'informer qu'il a été élu capitaine général du Mexique...

On y voit enfin un écrivain bien connu du 19 ème siècle, José Maria de Heredia qui va mettre 10 ans pour traduire l'oeuvre de Cortés, alias Bernal Díaz del Castillo.

Un récit palpitant, une enquête qui se lit d'une traite..

Le marquis de la vallée d'Oaxaca, don Fernando Cortés de Monroy Pizarro Altamirano.

Qui n’a pas entendu toutes sortes de choses sur cet acteur fameux de la conquête des Amériques ? Et le plus souvent des atrocités.

J’étais curieux de lire une biographie de ce personnage haut en couleurs, légendaire voire mythique. Pour cela, je choisis Christian Duverger. L’auteur est tout de même historien, archéologue, directeur du Centre de Recherche sur l’Amérique Préhispanique, en un mot : spécialiste du monde préhispanique. J’avais d’ailleurs pu, à l’occasion d’une édition de Masse critique, lire @Cortés et son double dont je garde un bon souvenir.

Cette biographie de Hernan Cortés est riche de documentation comme on pouvait s’y attendre.

Nous découvrons les origines de Cortès, son parcours d’étudiant et bien évidemment son épopée légendaire.

Avec précision et ayant soin d’apporter un éclairage nouveau sur cet homme, Duverger multiplie les hypothèses, n’hésitant pas à présenter la geste classique pour mieux y apporter des nuances bienvenues car moins bien caricaturales. Remettant les faits dans lerus contexte, comme tout bon historien, on sent tout de même l’admiration de l’auteur transparaître dans le récit de ces exploits. Mais comment rester insensible à ce destin exceptionnel ?

Cet ouvrage – rédigé dans un style très agréable à lire, l’auteur sachant rester fluide et ne tombant jamais dans le pompeux discours de l’historien auto satisfait – permet au lecteur néophyte de distinguer les deux visages de Cortès : la légende associant mépris des indigènes, et soif de fortune et la réalité de l’auteur conquérant incluant les populations locales sans les asservir dans son projet colonisateur.

En un mot : Passionnant !

J'ai été épatée par ce récit. Encore une biographie où l'on fini par se dire : aurait-on pu imaginer cela et rester crédible en le racontant?

Car si tout est vrai, tout est dingue.

J'avais une vision un peu caricaturale de Cortes avant d'entreprendre la lecture de cette bibliographie. Et j'ai découvert un personnage bien plus profond que je ne l'aurai cru. La manière dont il parvient à conquérir le Mexique avec 500 soldats est sans doute l'une des épopées les plus folles de l'histoire du monde. La prise de Mexico, plus grande ville du monde d'alors, idem. Un homme d'une grande intelligence politique.

La bibliographie est très fouillée, il y a plein de renvois aux sources. Et si elle est épaisse, on la referme en regrettant que ça n'ait pas duré un peu plus longtemps...

L'histoire peut être détournée à des fins politiques, nous en avons un bon exemple ici dans la société aztèque.

Les Mexicas n'hésitèrent pas à modifier la mythologie locale, autour du lac Texcoco, pour justifier leur domination. Ils inventèrent ainsi le concept d'ultimogéniture qui donnait le pouvoir au dernier né (légitimant ainsi la domination des derniers arrivants autour du lac, les Mexicas). Ils vont mêmes jusqu'à modifier leur nom (Mexitlin) pour que celui-ci corresponde aux légendes des populations des montagnes du centre du Mexique.

C'est donc un livre passionnant que nous propose Christian Duverger. Cependant, il semble complexe pour des personnes n'ayant pas de connaissances assez solides sur les Aztèques. Il s'agit également d'un ouvrage, certes vulgarisé, mais de niveau universitaire tout de même. Donc les allergiques aux notes de bas de page, passez votre chemin.

Il nous entraîne dans cette curieuse histoire de faux, de manuscrit trafiqué et de légende colportée.
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Quelle histoire ! C'est une mystification sans égale que vient de mettre au jour l'historien Duverger, [...] Les révélations qu'il apporte au cours de sa magistrale enquête relèguent tous les cas de mystification littéraire connus (des gags de Boris Vian-Vernon Sullivan au cas Gary-Ajar) au rang d'aimables plaisanteries.
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Le livre de Duverger ressemble, lui, à une psychanalyse orgueilleuse et sauvage. Il brutalise les fantômes tardivement académisés de la conquête.
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