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Citations de Christian Kracht (33)


Son père était mort un an plus tôt. Sans crier gare, comme si le décès du père pouvait avoir été un premier signe annonciateur de sa propre mortalité, l’entre-deux-âges avait fait son apparition, subrepticement, du jour au lendemain, avec toute sa dissimulation pudique, avec l’épanouissement secret de son pathétisme, la constance pourpre de son apitoiement sur soi. P 16
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Christian Kracht
Chaplin prit la parole, déclarant que la Chine ne pouvait être pacifiée que par l'élimination totale des innombrables warlords, les communistes n'avaient pas la moindre chance, seul le Japon était encore à même de se rendre maître de la situation d'anarchie qui s'était emparée d'une large partie de l'Asie.
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Christian Kracht
L’ésotérisme constitue une partie de l’histoire culturelle propre à la langue allemande. Cela apparaît au XIXe siècle autour des idées bizarres de Rudolph Steiner, de Mme Blavatskyet d’autres. A partir de là s’ouvrent deux types de chemins. Le premier est celui de Steiner, c’est le bon. L’autre, celui d’Ahriman, le côté du mal, est celui de Hitler. En Suisse, l’ésotérisme a pris une forme plus aimable autour du Monte Verita, de C. G. Jung, etc. Récemment je me suis rendu à Bâle pour l’anniversaire du chimiste Albert Hofmann , qui n’est autre que l’inventeur du LSD !  Ce pays est bien plus intéressant qu’on ne le croit.
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Qui voulait - il provoquer ? lui ai- je alors demandé , et il a répondu , la gauche , les nazis , les écolos , les intellectuels, les chauffeurs de bus , tout le monde quoi .
Je n’ai pas tout à fait compris mais j’ai noté ça dans mon for intérieur .
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Christian Kracht
...elle était comme un feu qui dort dans le caillou.
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Chaplin prit la parole, déclarant que la Chine ne pouvait être pacifiée que par l'élimination totale des innombrables warlords, les communistes n'avaient pas la moindre chance, seul le Japon était encore à même de se rendre maître de la situation d'anarchie qui s'était emparée d'une large partie de l'Asie.
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Quand nous voyons souffrir quelqu'un, nous avons tendance à vouloir presque tout lui pardonner.
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Ne voulant pas perdre le contact avec elle ni céder à un état de résignation ou de désespoir, j'avais finalement décidé d'aller la voir tous les deux mois. Oui, j'avais décidé d'accepter tout bonnement la détresse dans laquelle ma mère végétait depuis des décennies, dans son appartement, entourée de bouteilles de vodka vides roulant sur le sol, de factures non décachetées envoyées par les divers fournisseurs de zibeline zurichois et des emballages en plastiques crépitants de ses boites de calmants.
Or là, elle m'avait contacté elle-même et demandé de venir, alors que d'habitude elle attendait toujours que je fasse mon apparition, à ce rythme bimestriel, à Zurich. La plupart du temps, elle voulait que je lui raconte une histoire. Son appel téléphonique m'avait rendu, comme je l'ai dit, encore plus nerveux que ne le faisaient déjà ces visites, parce qu'elle avait une idée derrière la tête, elle avait soudain le dessus, cela venait d'elle en quelque sorte, alors que d'ordinaire elle gardait le silence et attendait.
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Les morts sont des créatures immensément solitaires, entre eux, il n'y a pas de cohésion, ils naissent seuls, meurent et renaissent également seuls.
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Le terme "planteur" n'était pas approprié, il supposait de la dignité, un commerce expert avec la nature et les nobles prodiges de la croissance, non, il fallait plutôt parler d'administrateur, car c'était exactement ce qu'ils étaient, des administrateurs du progrès, ces philistins avec leurs moustaches taillées à la mode berlinoise ou munichoise d'il y a trois ans, sous des nez aux ailes couperosées qui tremblaient violemment à chaque expiration, et, en dessous, leurs lèvres palpitantes, bouffies, auxquelles pendaient des bulles de salive comme s'il ne manquait à ces dernières que de pouvoir se libérer de leur adhérence labiale pour s'envoler dans les airs, telles les bulles de savon en suspension soufflées par un enfant.
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Cependant le bruit s'était vite répandu que Lützow comptait s'établir à Kabakon, chez August Engelhardt, ce qui eut pour effet simultané une revalorisation d'Engelhardt et une dépréciation de Lützow ; on essaya par tous les moyens de l'en dissuader, le Nurembourgeois, là-bas sur son île, n'avait plus toute sa tête, il se nourrissait, c'était à peine croyable, lui racontèrent-ils, tour à tour de noix de coco et de fleurs, et était nu toute la journée. La mention de ce fait provoqua chez les dames un léger échauffement, qu'en mauvaises comédiennes elles essayèrent masquer en jouant de l'éventail. De leurs décolletés s'élevaient des exhalaisons de tubéreuse, de verveine et de musc qui se répandaient comme une brume de sol invisible avant de se dissiper, odorantes et lourdes de sous-entendus, dans les salons du club.
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Quand il eut achevé sa lettre et signé en bas de la toute dernière page A-ma-ka-su en caractères raides mais élégamment formés et cérémonieux, il changea le ruban encreur et rangea l'ancien, qui serait brulé ultérieurement, dans sa sacoche avec la missive et le film qu'il avait placés dans une enveloppe du ministère scellée avec de la cire.
Le jour même, le petit paquet à l'attention du directeur de la UFA fut expédié par la valise diplomatique à Berlin où, une semaine plus tard, au terme de vols à peu près sans histoire via Shanghai, Calcutta et Istanbul, il fut réceptionné par la légation japonaise et convoyé par chauffeur dans les avenues bien proportionnées de Berlin mais , une fois arrivé dans la compagnie cinématographique, il commença par rester dans un casier on ne peut plus directorial, habillé d'acajou et pourvu d'une discrète plaque en cuivre ; le directeur Hugenberg, en effet, s'était absenté, parti en Suisse faire du ski sur glacier.
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Christian Kracht
Ma femme me reprochait de ne jamais écrire de roman dans lequel une femme jouait un rôle important. Je me suis décidé à écrire… sur ma mère, laquelle dans la réalité était une femme très malade, alcoolique et dépendante des cachets. J’ai tenté de me rapprocher d’elle en créant une mère fictive. La vraie est morte peu de temps après l’achèvement de mon livre – de toute façon, elle n’en lisait pas. Et la mère imaginaire, bien plus intéressante que l’autre, a fini par la remplacer.
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Il fallait prendre patience, l'idée de vivre nu et libre en se nourrissant exclusivement de noix de coco, quoique relevant de l'évidence, devait d'abord infuser dans un monde civilisé.
p.89
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Amakasu remarqua à quel point Chaplin paraissait charismatique et intelligent, et combien cet ennemi serait dangereux, et la puissance que sa culture était en mesure d’exercer et surtout l’étroite affinité qui unissait la caméra et la mitrailleuse. P 85
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A vingt-cinq ans en effet, j'avais, me souvenais-je, décidé d'écrire un roman à la première personne, où je ferais croire à moi-même et au lecteur, que je venais d'une bonne maison, que j'avais souffert de négligence affective et que j'avais quelque chose d'un snob autiste. Peut-être aussi ce roman était-il censé être une affectueuse caricature, avec une part de romantisme allemand, comme dans les 'Scènes de la vie d'un propre à rien' d'Eichendorff, et un zeste d'humour français, comme dans le 'Candide' de Voltaire. Le narrateur, c'est-à-dire moi, aurait une prédilection pour les Eagles, j'avais repris ça de Bret Easton Ellis. Cela m'avait beaucoup, beaucoup impressionné à l'époque, parce que moi, c'est-à-dire le vrai moi, je trouvais les Eagles épouvantables, moi qui portais des jodhpurs, des cheveux teints au henné, un trait de khôl sous les yeux, de la poudre Airspun Soft de Coty sur la figure, qui fumais des Sobranie, et ce n'était pas seulement les Eagles que je trouvais épouvantables, mais aussi ceux qui les appréciaient.
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On boit chacun une bière qui a un goût d'ennui. Comme on porte des vêtements normaux, c'est-à-dire pas de techno-boots, de t-shirt orange ni de pantalons de treillis, qu'on n'a pas le crâne rasé, un anneau dans le nez et un dragon tatoué sur la nuque, on nous dévisage sans arrêt et on nous scrute à la dérobée. En fait, c'est très drôle que notre simple présence puisse agir comme une provocation, Rollo dit que ces fêlés doivent nous prendre pour les stups.
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En soi, ces choses n'ont rien d'étrange, mais quand tout ça se passe en même temps j'ai toujours un pressentiment vague de, enfin, de quelque chose qui arrive, de quelque chose d'obscur. Ce truc qui approche ne m'angoisse pas, mais ce n'est pas non plus agréable. En tout cas, c'est bien caché. Je n'en ai encore jamais parlé à personne, c'est pour ça que j'ai du mal à l'expliquer. Ca se trouve derrière les choses, derrière les ombres, derrière les grands arbres dont les branches touchent presque le lac, et ça vole à la suite des oiseaux sombres dans le ciel.
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Il y a des moments où je comprends tout parfaitement, comme avec Nigel et ses t-shirts, et brusquement tout m'échappe à nouveau. Je sais que c'est en rapport avec l'Allemagne et aussi avec cette horrible vie de nazi qu'on mène ici et avec le fait que les gens que je connais et que j'aime bien ont développé une certaine attitude de combat et qu'ils ne peuvent plus faire autrement que d'agir et de penser en fonction de cette attitude. Ca, je le comprends encore. Mais parfois, je ne comprends plus cette approche, le point de départ de cette attitude, et alors je me demande si ça a toujours été comme ça et si je ne suis pas comme ça moi aussi, si je ne suis pas devenu totalement incompréhensible pour les autres.
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L’enfance de Masahiko Amakasu, que son souvenir déclinant lui représentait aussi sourde et terne qu’un ciel d’hiver, avait été celle d’un gamin étrange, extrêmement précoce, qui à même pas trois ans faisait à ses parents la lecture du journal avec empathie, et à cinq, s’adonnait à des fantasmes de suicide d’une ingéniosité méticuleuse et d’une subtilité sublime et, la nuit, sortait en cachette dans le jardin de ses parents creuser des trous sous les buissons de genêts afin d’y cacher sa volumineuse collection d’illustrés violents dont on lui interdisait la possession en le menaçant de sévères châtiments corporels. P 41
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