Le mouvement des Gilets jaunes, trois ans après les Nuits debout, questionne à nouveau la place du syndicalisme dans le champ social. Plus en arrière, le mouvement contre le CPE de 2006, dernier mouvement interprofessionnel victorieux, était lui aussi porté par une mobilisation extra syndicale. Ce sont les jeunes qui en ont constitué la colonne vertébrale, qui l’ont lancé, le firent durer et gagner, y compris en réussissant à obtenir, chose rare, une unité des organisations syndicales. Le mouvement des Gilets jaunes est là sur le terrain social – mais pas que – à côté des syndicats, voire éventuellement en opposition avec eux, et relativise de fait les stratégies syndicales
L’irruption du mouvement de libération des femmes, dans les années 1970, est fondamentale dans l’évolution de la société à cette période. Il est souvent porté et représenté par des femmes qui sont, en partie, extérieures au monde salarial. Mais ce mouvement fera apparaître comme sujet politique central l’oppression des femmes, avec ses différentes conséquences, que ce soit dans la sphère domestique ou dans la sphère du travail, posant ainsi la question du lien entre ces deux sphères. Il a fallu attendre le mouvement des femmes des années 70 pour que la question de l’émancipation des femmes, de leurs revendications spécifiques, et donc de l’oppression particulière des femmes, soit posée dans le mouvement syndical. Ce mouvement, d’abord porté par des intellectuelles, va s’élargir dans la société et interpeller le syndicalisme pour deux raisons essentielles
Soutiens-toi toi-même comme je me suis soutenu ; oppose-toi à l’oppression comme je m’y suis opposé
A notre époque, plus que jamais, on peut dire que l’avenir appartient au savoir, et il importe qu’un peuple qui veut être réellement libre ne demeure pas dans une dépendance honteuse imposée par l’ignorance
Mieux vaut reprendre l’affaire à la base, collectif syndical par collectif syndical : que faire dans sa boîte ? Que faire pour soutenir les autres boîtes ? Que faire pour avoir des assemblées générales avec un maximum de grévistes présent·es, y discutant et décidant ? Que faire pour coordonner les efforts des équipes syndicales combatives de différentes organisations ? Que faire pour que les travailleurs et travailleuses décident de la grève et se l’approprient ?
la crise épidémique pose aujourd’hui crûment la question de l’appropriation sociale et autogestionnaire de l’ensemble de ce secteur et des industries qui lui sont liées
1871-2021, la Commune a 150 ans. Un siècle et demi ! Deux écueils possibles : la commémoration acritique, à grand renfort d’images sacrées, de récits hagiographiques (souvent préconçus) ; l’ignorance d’un pan d’histoire ouvrière inconnue car vieille, combattue par l’ordre, mal ou non enseignée, masculinisée… Dans les deux cas, ce serait ne pas servir nos réflexions et actions d’aujourd’hui, et de demain, pour l’émancipation sociale.
« Leurs violences, nos ripostes », c’est justement ce que nous avions décidé de titrer pour ce numéro. Vous lirez un contenu dédié à la solidarité du mouvement social face aux répressions : à la Poste, au ministère du Travail, dans l’Education nationale et chez les journalistes. Mais aussi dans les quartiers populaires et avec les Gilets jaunes, au sein du mouvement antifasciste, ces solidarités existent, elles sont bien vivantes
Après la seconde guerre mondiale, les Françaises devenues citoyennes sont d’abord incitées à rester à la maison ; on les efface même des statistiques, en ne comptabilisant plus comme actives quand elles participent à la bonne marche des fermes, mais en les assignant au statut de femme aux foyer, dites inactives. Il faut cependant noter qu’elles représentent, quand même, environ 35% de la population active !
Autonomisées, fières et satisfaites, les grévistes démontrent à leurs collègues que se mobiliser vaut la peine ; que leur combat est devenu un exemple pour tous les autres secteurs, pas seulement les secteurs féminisés et précaires ; et que la signature d’un accord satisfaisant tient aussi à la syndicalisation, à l’organisation et aux outils syndicaux permettant d’aller au conflit et de le tenir