Cours de cinéma de Marc Vernet, professeur en études cinématographiques à luniversité Paris-Diderot et conseiller pour le patrimoine cinématographique de lInstitut national du patrimoine. Le 5 mars 2010 au Forum des Images, Paris.
Il y a du libre derrière le lié, puisque toute démarche commence dans l'inconscient, et il y a du lié dans le libre, puisque l'inconscient est une organisation non-quelconque d'affects et de représentations. (p.187)
Dès sa naissance à la fin du XIXe siècle, le cinéma a été comme happé par la tradition occidentale et aristotélicienne des arts de fiction et de représentation, de la "diégésis" et de la "mimésis", à laquelle les spectateurs étaient préparés - préparés en esprit, mais aussi pulsionnellement - par l'expérience du roman, du théâtre, de la peinture figurative, et qui était donc la plus rentable pour l'industrie du cinéma. (p.54)
La "spécificité" du cinéma, c'est la présence d'un langage qui veut se faire art au coeur d'un art qui veut se faire langage.
Spectateurs-poissons, qui absorbent tout par les yeux, rien par le corps : l'institution du cinéma prescrit un spectateur immobile et silencieux, un spectateur "dérobé", constamment en état de sous-motricité et de sur-perception, un spectateur aliéné et heureux, acrobatiquement raccroché à lui-même par le fil inivisible de la vue, un spectateur qui ne se rattrape comme sujet qu'au dernier moment, par une identification paradoxale à sa personne propre, exténuée dans le regard pur. (p.119)
L'inconscient, dans sa double face refoulée et refoulante (= inconscient du Ça et inconscient du Moi), ne dort jamais vraiment, et ce qu'on appelle le sommeil est une modification économique qui affecte principalement le préconscient et le conscient. (p.128)