S’ABSENTER
Partir est toujours une façon d’être là,
on le sait par les trains, les bateaux et les pas,
le coeur en alarme et le regard accroché
à ce port qui s’éloigne, à l’amarre d’un quai.
Mais rester à demeure est aussi ambigu :
demeurer en rêvant à des pays perdus
au fin fond de l’enfance et de la vie flouée
est un moyen naïf d’encore s’absenter.
On marche comme on s’arrime à la terre, on va
pour appartenir au chemin, trouver sa place
dans le paysage incertain. On tourne en rond
en quête de la présence, d’un gué, d’un pont.
Que l’on s’arrête alors le monde devient plat
Et soi-même on se perd en recouvrant ses traces.
Michel BAGLIN
Un présent qui s’absente, 2013