Un peuple n’est donc jamais si disposé à accroître les attributions du pouvoir central qu’au sortir d’une révolution longue et sanglante qui, après avoir arraché les biens des mains de leurs anciens possesseurs, a ébranlé toutes les croyances, rempli la nation de haines furieuses, d’intérêts opposés et de factions contraires51. Le goût de la tranquillité publique devient alors une passion aveugle, et les citoyens sont sujets à s’éprendre d’un amour très désordonné pour l’ordre.
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En se démarquant de la société de cour, soumise à l’autorité royale directe, de la société religieuse, muant les croyants en auditoire de prêche, la formation du spectateur et du public définit, avec la complicité des artistes, une série de justes positions vis-à-vis des œuvres, un regroupement potentiel des spectateurs autour d’un principe de consensus ou de choix par affinités réciproques (on n’entre pas dans la société culturelle par diplôme ou avec une carte), et l'idéal d'une communauté de moeurs accessible à tous.
Sortie de chez soi et de soi ;
Obligation de se détacher de ses préoccupations
Refus de céder à la pression de la rumeur (une communauté fabriquée par les marchands et la réclame) ;
Entrée dans le monde de la discussion, du dialogue qui fait jouer les rapprochements et les éloignements.
Autant affirmer que la référence au « commun » en matière de spectateur décline plutôt un problème qu’une solution. Et sans doute une véritable histoire de la culture.