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Citation de petitsoleil


Enfant, à l'époque de Noël, j'attendais les matines, que ma mère me signalait en souriant, levant sa main droite, l'index dressé, comme pour un sortilège. "Ecoute ! Les matines !" disait-elle, comme si ce mot possédait un pouvoir d'enchantement sublime, et je voyais danser dans ses yeux des étoiles d'or. Passé Noël, les cloches ne se taisaient pas pour autant : elles continuaient d'appeler les fidèles aux offices, se déchaînaient à l'approche des orages qu'elles étaient censées éloigner, célébraient Pâques, les fêtes religieuses avec une solennité, une allégresse que je retrouve, si longtemps après, avec le même plaisir.
Voilà au moins un son familier qui a su résister au temps.

Le clocher de l'église que j'aperçois depuis le sommet du causse sonne les heures. Chaque fois que je l'entends, je pense que c'est lui qui a sonné le tocsin en 1914, que mon grand-père et ma grand-mère l'ont entendu, sans comprendre dans quelle folie ils allaient sombrer, alors qu'ils n'avaient pas vingt ans.

Dans la ville où je vis, j'attends Pâques et Noël avec impatience pour entendre ces cloches de la chrétienté qui témoignent dans un monde dangereux d'une présence qui a défié les ans.
Elles dominent aisément le ronronnement des voitures sur les boulevards, évoquent une certaine paix rurale qui a disparu.
Vestiges d'un temps aboli, elles prolongent en moi une certaine idée du bonheur.
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