Citations de Christiane Collange (80)
Le sexisme comme le racisme commence par la généralisation. C'est-à-dire la bêtise.
La malédiction de Freud est venue relayer celle de la Genèse : ils n'enfantent plus dans la douleur, mais éduquent dans la culpabilité !
Cette idée qu'on puisse avoir peur à cinquante à l'heure fait la joie de mes petits-fils, eux qui t'ont encore connue au volant d'une voiture. Ils n'étaient heureusement pas à l'arrière quand tu t'es fait arrêter à quatre-vingt ans passés pour excès de vitesse !
Nous sommes sans doute en train d'assister aux toutes premières relations entre de très petits enfants et leurs aïeux – ne faudrait-il pas dire leurs ancêtres ? Les arrière-grands-parents étaient jadis une denrée rarissime dont on inscrivait les noms et prénoms sur les branches de son arbre généalogique. Parfois, des photos jaunies dans un ovale en carton permettaient de deviner une ressemblance, de trouver quelque vague air de famille avec une mariée un peu grassouillette ou un bidasse en bandes molletières, jamais revenu des tranchées de Verdun. Les ancêtres gardaient toujours l'air jeune puisqu'ils devenaient rarement vieux.
Désormais, c'est dans la proportion d'un sur quatre que les enfants connaissent, au moins pendant quelques années, un ou plusieurs grands-parents de leurs parents. Ils garderont des souvenirs étonnés de leurs rencontres avec eux. Grâce à ce contact avec leurs arrière-grands-parents, ils descendent profond dans l'intimité de leur passé, apprennent très jeunes la relativité du temps humain, vérifient et ressentent la rapidité avec laquelle le monde change.
Surtout, ne me parlez pas du "bon vieux temps" ! La vie n'était pas bonne dans les temps anciens. Elle était terriblement dure et courte.
On ne supporte plus d'être mal mariés comme on n'accepte plus d'être en mauvaise condition physique.
Freud a dit que si l'argent ne fait pas le bonheur, c'est parce que le bonheur n'est jamais qu'un rêve d'enfant réalisé, et que les enfants ne rêvent pas d'argent.
Le mythe du mariage "jusqu'à ce que la mort nous sépare" a la vie plus dure que le mariage lui-même.
Les femmes se racontent avec une grande spontanéité - si ce n'est toujours avec une parfaite objectivité -, les hommes fuient, feintent, divergent, digressent, esquivent. Pour les faire accoucher d'eux-mêmes, quelle douleur !
Il est certes grisant, dans un premier temps de liberté, de prendre son petit-déjeuner sur le zinc et de se faire inviter à dîner chez les copains de bonne volonté, mais il vient toujours un moment où l'on voudrait rentrer chez soi. Les femmes savent mieux que les hommes garder ou refaire leur chez elle.
les couples ont raison de se cacher pour mourir.
Certains hommes qui vous sortent ne seraient pas forcément ceux avec lesquels il fait bon rentrer.
Ca va les hommes ?, 1981
Le troisième âge ressemblait aux anges : il n'avait pas de sexe.
Les hommes jurent sur la tête de leurs enfants qu'ils se montrent infiniment plus accomodants, en dépit d'une réputation séculaire : ils crient fort mais ne boudent pas, ou pour être plus précis encore, gueulent mais ne font pas la gueule !
Les phallos se croient supérieurs, les machos se reconnaissent privilégiés.
On se supporte mieux quand on doit d'abord se préoccuper de supporter les autres.
L'argent est faible, hélas, quand il est dans la poche du parent et que son enfant tend la main.
Rien ne paraît plus cher que ce qui ne vous amuse pas, alors que le réel plaisir partagé justifie toujours le prix qu'on peut y mettre.
Quand nos fils et nos filles avancent dans la vie, se mettent en couple, créent à leur tour une famille, une différence saute aux yeux : les hommes que nous avons mis au monde se ferment de plus en plus aux confidences et au dialogue avec nous, tandis que les femmes sorties de nos entrailles manifestent une propension à tout vouloir mettre sur le tapis : les raisons de notre entente avec elles comme les racines de leur agressivité à notre endroit, les aléas de leur vie amoureuse ou conjugale, les péripéties de leur aventure maternelle. Les garçons se taisent parce qu'ils ont pour la plupart réussi à distendre ou couper le cordon ombilical; alors que si les filles parlent, c'est qu'elles n'ont jamais fini de régler leurs comptes avec la toute-puissance maternelle.
Vie de mère de famille débordée : cette expression est un pléonasme, a-t-on jamais rencontré une mère de famille inoccupée ?
Il n'est pas "normal" d'être triste et méchant dans le dernier tiers temps de la vie. La vieillesse n'est pas une maladie; la dépression, elle, en est une.